Prix Gros Sel du jury: « Au plus près » de Philippe LEUCKX

À l’encre des étoiles

images?q=tbn:ANd9GcS9ZbTESunW6_AzhBSeOgjHO3qznY89twzyCZiv2nifHA4WtM362aIAx3gDans Au plus près, Philippe Leuckx trempe sa plume dans la braise et le sang. 

« Langue raisin de feu »

 « J’écris où je me brûle »

Il allume au tison de l’enfance des feux de mots qui éclairent nos histoires intimes.

 

Entre éveil des sensations et « sommeil des possibles », au-delà des pertes (de saisons, d’êtres chers), « entre passé devenir », le poète épingle des visages pris dans la lumière des réverbères, des visages comme des villes, présents en leur absence dans le temps de leurs rues, de leurs rides.

 

Le poète dit à sa façon comment vivre chichement en se contentant « du peu qui coule sang frisson », d’une paume à défaut d’une étreinte, d’une lueur tombée d’un soleil. En gardant, pour l’accueil des ferveurs, le froid qui a provoqué le frisson, la chaleur couleur de fièvre…

Sans perdre de vue le jour,  à gagner « à la sueur des arbres » pour « à la pleine lumière /rameuter [les] souches », car c’est la nuit (de l’effroi ? chère à Pascal Quignard) que le travail du père se fait :

Mais le père ne se cache pas

S’il vient au jardin

C’est de nuit 

Ramasser ses étoiles

Et caresser le rouge

Des cerises

En effleurant sa bouche

D’aube. 

 

Chez Leuckx, les choses sont duales, comme en un duel permanent, dialectique, s’échangeant face claire et obscure, force et faiblesse, poids et légèreté…

Contradictions apparentes, dépassées, converties en métaphores.

Ce recueil livre aussi un art poétique.

Le temps fuit mais c’est dans le temps qu’on demeure ; le corps bat et le cœur gronde ; l’ombre naît de la lumière qui se découpe sur le sombre… « L’heure pèse sur la vitre » même si « l’heure est douce »… La poésie naît de ces rapprochements inédits entre les qualités insoupçonnées des objets au sens large, que seul le poète voit, sent et rend. Averti de la  volatilité de la parole, il cadre au plus près des mots ses modèles pour en livrer de neuves images.

La poésie de Leuckx est aussi consolation, comme chez Lautréamont ou François Jacqmin.

 

Ecrire au plus près… des paupières, le regard ; de l’enfance, le père ; de la peau, le poème ; du ciel, les étoiles ; du jardin, la terre ; du murmure, le silence ; du visage, l’autre, toujours.

 

Au plus près, ce sont 49 brèves épiphanies à déchiffrer à la flamme d’une vie, « trop tard » et à l’ombre, « pour toujours égaré ».

Philippe Leuckx écrit à l’encre des étoiles dans les replis du jour, les sentiers soustraits à la lumière, où se perdent des hommes mus par un besoin de plus d’humanité.

 

C’est la langue

Qu’on nettoie à grandes eaux

Une chambre s’allume

Dans le cœur

Tout le reste est d’encre

Sombre. 


Éric Allard

Paris, Editions du Cygne, 60 pp, 10 €. Présentation du livre et commande:

http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-au-plus-pres.html

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VU AU CINEMA DE MA RUE / TRENTE-HUIT TEMOINS OU LE LUMINISME DECAPANT DE LUCAS BELVAUX

images?q=tbn:ANd9GcSjJ5YWaOpF3-gkt27lW5RqLgrH03EIy8S32DV2DTUEBUIUJIpBSVaYPgpar Philippe LEUCKX

Avec « Trente-huit témoins », le comédien et cinéaste Lucas Belvaux illustre avec maestria le genre plus rare de polar métaphysique. Cette oeuvre de 2011, magnifiquement interprétée par une brochette d’acteurs belges et français, prend appui sur un roman de Didier Decoin (« Est-ce ainsi que les femmes meurent? »), situé dans un Havre ombreux à souhait, entre rue de Paris, glauque et quais d’embarquement du port, entre les lumières glaireuses d’une ville neurasthénique (autant que la musique à la radiohead d’Arne Van Dongen), marquée au sceau des doutes de la conscience, et la mer houleuse.

L’intrigue repose clairement sur le crime affreux dont fut victime une jeune femme de vingt ans, Sylvie Martel, au vu et au su de tout un immeuble, puisqu’elle poussa à deux reprises des cris d’horreur, longs et prégnants.

On suit pas à pas, dans l’intimité d’un appartement qui fait partie de cet immeuble-témoin, un couple, Pierre, pilote dans le port du Havre et sa fiancée Louise; une journaliste qui enquête sur le crime; un policier; un procureur désabusé; des voisins, manifestement peu bavards à l’adresse des enquêteurs de tous bords…

Une lente conscientisation alors trouble Pierre (magnifiquement joué par Yvan Attal) jusqu’à le conduire à une déclaration cathartique à la police judiciaire. Il veut , mais c’est déjà trop tard, laver cette culpabilté qui lui pèse.

Dans des scènes hallucinantes de vérité et d’intensité, où les huis-clos dans des appartements ou des voitures, où les confrontations entre les personnages éclairent faiblement l’atmosphère poisseuse et délétère, Belvaux fait montre d’une mise en scène calligraphique, rayée de réverbères, de plans de coupes, de lignes de fuite sur des noyaux de lumière blafarde. Une étonnante musique accompagne ces mouvements sismiques de conscience et/ou de lâcheté des témoins.

Sophie Quinton dans le rôle de Louise, Nicole Garcia, dans celui de la journaliste Sophie Loriot, François Feroleto, policier de P.J., le procureur Didier Sandre et la jeune Natacha Régnier (une voisine amie du couple, seule avec une gamine) émergent d’une distribution hyperréalise. On sent Belvaux marqué, imprégné plutôt, par l’affaire d’Outreau ou l’incisif « Viol » de Sallenave. La précision ethnographique des lieux, des contours de l’affaire, de la dérive des personnages dans un quartier où le moindre regard peut mettre mal à l’aise, procède d’un regard juste et éthique d’un cinéaste, apte à rendre l’indicible touffeur des émotions qui nous traversent.

Je retiens nombre de séquences qui tirent toute leur force de légers mouvements de caméra dans l’aire à peine éclairée d’une chambre, où les visages qui souffrent laisser parler la douleur et l’émotion. Nourri des grands (Antonioni, Chabrol), Belvaux signe des atmosphères insignes : beauté et relief, jusque dans le terroir des ombres malsaines ou malséantes.

Une grande et belle oeuvre, puissante, terrifiante. Quels êtres humains sommes-nous si nous sommes prêts à nous boucher les oreilles du cri des vivants soumis à la mort? Aucune démonstration cayattienne, là-dedans. Mais l’assurance d’une progression dans les nerfs de la conscience, non seulement des personnages, mais surtout de celle des spectateurs.


Poèmes / Luc-André REY

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quelques esquisses
d’une oeuvre
monumentale

qui laissera pantois tout le monde littéraire
qui remplira d’émoi le peuple pas littéraire
qui gonflera de joie mon banquier si amer
me bousillera le foie à coup de pintes de bière

mais voilà mais voilà

je ne suis qu’une esquisse
n’écrit que des ébauches
d’une oeuvre dont vous êtes
les premiers artisans

vous n’êtes pas littéraire et tant mieux moi non plus
vous êtes des gens du peuple et tant mieux moi non plus
n’aimez pas les banquiers et tant mieux moi non plus
vous foutez de votre foie et tant mieux moi non plus

on est fait pour s’entendre
moi j’entends vos silences
on est fait pour s’entendre
vous ignorez mes mots

 

 

Maison de la Poésie d’Amay
résidence, été 2010)

 

 

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je ne suis pas amoureux des livres à ce point 



que j’y sacrifierai mes nuits et mes compagnes

mais il peut m’arriver, mon lit, je tende, draps
quelques pages d’amour d’un livre non écrit

où mes nuits
mes compagnes

ne peuvent rien pour moi 

 

  

************

 

 

je reviens de la nuit comme ces papiers buvards 
dans mes cahiers d’école à la fin de l’année
on n’y pouvait rien lire du cahier si bavard 
cette page à elle seule portait tout du cahier

pour le papier buvard, l’avenir était scellé
tu ne sers plus à rien la corbeille à papier

pour moi j’hésite encore une nuit ne scelle rien
sauf si n’osons pas le monde entre nos mains


alors je vais le jour comme un papier buvard
où le jour effacera mes rêves trop bavards

 

 

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c’est une terre à nuages
une vallée où la Meuse emporte ce qui l’entoure
une terre trop légère pour ce qu’elle est la terre

alors
les nuages

et voyez les visages de qui vit sur cette terre
eux aussi les nuages

qui remplissent leur corps et tant qu’au cimetière ils pourront

s’aller terre dans le corps d’un nuage



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je trace le chemin
que l’autre puisse avancer

mais je ne serai plus là

ce chemin
on ne le peut
ce drôle de mot

l’autre

 

 http://www.maelstromreevolution.org/pages/FRA/autori_Luc-Andre_Rey.asp

Deux chanteurs belges: Aurélien BELLE & Hugues DRAYE

Deux chanteurs belges, auteurs-compositeurs d’expression francophone, l’un, Hugues, de Bruxelles, l’autre, Aurélien, de Charleroi qui manient l’humour caustique ou tendre, une chanson intime en phase avec le quotidien le plus trivial, les questions métaphysiques ou les problèmes de société…

Hugues DRAYE 

Jusqu’où va l’intimité?

L’auteur Hugues Draye, présenté par Christine Brunet dans ACTU-tv

http://www.myspace.com/huguesdraye


Aurélien BELLE

La fille de Mons-Hainaut

Aurélien Belle chante Libertine

http://www.myspace.com/aurlienbelle

 

Mammifères marins

images?q=tbn:ANd9GcQV1yZgfyshsO0itAgcSuR46AvvI-kLjaCcB8DPYcSLEW0_PrwBsYeRjGAkTout occupé que j’étais à regarder un documentaire sur les mammifères marins (bélugas, baleines bleues, orques) qui,  par nécessité, et depuis le dauphin il y a quarante millions d’années, sont retournés à la mer, je ne vis pas tout de suite l’ours blanc qui, depuis l’effondrement de sa banquise, tous les jours à midi tambourine à ma fenêtre pour obtenir son colis journalier de loutre et de poisson frais.

 

Les déclarations sauvages

Samedi soir, j’ai sonné à Richard Millet pour lui faire part de mon sentiment d’insécurité relativement à des blancs-becs qui importunent tous les occupants de l’immeuble avec leurs croix cloutées de clous en croix mais Millet était occupé à skyper avec Breivik. De rage, j’ai relu Le Clézio.

images?q=tbn:ANd9GcRiFsruXoZMM9e1qdLVMubnSTnHvdp_RBRfyJBVgbdx3LKEGrtbhnbDjQ4En sortant m’acheter une canette, je suis tombé sur eux qui m’ont dit, parce que je ne me rase plus depuis un mois (faute de lames Gillette, mes préférées, en rupture de stock chez Lidl, la faute à Adrien Brody), qu’avec ma tronche à barbe je ridiculisais Jésus. Je ne me souvenais plus qu’on ne pouvait pas caricaturer le Fils de Dieu mais je n’ai pas relu la Bible depuis le catéchisme. Ils ont dit que ma poubelle en prendrait pour son grade et, de fait, une heure plus tard ils mettaient le feu à mes déchets et, par voie de conséquence, au bâtiment. Les pompiers ont débarqué en nombre et ont inondé les caves. Ainsi, on aura la piscine couverte qu’on réclamait depuis des lustres.

La chef de syndic’ a déboulé les seins nus, elle est adhérente toute fraîche des FEMEN. J’en ai profité pour tirer quelques photos d’elle, histoire de les adresser à mon canard préféré lundi matin pour leurs pages people. J’ai été étonné qu’elle ne figure sur aucune liste électorale comme 95% de mes connaissances. Je l’ai même un peu tancée à ce propos et je pense qu’elle à quitté mon appart’ à sept heures du mat’ avec une conscience politique neuve et l’idée de s’agréger à une liste électorale avant les élections, dès qu’elle aurait repris allure décente. J’ai lâchement profité de son sommeil pour ajouter quelques tags sur sa peau déjà encombrée qui disaient assez bien mon sentiment pour elle:

VIVE LE SYNDIC LIBRE – JE SUIS LIBRE DE TOIT : TU ES MA BELLE ÉTOILE – J’AIME MIEUX TES MAMELONS QUE MÉLENCHON – TES GRAINS DE BEAUTÉ M’ONT MOULU – JE GARDE TES PAGES OUVERTES – HEROINA MON AMOUR –  TOUS MES POÈMES POUR TA PEAU

J’espère qu’elle ne m’en voudra pas de m’être ainsi laissé aller à la recouvrir entièrement de déclarations sauvages.

 

Pour solder les vieux comptes

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par Denis BILLAMBOZ

Aujourd’hui, j’ai choisi de rapprocher deux textes qui racontent la vie rude et austère des paysans un peu frustes qui vivent dans des régions isolées loin de tout, un peu à l’écart de la civilisation, où le temps a peu de prise sur l’histoire, où les événements laissent leur empreinte et des cicatrices longtemps. J’ai traversé la Finlande du sud au nord et j’ai vu ses régions pratiquement vides, à l’état originel, où les hommes se croisent peu mais où les différentes guerres ont su les débusquer pour les entraîner dans des conflits sanglants qui ont laissé des plaies mal cicatrisées qui se rouvrent à la première occasion. Qu’ils soient aux confins de la Norvège ou au nord de la Finlande, ces rudes paysans taiseux n’évoquent pas ces événements anciens mais la violence peut à tout moment ressurgir pour régler les vieux comptes mal soldés.

                                                                                 

Un jour en Ostrobotnie41X0RGRE4XL._SL500_AA300_.jpg

Antti Tuuri (1944 – ….)

Un jour, un jour qui pourrait être comme un autre jour férié mais qui était différent car la famille Hakala était réunie pour partager le maigre héritage du grand-père décédé en Amérique où il avait fui depuis très longtemps, laissant femme, ferme et enfants, pour construire une autre vie.

Il y avait là les quatre petits-enfants, aussi frustes et rustres que les sept frères d’Alexis Kiwi, Paavo l’aîné resté à la ferme pour remplacer le père décédé prématurément, Veikko l’ivrogne, hâbleur, bagarreur qui rate tout ce qu’il entreprend, Seppo, l’intellectuel qui ne renie pas pour autant la bouteille quand l’occasion se présente et Erkki, le narrateur qui semble le seul être équilibré de la fratrie. Il y avait là aussi les femmes mais elles n’étaient là que pour le travail et les diverses nécessités de la vie : la grand-mère grabataire et restée dans son temps ancien, les belles-filles pleurnichardes, braillardes, geignardes, toujours à la recherche d’un mari en cavale et la mère véritable autorité de cette communauté familiale.

Cette journée va vite tourner à la beuverie où chacun va régler ses comptes mettant en évidence tous les heurts, conflits larvés, tensions, rancœurs, concurrences mal vécues, jalousies, règlements de  comptes, divergences politiques…, tout ce qui agrémente les réunions d’une famille sur laquelle pèse une histoire trop lourde à porter. L’histoire d’une région, fortement impliquée dans celle de la nation, qui a fait de nombreuses victimes quand les hommes du cru ont versé leur sang dans la guerre de libération, dans les émeutes contre les communistes avec le Mouvement de Lapua, dans la guerre des neiges et la guerre de continuation contre les Russes.

Et Antti Tuuri va faire raconter à chacun des protagonistes de ce roman, un morceau de l’histoire de cette région un peu reculée, éloignée, isolée qui souffre d’une mauvaise réputation, une région de lourdauds un peu frustes plus habiles avec leurs poings qu’avec leurs méninges. Mais une région que ses hommes aiment profondément et qui a versé le sang en abondance pour la liberté et la patrie. Des fragments de l’histoire de cette famille aux prises avec les événements qu’elle ne finit que par subir, laissant des morts sur divers champs de bataille, dans des rixes ou des accidents mal éclaircis, des plaies mal cicatrisées qui s’ouvrent à la moindre occasion. Et, l’alcool, bien qu’il soit réglementé et malgré quelques relents de piétisme, coule à flot et énerve vite ces rustres gaillards qui veulent encore et toujours solder ces vieux comptes.

Pas une grande œuvre littéraire, mais une image poignante, parfois désolante et pathétique, de cette région victime, comme toute la Finlande, du confinement et de l’isolement, qui a passé une bonne partie du siècle dernier coincée entre le marteau rouge et l’enclume brune, ou peut-être l’inverse, entre le marteau brun et l’enclume rouge, finalement comme le veut la formule habituelle entre la peste rouge et la peste brune.


41NH4VmdgjL._SL500_AA300_.jpgPas facile de voler des chevaux

Per Petterson (1952 – ….)

Passé la soixantaine, Trond s’installe dans un chalet isolé à l’est dela Norvège, près de la frontière suédoise, seul avec son chien, comme son père s’était installé, pendant la guerre, dans un autre chalet, tout aussi isolé, où, en 1948, alors qu’il avait quinze ans, il l’avait amené, pour une sorte de séjour initiatique. Dans cette nouvelle retraite, il fait la connaissance de son voisin, Lars, mais il le connait déjà, il l’avait rencontré quand il avait séjourné, avec son père, dans cet autre chalet. Cette rencontre fait remonter les souvenirs et confirme Trond dans ses intentions de revivre la vie de son père pour essayer de comprendre tout ce qu’il voulait lui dire et qu’il ne lui a jamais dit, tout ce qu’il a fait et qu’il n’a jamais raconté.

Ce roman très nordique, où le malheur frappe souvent et brutalement un monde un peu figé, à l’écart de la civilisation en ébullition, un monde anodin de gens anodins qui mènent une vie anodine, est avant tout un livre sur l’impossibilité de dire, de communiquer, de transmettre, le père ne peut pas dire la guerre, la résistance, la fuite, l’amour, l’amour qui perdure au-delà de la guerre et la fuite à nouveau. Trond reproduit cette vie pour comprendre et peut-être savoir.

Un monde de mâles taiseux, taciturnes qui n’ont pas besoin de la parole pour transmettre leur verdict, tout le monde sait, personne ne dit. Chacun choisit sa voie « c’était des chemins qui s’offraient à moi ; dès que je me serais engagé sur l’un d’entre eux, une grille retomberait avec fracas dans mon dos. Puis quelqu’un  relèverait le pont-levis, ça déclencherait une réaction en chaîne, et je ne pourrais plus revenir sur mes pas. » L’auteur croit au libre-arbitre et à la possibilité de choisir : « Je considère que nous créons nous-mêmes notre vie … Mais quand même : parmi tous les endroits où j’aurais pu m’installer, c’est ici que j’ai atterri. » Et, la mort frappe, elle aussi, un peu aveuglément et même souvent.

Et dans ce monde agraire, en voie de disparition, Trond, en essayant de découvrir ce que fut son père, découvre ce qu’il est, qu’il est peut-être comme ce père qui lui a échappé comme lui échappe à ses enfants.

Un livre que je vais ranger sur le rayon des livres nordiques où il retrouvera Martinson, Tumström, Gustafsson, Undset, Lagerlöf, Sandemose, Kiwi, …, mais tout près d’Antti Tuuri, tous ces auteurs qui ont chanté la Scandinavie et la Finlande agraires, ancestrales, confinées, résignées, un monde où la nature est si forte que les hommes ne peuvent que rester humbles et accepter sans commenter.

 

Texte (complètement) barré

Ce texte pas si nul, j’aurais pu, s’il n’avait pas plu sur ma joie première de l’écrire autant d’amertume, le mener à bien. Enfin, jusqu’à son terme… qui aurait pu être mal d’ailleurs… Mais que sait-on de la fin des textes non écrits ? Autant s’arrêter en chemin si on n’est pas certain d’arriver à bon porc. Surtout dans l’auge où marine la langue en attendant des groins capable de la relever. Et cette foutue ligne du temps qui ne fait rien que barrer mes mots pour que je ne m’aventure pas en zone interdite. Pas de danger, j’ai décidé à la seconde de jeter le gant à la tête de Chronos et de poursuivre l’éternité en justice pour atteinte aux bonnes heures et coupure affreuse de textes dans le sens longitudinal. Foi de Mars et de sa barre chocolatée je repartirai tel l’éclair dans le ciel zébré de septembre. Sans ratures ni biffures. Si toutefois le dieu à la barbe et à la barre des Lettres le veut.

MICROBE a 12 ans et 73 numéros.

1416229944.jpgAu sommaire du numéro

préparé par Hélène Dassavray:

ANTOINE

Stéphane BERNEY

David BELEAU

Hélène DASSAVRAY

Lydia GREENE

Alix H

Brigitte LÉCHINE

Marianne LEROY

MuLm

Denis MICHEL

Flore NAUDIN3563927151.jpg

POLAKER

Latifa SAUVIGNET

TACITE

Thomas VINAU

Illustrations: POLAKER

Les abonnés « + » recevront aussi le 36ème MI(NI)CROBE signé Hélène DASSAVRAY: LES FEMMES FATALES SONT-ELLES MORTELLES?

commande, renseignements: Éric DEJAEGER

via son blog: http://courttoujours.hautetfort.com/