Yuki-san marchait pieds nus dans la montagne depuis sa plus tendre enfance. Un jour, elle rencontra Miko, un jeune berger, et voulut être aimée de lui. Au moment où elle comprit que son vœu était en train d’être exaucé, elle aperçut la plante crasseuse de ses propres pieds qui lui firent honte. Elle n’eut plus qu’une idée en tête : éliminer cette corne disgracieuse qui lui faisait comme une semelle d’une vilaine peau, dure et craquelée.
A cette fin, elle employa jour après jour pierre ponce et brosses diverses et frotta, frotta, alternant séance de brossage avec des bains chauds suivis par l’application de graisses végétales et d’onguents hydratants. Elle n’avait plus de temps pour Miko. Et Miko naturellement s’impatientait. Et Yuki-san le priait d’attendre en lui adressant des mots pressants: « Je serai bientôt à toi, je serai bientôt à toi ! ». Mais la corne était coriace et Yuki-san se demandait si elle aurait assez de force pour en venir à bout.
Un jour, enfin, elle frappa à la porte de la cabane de Miko et dit à sa vue : « Aujourd’hui j’ai mis des sandales neuves pour toi. Je veux que tu me les enlèves. »
Miko s’exécuta et fut ravi au-delà du raisonnable par la délicatesse de ses petons blancs si tendre au toucher sur toute leur surface et, baissant le visage, en signe de prosternation, jusqu’à hauteur de ces délicates extrémités, il appliqua sur chacun d’eux un long baiser respectueux. Ce fut la première chose, et avant beaucoup d’autres, qu’il baisa de Yuki-san.
Voilà comment Yuki-san s’attacha pour la vie l’amour de Miko le jeune berger.
E.A.