Pourquoi un écrivain écrit-il? Les 7 raisons.

Jean C. Baudet distingue 7 raisons et cite Rousseau, Balzac, Onfray, Nothomb, Beigbeder, Simenon, Zola, Sartre et le degré zozo de la littérature. Réjouissant!

A lire sur le blog de Jean C. Baudet sous le titre: Qu’est-ce qu’un écrivain?

http://jeanbaudet.over-blog.com/article-qu-est-ce-qu-un-ecrivain-89674324.html

Jean C. Baudet à propos de son livre: Histoire des sciences et de l’industrie en Belgique (Jourdan).
Avec un excellente conclusion.

Sébastien Ayreault sur tous les fronts et à Bruxelles

Sébastien Ayreault lira des extraits de son roman SOUS LES TOITS à la librairie 100 papiers, 23 avenue Louis Bertrand à Scharbeek le 2 décembre de 18 h à 20 heures. Exposition des illustrations de Noémie Barsolle.

Votez avant le 30 novembre (il suffit de cliquer sur J’aime) pour Sébastien au concours des Inrocks pour une participation à l’émission LES AFFRANCHIS d’Isabelle Giordano sur FRANCE INTER:

http://www.lesinrocks.com/lesinrockslab/concours-les-affranchis/?tx_obladyconcourvideo_pi1%5BvideoId%5D=7389&tx_obladyconcourvideo_pi1%5Bconcour%5D=_affranchis&tx_obladyconcourvideo_pi1%5Bpage%5D=7&cHash=96e936b4bb6b0ec0cf5ac9a2138fb352

Mourir avant la fin

Dans ma poitrine

Le site de Sébastien:

http://soundcloud.com/sebastien-ayreault

La Nostalgie du Carillon de Virginie Holaind

242.2.jpgLe joueur d’accordéon

Un homme et son accordéon. L’homme est un immigré à Bruxelles. Il chantait, il était dans la joie mais son chant ne lui rapportait rien. Pas assez. Un jour, un homme « aux yeux et visage étroits » lui fait don d’un instrument. Qui peu à peu lui vole le peu de ses souvenirs. Reste le carillon de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule qu’il écoute après s’être arrêté de jouer, le carillon qui retient sa mémoire de tomber dans l’oubli…

Un récit scandé par le rythme des mots, qui reviennent en boucle comme dans une chanson. « Dans la prose de la vie », les souvenirs en sont le refrain. Un texte à dire où l’accordéon figure l’interface entre l’homme et le monde. Qui, au gré de ses mouvements d’extension-contraction, prend l’air et le libère. Une fable à plusieurs entrées. Sur les affres du déracinement et la perte de repères, sur le déplacement des valeurs, sur les aléas de la mémoire et la conservation du temps… Une fable ouverte, aux multiples correspondances, qui donne lieu à plus d’une interprétation et dont la subtile musique se poursuit bien après la lecture.

Le joueur d’accordéon. Coupé de son passé et de son être, rendu sourd aux appels de la terre qu’il a quittée, l’accordéon sera l’instrument de sa perte. Seul le son du carillon le relie à un bruit qui fait sens pour lui, le relie à soi, le garde en éveil mais pour combien de temps, et ce mince fil, cette faible lueur suffiront-t-il ?…

À noter l’excellente couverture de Joachim Regout qui en un dessin stylisé fusionne les éléments du récit, tels cet âne-accordéon dont le souvenir est porté par les sons et ce rouge de la couverture sur laquelle tombent les pièces.

Virginie Holaind possède un style et un univers qui donneront encore, on n’en doute pas, de nombreuses autres histoires fabuleuses.

E.A.

Ed. Maelström, 3 €.

http://www.maelstromreevolution.org/pages/FRA/prodotto.asp?ProdottoID=242&FamigliaID=0

Instants funambules, le blog de Virginie:

http://instantsfunambules.blogspot.com/

JUS DE BOUCHE et autres nouveautés

jusdebouche_guillaume_siaudeau.jpgLe nouveau bouquin de Guillaume SIAUDEAU vient de paraître aux éditions Gros Textes

JUS DE BOUCHE
60 pages au format 14 x 10
6 € (+ 1 € de port)
ISBN : 978-2-35082-170-2

« Tous les jours elle colle des enveloppes
Il en faut du courage
pour coller des enveloppes tous les jours
Il en faut de l’énergie pour
après avoir passé la journée entière
à foutre sa salive sur des enveloppes
rentrer chez soi et donner ce qu’il reste
de jus de bouche
à l’homme qu’on aime
des éternités de fois plus
que les enveloppes »

Pour le commander :
– Chèque de 7 euros à l’ordre de Gros Textes : 
Gros Textes
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes

– Ou envoyez-lui directement un mail…

Le blog de Guillaume SIAUDEAU

http://lameduseetlerenard.blogspot.com/2011/11/publication-jus-de-bouche-novembre-2011.html

AUTRES NOUVEAUTÉS chez GROS TEXTES

+ la revue GROS TEXTES ARTS & RESISTANCES n°4

http://grostextes.over-blog.com/

Fais comme chez toi, par Denis Billamboz

Fais comme chez toi

Ces deux livres traitent à peu près le même sujet, l’histoire d’une jeune fille qui arrive, pour une raison quelconque, dans un foyer ne comportant que les deux époux et qui s’incruste entre le mari et la femme jusqu’à provoquer l’explosion du couple. Un sujet éminemment banal qui ne vaudra certainement pas le Prix Nobel à Joyce Carol Oates qui lorgne dessus depuis un moment déjà. Elle aussi aurait pu figurer dans ma chronique précédente. Je vous laisse apprécier la façon dont les deux auteurs ont traité le sujet, je vous dirai simplement que l’un et l’autre ne m’ont pas franchement convaincu, ces deux livres ressemblent trop à des livraisons qu’il faut bien effectuer pour honorer la commande d’un éditeur.

51WibdWI6YL._SL500_AA300_.jpgLa fille tatouée

Joyce Carol Oates (1938 – ….)

Je ne suis vraiment pas convaincu que c’est écrivant ce type d’ouvrage que JC Oates pourra prétendre un jour au Prix Nobel de littérature. J’ai l’impression que je viens de lire le récit d’un bon gros fait divers comme l’Amérique nous en envoie un peu trop souvent. En l’occurrence, il s’agit de la narration d’un drame consécutif à la rencontre d’un écrivain qui a connu la gloire quand il était plus jeune et d’une jeune fille paumée qui débarque dans cette petite ville universitaire comme un zombie dans un synode épiscopal.

L’écrivain, fils d’un juif mort à Dachau, décide d’engager un assistant pour faire face au désordre que sa notoriété a généré dans sa maison mais tous les candidats qui se présentent ont un petit défaut qui déplait à l’employeur. Et c’est dans son bar habituel qu’il croise cette fille paumée, avec un vilain tatouage sur la joue, qu’il embauche surtout par pitié et peut-être aussi pour se donner bonne conscience. Ainsi, se trouve réunis, sous un même toit, deux personnages que tout oppose, un écrivain juif, ou presque, cultivé, raffiné, talentueux et plutôt doux et aimable et cette fille surgie comme de nulle part mais en fait du fond du pays minier où végète une maigre population qui a refusé d’évacuer le village quand les mines ont pris feu et pollué l’atmosphère. C’est l’opposition de deux cultures, de deux histoires, lourdes toutes les deux mais infiniment différentes, de l‘instruction et de l’ignardise, du raffinement et de la rusticité, de la suffisance et de la rancœur.

Ce huis clos se déroule sur fond d’Eneide et d’Odyssée pour l’écrivain et sur fond de violence et de haine pour la fille qui est antisémite parce que son amant l’est et qu’il faut bien que quelqu’un endosse la responsabilité de la misère qu’elle a connue avant d’échoir dans cette maison. La situation ainsi créée aurait pu donner naissance à un beau roman mais Oates est restée dans le domaine narratif, racontant cette histoire avec force détails en nous entrainant dans le passé des protagonistes mais en ne sachant pas expliquer les mécanismes de la haine qui est le principal ressort de ce roman. Elle ouvre le discours sur de nombreux thèmes, l’holocauste, l’antisémitisme primaire, la culpabilité, le rôle de la famille, le devoir de mémoire, l’incommunicabilité, la rédemption mais ne les explore pas, laissant le lecteur sur sa faim.

Ce fait divers à l’américaine où le pauvre veut se venger du riche par la violence est d’une grande banalité mais la fin de l’histoire, même si elle est un brin filandreuse, peut laisser entrevoir une autre façon de considérer la vie de ces deux êtres réunis par le hasard. Mais pour que cette histoire devienne un grand roman, il aurait fallu qu’Oates dessine des personnages plus cohérents, son écrivain semble avoir le double de son âge dès les premières lignes du livre et la fille navigue entre un portrait bovin et des allures aguicheuses. Il aurait surtout fallu qu’elle maitrise mieux les ressorts de son histoire, La haine qui anime l’intrigue, semble trop gratuite, on ne voit pas bien comment elle se nourrit, comment elle enfle et comment elle peut aussi, parfois, se rétracter et même s’inverser. Tout comme l’antisémitisme semble un acquis et ne pas s’expliquer, ne pas vivre, ne pas croître et surtout ne pas mourir. Certes, l’auteur nous immerge totalement dans ce huis clos qui semble finalement plutôt banal avec ses sentiments contradictoires assez convenus dont on n’arrive pas à bien comprendre les ressorts qui sont apparemment un peu fatigués.

Et, si une fois de plus un auteur va chercher des arguments, et l’inspiration, dans la shoah, Oates en l’occurrence, n’apporte rien de nouveau à cette question et aurait pu éviter de ressasser ce problème pour en dire de telles banalités. Les victimes méritent peut-être mieux que cette évocation bien superficielle après tout ce qui a été dit et écrit depuis plus de cinquante ans.

 

514E50ANDAL._SL500_AA300_.jpgBienvenue parmi nous

Eric Holder (1960 – ….)

« Ce fut peu avant la date anniversaire de ses soixante-deux ans que Taillandier prit la décision de se suicider. » Ca fait tout drôle de lire ces deux lignes en introduction d’un livre quand on vient, précisément, de fêter, soi-même, ce même anniversaire. On s’interroge, comment ce peintre célèbre qui, il est vrai, ne peint plus depuis sept ans, a-t-il pu avoir une telle idée ?

Certes, il souffre du cœur et il estime avoir atteint l’apogée de son art. Un suicide bien mis en scène pourrait donc être une sortie majestueuse, pleine de dignité, qui resterait à jamais dans la légende. Mais, comme toute histoire, celle-ci comporte sa part de hasard et le destin cette fois s’incarne dans la personne d’une fille paumée, comme « La fille tatouée » de JC Oates, que sa compagne prend, un jour, en stop.

La fille s’installe à la maison et, petit à petit, il s’intéresse à cette adolescente gauche et taciturne jusqu’au jour où elle s’enfuit subrepticement. Il loue alors, en cachette de sa femme, une voiture pour accomplir son suicide mais, finalement, il rejoint la fille sur la route et commence alors un long voyage jusqu’à Coutances où la gamine veut revoir sa mère. Mais, une fois de plus, celle-ci la repousse et le peintre, ne voulant, ne pouvant, pas abandonner cette compagne malheureuse entreprend avec elle une sorte de « road movie » en terre bretonne, jusqu’en Pays nantais.

Au cours de cette grande vadrouille «une gamine qui n’avait pas de projets, (et) un homme qui n’en avait plus… » trouvent l’une sa personnalité et l’autre une nouvelle envie, raison peut-être, de vivre. Comme un moyen de donner du sens à une vie vide et sans intérêt pour lui et sans lendemain pour elle.

Ce petit roman minimaliste me rappelle l’atmosphère de ces films « Nouvelle Vague » où la vie se mange au quotidien, sans réel souci du lendemain. Mais, il évoque surtout, pour moi, « La fille tatouée », le roman de JC Oates, avec son artiste riche et désabusé et sa jeune fille pas franchement belle mais réellement paumée. Dans ces deux huis clos qui rassemblent chacun deux protagonistes très différents, l’histoire n’évolue certes pas de la même manière mais on ne peut éviter de comparer ces ceux couples si improbables. Ce parallèle entre les deux romans pourrait être poussé un peu plus loin mais si Oates met l’accent sur la défaillance et la frustration sexuelle, Holder élude très chastement cette question pour laisser ses héros retrouver une certaine forme de pureté originelle qui pourrait être le moteur de leur raison de croire en un avenir possible pour chacun d’eux malgré la solitude pour l’une et la maladie pour l’autre.

Denis Billamboz

Trois façons de dynamiter l’info

Les « vrais journaux » façon collage surréaliste (voir ci-dessous) sur le blog, Rapports de nuits, d’Hélène Dassavray

http://helene.dassavray.over-blog.com/categorie-12166051.html

En 13 lignes, pas une de plus

http://www.13lignes.be/

Chaque jour, toute l’actualité du monde en une phrase: revue de pressé par Yann Kukucka

http://revuedepresse.blogs.liberation.fr/

 

LE VRAI JOURNAL du Libération du 19/11/2011 par Hélène Dassavray

 

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L’APPÂT DU SEIN

L'eye-tracking pour créer la paire de seins parfaite

Un passant trouva un sein par terre. A deux pas se trouvait son jumeau. Ils avaient dû tomber.

Grâce au nom marqué sur l’un d’eux, il ramena la paire de seins à sa propriétaire. La femme le remercia, se les rappliqua sur la poitrine puis offrit le mariage à l’homme comme c’était promis dans l’annonce. Mais je ne l’ai pas lue, cette annonce, se rengorgea l’homme. Mes seins ne sont-ils pas désirables ? s’offensa la femme. Là n’est pas la question, répliqua l’homme. La femme d’un geste preste s’enleva les seins et pria l’homme d’aller les remettre à l’endroit où il les avait trouvés.

C’est tout ce que je peux faire pour vous, dit la femme.   

VITE !

Il s’endormait vite et plongeait dans un sommeil rapide jusqu’au matin. Plus vite au lit, plus vite levé. Et la journée à cent à l’heure. Dormir, rêver, manger, vivre, aimer. Il faisait tout plus précipitamment que les autres. Ces amours ne duraient jamais plus d’une semaine et il jouissait dans la minute. Il mourut avant tout le monde. Et son enterrement fut vite expédié. Bien sûr il est déjà ressuscité et même s’il est déjà mort plusieurs fois c’est lui que voyez là courir vers la fin des mondes.

Conseils et réponse à des demandes de conseils

 » Faut-il punaiser les bébés » m’écrit J.O. Non, je ne répondrai pas à cette question insidieuse. Je ne me sens plus en confiance et ne s’agirait-il que d’un papillon, je ne répondrais pas, quoiqu’il ait un vol singulièrement agaçant, genre : « je viens, je ne viens pas » et, affiché sur l’aile, un art décoratif pour pompiers et midinettes, non, à son sujet non plus on ne me démasquera pas.

Quant aux bébés, ils sont l’honneur de la nation. Le futur honneur. Et s’ils crient, c’est assez naturel. Cris comme la vague de la mer, avec hauts et bas : c’est qu’ils doivent reprendre souffle, tout enragés qu’ils sont et vous faire connaître en pointe qu’ils ont mal. Cris comme un appel à la lumière : c’est qu’ils espèrent arriver une bonne fois à l’exprimer et à vider leur souffrance.

Ces mauvais artistes créent. Hélas, et vous assistez à leur création. Elle est grotesque. Trop tôt pour les convaincre de leur déplaisant échec. Dans quelques années, ces ratés, enfin assagis, renonceront à l’expression, pour s’adonner à la mécanique ou à l’agriculture. Mais il est malheureux qu’ils s’obstinent en ce moment.

J.O. m’écrit encore : « Je les enfarine. Est-ce bien ? Dans une énorme dune de sable je les précipite. Dès lors, plus un cri, plus un souffle, et la journée s’achève comme dans une église. Est-ce bien ? »

Non, je ne réponds pas à cet homme. La guerre, je pense, a dû l’énerver.

Je l’excuse, mais qu’il fasse attention.

Tout le monde ne sera pas aussi compréhensif que moi, peut-être.

Henri MICHAUX

in Liberté d’action, 1945