Esprit de corps

Samedi soir, j’ai quitté mon corps. J’ai traversé les murs et  j’ai fait le tour de la terre en moins d’une seconde. Une pure énergie, ça file vite. J’ai fait une échappée vers l’étoile proche. En me rapprochant du soleil, j’ai eu fort chaud mais j’ai pu constater la résistance de l’âme aux très hautes températures. De même qu’aux très basses : entre soleil et terre, quelle glacière ! J’ai croisé l’âme de mon boss (il en a une toute petite !), en mal d’évasion. Et celle de Ben Ali, celle de Moubarak, celle d’Alliot-Marie. « Pour fuir, autant le faire avec âme et bagage », m’ont-ils dit. Celle de mon père aussi était du voyage. On a cheminé un moment ensemble, on s’est rappelé nos balades en chair et en os il y a longtemps. Puis je suis rentré., par esprit de corps. Ma masse molle végétait devant la télé. Il s’était écoulé un gros quart d’heure, mon âme avait juste raté le bulletin météo et la pause de pub.

René CHAR (1907-1988): poèmes & citations

Commune présence

Tu es pressé d’écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S’il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir,
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d’elle, tout n’est qu’agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t’inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.

+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L’espace qu’il parcourt est ma fidélité. Il dessine l’espoir et léger l’éconduit. Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s’inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas?

 

René CHAR lisant son poème Allégeance (cliquer sur la photo):

http://www.arcane-17.com/rubrique,rene-char,1134464.html

++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

Si tu cries, le monde se tait: il s’éloigne avec ton propre monde.

Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps.

Source : Citations de René Char – Dicocitations ™citationSi tu cries, le monde se tait: il s’éloigne avec ton propre monde.

Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.

Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps.

Avec ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence.

Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière.

Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique.

L’eau est lourde à un jour de la source.

L’éternité n’est guère plus longue que la vie.

L’homme est capable de faire ce qu’il est incapable d’imaginer.

Le fruit est aveugle. C’est l’arbre qui voit.

Le réel quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi contre toute attente l’espérance survit.

Ne t’attarde pas à l’ornière des résultats.

Prend-on la vie autrement que par les épines?

Le poète se reconnaît à la quantité de pages insignifiantes qu’il n’écrit pas.

Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir.

Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique.

Source : Citations de René Char – Ses 89 citations – Dicocitations ™citation

Avec ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence.

Source : Citations de René Char – Dicocitations ™citation

L’heure du conte, par Denis Billamboz

L’heure du conte

A l’image de nombreuses bibliothèques, je vous propose, cette semaine, mon heure du conte, une heure où on peut rêver mais surtout un moment d’intense réflexion à l’écoute d’histoires innocentes qui ne s’adressent pas forcément aux seuls enfants, où on peut méditer sur la faiblesse et la force des hommes face leur destinée. Et, pour rendre cette lecture encore plus insolite, j’ai décidé de marier le soleil et la glace, l’eau et le feu, le blanc et le noir, Gunnar Gunnarsson l’Islandais et Birago Diop le Sénégalais, dans une même lecture comme pour vous laisser croire que, quelque soit le lieu, l’homme rencontre toujours les mêmes problèmes, qu’il doit toujours lutter pour contenir ses envies et puiser au fond de lui-même pour rendre la vie des autres plus facile et, peut-être, plus heureuse.

2869594046.gifLe berger de l’Avent

Gunnar Gunarsson (1889 – 1975)

Une nouvelle ? Un peu ! Une fable ? Probablement ! Un conte de Noël ? Certainement ! En tout cas, une bien belle petite histoire que celle de Benedikt ce brave et simple berger islandais qui, comme chaque année, à l’époque de l’Avent, part dans le froid, la neige et le blizzard à la recherche des moutons égarés qui n’ont pas rejoint le troupeau avant l’arrivée de l’hiver. Mais pour son vingt-septième périple après ses vingt-sept ans, son voyage prend une tournure plus difficile encore qu’à l’accoutumée mais il ne reculera pas pour autant devant les obstacles pour accomplir la mission qu’il s’est fixée en compagnie de ses fidèles acolytes, son bélier et son chien.

Et, c’est une forme  de crèche qu’il reconstitue avec son bélier pour bœuf, son chien pour âne et les moutons qu’il récupère pour aller à la rencontre de celui qui pourrait un jour devenir leur guide comme un nouveau Christ en ce monde.

Un beau conte de l’Avent où religion et paganisme, croyance et tradition  se mêlent en une douce harmonie car si Dieu préside aux cieux et à la destinée, la nature et ses éléments déchaînés imposent le respect et fixent la véritable valeur des hommes qui savent la défier avec courage et humilité.

Une fable aussi qui nous rappelle que les plus faibles et les plus fragiles ont, eux aussi, leur place dans le grand troupeau de l’humanité et que les vrais héros sont souvent les plus obscurs et les plus humbles.

SANS018573.gifContes et lavanes

Birago Diop (1906 – 1989)

Même s’il a recueilli le témoignage et les souvenirs des griots, bergers et autres gardiens de la mémoire et de la sagesse de la brousse sénégalaise, Birago Diop ne pourra pas cacher bien longtemps qu’il est un très fin lettré qui a une excellente connaissance de la langue et de la littérature française. Son champ sémantique, même s’il est truffé de termes propres à l’Afrique ou de mots empruntés aux divers langages employés aux Sénégal, s’étend à un vocabulaire français en général plutôt réservé aux élites intellectuelles.

Dans ce recueil de contes et lavanes, fables africaines, il fait, dans la plupart des cas, vivre un bestiaire qui, s’il nous fait penser immédiatement aux fables de la Fontaine évoque beaucoup plus sûrement le célèbre Roman de Renart. En effet, comment ne pas voir dans ces deux personnages récurrents, Leuck-le Lièvre rusé, farceur et redresseur de tord, le Renart du célèbre roman médiéval et dans Boucki-l’Hyène hideuse, vile, fourbe et âpre au gain, l’Ysengrin de ce même roman. Et pourquoi, pour un Franc-Comtois comme moi, ne pourrait–on pas penser  à Goupil et à Margot mis en scène par Louis Pergaud dans son célèbre bestiaire ? Même si toutes les civilisations ont leurs bestiaires et leurs contes animaliers, il est bien difficile de dissocier l’œuvre de Birago de la tradition africaine et de l’éloigner de la littérature française. Il faut donc voir là une forme de syncrétisme littéraire entre ces deux influences que sont la tradition orale africaine et la sagesse qu’elle véhicule et la langue et la culture française avec sa morale.

Il faut aussi considérer que ce recueil de contes et fables a été publié pour la première fois en 1963, à une époque où l’Afrique venait de découvrir l’indépendance dans une grande partie de son territoire et que les jeunes républiques issues de la colonisation avaient encore un avenir ou croyaient encore en un avenir doré que l’histoire a bien vite terni. Et, on pourrait voir dans la publication de ces contes, une forme d’invitation à la sagesse et au retour à la tradition à destination de tous ceux qui avaient en charge le devenir de ces pays. Mais Birago n’est pas dupe, il connait les hommes et leur faiblesse, l’Afrique et ses mirages, et dans le premier conte de ce recueil, il raconte comment la petite chèvre  innocente et téméraire qui a rencontré l’hyène cruelle et affamée croit échapper à la férocité du charognard en subissant avec succès l’épreuve qui lui est imposée mais se fait tout de même dévorer car « malheureusement, ce soir, Béye, tu as rencontré le BESOIN. » Ce fameux besoin que les Africains éprouvent désormais dans toute son ampleur et toute sa tragédie.

Denis BILLAMBOZ

 

Le culte des singes

Sa mère avait le culte des singes. Avec leur mâchoire proéminente, leurs doigts vigoureux, leurs yeux expressifs. Jusqu’au jour où elle accoucha d’un primate, tout petit comme un ouistiti. Elle le réjouit de ses caresses, de son amour et il grandit tout seul, ressemblant tour à tour au capucin, au macaque ou au chimpanzé pour finir par avoir la taille de l’orang-outan. Il fit de belles études et fut deux fois président de la république. Par ailleurs, il était doué pour l’art brut et fut un grand artiste de sa génération. Il fut aussi un grand sportif, il excella dans le 50 mètres montée d’arbre et figura même au Guiness Book pour le plus grand nombre de bananes épluchées en dix minutes. Enfin, au terme de sa vie, il fut reçu à l’Académie Française. Le singe parfait, si parfait qu’on le prenait pour un homme ou que, vu ses nombreuses qualités humaines, on oublia qu’il était un singe. De sa mère qu’il avait déchiquetée à l’âge de cinq ans et demi, il ne parla jamais. Il faut dire qu’il l’avait peu connue. 

Coeurs absents de Mohamed El Jerroudi

1couv_eljerroudi.jpg

Préface de Jean BOTQUIN – 13 x 20 cm – 56 pages – 10 €

Mohamed EL JERROUDI est né au Maroc à Béni Sidel (RIF) en 1950. Il séjourne actuellement à Tétouan. Professeur de français, de 1972 à 2010. Il mène une vie très active, dès 1976, dans le domaine des arts plastiques et littéraires (conférences, écrits et poèmes dans la presse marocaine,…). Poète marocain de langue française, il publia un premier recueil en 1998 Le silence décrit (La croisée des Chemins, Casablanca). Poète majeur mais atypique, il ne fait partie d’aucune école. Profondément épris de liberté, il exprime une pensée universelle ouverte à tous ceux qui placent l’être humain et ses valeurs au-dessus des particularismes du monde.

L’encre de Mohamed El Jerroudi est brûlante, elle dessine des mots, fait danser l’âme, raconte « comment le temps nous dévore et nous déshabille devant la mort », mais aussi , avant l’inéluctable, célèbre la vie et la beauté.
Livre de silence, de recueillement Cœurs Absents évoque dans un langage fluide comme un sang vivant, une spiritualité berbère étrange, émouvante, proche de la terre et du ciel.

Jean Botquin

Le site des éditions du Cygne

http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-catalogue-litterature.html

Le blog de Mohamed El Jerroudi (avec une belle citation de René Magritte en page d’accueil)

http://poesiesansfrontieres.blog50.com/

Bart De Wever a décidé de se raser le crâne

images?q=tbn:ANd9GcStAoOPj1maKAnX7-RpA_Hpjz8vKgXAr049Vapk9M6WXpH_CCt3lwContrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, Bart De Wever n’a pas choisi de se raser le crâne pour protester, à l’instar de Benoît Poelvoerde et ses suiveurs, contre l’absence de gouvernement. Ou pour se faire la tête d’un skinhead (quoique). Non, le président de la NVA a décidé de se faire la boule à zéro pour ressembler à Yul Brynner dans Tarass Bulba. Ainsi, a-t-il déclaré (propos librement traduits du latin) au Standaard : « Quand je serai président de la Flandre, ça aura de la gueule, et tous les chevelu(e)s de Bruxelles et Wallonie, les Di Rupo, Maingain, Onkelinx, Milquet  et consorts n’auront qu’à bien se tenir… à la frontière. » Il se murmure qu’au Sud, la riposte s’organise. Rudy Demotte, Charles Michel et Charles Picqué entre autres ont convoqué en urgence leur coiffeur pour parfaire leur coupe.

Peintre du dimanche

images?q=tbn:ANd9GcRG1IiG6DMmzRlLwqbWOdYnpzn9uqZ0BeTA8zkZhNk9kuOLB_SQGgSamedi soir je me suis mis à la peinture. De manière radicale. J’ai peint en grand le numéro de ma maison sur une toile format Marine. Avec pour titre « Pour faciliter le travail du facteur ». Qui, entre nous, est un peu miro et dépose dans ma boîte du courrier destiné à la dizaine supérieure. Comme ça a plu dans le voisinage, j’ai peint dimanche des tableaux pour toute la rue. Mon initiative a fait le buzz dimanche soir et j’ai reçu en commande 4 653 tableaux à réaliser et déjà une proposition de rétrospective prévue pour lundi en quinze dans le hall du bureau de poste principal de ma ville. Qui a dit que la société tardait à reconnaître ses artistes d’avant-garde ?  

Philippe Sollers, l’homme lumière

Philippe Sollers a certainement eu le tort de ne pas mourir jeune afin d’accéder au statut d’écrivain culte. En tant que directeur de Tel Quel ou qu’auteur de Paradis (I et II) ou encore de Femmes. Il a certainement commis nombre de livres excédentaires, il a fini par devenir sa propre caricature et, pire, un écrivain honoré. N’empêche, on ne voit plus Venise ni l’Ile de Ré sous le même oeil ni quantité d’écrivains, penseurs ou artistes (Sade, Céline, Nietzsche, Picasso, De Kooning…) au rythme de ses admirations. Aussi,  son regard sur la littérature reste vivifiant et sa plume alerte. E.A.

480_45319_vignette_Sollers-PAR392715-Exclu.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France 5 lui consacre un documentaire, Philippe Sollers, l’homme lumière, dans le cadre de l’émission Empreintes et visible sur son site jusqu’au 25 février:

http://documentaires.france5.fr/documentaires/empreintes/philippe-sollers-lhomme-lumiere

Extraits de l’émission

A propos de l’écriture:

« Ce qui m’étonne le plus, c’est de m’être faufilé dans l’existence sans travailler, parce qu’on ne peut pas dire que je travaille ; l’écriture, c’est pas du travail, c’est un jeu. »

« Dès que la première phrase est là, tout le reste s’ensuit. Il faut que la première phrase s’impose. C’est un jeu, c’est un plaisir. Si écrire n’est pas un plaisir, c’est un pensum, donc c’est pas la peine. »

« Les vraies empreintes, ce sont mes livres. »

A propos de Julia Kristeva, son épouse:

Je suis son meilleur patient, je m’en tiendrai là ; c’est la personne qui m’écoute depuis fort longtemps et je n’interromprais mon analyse avec elle pour rien au monde.

A propos de Dominique Rolin:

J’ai rencontré Dominique [Rolin], j’avais exactement 22 ans. Elle en avait 45 et en paraissait 32… J’en profite pour dire aux jeunes gens de faire leurs études sentimentales ou amoureuses avec une femme plus âgée qu’eux.

A propos de Dieu:

J’ai une foi indubitable, mais je ne suis pas sûr de la partager avec qui que ce soit. Ni théisme, ni athéisme et encore moins indifférentisme. La preuve de Dieu est dans l’esthétique. Tous ceux qui se passent d’esthétique pour croire en Dieu sont des imbéciles, des sourds et des aveugles.

A propos de la liberté:

J’ai organisé ma vie de la façon la plus libre possible. Si on peut aimer deux personnes ? Bien sûr, même plus… On est en pleine régression maintenant, et tout le monde parle de fidélité, de je sais pas quoi… tout ça est assommant. Il y a une expression que j’aime, c’est l’amour libre…

A propos de la lumière:

Je vais où il y a de la lumière ; j’aime la liberté, j’aime pas l’obscurantisme.

Le site de Philippe Sollers

http://www.philippesollers.net/

 

Massaut et les fluides du désir: LYMPHÉAS, par Philippe Leuckx

252942_1.jpegPeu de poètes s’aventurent dans l’expression lyrique du désir physique. Très peu. A part Forgeot, je ne vois aujourd’hui que Dominique Massaut, auteur de neuf recueils à l’Arbre à paroles, chez Maelström, au Tétras Lyre, et à présent au Coudrier.

Ce grand gaillard tient une plume à bonne hauteur des « lymphes » très sympathiques. Sa plume tient du désir profond et complice d’évoquer un couple et les fluides qui génèrent leur amour.

Aucun voyeurisme là, non. Mais une science de faire dire aux corps le plaisir intense des pulsions, des rapprochements, du rayonnement qu’ils peuvent dégager.

« Amour est courrier de gonades et lyre parcours de lymphes ».

Un nous rassembleur surgit de ces lits sensuels et nous sommes lecteurs tout près d’eux et nous suivons avec gourmandise ce que ces coeurs fluidifient dans l’espace lumineux de leurs rencontres.

En effet, autre mystère de cette poésie sensuelle, la lumière éclatante en mille particules de joie des corps, une lumière saine, physique, chaude, qui émane de ces mots manifestement alliés par consonances, comme une vraie langue de l’amour.
Dom n’a pas son pareil pour tirer à lui les effluves et les paradis très naturels de la fusion des corps.

Sa langue (comme sa compagnie) enchante.

Elle est fête des mots et des peaux. Elle est au fil des pages et des seize illustrations de Jean-Paul Laixhay une passion qui se dit jour après jour, dans le lit, non de la convention, mais celui des images neuves, qu’il trousse avec la fraîcheur d’un orgasme aux lèvres.

On voudrait, de ce livre magnifique, citer toutes les pages, tant elles nous donnent à lire la poésie mature, jeune et rafraîchissante d’un homme, qui sait évoquer avec pudeur son plaisir de donner à l’aimée, c’est rare, c’est jouissif et tout simplement beau.
Avez-vous vu l’intensité et l’amitié (autre forme de l’amour) qu’il y a dans les yeux de Massaut?

Faites le test. Il y a la bonté du monde. On envie l’amoureuse de ces pages, qui s’y trouve exaltée par des mots de chair, de sève, et les ondes vibrantes du plaisir.

Merci, Dominique, pour ce beau livre.

Philippe Leuckx

Ed. Le Coudrier, 116 p.

Extraits:

« On me voit l’hiver

m’accrocher aux traces

de tes odeurs »

« Que fait l’orée lourde de ton sexe

sous le poids plume des dentelles? »

« Un brin d’herbe

sous la dentelle des eaux

dit le nom de ton doigt. »

« Nous buvions la luxure et nous coupions le lit

de la chambre et la chambre de la maison »

Dominique Massaut sera présent ce samedi après-midi à la Foire du Livre de Bruxelles.