TROPIQUE DU SURICATE (extraits) de Pierre TRÉFOIS

 

Je consacre la meilleure part de mon temps à ne pas écrire.

Et la pire à me demander pourquoi personne ne me répond.

 

 

Bienheureux phoques qui ont des paupières aux oreilles !

Malheureux humains qui ont des œillères aux tympans !

 

 

Il y a des livres épuisés.

Je me contente de ne pas me fatiguer

à en écrire des harassants.

 

 

Journal intime : psychanalyse didactique, constante et portative.

On s’y invente des labyrinthes d’où l’on sort plus minus que minotaure.

 

 

Ma fille Livia joue du violon à contre-cœur ; ma fille Anne joue du violoncelle à contre-cœur.

J’entends leurs disques de Michaël  Jackson à contre-cœur.

La musique adoucit peut-être les mœurs mais ne resserre pas les liens familiaux.

 

 

Marguerite Duras Uivre.

 

 

La social-démocratie : le « deuxième bureau » de la bourgeoisie.

 

 

S’endormir avec le sentiment que tout va trop mal pour que ce soit vrai.

Et que le Père Noël serait bien inspiré d’offrir, aux jeunes générations futures, des jouets de tendance marxiste.

 

                                        (extraits de TROPIQUE DU SURICATE,

                                        à paraître chez Gros Textes en 2012)

                                                           Pierre Tréfois

Interview Livres & vous: Pierre TRÉFOIS

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trefois.jpgPierre Tréfois est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Grand lecteur, poète rare, peintre et, entre autres, animateur de rencontres culturelles, il excelle dans la pensée aphoristique, qu’elle s’exprime en vers ou en prose. Si on ne devait citer qu’une référence, ce serait Chavée pour la gravité et la dérision, la force de frappe et la réserve, auquel il fait directement penser mais ses admirations sont nombreuses, et dans divers domaines artistiques.cover_trefois1.jpg

Son dernier ouvrage, Lents bivouacs des nues vient de paraître chez L’arbre à Paroles et le  prochain, Tropique du Suricate, dont il nous livre quelques extraits en primeur sortira chez Gros Texte.

 

Premier souvenir de lecture

Les « romans » de la comtesse de Ségur, les aventures du Club des Cinq, Toine Culot, etc. Dans les années 50, en Wallonie profonde, rien d’alternatif pour les p’tits jeunes.

Lectures néanmoins enthousiastes.

 

images?q=tbn:ANd9GcSAUtz8UWqBAAP9AZvDvD3XJzZEgmD1yFCgnuX1XL8nJEmTZXAktgAuteurs fétiches

(Je ne cite que des vivants.)

En prose : Pierre Autin-Grenier (en photo), Eric Chevillard, François Emmanuel, Gil Jouanard, Jean

                 Rouaud.

En poésie : André Doms, Jean-Michel Maulpoix, Jean-Louis Rambour.

 

Livres que je n’aurais jamais dû lire

Une grande quantité des envois reçus en tant que recenseur dans diverses revues poétiques/politiques. Ce qui m’a conduit à cesser cette activité, qui m’a par ailleurs valu d’excellentes surprises.

 

Auteurs méconnus à recommander

En France : Michel Pierre.

En Belgique : André Beem.

 

images?q=tbn:ANd9GcR4X3SAagEyArj4ezdUe_qD9QFDdowpuEkwfNFDiPOept1g43w2L’écrivain que j’aurais aimé rencontrer

Emile Ajar  – mais en l’absence de Romain Gary.

 

Personnage de roman préféré

Albertine Simonet (A la recherche du temps perdu).

Je confesse l’avoir trompée, ces dernières années, à plusieurs reprises, avec Lisbeth Salander

(Millenium).

 

Quand, comment, où écrivez-vous ?

Vu les dimensions minuscules de ce que j’essaie d’immortaliser, c’est n’importe où, n’importe comment et n’importe quand. Pour peu que l’on me cède bout de papier & crayon  si, d’aventure, je me balade les poches vides lorsque l’inspiration surgit rageusement, tel l’albatros hurleur dans la suite Sofitel de sa dulcinée, en période de nidification intensive.

 

Un épisode de votre vie qui vous a servi de modèle

L’épisode le plus sombre, transposé dans mon recueil L’ellipsée. Ma discrétion naturelle m’a conduit à être si allusif et crypté que mes proches n’y ont vu que du feu. Et les autres, les cendres de fragments mélancoliques sans mobile apparent.

 

Un conseil à donner à un jeune auteur

Sois, comme Joubert, « tourmenté par la maudite ambition de mettre toujours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot ».

 

images?q=tbn:ANd9GcSaQmaLg0zqbiBbXEwnkKDyMjVKyOvb-nvAkE-A5LqaZ5I32lISbgCitation préférée

« Désormais il va falloir travailler sans citations. » Lénine, en 1917

 

Coup de cœur artistique récent

Darbareye Elly (A propos d’Elly), long métrage iranien d’Asghar Farhadi.

 

Lents bivouacs des nues (L’arbre à Paroles):

http://maisondelapoesie.com/index.php?page=lents-bivouacs-de-nues—pierre-trefois

 


Jean-Louis Murat: nouvel album & propos choisis

Vendre les prés

Un titre inédit (tiré des séances d’enregistrement de Grand lièvre):

http://www.jlmurat.com/spip.php?article9

Extraits d’une interview à Nord Eclair

« La chanson française est, elle aussi, une spécialité en voie de disparition. »

« Tous les nouveaux groupes chantent en anglais.
Dans le fond, je m’en fous. C’est rigolo, ils ont des accents à coucher dehors.
J’ai des amis musiciens américains qui ont eu des crises de fou rire en écoutant ça. Ils ont trouvé les textes complètement tartes ! L’inverse est aussi de mise. Quand Bowie chante Amsterdam, c’est un sommet. Mais qu’est-ce qu’il raconte ? »

« Je me supporte beaucoup mieux si je sais qu’à la fin de la journée j’ai écrit une chanson. Je suis plus « léger » comme dirait Strauss-Kahn… »

« J’écris pour n’importe qui, il suffit qu’on me demande. C’est alimentaire. Tous les ringards de la chanson réclament à Miossec, Dominique A, Beaupain ou moi d’écrire une chanson. On est une grosse dizaine dans la boucle. Il y a une sorte de pédophilie artistique. »

« Parfois, j’ai senti que j’écrivais « THE » chanson mais je me suis toujours démerdé pour la saborder. D’avoir un tube, ça me tuerait. »

http://www.nordeclair.fr/Loisirs/Musique/sorties_disques_-_rencontres/2011/09/25/jean-louis-murat-l-indomptable.shtml

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Maigros…

Voici la fiche de présentation de Maigros, histoire de vous faire une idée du personnage avant de vous procurer le récit de 100 de ses pitoyables mais irrésistibles aventures…
Le premier ouvrage des Cactus Inébranlable éditions. A paraître le 30 septembe 2011 au prix de 15 € (seulement).
« Nom : Maigros
… Prénoms : Désiré Prosper Richard Ernest Ghislain
Nationalité : Belgique
Date de naissance : 17 décembre 1962
Lieu de naissance : Dampremy (Charleroi)
Taille : 1 m 72
Poids : 117 kg
Cheveux : bruns, grisonnants, avec calvitie occipitale
Yeux : bruns
Un con congénital, Désiré Maigros. Peu après sa naissance sur la table de la cuisine dans une maisonnette pas très proprette de la banlieue carolorégienne, la fée de la bêtise a certainement dû se pencher très longuement sur son espèce de berceau, un vieux bac en bois de feu la Brasserie des Alliés.
Il a quatre ans quand il réussit à dire « papa » correctement – son géniteur va déserter la soue familiale deux ans plus tard suite à un matraquage maternel. À presque sept ans, il effectue ses premiers pas sans tenir la main de sa môman.
Deux jours plus tard, s’essayant au sprint sur cinq mètres, il chute lourdement et se casse un bras.
[…] Il obtient son C.E.B. à presque vingt ans et son diplôme d’études secondaires à l’âge de trente-deux ans. Malgré ces avatars, il est heureux : sa mère, poivrote notoire du quartier dit Fond des Piges à Dampremy, l’a initié dès l’âge du biberon aux plaisirs de l’alcool et, quand il a commencé – tardivement, il est vrai – à gonfler de la zigounette, à ceux de l’inceste […]
À trente-quatre ans, Maigros se retrouve seul. Grâce à son parrain Prosper qui a des accointances avec tous les milieux interlopes de Charleroi, depuis la plus petite pègre jusqu’à la Maison communale, il se fait engager là où les cons sont facilement acceptés : la police. »

Réservez votre ouvrage dès à présent et bénéficiez des frais d’envoi gratuits en Belgique. (offre valable jusqu’au 10 octobre)
Le livre paraît le 30 septembre et coûte 15 €.
En savoir plus ?
http://cactusinebranlableeditions.e-monsite.com/

cactusinebranlableeditions.e-monsite.com

L’univers d’une maison d’édition.

Le cycle des mots

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Les mots se font eau, aube, ouverture, saillie, faille, puits, pluie. Ils retombent sur la page et la mouille. Petites rigoles des phrases qui se rejoignent dans le texte. Le lecteur aux abois boit, il se saoule de lettres, peu importe le sens pourvu qu’il hèle l’ivresse. Les merveilleux nuages de la page finissent par passer. Le livre refermé, ils peuvent, les rêves de papier, noircir à l’envi la feuille blanche de la nuit car c’est à l’ombre des faits, pliés, repliés dans la lumière cabossée, chiche, chimérique de l’étrangeté, qu’on lit le mieux.

Revu « Bubu » de Mauro Bolognini, par Philippe Leuckx

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images?q=tbn:ANd9GcTPUGMTtdmT1AfCMdiujNyLGpJoGzfD2xv4bGSFjITr2kdYtXOn9AFilm de 1970/1971, jamais distribué en France, tiré d’un roman de Charles-Louis Philippe, « Bubu de Montparnasse », librement adapté et transposé de Paris à une ville qui combine des décors réels de Turin, Rome, Milan, « Bubu » est l’une des oeuvres charnières de la deuxième grande époque créatrice de l’auteur qui va de 1969 à 1976, période durant laquelle il multiplia les grandes oeuvres : de « Metello » 1970 à « L’Héritage » 1976. D’un prix de Cannes à un autre prix de Cannes, pour deux de ses interprètes : Ottavio Piccolo et Dominique Sanda. En passant par « Un merveilleux automne », « Per le antiche scale », « La grande bourgeoise », « Libera mio amore ».

Dans sa première phase créatrice, Bolognini avait entre autres adapté des oeuvres de  Brancati, Moravia,  Svevo et Pasolini (auteur de plusieurs scénari) : « Les garçons », « ça s’est passé à Rome », « La viaccia », « Le bel Antonio », « Senilità », « La corruption », « Agostino »…

« Bubu » relate le parcours hyperréaliste de trois personnages dans une ville populeuse : Berta, blanchisseuse, Gino, boulanger qui deviendra maquereau et pousse sa femme à embrasser la condition de prostituée, un étudiant enfin qui tombe amoureux de Berta…Piero va tout faire pour l’extirper de ce milieu vénal. Gino Martone vole, violente Berta, se retrouve en prison…

De la scène liminaire – scène à la blanchisserie, séquence fabuleuse de justesse descriptive -,  à la fin, aux bords de la rivière, on suit de très près les protagonistes englués dans la misère, dans la crasse de taudis aux murs écaillés, dans le rejet systématique des prostituées syphillitiques, qu’on soigne en hôpital avec le mercure.

Le travail de mise en scène de Mauro Bolognini tire ses atouts d’une attention extrême aux costumes plus vrais que nature, aux décors réels ou reconstitués avec les palissades, les murs jaunes et sales…

Les couleurs rendent hommage aux toiles impressionnistes et la virée à la guinguette relaie cette atmosphère de fête juste avant la tragédie…

L’interprétation d’Ottavia Piccolo (rôle de Berta) et de Massimo Ranieri (l’étudiant), vibrante, sensible, ajoute aux qualités plastiques de l’ensemble.

Bolognini soigne ses cadrages comme de vrais tableaux et l’on ne peut oublier toutes les séquences qui mettent en valeur le dénuement de l’héroïne malade. Un naturalisme zolien anime ces scènes ainsi que celles où les prostituées cherchent le client, grimées comme au carnaval. Ce qui annonce le travail sur les masques dans « Per le antiche scale » et « L’héritage »…

L’art de Bolognini – oeil d’architecte et coeur sensible – magnifie la plastique des couleurs, des robes, des visages et des corps. La crudité des dialogues, le prosaïsme de certains personnages attisent la noirceur du constat : il ne faisait pas bon vivre dans ces miasmes de quartier, entre les assommoirs et la rue, et ces escaliers de désolation.

Au tout début du film, le spectateur est anéanti par la vision tournoyante d’un immeuble à galeries, laid à souhait, qui décrit mieux qu’un chapitre entier, les dérisoires logements populaires, un ancêtre d’achélème.

Fabuleuse réussite sociale, psychologique, « Bubu » est sans doute l’un des fleurons de l’art d’un cinéaste qu’il faut placer aux côtés de De Sica, Antonioni,Comencini,  Scola, Amelio, Pasolini, comme l’un des meilleurs imagiers (au sens le plus noble) et l’un des meilleurs moralistes d’un cinéma doué autant pour la critique sociale que pour l’émotion.

NB Si vous souhaitez en savoir plus sur l’auteur, lisez l’entretien de Jean Gilli avec Mauro Bolognini, repris dans le volume 10/18 « Le cinéma italien », n°1278, 1978, pp.78-118. En outre, une belle étude de Bruno Duval (dans La revue du cinéma – Image et Son n°317 de mai 1977) montre l’importance esthétique de l’auteur et son travail plastique

Philippe Leuckx

 

Le film complet (en V.O.)

http://www.youtube.com/watch?v=QumeusNwlMU&feature=results_video&playnext=1&list=PLA866CA27B62156BC

Rétrospective Christian Hocquet au CEME

Vernissage, ce vendredi 23 septembre 19H – 23 H

Exposition du 23/09 au 23/10

Au CEME – Rue des français 147 , 6020 Dampremy (Charleroi)

CH_Hocquet_diptyque.jpg

En 1955 Christian Hocquet peint sa première toile : un Don Quichotte à l’aspect brurlesque, en quête d’absolu flanquéd’une barrière pour destrier. D’emblée le ton nous est donné!
Tout au long de son oeuvre, Christian Hocquet n’aura de cesse d’interroger la condition humaine : dans la force de ses affects mais aussi dans la vérité de ses limites.
Son œuvre s’achemine comme un combat mené avec ses propres passions, ses doutes, sa soif et son vouloir.
Désirs d’élévation et vérité de l’instant, éternel féminin et profondeur des abysses, simplicité des gens croqués au coin d’une rue…
Des sentiments sublimes au réel le plus cru, d’hommages aux anciens maîtres (Rembrant, Goya, Rubens) en scènes du quotidien, Christian Hocquet peint ce qu’il voit, ce qui le hante : l’humain, le réel, la distortion des sentiments… Scènes de bistrot, corps enlacés, gens de la terre, exodes collectifs…
Rien de systématique dans son œuvre, de préconçu ni de calculé. Christian Hocquet ne s’encombre aucunement : il peint spontanément, comme il respire, en prise avec le réel ; en « corps à corps », en homme de fougue et de passion… De pesanteurs en apesanteurs une sorte de vrille hallucinée… Là la part belle à l’obscur, là aux éclats de lumière…

En marge de son œuvre peinte, Christian Hocquet est graveur : eau forte, vernis dur, mou, aquatinte ou gravure au sucre, il est un maître incontesté en la matière. Plus de 400 estampes à son actif, une œuvre plus discrète par nature, mais qui gagne à être connue.
J-Ph. G.

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Quelques textes de Géraldine Muller

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J’écris par fidélité envers l’aube manquée du bonheur

la voix du Visiteur ce regard plus lointain que l’étoile ces pas derrière le Temps

Une petite lampe brillera-t-elle demain

au chevet de l’espoir?

Je suis celle qui fera toujours signe

à l’Ultime

.

Voix pour un cahier

 

***

Qui n’a rêvé d’un jardin

où le sentier se fait souffle?

 Qui n’a rêvé d’un poème

déposé sur chaque paupière?

 Ô voix des printemps

pour mon chagrin semez

 semez vos feuilles

Que mon sommeil soit

 

              sans deuil

Voix pour un cahier

***

Non je n’ai pas perdu ta voix

Aussi loin que je sois dans mon pays de neige et de nuit

je t’entends ma Voix Je t’écoute ma Vie

Il suffirait que mon violon se souvienne de cette note oubliée

que mon rêve égaré retrouve son nid

et ta joie se ferait belle en son rire

Non rien n’est fini

Entends mon âme Ecoute ma vie

Même si j’ai froid ici

même si la mémoire est couleur de neige

j’allume encore des mots

que ta Voix comptera après la nuit

Poème écrit en hommage au poète allemand Paul Celan (Paul Pessach Antschel), poète originaire de Czernovitz (aujourd’hui région d’Ukraine). Seul survivant d’une famille décimée par les rafles nazies et portant toute sa vie -jusqu’à la folie- le poids de cette culpabilité dit « le complexe du survivant », il considérait que la langue seule demeurait, ultime espoir « au milieu de toutes les pertes ».


Voix pour un cahier

***

 

Pas un souffle Pas une voix Pas même la note lointaine d’un carillon

Peut-être parfois la visite d’un pigeon qui se pose derrière les persiennes puis s’envole dans un frisson de soie déchirée

D’un seul geste je convoque toutes les ombres

Et je rêve que s’ouvre la porte de ta pensée

sur mon regard oublié

 

Couleur du Temps

 ***

Souviens-toi mon ami

 

 

 à l’écart de la ville

 une grille ouverte -la maison de vacances

 le chien tranquille

les enfants qui jouaient à attraper le soleil

Ne dors plus dans le présent

Veille mon ami

le doux mal

de la mémoire

 

Couleur du Temps

Géraldine Muller

 

Interview Livres & vous: Géraldine MULLER

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275465_100001569815018_1135934164_n.jpgGéraldine Muller est professeur de Lettres Modernes dans un lycée de Nancy. Elle tient un journal et écrit de la poésie depuis l’enfance. « J’attache de l’importance à la progression de chaque jour; à chaque jour sa page, ses mots, sa raison d’être et d’écrire, même si c’est difficile… Chaque jour, un pas dans la bonne direction -vers Soi. » écrit-elle. Elle recueille cette écriture au jour le jour sur deux blogs. Elle se tient, libre, à l’écart de tout clan ou mouvement littéraire, ce qui lui donne toute latitude pour s’ouvrir aux autres, aux livres des autres,  tout en traçant son sillon. « Ma préoccupation est le chemin, plutôt que la destination », écrit-elle.

 

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41nsdNSZvYL._SL500_AA300_.jpgPremier souvenir de lecture. 

Mon premier souvenir de lecture: tous les livres de la Comtesse de Ségur, quand malade d’une pneumopathie à l’âge de neuf ans, je n’ai pu sortir pendant un mois. Je me suis régalée! La délicieuse impression à cet âge-là que régnait la Justice -les gentils récompensés, les méchants punis… sans m’apercevoir que la plus grande gentillesse cachait la plus terrible cruauté… Je lisais ces récits dans une très belle collection ancienne que m’avait offerte ma grand-mère.

Le livre qui t’a donné envie d’écrire

Le Journal d’Anne Franck et ses Contes. J’ai ensuite tenu mon Journal et écrit des récits pendant toute cette période de l’adolescence qui correspond au Journal. Depuis, je tiens mon Journal très régulièrement et j’y consigne ma vie intérieure, mes poèmes, mes pensées, mes réflexions, mes émotions… 

Le livre que tu n’aurais jamais dû lire

Anna Gavalda et ses romans. Aucune envie de la relire, à cause du manque de style. Je déteste la littérature-consommation.

51PuxJNgQOL._SL500_AA300_.jpgUne trouvaille littéraire, un auteur méconnu à recommander

Les oeuvres du dramaturge Jean-Luc Lagarce, mort du Sida en 1995. Je lis en ce moment les 23 Cahiers de son Journal et je vais faire un petit article dans mon blog-facebook sur le Journal qui correspond à la dernière partie de sa vie. Je ne dévoile donc pas tout ici. Ensuite, je lirai quelques unes de ses pièces comme Derniers remords avant l’oubli. Le cycle Lagarce commence pour moi. Je procède désormais par cycle pour mes lectures.

L’écrivain que tu aurais aimé rencontrer.

Le poète Arthur Rimbaud. L’adolescent prodige m’intéresse tout autant que le trafiquant qui se tait à la deuxième moitié de sa vie car il constate très tôt à l’âge de 19 ans qu’il a trop aimé la Beauté et qu’il doit revenir « à la réalité rugueuse »: « Je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher » dit-il dans Une Saison en enfer). L’expérience du Voyant tourne pour lui à l’échec car le poète, contraint aux limites du Réel, ne peut étreindre l' »immense corps » de cette aube qu’il a pourtant senti. C’est à mon sens, cet aveu poétique de l’échec qui donne à l’oeuvre rimbaldienne toute sa beauté. Pendant mon adolescence et encore dans un passé récent, les oeuvres de Rimbaud, fulgurantes, me tenaient éveillée une bonne partie de la nuit…

Comment, quand écris-tu.

Je m’inspire directement du quotidien: une scène, un regard, une parole, une couleur… et la vision naît, qui enfante un mot, qui lui-même enfante la vision. Le Journal m’aide aussi beaucoup; je l’écris au moment du café de l’après-midi -avec un carré de chocolat à côté -ou au moment du thé -à la bergamote de préférence. J’écris dans d’épais cahiers à spirale -la librairie- papeterie à côté de chez moi me les commande désormais…

Ton personnage de fiction préféré. Une « scène » de roman ou un poème qui t’a marquée.

Un poème de Victor Hugo -je ne me souviens pas du titre mais du pathétique de la scène- où des enfants tentent de réveiller leur mère dans un pauvre logis. En exergue, cette citation de Shakespeare extraite de Hamlet: « To die -to sleep« . Cela m’a marquée à l’âge de seize ans; cela me marque encore… J’ai beaucoup aimé aussi Le Dernier jour d’un condamné -la Littérature, ce cri qui s’élève très haut contre l’injustice – Victor Hugo en est l’emblème.

Ta phrase, ton vers ou ta citation préférée?

« Arrivée de toujours, qui t’en iras partout. »d’Arthur Rimbaud -c’est pour moi la définition-même de la Liberté qui transcende tous les temps et tous les espaces. Arthur Rimbaud a passé sa vie à partir -et que  dit-il? Qu’il n’est pas de repos -et qu’il n’est pas non plus d’exil. Le voyage est le seul séjour possible.

Coup de cœur artistique récent (tous genres confondus)

Une vie bouleversée d’Etty Hillesaum. Une jeune femme hollandaise écrit son Journal avant son départ pour un camp de concentration hollandais et elle le poursuit jusqu’à sa mort dans le camp. C’est dans la détention la plus funeste qu’elle trouve la liberté intérieure puisque, comme Baudelaire, elle cherche l’or -un rayon de soleil- dans une flaque de boue.

En quelques lignes, un projet littéraire qui te tient à cœur …

J’ai relié deux recueils: Le Regard des mots et Présente jusqu’à la cendre… Je suis en quête d’un éditeur. Le Regard des mots évoque l’envers du signe, le regard caché dans l’anodin, le coeur qui bat derrière chaque silence. Présente jusqu’à la cendre célèbre le désir de durer et d’écrire -à partir du manque, de l’absence, du creux… Une certaine plénitude de la béance… Une solitude qui fait que, parfois, l’on se sent « habité » par l’au-delà des mots…

En lisant (ou/et) en écrivant, je … 

« En lisant, en écrivant » est le titre d’un essai de Julien Gracq. La littérature comme chemin, promenade et détour.

En lisant, en écrivant, j’emprunte le sentier oublié.

En lisant, en écrivant, je donne un regard à l’absence.

en lisant, en écrivant, j’ éprouve la nostalgie des terres natales de chacun .

 

419Pje8tgGL._SL500_AA300_.jpg10 livres préférés

Poésies ; Une Saison en enfer; Illuminations d’Arthur Rimbaud

Une vie pour se mettre au monde, essai philosophique de Marie de hennezel et Bertrand Vergely sur nos multiples naissances dans la Vie

Le Journal d’Anaïs Nin

L’Evénement d’Annie Ernaux; le récit d’un avortement pour la jeune étudiante qu’est la narratrice -avant la légalisation de l’avortement en France.

Journal de Katherine Mansfield ou comment transcender la maladie par les mots.

Les Poésies de Fernando Pessoa

Les Poésies de Pablo Neruda

Les Poésies de Nazim Hikmet

Une Vie de Maupassant; la peinture de la condition féminine au XIXème siècle;

Un Balcon en forêt, La Presqu’île, Le Roi Cophetua de Julien Gracq; entre veille et rêve, espoir et attente. Si minces sont les frontières géographiques, émotionnelles et spirituelles…

 

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