À LA LETTRE de Murièle MODÉLY, éditions Mi(ni)crobe

85092414.jpgAinsi soi dit

M.M. (ré)invente un langage en partant de riens : soleil, salive, index (sale ?). Et qui dit langage dit (vite) mots pour désigner les autres (objets ou personnes) dont soi. Ainsi soi dit. Et qui dit mots dit parole, cri, voix, oreille, retour sur l’enfance, c’est ainsi. Sans oublier la lettre-liberté qui permet au sens de s’évader des mots-prisons. Pour que le récit, le passé, morcelé, se recompose à la façon bric-à-brac, petite musique concrète, d’une fille unique, hyperconnectée, qui a tout remis en place, pour en occuper une. C’est cela, sans doute, écrire, sans savoir au bout du conte qui, où, quand, comment, pourquoi on est, on naît. « Ca commence toujours pareil… »

 

e   x   t   r   a   i   t 

je suis une fille de mon temps

j’ai deux ordis bleus

un smartphone long bouclé

une playstation galbée

une chute d’ipad

à en faire baver

plus d’un

 

(ok je ne vous refais par le coup

du je ne connais pas plus d’un

–  je l’écris tout de même)

 

une  fille de son temps

avec un sacré réseau

le genre populaire qu’on siffle

avec les pouces en l’air

 

qu’y puis-je ?

—-

Mi(ni)crobe #38 (le dessin est signé Maxime Dujardin)

À commander auprèsd’Éric Dejaeger via son blog

http://courttoujours.hautetfort.com/sport/

Le blog de Murièle: L’oeil bande

http://l-oeil-bande.blogspot.fr/

 

Un bon MICROBE pour l’hiver

3676897688.jpgLe 75e numéro du Microbe est prêt !

Au sommaire :
S
amantha Barendson
A
nna de Sandre
C
athy Garcia
I
sabelle Guilloteau
V
irginie Holaind
S
abine Huynh
P
errine Le Querrec
M
urièle Modély
E
mmanuelle Pagano
C
atherine Peintre
J
any Pineau

Cécile Portier
C
éline Renoux
Khun San
M
arlène Tissot
J
asmine Viguier

Illustrations : Sabine Danzé

Pour s’abonner à la Microbe, voir le blog d’Éric DejaegerCourt, toujours !

Un numéro spécial filles (les meilleures sont là!) concocté par Jany Pineau. 

Le rouge et le blanc, le froid, la vue, le visage, l’écriture, le (sou)rire sont des thèmes qui se répondent, tracent des correspondances entre les différents textes sensibles, forcément sensibles qui se jouent sur un fil ténu entre désir de séduction et peur de se dévoiler, entre surface et profondeur, repli et envol…

Un beau numéro, qu’il fait bon lire. 


Et pourtant ils ont été primés !

images?q=tbn:ANd9GcThg_y7eWRrHW8xmSnukiA3FgzNZQRd2z25OlmMNOH_SG_Xbm2wfqEAOYYpar Denis BILLAMBOZ

Non, pas un coup de gueule, simplement une constatation, il semblerait qu’à partir du moment où un écrivain a un nom connu, qu’il est reconnu, il peut se permettre n’importe quoi, son éditeur le suivra toujours. J’avais un excellent a priori sur ces deux écrivains et pourtant j’ai été profondément déçu par ces deux livres qui semblent bâclés, écrits à la va-vite pour répondre à l’attente des éditeurs qui doivent mettre quelque chose sur le marché pour que l’image de leurs auteurs fétiches ne s’altère pas trop et reste bien présente dans la mémoire des consommateurs friands de nouveautés littéraires. Finalement le lecteur obtient ce qu’il recherche : un livre tout neuf que son voisin n’a peut-être même pas lu, peu importe sa qualité.

 

images?q=tbn:ANd9GcS8IxY1xiFC8dNNRR8N7Dw5Gs_dTaTJqR2tRbwhd_Ff2OZKffO_3r6NNZELa porte des enfersimages?q=tbn:ANd9GcQRRW9t7laBodSTXUkpaudlo43GJOlVMdy13Ze7ZdjOZCYMdJ3V2ntmIQ

Laurent Gaudé (1972 – ….)

Tout auréolé du prix Goncourt qu’il a reçu en 2004, je m’attendais à ce que Laurent Gaudé nous livre un grand texte, au moins un bon roman bien écrit. Eh bien non ! J’ai été bien déçu par cette lecture, l’auteur s’est aventuré sur un terrain où manifestement il ne peut pas rivaliser avec les spécialistes du genre.

Filippo, ce jeune garçon abattu par une balle perdue pour tout le monde sauf pour lui, en 1980, alors que son père l’houspillait pour qu’il marche plus vite car ils étaient en retard sur le chemin de l’école, mitonne sa vengeance en préparant des cafés dont il est devenu le maître incontesté à Naples.

Cette histoire se déroule, en effet, en deux temps : en 1980 quand Filippo est abattu lors d’un règlement de compte entre mafieux alors qu’il n’avait que six ans et en 2002, après qu’il soit revenu des Enfers pour exécuter la vengeance demandée par la mère et que le père n’a jamais pu exécuter.

Ainsi, Gaudé nous promène entre ces deux temps, ces deux instants où la vie d’une famille bascule dans le deuil le plus cruel ou dans une autre vie encore possible. Et, pour que la vengeance que le père n’a pas pu offrir à sa femme, soit concrétisée, il nous emmène sur un terrain fantastique, là où le monde des vivants et le monde des morts se rejoignent car « On n’est pas mort ou vivant. En aucune manière…  C’est infiniment plus compliqué. Tout se confond et se superpose…. »

Lors de son errance endeuillée, le père a rencontré une troupe étrange et haute en couleurs : un vieux travlo du port persécuté par les gamins du quartier, un vieux professeur maso mais initié, un curé, tout aussi vieux, renié par le Vatican parce qu’il accueille les putes et les clodos du secteur et le patron du bistrot où ils se retrouvent régulièrement. Et cette petite troupe avinée, décatie, improbable, va explorer la limite qui existe entre le monde des vivants et le monde des morts car ces deux mondes sont poreux et communiquent entre eux. Ils veulent extirper le fiston tué par erreur du monde des morts pour qu’il puisse exercer la vendetta que le père n’a pas été capable de mener à bien.

Et finalement ce roman n’est nullement convaincant, la descente aux Enfers est assez calamiteuse et la fin et absolument interminable d’autant plus que tout est assez prévisible. Même l’écriture n’est pas à la hauteur d’un auteur plusieurs fois labellisé. Il reste cette exploration entre le monde des vivants et le monde des morts, entre la justice de Dieu et la justice des hommes,

« Il y a plusieurs portes d’entrée pour accéder aux Enfers. »

 

images?q=tbn:ANd9GcSlNHsTdPRGAD7hOP_vUbq5hpsL0x7zzIsPfnyKyiHkvXymcTLpdQ7YEkUyLa vie d’un homme inconnuimages?q=tbn:ANd9GcQm68JihvJcY2-AonTMhqqBnDCOcYiRmbF_xoCPuKicQLStVjt-lEABuQ

AndreÏ Makine (1957 – ….)

Encore un écrivain à la haute renommée, « goncourisé », adulé, dont les livres sont présentés en piles vertigineuses jusque dans les supermarchés, qui me laisse pantois, déçu, insatisfait. Je n’ai pas compris le projet littéraire de Makine dans ce livre, il avait la possibilité, à mon avis qui se veut fort humble, d’écrire deux histoires d’amour parallèles, une histoire du temps de la guerre et des années soviétiques qui viendrait plonger en abyme dans une histoire plus actuelle, située à la fin de l’époque soviétique, au moment où la Russie devenait un autre pays. L’auteur a fait un autre choix, c’est lui qui écrit le livre, mais comme c’est moi qui l’ai lu, je vais dire comment je l’ai reçu.

Un vieil écrivain d’origine russe à « l’audience modeste », pas à la hauteur du talent qu’il pense avoir, souffre parce que la jeune femme qui partageait sa vie, le plaque pour un autre plus jeune. La difficulté de faire éditer son dernier ouvrage et la souffrance de la séparation l’incitent à rejoindre la Russie et son amour de jeunesse mais il ne retrouve qu’une pâle imitation du pays qu’il vient de quitter. « La Russie a copié ces modes occidentales et maintenant s’amuse à les pasticher ». Il se retrouve entre un monde qui n’est plus le sien et un autre qui ne l’a jamais réellement été. Les Russes ont transformé leur pays en celui qu’ils ont fantasmé pendant des décennies. Ils ont construit leur « far west » à eux. Sur le sol des grands auteurs du XIX° siècle, même la littérature est devenue un vulgaire produit de consommation.

Il, le héros, l’auteur peut-être, arrive à Saint Petersbourg au moment du trois centième anniversaire de sa fondation par Pierre le Grand. Il y retrouve son ancienne amie, mariée, richissime et peu empressée de renouer avec lui. Dans son appartement il rencontre un vétéran du siège de Leningrad qui s’est muré dans le silence mais qui rompt celui-ci pour lui raconter sa vie pendant le siège, la libération, les quelques jours d’un doux bonheur et les nouvelles atrocités imposées par les soviétiques : la déportation, le goulag, l’errance, …. L’errance avec le théâtre, le chant, la musique, qui ont toujours été ses compagnons de route : sous les balles allemandes, au goulag, dans les asiles psychiatriques, contre la peur, contre la mort,… jusqu’à ce qu’il élève ces disciplines au niveau d’une science à l’usage des plus défavorisés (handicapés, débiles, rebus de la guerre, déchets de la dictature).

Un simple prétexte littéraire pour raconter des généralités désormais très banales sur le siège de Leningrad, sur la période soviétique, sur le goulag, … Aujourd’hui on connait tout ça parfaitement,  Soljenitsyne, Axionov, Chalamov et bien d’autres sont passés par là depuis longtemps. On a l’impression que Makine a fait un remplissage débordant d’émotivité puérile qui ne peut plus que faire vibrer le pathos de lecteurs hyperémotifs.

J’attendais une mise en abyme de l’histoire du couple de vétérans dans celle de Choutov, le héros, et de sa petite amie. Hélas l’auteur a fait un autre choix…. Le vétéran a retrouvé son amie après la guerre comme le héros a retrouvé la sienne après l’exode mais la vie n’a pas réussi à réunir durablement ces deux couples. Le bonheur n’est pas de ce monde. Le vent de l’histoire, l’hystérie humaine, l’exagération slave ont soufflé sur ce texte, le pire est toujours le moins grave, rien n’est épargné au lecteur, tout se devine trop facilement tellement on connait ces histoires dans toute leur atrocité et leur abomination, hélas tellement banalisées aujourd’hui. Et la morale reste toujours la même : la vie n’épargne jamais le faible, le pauvre, le démuni, le juste qui est toujours tabassé par le fort, le riche, le dictateur.

Un livre très sombre, désespéré, une lecture décevante, mais une lueur tout de même : personne jamais ne pourra faire taire le chant du plus humble des hommes qui pourra toujours l’opposer à l’oppression, à la peur, au malheur, à la mort.

 

 

Roberto JUARROZ: Poésie verticale


images?q=tbn:ANd9GcSChY1NK6jbT0saMTMtpOrpSBZiZkJwhWiXdx5ONYaR9UacI19l7oGJ8ZA« La poésie verticale est un travail interminable. » R.J.

Roberto Juarroz (né le 5 octobre 1925 à Coronel Dorrego dans la province de Buenos Aires, Argentine – mort le 31 mars 1995 à Buenos Aires) était un poète argentin, considéré comme un des poètes majeurs de ce temps, dont l’œuvre est rassemblée sous le titre unique de Poesía vertical.

 

POÉSIE VERTICALE

 

Uné écriture qui supporte l’intempérie,

qui puisse se lire sous le soleil et la pluie,

sous la nuit ou le cri,

sous le temps dénudé.

 

Une écriture qui supporte l’infini,

les crevasses qui s’étoilent comme le pollen,

la lecture sans pitié des dieux,

la lecture illettrée du désert.

 

Une écriture qui résiste

à l’intempérie totale.

Une écriture qui puisse se lire

jusque dans la mort.

 

—–

 

Pour lire ce que j’aime lire

je devrais l’écrire.

Mais je ne sais pas l’écrire.

Personne ne sait l’écrire.

 

S’agirait-il d’une écriture perdue

ou peut-être d’une écriture du futur?

 

Il se peut que j’aime lire

ce qui ne peut s’écrire.

Ou simplement ce qui ne peut se lire

bien que cela s’écrive.


—–

  

Il dessinait partout des fenêtres.

Sur les murs trop hauts,

sur les murs trop bas,

sur les parois obtuses, dans les coins,

dans l’air et jusque sur les plafonds.

Il dessinait des fenêtres comme s’il dessinait des oiseaux.

Sur le sol, sur les nuits,

sur les regards tangiblement sourds,

sur les environs de la mort,

sur les tombes, les arbres.

 

Il dessinait des fenêtres jusque sur les portes.

Mais jamais il ne dessina une porte.

Il ne voulait ni entrer ni sortir.

Il savait que cela ne se peut.

Il voulait seulement voir: voir.

 

Il dessinait des fenêtres.

Partout.

 

—–

 

Il n’y a pas de silence.

 

Penser n’est pas silence,

une chose n’est pas silence,

la mort n’est pas silence.

 

Etre n’est pas silence.

 

Aux alentours de ces faits

il n’y a que lambeaux de nostalgie:

 

la nostalgie du silence

qui peut-être un jour exista.

Ou peut-être n’exista jamais

et peut-être devons-nous le créer?

 


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Il ne suffit pas de lever les mains.

Ni de les abaisser

ou de dissimuler ces deux gestes

sous les embarras intermédiaires.

 

Aucun geste n’est suffisant,

même s’il s’immobilise comme un défi.

 

Reste une seule solution possible:

ouvrir les mains

comme si elles étaient des feuilles.

 

 

Tandis que tu fais une chose ou l’autre,

quelqu’un est en train de mourir.

 

Tandis que tu brosses tes souliers,

tandis que tu cèdes à la haine,

tandis que tu écris une lettre prolixe

à ton amour unique ou non unique.

 

Et même si tu pouvais ne rien faire,

quelqu’un serait en train de mourir,

essayant en vain de rassembler tous les coins,

essayant en vain de ne pas regarder fixement le mur.

 

Et même si tu étais en train de mourir,

quelqu’un de plus serait en train de mourir,

en dépit de ton désir légitime

de mourir un bref instant en exclusivité.

 

C’est pourquoi si l’on t’interroge sur le monde,

réponds simplement : quelqu’un est en train de mourir.

 

 

Je pense qu’en ce moment

personne peut-être ne pense à moi dans l’univers,

que moi seul je me pense,

et si maintenant je mourais,

personne ni moi ne me penserait.

 

Et ici commence l’abîme,

comme lorsque je m’endors.

Je suis mon propre soutien et me l’ôte.

 

Je contribue à tapisser d’absence toute chose.

C’est pour cela peut-être

que penser à un homme

revient à le sauver.

 

 

On dirait parfois

que nous sommes au centre de la fête.

Cependant

au centre de la fête il n’y a personne.

Au centre de la fête c’est le vide.

 

Mais au centre du vide il y a une autre fête.

 

 

Etre.

Et rien de plus.

Jusqu’à ce que se forme un puits en-dessous.

 

 

Ne pas être.

Et rien de plus.

Jusqu’à ce que se forme un puits au-dessus.

 

Ensuite,

entre ces deux puits,

le vent s’arrêtera un instant.



 

Taire quelques poèmes,

ne les pas traduire du silence

ne les pas vêtir de leurs figures

ne les pas pouvoir formuler, même :

 

qu’ils se concentrent tels oiseaux immobiles les laisser

en la branche enterrée.

 

Seul ainsi naîtront d’autres poèmes

Seul ainsi le sang se fraie passage

Seul ainsi la vision qui nous incendie

se multipliera comme les pains.

 

Les poèmes non-dits

nous prouvent que le miracle est toujours jeune.

Et, à la fin, lorsque tout s’enmutera

il se peut que ces poèmes

fassent surgir quand même un autre poème.

 

 FRAGMENTS VERTICAUX

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Le silence est-il la ponctuation de la voix ou la voix est-elle la ponctuation du silence ?

   L’unique rédemption du parcours est de ne pas arriver.

Pour trouver un paradis, il faut avoir été expulsé d’un autre paradis. En revanche, pour rencontrer un enfer, aucun préalable n’est requis.

   Un jour les oiseaux finiront, mais il restera toujours un épouvantail. Peut-être un vol restera aussi.

L’espoir a perdu ses racines. Seule l’attente peut prendre sa place. Peut-être l’attente est-elle une manière plus pure de la foi. La poésie est un approfondissement de l’attente.

    Le science allonge la vie. Mais comment raccourcir la mort ?

Écrire est une tâche profondément circonspecte, fervemment intime, quasiment furtive. Peut-être devrait-on se cacher pour écrire.

    Il se spécialisa dans les escaliers descendants. Il finit par tomber vers le haut.

Avant de pouvoir dormir, il faudrait d’abord savoir se réveiller.

    Combien nous aimerions une porte que personne n’aurait à ouvrir.

 

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Nouveautés aux éditions du Cygne

images?q=tbn:ANd9GcS-WT3TAQJ_bVWlygqK2BFFshWeQyNSMQZ2wutTKzslrmKDT0E5GUzEhoWrLES YEUX DE L’HORIZON de Denis EMORINE, 56 pages, 10 €

L’amour, l’amitié et la mort, qui parfois se confondent, sont le fil conducteur de ce recueil. C’est sur le ton de la confidence que Denis Emorine évoque la mort d’un père toujours présent dans la mémoire, et la disparition d’êtres proches qui le laisse inconsolable. Il semble que sa vie se morcelle un peu plus lorsque celle des êtres aimés s’interrompt à jamais. 

 


images?q=tbn:ANd9GcSOqUMo1nukEztSdybBnrPGcu-PEFl3XozmOltb6QfAoM-uaPSDK1uYRzIUNE BARQUE POUR DEMAIN de Julien ESTIVAL, 113 pages, 13 €

Que tout finisse un jour, peut-être demain
qui sait ? ce voyage dans l’aire respirable
faut-il le croire vraiment ou le casser aux gages
quand tout, même la nuit, aspire à répéter en nous 
qui allons dans le vent mémoire du jour
sentiment du monde, indomptable soupçon
que sur l’autre rive la vie pourrait tourner
ses feuillets inutiles ?


images?q=tbn:ANd9GcSmoQQ3E9pyzEOOYZfo7OeWb84e7FAq_dHZe6dqGn3l6uXDa3ZQ1j5v8wDESTIN D’UN ANGE suivi de LA FOURCHE de Jean-Jacques MARIMBERT, 94 pages, 12 €

Destin d’un ange : voix d’une femme dont le nouveau-né a été trouvé mort. Elle traverse sa vie, s’adresse au médecin, à l’avocat, au juge, à sa fille, à une amie. Nature, montagne, isolement, drames cachés de l’enfance, violence et bonheur, elle fait surgir l’intime où gît l’innommable et l’amour de la vie.
La Fourche : soliloque d’une vieille femme de la campagne, rumination d’un crime d’enfant, d’une hallucination, d’une explosion du désir. Se mêlent son enfance et sa journée à l’hospice, son amour d’un homme et sa haine de sa voisine de chambre.

 

http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-catalogue-litterature.html

Dieu

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« Que Dieu est gros ! »,

me dit cette femme 
qui le voit pour la première fois.

« Comme il mange
et comme il boit
et comme il pète fort ! »

« Mais ce n’est pas Dieu, Madame »,
lui dis-je pour la ramener à la raison:
« C’est Depardieu ! »


J’AURAIS DÛ PRENDRE DES PHOTOS d’Yves ARTUFEL

artufel.jpgextrait:

 

 

Je me souviens très bien                                                     

de ces soirs très tard

où pensant toucher l’éternité,

on se dit qu’on va fleurir enfin

et puis tout à coup

on se sent pleuvoir

et on a le regard

imbécilement profond.

 

 

  

70 pages au format 10 x 20 cm, 6 € 

couverture de Marion Zylberman

Voir les autres nouveautés sur le blog de GROS TEXTES:

http://grostextes.over-blog.com/

 

 

TROPIQUE DU SURICATE de Pierre TRÉFOIS

Trefois.jpgProphète de la guerre des nerfs ou sentinelle de l’imbroglio, je vis et fomente mes coups de semonce à l’emporte-pièce. Cela me donne au moins le sentiment qu’urgence équivaut à bien-fondé et que les petites parties (six milliards de Surmoiopiacés) constituent, à leur manière, un Grand Tout (la ruche humaine). On se parodie comme on peut – plus besoin de grimaces dans le miroir en miettes ni de se marcher sur la queue pour se penser sosie du rattus norvegicus.

J’habite à la campagne, loin du vallon natal, dans la garrigue où les lucioles croient éclairer le monde entier avec une rigueur assez typiquement pascalienne.

Longtemps j’ai été trotskyste les nuits de pleine lune, adepte ataraxique de la permanence de la Révolution et autres caroles des astres. Longtemps je me suis bardé d’aphorismes dont l’élégie renvoyait dos à dos timoniers du Ciel radieux et déclarations d’amour rupestre.

Pas une semaine ne passait sans son lot d’appels aux zombis – enjolivés de solos de guitare à tombeau ouvert.

Je vibrais sur pilotis ; je n’amortissais pas mes chutes.

Le rouge m’inséminait.

Les suricates de ma fratrie m’ont exclu pour cause d’activisme en chambre, aggravé de tendances ironiques rédhibitoires – on ne badine pas avec la lutte des classes, les pendules du Hasard dialectique ou les flux et ressacs des marées prolétariennes.

Quant à mes filles, elles se sont mises en tête d’aller piquer les moustiques dans les contrées à forte densité de nuits blanches. D’où leur départ sur la pointe des pieds, en danseuses, pour « ailleurs » selon leur propre terme. Je n’ai plus le courage de dénaturer leurs dires, surtout s’ils se condensent en un seul adverbe.

J’ai bien envisagé d’apprivoiser un héron dans mon lavabo mais j’ai battu en retraite : à quoi bon me lancer dans une énième aventure romantique et cendrée, vouée à faire pâle figure sur mon échiquier collatéral ?

Les circonstances, qui donnent aux êtres la hargne de s’extasier et le velouté de leurs retombées, sont donc idéales pour le recueillement et l’exploration de cet Autrui, accessoirement nommé « moi-même », qui squatte ma carcasse. Gnoti séauton : on connaît cette séculaire chanson, sans jamais l’entonner à cœur-joie. Au contraire : je suis comme ce joueur de balalaïka qui déchiffre lesVariations Goldberg sur une partition en italique, sans penser plus loin que le bout de son imago, quoique…

 

*

Le manque perpétuel

Si je tombe à court

de poésie,

je contemple

ma femme,

mon chat

ou mon jardin.

Le manque se mue

alors en plénitude,

vu que ma femme

s’est taillée

en emportant

le chat

et le jardin.

 

90 pages au format 10 x 15 cm, 7 €

http://grostextes.over-blog.com/

http://rionsdesoleil.chez-alice.fr/GT-Editions.htm

Vous aimez la Wallonie et ses musées insolites? Vous aimerez ce jeu.

165644576.jpgVous aimez la Wallonie et ses musées insolites ? -PAXP-deijE.gif

      Voici un jeu proposé par Éric Dejaeger sur son blog consistant à relier les musées à leur ville ou village d’adoption. 

     Voici les cinq premiers de chaque sorte (listes non exhaustives).

A vous de faire les liaisons! -PAXP-deijE.gif


MUSÉES:

 01 – Musée de l’œil 02 – Musée de l’excrément 03 – Musée du baiser 04 – Musée du bilinguisme national 05. – Musée dela mamelle…

VILLES ou VILLAGES: 

Bende – Celles – Cominnes – Crupet – Feschaux…

A lire dans son intégralité ici:

http://courttoujours.hautetfort.com/