Ce professeur de gifs animés donne inlassablement la même séquence de cours.
Dans le bus pédagogique, je monte, je valide ! C’est-à-dire je cautionne la séquence d’enseignement qui m’est dispensée. L’avantage de ce type d’enseignement, c’est qu’on descend où on veut, après avoir actionné la sonnerie ou parfois l’alarme. Si je kiffe, je pousse jusqu’au dépôt. Si je superkiffe, je refais le trajet deux, trois fois sur la journée. Et tous les autres jours de la semaine… Je reçois bien évidemment un titre de transport pédagogique au terme d’une course réussie.
Ce professeur avait fait installer des plaques inclinées ornées de clous et autres dispositifs anti-étudiants dans sa classe. L’économe, averti, lui accorda le budget nécessaire pour parfaire son projet.
Ce professeur qu’on voyait errer dans les couloirs de son établissement avait choisi la recherche plutôt que l’enseignement : il était en quête de sa vocation d’enseignant perdue depuis longtemps…
Les inspecteurs des robots-professeurs n’ont pas un programme à la hauteur.
Cette prof promettait à l’étudiant qui avait bien travaillé de raconter en fin de cours un bout de sa vie. Beaucoup préféraient encore travailler mal…
Pendant son cours de géo, le prof ne supporte aucune histoire.
Chaque année, au village, on organisait le concours du meilleur enseignant.
Quelle ne fut pas sa surprise quand, consultant la page Facebook de SudPresse, ce directeur constata que le gagnant faisait partie de ses enseignants. Tout à sa joie, il appela sa secrétaire qui, dévisageant la photo du gagnant, fut bien obligée de tempérer le bonheur de son supérieur : « Ce n’est pas un de nos enseignants, Edmond [elle l’appelait par son prénom car c’était par ailleurs son mari] mais le jardinier de l’école… »
En guise de TFE, cet étudiant remit tout un roman : il rata son année mais entama une belle carrière d’écrivain. Que ses examinateurs relirent en poche au moment de leur – tardive – retraite (avant, ils ne faisaient que lire des TFE).
Cet enseignant était comme absent dans une école inexistante et, quand il prenait les présences, pour apporter un peu de réel, il était bien obligé de constater qu’il n’y avait personne à ses cours pas plus que dans les couloirs vides de l’établissement fantoche.
Avant, quand on voyait un prof en baskets et en short, avec l’air chagrin de quelqu’un qui a perdu son sport ou sa coupe, on savait que c’était le prof de gym. Maintenant on ne sait plus bien.
Dans le grand théâtre du savoir, des passionnés rencontraient des assoiffés de connaissances, chacun passait indifféremment de la scène à la salle. Aucun intermédiaire n’officiait entre eux, aucune circulaire, aucun programme, aucun horaire, aucun système d’évaluation, aucun directeur, aucun inspecteur, aucun ensemble articulé de compétences… Les cours étaient gratuits et la satisfaction d’apprendre comme celle de dispenser un modeste savoir constituait l’unique mais incomparable récompense.
À l’École de l’air, le tableau n’est pas volant, non, ni les craies taillées dans les nuages, mais le professeur vise les étoiles et les étudiants ont des ailes.
Le prof de la géographie de Binche et le prof de l’histoire de l’orange dans le folklore local s’associent chaque année en février pour donner un module consacré au Carnaval.
À l’École de la triche, il est interdit de ne pas tricher.
La Journée Porte Fermées de cet établissement scolaire eut tellement de succès que le préfet décida de la prolonger indéfiniment.
Le professeur d’aphorismes fait des phrases trop longues.
Ce professeur de langues ne donne jamais cours en immersion plus de trois minutes sans protections auditives : au-delà de ce temps, le tapageur babillage entre les poissons peut causer des dommages irrévocables.
L’école à eau
Dans cette école, toutes les salles de cours ont été transformées en piscine. Les professeurs de maths, par exemple, donnent cours théorique sur les gradins mais n’ont pas peur de se mouiller lors des séances d’aquamaths. Les couloirs ont été aménagés en canaux et les transferts d’une classe à l’autre se font à la nage.
Le secrétariat se tient sur une plate-forme dans le hall en forme de fontaine.
C’est une école-pilote diligentée par un staff de pédagogues en maillot alliés avec des ingénieurs en hydraulique étudiants les mécanismes d’un athénée à eau. Le préfet pratique la pêche sous-marine et il passe la majorité de son temps de bain sous l’eau habillé en homme grenouille à arpenter les couloirs de son établissement nautique.
– Professeur de langues mortes, ça parle avec les morts ?
– Oui, les anciens morts.
– Le prof de chauffeurs de bus vient en train et le prof de conducteurs de trains vient en bus, c’est normal ?
– Il ne faut pas généraliser! le prof de maçonnerie, il ne vient pas en maison et le prof de plomberie, il ne vient pas en salle de bain!
– C’est vrai mais je n’ai jamais vu un prof de mécanique venir autrement qu’en voiture et un prof de menuiserie arriver sans au moins un meuble à faire réparer…
Le professeur de religion scientifique et le professeur de morale mathématiques s’associeront à la rentrée prochaine pour donner le cours tant attendu de technicité des idées en champ d’opinions magnétiques.
Dans cette école, la salle des profs se trouve dans la cave à vin de l’établissement.
Dans cette autre école, tous les professeurs ont dû suivre un stage de langue des signes : la directrice est sourde-muette.
Le prof raseur s’étonne du bas niveau de sa classe.
Ce professeur qui, à l’instar du John Keating du Cercle des poètes disparus haranguait les étudiants lors de son cours de poésie de Michel Houellebecq se ramassa méchamment en montant sur un banc datant de l’époque du film. Il donne désormais cours en chaise roulante et doit reconnaître qu’il a auprès des jeunes générations d’étudiants plus de succès qu’en singeant Robin Williams. Maintenant on le prend volontiers pour le milliardaire handicapé d’Intouchables et on l’écoute à nouveau religieusement quand il entonne son Ô capitaine mon capitaine de Whitman ou lance du fond de son siège de lyriques Carpe diem. Comme quoi les mélos servent tout autant l’enseignement mainstream que les enseignants comédiens dans l’âme
À l’Université du Quatrième âge, les étudiants sont interdits de tripoter leur déambulateur pendant les cours.
Monsieur le Directeur,
Pour compléter la collection de craies du professeur de l’histoire des espaces et de la géographie du temps, toute la famille s’est mobilisée. A chaque voyage dans l’espace-temps, nous lui rapportons du nouveau matos. Cela prend sur nos heures de sommeil et nos jours de congé. Mais depuis qu’il a démarré une collection de pécés du monde entier spatio-temporel, nous ne savons pas si nos moyens financiers déjà rabotés par les multiples collections mises en place par les enseignants passés et futurs nous permettront d’encore l’aider comme auparavant.
Veuillez nous excuser par avance pour nos économies d’autant plus que cet enseignant modèle n’a pas manqué de signaler par une note dans le journal de classe que vous partagiez le même engouement pour ses collections bidons.
Bien à vous.