William Burroughs, A man within

Un docu de 2010 qui développe différents particularismes de l’écrivain qui ont nourri son oeuvre: l’homosexualité, l’usage des drogues, le goût des armes, ses rapports avec le mouvement PUNK, le shotgun art etc.
Avec les témoignages de John Waters, Laurie Anderson, Peter Weller, David Cronengerg, Patti Smith ou Iggy Pop.

A revoir sur le site d’Arte:

http://www.arte.tv/guide/fr/047048-000/william-s-burroughs

La chanson qui clôt le docu:

 

Le chercheur d’or / Arthur H

« Arthur H reprend du service. A 47 ans, le fils de Jacques Higelin ressent encore le besoin de se mettre en danger. Il a imaginé un suivi en live de l’enregistrement de son nouvel album sur Internet. Pour découvrir en avant-première ce disque au nom tenu secret, l’artiste parisien d’origine nous donne rendez-vous à Montréal. C’est plus précisément au Centre Phi qu’il a élu résidence à compter du mercredi 29 janvier jusqu’au 2 février. En direct, seront diffusées entre 20 heures et minuit, et ce pendant cinq jours consécutifs, des images captées en studio. »


http://phi-centre.com/fr/evenements/id/phiarthurh

SCIENCES: Incident au CERN avant la mise en fonction de l’accélérateur de parties de cul géant

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L’accélérateur de parties de cul géant du CERN (Centre Européen de Recherche Nuclérotique) peut contenir jusqu’à 180 personnes dans un espace de la forme d’un vagin agrandi 1000 fois et baigné dans un environnement audiovisuel adapté. Pour simplifier, disons que l’extrême densité des corps soumis à un champ érotique intense doit entraîner les rapprochements qui vont provoquer les conditions de la première copulation humaine (le fameux Big Gang Bang). L’expérience effectuée sur un échantillon composé de représentants de toutes les ethnies et disparités sexuelles entend entre autres révéler les effets du métissage et découvrir le gène du désir : le nuclérotic. Hélas, le jour même de sa mise en circulation, l’accélérateur a été mis à l’arrêt à la suite d’un incident.

Par crainte que le pourcentage, faible, de transsexuels présents dans le panel ne fausse les résultats, ne dérègle les détecteurs en produisant des interférences dans les calculs binaires, un scientifique de renom a avancé que le transsexuel n’était pas présent à la naissance de l’humanité. Un autre s’est vigoureusement opposé à son confrère en déclarant que, même si aucune empreinte fossile ne peut l’attester, cela ne signifiait pas qu’il n’y en avait pas eu. Il a précisé que, ne possédant pas de charge sexuelle, les female to male et male to female  serviraient de révélateur de tendances chez les membres des deux groupes de base et permettraient l’apparition de nouvelles pratiques sexuelles. Les deux savants, entre lesquels le différend couvait depuis des mois, en sont venus aux mains et l’un d’eux a, lors du pugilat, empoigné méchamment le levier de mode d’arrêt du système en pensant arracher le pénis de son contradicteur, le condamnant (le système !) pour de nombreuses semaines au silence.

Tous les cobayes se sont ensuite rhabillés et se sont rendus au Boxon du X pour assouvir les pulsions stimulées par l’état de tension induit par l’ingénieux système expérimental. Cette boîte, ouverte dans les environs en prévision du bug, est l’œuvre d’un scientifique, licencié du CERN pour pratiques empiriques déviantes, bien avisé qui dès, le lendemain, a communiqué sur le Net les résultats de ses travaux qu’on peut dès à présent lire à cette adresse : www.bigpartouze.eu/résultats/05011111-les-chiffres-mais-surtout-les-vidéos

Enfin, on ne s’étonnera pas d’apprendre que ce regrettable épisode a mis les communautés érotique et scientifique, réunies pour la circonstance, dans un émoi profond qui laissera des traces.  

Une femme à Bombay

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Elle marche, au milieu d’un essaim de journalistes et d’officiels, sacrifiant à des gestes (cette main qui vient embrasser l’ovale d’un visage) de  tendresse maternelle, un rien appuyés, un rien distraits, envers des enfants sous-alimentés. Tenir debout, elle qui, il y a peu, s’est effondrée sous le poids des révélations exposées au grand jour. Faire usage de ses mains, de sa chevelure, pour donner le change, mais les sourcils arqués, les traits du visage tendus, à l’affût. A Bombay, en semi-voyage officiel, pour  lutter contre la faim, et aussi contre la fin de sa liaison avec un homme, par ailleurs président d’un état éloigné. Pâle sous le masque du maquillage, mais les lèvres suivant la ligne d’un continuel sourire. Les yeux un peu traqués d’une femme fauve aux abois. Avec un directeur de cabinet omniprésent qui l’isole des questions indiscrètes des journalistes, ses confrères, auxquels elle ne peut, entre parole retenue et regard d’aveu, répondre comme elle se confierait à des proches. Une dernière fois bâillonnée.  On la devine pétrie d’émotions antagonistes, mais soulagée de pouvoir mettre sa peine au service des autres, la transmuant sur la scène d’une action de bienfaisance. En ayant fait un trait déjà sur sa vie d’avant, le dégoût dépassé (cette pâte alimentaire dont elle ne reprendra pas une seconde bouchée); sinon elle ne pourrait pas se trouver là, surexposée, jouant sa vie de femme bientôt échappée de la notoriété.

Paradoxalement, elle n’est jamais apparue aussi Première dame de France qu’en ce jour où elle ne l’est plus. Et femme de président, qu’elle a cessé d’être. Femme seule, sans référence à autrui, plus jamais dans cette fonction de compagne et de représentante d’une nation, cette double imposture. Jamais aussi son corps, son visage n’auront été aussi présents à l’image. Déjà ailleurs, déjà sauvée de la médiatisation extrême dont elle a eu à souffrir, à laquelle elle n’a jamais pu se faire. Avec la hâte de se retrouver peut-être moins observatrice du monde, plus dans le secours permanent, plus dans l’attention à soi, plus dans le don sans contrepartie d’elle-même. Dans le miroir des jours et des actions à venir.

 E.A. 

LES VILLES

Dans cette ville, tous les citoyens couraient. Ils passaient vite devant vous, jamais un de ses habitants n’était au repos, les plus lents marchaient d’un pas pressé, mais on les sentait en faute, prêts à reprendre l’allure autorisée. Les trottoirs étaient le lieu d’un invraisemblable va-et-vient et il se produisait aux carrefours, aux points de jonction des rues, des bousculades, des télescopages sans fin de personnes. Autant d’accidents produisant des chutes, suivies d’enlèvements par des brancardiers qui, eux-mêmes, détalaient à pied, car cette ville ne comprenait pas de véhicules. Mais tout participait du même mouvement, du même ballet, orchestré par un démiurge de la mobilité.
Maintenant, me dit mon guide, je vais vous montrer une autre ville, et nous regagnâmes notre voiture en courant.

Nous embarquâmes dans sa jeep et, au bout d’une petite heure de route, nous parvînmes dans la ville des gens qui suent. Il ne faisait pas plus chaud dans cette ville que la précédente et tous les gens suaient. Si la sueur peut être désirable chez une jeune et belle personne, elle est moins ragoûtante chez des gens moins bien conservés, d’un certain âge d’autant plus qu’on la voyait couler sur la peau, et tremper les vêtements. On la devinait pénétrant les chairs jusqu’à l’os, y creusant des nappes sous dermiques. On ne les voyait pas boire et je me demandai si, à tant transpirer sans s’hydrater en contrepartie, ils n’allaient pas vite fondre, se diluer dans la ville…

 

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Je fus heureux de quitter rapidement cette cité qui me donnait déjà des gouttes au front.

Dans cette autre, tout le monde riait, apparemment sans raison, et à gorge déployée, de telle sorte que l’endroit était fort bruyant quoique ne respirant pas forcément le bonheur. À la longue, un fou-rire nerveux me prit et nous quittâmes, mon guide et moi, la ville sur un rire inextinguible qui mit plusieurs kilomètres avant de se calmer.

Nous débouchâmes logiquement dans la ville des gens qui pleurent. Là aussi, ce n’était qu’eaux sur les visages, mais liquide fait des larmes versées que les résidents tentaient d’éponger avec des serviettes de toutes sortes dont la ville faisait, semblait-il, un commerce juteux.  C’est sur quelques pleurs vite essuyés que nous quittâmes l’endroit sans regret.

Puis vint la ville du sexe : que de coïts dont nous fûmes les témoins ! Je dus, en partant, refréner les envies de mon guide, mis en appétit par ce qu’il avait vu. Nous vîmes encore la ville des gens qui jouent du cornet à piston (quelle fanfare !), ceux qui jouent du chapeau (quelle pantomine !) et ceux qui se toisent (quelle pédanterie !), ceux qui se taisent (quel silence!), ceux qui se tweetent (quel désert !). Puis ce fut la ville des malentendus où j’eus toutes les peines à me faire entendre de mon guide qui voulait rester alors que je ne demandais qu’à rallier avant la fin du jour la ville des gens qui dînent et, à la nuit tombée, la ville des gens dorment comme d’ordinaires citadins dans une cité mouroir banale où tout le monde rêve à défaut de vivre. 

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Les peintures reproduites ci-dessus sont de Maria Elena Vieira da Silva: « Ville au bord de l’eau » et « Paris »

VU AU CINE DE MA RUE : UN KECHICHE (A)MATEUR INGRESQUE ET CONFORMISTE DE JEUNES ET BELLES NYMPHETTES DANS « LA VIE D’ADELE »

P.Leuckx.jpgpar Philippe LEUCKX

 

Certains critiques français ont l’art de se pousser du bourrichon quand ils ont des chances de palme à Cannes. L’on a vu le déferlement critique – et forcément avec le recul exagéré – quand il s’est agi de couronner « Entre les murs », il y a quelques années, du Begaudeau critiquable (j’ai consacré en son temps un articulet le mettant en parallèle avec les outils autrement pédagogiques d’une Sallenave). Rebelote, cette année, avec « La vie d’Adèle », dont les comptes rendus dithyrambiques frisent le délire.

Qu’en est-il?

Trois heures de film. Des scènes (érotico-)pornographiques filmées en plans-Ozu (caméra immobile) durant de longues minutes (trois séquences de ce type) où le spectateur suit, avec gêne, comme s’il était dans la pièce des ébats, les entrejeux, les entre-jambes vibratiles, les rauques et cris de jouissance qui vont avec, les positions acrobatiques où deux jeunes filles très belles s’essayent à des pliures de corps, entre foetus , chiffre 69 et expositions de chairs blanches et dont la pilosité a été retouchée comme au bon vieux temps des Gervex faussement pervers, des Ingres de bazar, des Laurens et autres peintres pompiers du pubis dégagé pour faire « salon ». Kechiche a-t-il seulement pensé que des scènes de masturbation féminine datent de longtemps au cinéma : a-t-il vu « Identificazione di una donna » du maître Antonioni? C’est vrai : c’était en 1982. A Cannes. Aussi! Sans remonter aux audaces d’un Bertolucci (motte de beurre du « Dernier tango à Paris », il y a quarante-deux ans!), les critiques seraient-ils à ce point ignorants des films qui ont marqué les esprits? Non, mille fois non, Kechiche n’est pas un inventeur, un novateur. Il s’inspire et copie.

En matière de salon, le portrait des artistes du film est d’une convention pas possible : l’adaptation « bleue » d’une bande dessinée par Kechiche, d’une créatrice forcément aux cheveux marginaux, produisant des nus, forcément, des entre-jambes, forcément…avec des scènes « à faire » de rencontres où ces précieux se gaussent de la convention et tombent dans les pires chausse-trappe des stéréotypes : que de piercings, que d’avis affligeants dans ce monde de l’art représenté par notre cinéaste, jamais en reste pour portraiturer à la hâte des groupes montrés mille fois sous les mêmes dehors (scène cliché de l’expo, de la rencontre dans le jardin de banlieue, le petit atelier poussif, le verre de mousseux ou de champe, les « j’adore ce bleu », …)

 

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Le conformisme est total aussi dans la description scolaire : les plans de couloirs et de visages de ragoteuses de service semblent provenir du travail – autrement inspiré – d’une Palme de Cannes (eh!oui), celle de Van Sant pour « Elephant ». Même les travellings avant ou arrière  ont été « plagiés »… Revoyez les scènes autrement mises en scène par l’Américain de Portland, autrement moins complaisant en matière érotique (il suffit de penser aux ébats de quelques secondes dans la douche des deux criminels, en comparaison le spectateur de 2014 doit « se taper » douze minutes de gesticulations physiologiques…)

Conventionnelle aussi cette manière de présenter des hommes falots ou ridicules ou faiblards ou  maladroits ou sans corps..Mais voyons : la thèse est là : matons les beaux corps de jeunes femmes!

La complaisance, enfin, dans la manière de montrer la bave, la morve, la dégoûtante façon de manger les spaghettis, bouche ouverte sur des aliments concassés, avalés avec trépidance etc. Une manie qui procure agacement et, forcément, nombre de répétitions!

Même le prof de français d’Adèle et le portrait de ses élèves qui récitent des extraits de Marivaux (passage obligé: La vie de Marianne! encore) manquent de naturel!

Reste le portrait sensible d’Adèle, qui se cherche, éprouve les deux sexes, aime, le dit, le crie, le vit, campée par une actrice extraordinaire de légèreté, de vibration et de charisme. Adèle Exarchopoulos est une comédienne dont on reparlera. Le jeu mutin de Léa Seydoux dans le rôle d’Emma, qui plisse les yeux, les ferme, joue du bleu de ses cheveux et de son corps dansant donne un bon équilibre à ce duo de lesbiennes, montrées du doigt, et qui expérimentent la vie, tout simplement. D’autres comédiens sortent du film négligés : à l’instar de Salim Kechiouche,qui tire son épingle du jeu, mais est sous-exploité : un rôle de comparse (Mais bon Kechiche n’est pas Morel! Ni Téchiné!)

Fallait-il trois heures de film pour évoquer cet amour qui décline, pour camper une école….?

Problématique : l’écoulement du temps. Quand, à la fin du film, Adèle est devenue institutrice, et que, apparemment trois années se sont déroulées (puisqu’on a un indice : l’âge de l’enfant de la nouvelle compagne d’Emma, Lise), on n’a pas senti ce passage du temps.

Dommage.

Dans son désir de coller à des réalités, le cinéaste a péché par complaisance : ah! ces ingrédients faciles des téléréalités les plus convoquées : allez un peu de marge, allez un peu d’esbroufe côté pattes en l’air, allez quelques méchantes langues (au lycée), allez quelques parents conventionnels à mort…et la soupe est assurée de dégoter les plus vifs commentaires d’une intelligentsia critique « à la pointe » de la modernité!

 

Mes avis

votreavis3.jpgSollicité pour donner mon avis, je le donnai avec l’espèce de désinvolture qui me caractérise et qui, je veux le croire, est la qualité qui a motivé mon recrutement. À mesure que j’en délivrais, maintenant dans un cadre professionnel, mes avis se sont étoffés en s’appuyant sur des critères d’ordre scientifique. On ne les écoutait plus comme avant, on leur prêtait désormais une oreille attentive, scrupuleuse et non plus amusée. A tel point qu’ils furent reçus avec de plus en plus de solennité, et je pesais alors chaque mot de mon argumentaire, devenant en quelque sorte, le temps de mon examen, un expert de l’objet à critiquer.

Peu à peu, je compris que mes avis ne se distinguaient plus des autres avis et qu’ils avaient perdu la spontanéité qui, aux yeux de mes employeurs, avaient fait leur singularité. Je fus poliment remercié, autrement dit licencié.

Désormais je ne donne plus mes avis sur rien. Je me contente de m’aviser en secret, en mon for intérieur, de quantité de sujets sans importance, sans jamais dépasser mon domaine de compétence, fort restreint comme on le sait désormais, en me demandant toutefois si je ne le fais pas trop haut, trop fort, car je ne demande pas à retrouver un emploi de sitôt.     

EXTENSION DU DOMAINE DE L’ASPIRINE

domaine de l’aspirine

  

domaine de l’aspirine

où meurent les migraines

où planent les têtes

sur un océan de blancheur

 

des visions sombres

plongent dans le néant

des compressions violentes

se répandent en écume

 

à l’entrée une pharmacienne

en blouse de travail

sur une poitrine généreuse

fait perdre la tête aux hommes

 

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Un champ d’aspirines

 

Il habitait en bordure d’un champ d’aspirines. Quand il avait mal à la tête, il n’avait qu’à tendre la main pour en glaner une et la jeter dans l’étang calme d’un verre. L’agriculteur n’y voyait que de l’effervescence.

 

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Beau comme…

Beau comme un cachet d’aspirine, c’était le seul homme que les femmes consentaient à avaler quand elles avaient la migraine…

 

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