La session live de Libélabo
Mois : mars 2010
Comme un malade
Son premier jour d’homme marié, il baisa comme un malade. Le deuxième jour, il baisa comme un malade. Le troisième jour, il baisa comme un malade… Le septième jour, il tomba vraiment malade et put enfin appeler la doctoresse rencontrée le jour de ses noces et dont il était tombé raide dingue.
Jacques Bertin / Trois Bouquets
Trois bouquets de fleurs auprès du lit parmi les livres
La paix qui s’installe ici à cause de toi
Le premier bouquet pour l’enfant que nous ne ferons pas
Le second pour le chant des hommes dont nous sommes séparés
Le troisième parce que tu m’aimes, des oeillets
Trois bouquets de fleurs auprès du lit parmi les livres
Un jour nous cesserons de fuir ô mon enfant
Un jour nous nous retrouverons, je te dirai : tu as vieilli
Sur une berge triste dans le limon tu es belle et transie
Compagnons, recouvrez notre amour de vos voix humaines
Manteau des révoltes, manteau de laine, celle que j’aime a froid
MIDLAKE / Young bride
L’interview des Inrocks:
http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/article/midlake-le-courage-de-linterview/
Les mots ronds
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Les mots ronds font tourner les textes. Sans eux, pas de littérature en marche. Mais s’il suffisait d’en truffer ses textes, tout le monde serait académicien et cela ne ferait pas l’affaire de l’Institut de France qui devrait agrandir inconsidérément ses lieux, détruire des cloisons, en abîmant les oreilles déjà bien altérées des Immortels. Non, les mots ronds sont indétectables, ils ne possèdent aucun signe particulier. Un même mot peut-être plat comme une raie dans un texte A et rond comme une perle dans un texte B. Cela dépend du contexte. Des livres pointus ont été écrits sur le sujet sans, il faut bien le dire, avoir fait avancer la pratique d’un tour. Seulement certains auteurs les sentent qui les font glisser sous leur plume ou leur clavier, et certains lecteurs. Les textes filent sur les roulements à billes des mots ronds et tous les mots sont à fête. Il y en a même qui, pour arroser le bon (dé)roulement, boivent plutôt deux fois qu’une et finissent ronds comme des queues de pelle. Dans le caniveau des Lettres.
Dernière pelletée / Claire Mathy (Memory Press, 2010)
Secrets de famille
Le narrateur du roman est un fossoyeur qui s’apprête à passer le relais à son remplaçant. Au gré de la vie d’un cimetière, sur une période de six mois, il entreprend de lui raconter une histoire singulière, celle de Dame Pétronille et de sa famille.
Il se fera aider par trois Grâces, en fait les voix de trois sœurs de la Dame, une femme ordinaire, élevée dans le respect des valeurs catholiques, qui sera la victime d’une canaille de mari, seulement préoccupé de ses plaisirs et ne pensant à ses proches qu’en fonction de ses intérêts. C’est au portrait d’un salopard ordinaire que le lecteur est convié. Et au récit de l’existence d’une famille nombreuse. Les différents intervenants ne lui laisseront pas la parole, ils sont un peu comme les membres d’une cour réglant le compte d’un criminel. La parole des uns et des autres est salvatrice, elle permet de laver l’affront d’une vie, et cette méchanceté ordinaire contre laquelle la justice ne peut rien. Reste les mots, l’agencement d’un récit pour rendre compte de l’inexplicable, tenter de trouver un sens à l’insensé, se délivrer du poids d’un réel trop lourd.
Le lieu fictif choisi (le cimetière), le dispositif romanesque fonctionne très bien et relance sans cesse l’attention du lecteur. Et, par un effet de paradoxe, ce n’est pas la morbidité qui ressort de cette histoire narrée au plus près des tombes et des corps en décomposition mais un sentiment vivifiant. Comme si la mémoire demandait la proximité des corps morts pour se mettre en branle, se curer de tous les souvenirs malsains et faire place nette à une vie neuve, tournée vers l’avenir.
Un premier roman d’une auteure qui sait soigner ses phrases et la composition de son roman. À découvrir.
E.A.
http://www.memory-press.be/index.php/site/ouvrages/59/derniere_pelletee
Le POD du printemps
Un POD tout 9 vient d’être mis en « consultation gratuite »:
http://www.calameo.com/read/000023214297a097f02f8
A sommaire:
Pieter Cornelisz Van Dyck,Valérie Solanas ,Clément Marot, Claude Chappuys,Heliette de Vivonne, Stéphane Mallarmé , Jan Saenredam, Lucien Wasselin Paul Verlaine, Eloïse, Joanna Newsom, Li Quingzao, Zhu Shuzhen , Lijon Eknilang , Stanley Fish, B Cendrars, LF Celine, André Theuriet , le Gradus, Jean Christophe Belleveaux et Robert Desnos
Laura Marling / Hope in the air
La chronique de Ph. Leuckx: LA RAFLE
La rafle
Sous l’égide de Klarsfeld, qui cautionne l’authenticité des scènes montrées, « La rafle » évoque cet épisode peu glorieux des 16 et 17 juillet 1942, quand la police française, les gendarmes, sous les ordres d’un Laval haineux et d’un Bousquet fringant, prêt à tout pour séduire l’occupant, « raflèrent » à Paris et en province plus de treize mille Juifs français et étrangers.
Peu de films ont traité le sujet : Mitrani, d’après un roman de Roger Boussinot, « Les guichets du Louvre », par un épisode le beau « Monsieur Klein » de Losey, deux ans plus tard en 1976…
Le film de Rose Bosch, avec des interprètes comme Gad Elmaleh, Mélanie Laurent, Sylvie Testud, Jean Réno, se propose de brosser l’arrestation des populations, leur « clôture » effroyable au Vel d’Hiv’, puis à Beaune-la-Rollande…et d’en parler sous l’angle d’un regard d’enfant, rescapé de ce camp, Weizman.
Des scènes, à l’entame du film, dans un Montmartre où l’épicière invective les Juifs et leur étoile, à la fin, assez mélodramatique au Lutetia, autour des listes de personnes rayées à Auschwitz et ailleurs, cette réalisation a différents régimes. Des scènes très poignantes, très intimes dans l’appartement de la famille Weizman, une séquence-choc, lorsque le spectateur découvre effaré l’ampleur de l’ignominie humaine dans un Vel d’Hiv’ bourré à craquer, où tout manque, l’hygiène, l’eau, les secours, où les enfants pris comme des rats grimpent les remblais du stade, repris à chaque fois par les policiers retors, indignes…A côté de ça, des scènes presque téléphonées, un peu démonstratives, où le mélo guette plus qu’il ne faut…Le jeu de Mélanie Laurent, interprétant cette infirmière insigne, Annette Monod, qui s’est dévouée corps, âme, santé dans sa défense des enfants meurtris, abîmés par Bousquet et ses sbires, n’est pas en cause. Il y a chez elle, dans la belle séquence du Vel d’Hiv’, et dans d’autres séquences une humanité des yeux, du corps. Très belle, sensible, inoubliable.
Mais beaucoup de clichés sans doute déparent l’ensemble : les scènes montmartroises semblent refluer vers l’univers d’un Robert Sabatier nostalgique; d’autres répètent à l’envi des scènes trop vues (barbelés, wagons plombés…)
Dommage car l’esprit du film n’est pas à blâmer car il importe que l’histoire défile juste aux yeux des plus jeunes ou des moins avertis. Mais la retenue, un point de vue plus objectif eût sans doute fait gagner une intensité que certaines scènes diluent trop souvent.
N’y eût-il que cette séquence du Vel d’Hiv avec Frémont (Thierry a cette vertu de sobriété et d’humanité profonde, qui l’a fait interpréter Dreyfus, e.a.) et son équipe de pompiers apportant l’eau comme une providence…on gardera « La rafle » comme un rappel historique méritoire mais non abouti.
Philippe Leuckx