Moulin à vers
Mathias Nizet, qui partage sa vie entre la musique et l’écriture, a 26 ans et déjà une vive intuition du temps qui passe.
A t’attendre
Le ciel s’égare
Et le temps me prend
Pour un ordinaire voyageur
Dans les transports auxquels il nous invite, il se munit d’une gomme et d’un crayon.
J’efface
Avec la gomme sans fin
Des souvenirs
Les traces de l’éternel
Présent
Il lie le désir au temps, conscient que, tel un fruit mûr, il doit être cueilli à son heure.
Quand ton corps se défend
Des étreintes du temps
Mes mains sur toi se brisent
En éclats de passé
Des images cruelles viennent entailler la lisseur des jours, réveiller l’imaginaire un moment endormi.
J’use de l’amour
Comme d’un couteau
Sur tes lèvres
La musique du souvenir empêche d’entendre les appels du présent ; on passe alors à côté ou bien on s’y écrase, brisant le défilé des jours.
Mais le moi qui endure les jours finit toujours par revenir dans le désir finissant.
Forçant le songe
À médire des étoiles
Ta nuit
M’abreuve de chimères
Je m’évade du temps
Cette poésie neuve, en vers en roue libre, qui découvre les richesses de la langue, pêche encore par des maladresses certaines mais ses élans l’entraînent dans des lieux insoupçonnés de l’âme qui n’ont pas encore eu le temps de s’incarner dans un réel encore à éprouver, à épuiser...
Au Puy
De ton Fou
Je débarque
Avec mes cordes
Et ma lyre
Pour prendre ma place
Sur ton ring
Dans La roue à aubes ne s’arrête jamais, Mathias Nizet raconte l’histoire d’une saison d’amour qui prend toutes les couleurs du temps. Il nous parle d’un présent indépassable qui bute sur des clichés pour en arriver à ne plus voir le monde. Il nous confie aussi cette crainte légitime du jeune poète devant le réel, d’une vie vouée à l’écriture comme sacerdoce…
Martelant ta beauté
Sur l’enclume du désir
L’amour peine
À faire tourner le cosmos
Dans le sens de mes mots
Il fait nuit à midi
Il imagine enfin sa jeunesse éteinte dans un feu de joie qui rebondit vers l’azur les trente mois que la lune fait.
C’est une poésie faite de chair et de temps, d’angoisse et de vertige, de restes d’une folie née de l’enfance perdue, de l’attente irrésolue dans l’exécrable avenir, d’une circularité impossible.
Dans ta boîte à lippes
Je pique-nique
Tout l’hiver
Avec la fièvre
Sur ton verbe rouge
Je fais fable rase
De ta chair
Jusqu’au cri
Le premier recueil de poésie de Nizet s’achève, lui, sur un silence répété à l’infini. Qui résonne comme un écho dans la chambre vide / de nos matins endormis.
Éric Allard
Image de la couverture pas encore disponible
Date de parution: 15 avril 2016
Pages : 60
Prix : 15 €
Format : 13 x 22 cm
ISBN :978-2-84116- 223-7
Collection D’une voix l’autre
Merci . je decouvre
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