DEUX PETITES NOTES APÉRITIVES

leuckx.jpgpar PHILIPPE LEUCKX

 

 

 

 

 

Repose-toi-sur-moi-quand-Joncour-se-fait-tout-petit-devant-une-poupee.jpgUne petite note. « REPOSE-TOI SUR MOI » de Serge JONCOUR (Flammarion) – Prix Interallié 2016 mérité.

Une rencontre insolite dans un vieil immeuble à cour parisien. Les prémices d’une histoire d’amour tourmentée, romanesque. Le regard décapant et tendre de Joncour donne tout son prix à cette relation intense entre Ludo et Aurore, que tout sépare : origines, métier, aisance, physique..

En quatre cents pages écrites avec réalisme et style, le lecteur a le temps de s’approprier des destins ordinaires, d’avaler ces pages mues par un suspense qui ne soit pas seulement le fait d’une intrigue à résonance policière mais plus psychologique qu’il n’y paraît.

Les décors servent bien ce roman enlevé, brillant, hors des sentiers battus de la fiction française. De Paris au Célé en passant par la région parisienne.

L’auteur -avec une oeuvre riche de douze livres, la plupart publiés chez Flammarion – est bien entendu à suivre. Le parfum de ses livres libère une vraie aura, toute de justesse et de beauté.

Le livre sur le site de Flammarion

Les romans de Serge Joncour chez Flammarion

serge-joncour-distingue-par-le-prix-interallies-pour-repose-toi-sur-moi,M388785.jpg

 *

51Lt89veHiL.jpgUne petite note. « SUR CETTE TERRE COMME AU CIEL » de Davide ENIA (Albin Michel).

Le beau livre de Davide Enia, « Sur cette terre comme au ciel », traduit remarquablement par Françoise Brun, est une plongée dans l’histoire sicilienne. Sur trois générations, c’est toute l’histoire des années quarante jusqu’à la fin des années quatre-vingts, par le biais de fous de boxe. Amours, amitiés, fraternité aux combats, morceaux de virtuosité sociale et familiale. Enia, à force de dialogues vifs et tendres, rend bien les tensions du récit, nous entortille dans les mille et une réalités de son roman : Davidù, son oncle Umbertino, Nina, Gerruso, l’ami de toujours, le Paladin, Rosario, le grand-père, la Blonde ont le poids du vécu, des attentes, d’un monde où il faut se battre, pieds et poings.

Un premier roman , bien construit, alternant les épisodes de la vie du héros Davidù, de son père, mort très jeune, de son grand-père Rosario.

L’ombre de la mafia et de ses méfaits. La valeur inébranlable de la famille et des amis. La Sicile fière et courageuse.

Le livre sur le site d’Albin Michel

Davide Enia sur le site d’Albin Michel

Davide-Enia.jpg

COUPABLE D’AVOIR DANSÉ LE CHA-CHA-CHA de Guillermo CABRERA INFANTE

51qXhBk%2BKML.jpgTrois danses coupables

« Il pleuvait. La pluie tombait avec fracas entre les colonnes vieilles et vermoulues. Ils étaient assis et lui regardant la nappe blanche. Il y avait autre chose que l’ennui de la pluie soudaine… »

Trois fois tandis qu’il pleut dehors un homme déjeune avec une femme dont il nous est fait une remarquable description. Cela se passe à La Havane dans les années 50 ou 60. Dans la première histoire, l’homme et la femme assistent à un rite africain de type vaudou ; dans la seconde, la plus légère, la femme va  d’une certaine façon disparaître sous la pluie. Dans les deux premières histoires, un non-dit relatif à la relation des deux amoureux, quelque chose de l’ordre de l’interdit, est évoqué sans être explicité.

Dans la troisième histoire, plus politique, vers laquelle tendent les deux premières nouvelles, le narrateur va avoir affaire à un commissaire du peuple venu lui demander d’infléchir la ligne éditoriale de son supplément culturel. Cela nous vaut une démonstration anticommuniste brillante mais risquée pour le narrateur qui joue gros. Il démonte avec humour et brio le vocabulaire révolutionnaire et la paranoïa de type communiste à propos de tout ce qui relèverait de l’impérialisme forcément américain.

Un épisode sans doute inspiré de la propre expérience de l’auteur qui fonde un journal culturel de 59 à 1961 pour prendre ensuite, en 62, ses fonctions d’attaché culturel en Belgique, manière de l’éloigner de Cuba. Il rompra définitivement avec le régime castriste en 65 pour s’exiler en Espagne puis à Londres. Comme d’autres exilés: Reinaldo Arenas, Severo Sarduy, Zoé Valdés, Eduardo Manet… Comme aussi Abilio Estévez, Guillermo Rosales, Carlos Victoria, José Manuel Prieto, Eliseo Alberto, Karla Suarez… 

Cabrera Infante dont la « virtuosité n’a d’autres limites que notre disposition à nous laisser entraîner par son écriture dans une fête de l’intelligence, de la grâce et de la sensualité » meurt à Londres en 2005 à l’âge de 75 ans.

1109026801_850215_0000000001_sumario_normal.jpg

Guillermo Cabrera Infante et Pedro Almodovar en 1997

 

Guillermo Cabrera Infante est l’auteur de Trois tristes tigres, son chef d’oeuvre, cité par ailleurs dans la liste des grands romans latino-américains par Javier Cercas dans son essai paru récemment en français sous le titre de Le point aveugle. 

Ce petit livre s’affirme comme une composition littéraire en trois nouvelles qui chacune correspond à une danse: le rituel de la santeria, le boléro et le cha-cha-cha, né sous le régime de Batista en 51 et duquel on devait par la suite, sous Castro, nécessairement se sentir coupable comme l’exprime avec une belle malice le narrateur de la dernière partie.

Une lecture vivement recommandée à ceux qui, bien mal informés, se complaisant dans le leurre ou ayant une idée de la liberté d’expression à géométrie variable, ont versé leur petite larme rouge lors du décès du dictateur cubain en parlant d’un système ayant résisté à l’impérialisme américain et qui serait resté vierge de toute dérive totalitaire…

Éric Allard

 

5538_1.jpgLe livre sur le site de Folio/Gallimard

Panorama de la littérature cubaine en France

TAKE FIVE (III)

etoile-lumineuse-casa-avec-20-lampes-4039970ugsmu_2041.jpg

 

XXI

 

Après le chargement

des étoiles à la nuit tombée

on observe

un fléchissement 

de la voûte céleste

 

 

XXII

 

Sous la tonnelle

j’ai appris ton nom de fleur

Sous tes dentelles

j’ai appris ton nom de feu

Puis tu m’as embrasé

 

 

XXIII

 

Ma mère est certaine

du chemin que j’ai pris

pour lui échapper

D’ailleurs

elle me rattrape toujours

 

 

XXIV

 

Au sortir de la salle de bain

je te surprends

une arme blanche dans une main

et une serviette blanche dans l’autre

pour éponger mon sang

 

 

XXV

 

Cinq princes prétendent

au trône

du royaume des sens

C’est mal connaître ta chair

anarchique 

 

 

XXVI

J’ai tout près

du sommeil

ton souvenir endormi

que ton rêve

réveille

 

 

XXVII

 

Le rose à lèvres

noir

écrasé sur ta bouche

donne à tes baisers

un goût de fin d’amour

 

 

XXVIII

 

Pour ne pas laisser

s’installer le silence

fais du bruit

avec ta vie

sur le tambour du temps !

 

 

XXIX

 

Je recueille

toutes les formes de l’inceste

sur une peau

formée

de mille lèvres familières

 

 

XXX

 

En voyant ton temps

sur mes mains

j’ai caressé  

l’idée

de t’oublier

 

 

etoile-lumineuse-casa-avec-20-lampes-4039970ugsmu_2041.jpg

à suivre

CHANSONS ANGÉLIQUES

134790344_0ce68d06f9_o.jpg

ANGE: nom masculin

(latin ecclésiastique angelus, du grec ecclésiastique aggelos, messager de Dieu)

  • Être céleste intermédiaire entre Dieu et l’homme.
  • Personne qui semble douée de toutes les perfections.
  • Personne qui possède au plus haut degré une qualité physique ou morale : C’est un ange de beauté, de douceur.
  • Terme d’affection : Mon ange. Mon petit ange

Larousse en ligne

 

Ginette RENO

COUTURE

DELPECH

MURAT

CLERC chantant Murat

CLERC chantant Fr. Hardy

CLERC & CHARLEBOIS

LAPOINTE

ADAMO

NOUGARO

HIGELIN & BONNAIRE

VASSILIU

DUFRESNE

GAINSBOURG

Colette RENARD

DALIDA

VILARD

AZNAVOUR

LES COMPAGNONS DE LA CHANSON

PIAF

HALLIDAY

DISTEL

BÉCAUD

 

Rose AVRIL

France GALL

Mireille DARC

LENORMAN

Nathasha SAINT PIERRE

INDOCHINE

CANTAT

BASHUNG

ZAZIE

George MICHAEL

ETC.

LE PLUS BEAU FILM D’ANGES

banner.jpg

MAUX D’AUTEURS DIVERS

Tous les livres sont sur le même sujet, l’écriture.

Marguerite Duras

On veut faire magie dans les mots. On finit par exceller dans le tour de passe-passe.

Denys-Louis Colaux

c2a9carnetsnoirs-fileswordpress-com_sapin-livre.jpg

 

Cet éditeur-nez publie des bouquets de poésie…

 

Avec ses invendus, ce libraire élabore de savants montages que s’arrachent les collectionneurs de compositions littéraires.

 

Peut-on espérer que cet écrivain incendiaire ira jusqu’à brûler tous ses livres ?

 

L‘éditeur de mes rêves publie pendant mon sommeil mes poèmes à la nuit étoilée.

 

Ce Lucky Luke de l’écriture fait paraître plus de bouquins qu’il n’en écrit.

 

Sapin-de-livres08.jpg

 

Je connais un auteur de tweets qui est devenu parolier de chants d’oiseaux.

 

Tous les écrivains pénibles à lire ne sont pas des travailleurs du texte. (non à l’amalgame)

 

« Le sang d’un éditeur, votre roman noir, s’est écoulé aujourd’hui à plus de trois cent mille litres. Votre éditeur doit être aux anges, lui qui ne voulait pas vous publier… »

 

Tous les écrits du net ne sont pas écrits par des flous littéraires. (non à l’amalgame) 

 

Cet éditeur aime la proximité de la langue de son auteure beaucoup plus que son écriture approximative mais comment le lui dire sans la froisser.

 

Sapin-de-livres08.jpg

 

L’éditeur que vous êtes peut-il définir ce qui, au-delà de leurs nombreuses différences, caractérise tous vos auteurs ?

– Leur immense amour pour moi.

 

Quand sa muse a la migraine, le poète fait la tête.

 

Cet éditeur-nez lorgne les écrivaines en vue.

 

Je connais un grand écrivain qui ne passe plus les portes des maisons d’édition.

 

Cet auteur de l’autosatisfiction écrit des livres bien branlants.

 

Sapin-de-livres08.jpg

 

Tous les paramots ne sont pas des persécutextes. (non à l’amalgame)

 

Dans la vie de Céline, il y a beaucoup points de suspicion…

 

Ce Lucky Luke de l’édition publie plus de bouquins qu’il n’en lit.

 

Cet auteur célèbre mais sans revenu augmente sans cesse le prix de ses ateliers d’écriture et de ses prestations scolaires.

 

Je connais un éditeur un peu ours qui publie des livres en peluche.

 

Sapin-de-livres08.jpg

 

Cet auteur de Littérature jeunesse respecté écrit de la Littérature gore pour gagner sa vie.

 

J’aimerais tant publier aux Editions des Trois Ouïes, aux Editions des Huit bruits, des Cent Touchers, des Onze mille vues, des Cinq Mille Saveurs … mais j’ai zéro sens de l’écriture.

 

Je soupçonne cet éditeur confidentiel de s’obstiner à ne pas me publier par crainte du succès littéraire. 

 

Après une carrière de chroniqueur de faits divers, cet amateur de temps morts devint rédacteur-conseil pour une entreprise de contes funèbres.

 

Dormir la tête sur un best-seller et faire des rêves d’éditeur. 

 

Sapin-de-livres08.jpg

 

Tous les poètes ne sont pas habiles de leur muse.

 

Les pisse-copies ne ferment jamais leur brade-texte.

  

Je refuse les avances sur recette de la femme de mon éditeur de peur de ne plus pouvoir partager la cuisine littéraire de son mari.

 

Tous mes écrits tournent autour de moi

Tous mes écrits tournent autour

Tous mes écrits tournent

Tous mes écrits

Tous mes

Tous

Tous mes

Tous mes écrits

Tous mes écrits tournent

Tous mes écrits tournent autour

Tous mes écrits tournent autour de moi

                                                                (v)autour

 

Pourquoi vivre encore si c’est pour ne plus écrire un jour ?

 

Sur sa bière tombale, à l’encre noire sur la mousse, cet auteur fit graver : ci gît un buveur de lettres.

 

Comme chaque année, je dépose au pied du sapin de mon éditeur un manuscrit vierge de toute brillance. (Quand j’étais écrivain)

 

santa_claus_reading.jpg

Tous les maux d’auteurs sont ici !

à suivre…

HUIT ANS !

HUIT ANS, 3200 posts et 540 000 visites! 

800 livres recensés (par Denis Billamboz, Philippe Leuckx, Nathalie Delhaye, Lucia Santoro & Éric Allard)

POURVU QUE ÇA DURE… 

8-Ans.jpg

LES PAPYRUS OUBLIES de JEAN-POL SAMAIN

82c048_4153c1be17cc4244a9a462b321f1b8d6~mv2_d_1783_2550_s_2.jpg_srz_1075_1537_85_22_0.50_1.20_0.00_jpg_srz

Aux origines du mythe

Lors d’un chantier de construction en Israël, un coffre est découvert qui renferme des papyrus. Après un minutieux travail de traduction, l’entrepreneur du chantier au prénom de Mickaèl, qui est le narrateur de la première partie, celle qui se déroule de nos jours, et des chercheurs travaillant pour l’Autorité Nationale des Antiquités d’Israël prennent connaissance du contenu des parchemins.

Les lignes qu’ils vont lire émanent d’un vieil homme au terme de son existence qui exerce la fonction de charpentier en Judée et dont les premiers souvenirs remontent en l’an 66 avant Jésus-Christ. Il faudra quelques chapitres pour comprendre qu’il s’agit de Yossef, fils de Jacob, et père de Yeshoua (Jésus). Yossef n’a rencontré Myriam de Joachim (Marie) que lorsqu’elle avait treize ans, en 9 avant J.-C. et que lui était déjà bien âgé, veuf d’une première épouse et père de plusieurs enfants dont Jacques et Simon… Un an plus tard, elle donnera naissance à Yeshoua. Yossef meurt en 6 après J.-C. alors que Jeshua n’est encore qu’un tout jeune homme et qui ne saura pas l’immense postérité que connaîtra un de ses fils.

Outre les révélations et corrections qu’il apporte aux livres de l’évangile – et que je ne rapporterai pas pour ménager la surprise du lecteur -, le récit fait par le vieillard dresse le portrait d’un pays colonisé et dévasté par l’occupant romain qui cherche dans ses traditions des moyens de motiver la révolte du peuple autour de figures historiques à réactiver comme Elie. Le récit nous plonge avec une rare acuité dans la tête et l’époque de Yossef, sans afféteries ou marqueurs contemporains qui auraient dénaturé la pertinence du propos, et nous vivons la vie des Juifs de l’époque sous l’occupant romain et du cruel Hérode, peinant à gagner leur vie comme leur liberté et n’ayant, par exemple, qu’un âne comme seul luxe de transport pour leurs longs déplacements d’une région à l’autre.Gtk_Kr0l.jpg

Dans le dernier chapitre qui réunit l’entrepreneur et les experts pour ce qu’on pourrait appeler leurs premiers commentaires de lecture, on déplore l’emprise aujourd’hui encore des religions sur les humains et l’usage politique qui en est fait pour faire s’affronter dans des guerres fratricides les croyants et non croyants. On souligne que cette relation des faits, ces « confidences » d’un homme au crépuscule de son existence donnent l’impression d’être transporté dans un monde irréel sorti de notre imaginaire. Les révélations que cet écrit contient remettent par ailleurs en cause le christianisme primitif et expliquent bien des mystères du Nouveau Testament, c’est pourquoi, dans la fiction relatée, le Vatican s’empare des rouleaux pour les enfermer dans la bibliothèque secrète du Saint Siège.

Ce texte est le fruit d’un long travail d’historien qu’a réalisé Jean-Pol Samain sur la période rapportée et qui a déjà fait l’objet d’un ouvrage intitulé Des Sumériens à Jésus (La Société des écrivains, 2011).

On aurait aimé en, peut-être, des chapitres alternés pour établir les connexions et résonances entre l’époque de Yossef et la nôtre, en savoir plus sur Mickaèl, le narrateur de la première partie qui se présente comme le découvreur des manuscrits, car lui aussi est un bâtisseur et un père de famille…

L’avantage toutefois de l’option choisie par Samain, c’est que notre attention n’est jamais distraite du récit du vieillard et qu’on est plongé sans discontinuer dans l’histoire de cet homme presque commun qui, plus par hasard que par volonté, plus en témoin qu’en acteur, va jouer un rôle important dans l’histoire du monde et de la chrétienté.

Le livre comprend un glossaire très clair d’une vingtaine de pages sur les principaux personnages historiques évoqués.

Une belle surprise littéraire qui mêle connaissances historiques et art de la narration.

Éric Allard

Le livre sur le site des Éditions Poussière de Lune

Des Sumériens à Jésus de Jean-Pol Samain 

 

OLIVIER CHASTEL DANS L’IMPOSSIBILITÉ DE PRÉSIDER LE MR

189b480bb0001e2b9911e982dd24e920.jpg

Olivier Chastel s’est déclaré dans l’impossibilité de présider le MR. L’impossibilité de présider le parti du Premier ministre sera effective du 20 au 31 décembre 2016.

Dans l’entourage d’Olivier Chastel, la nouvelle n’a pas vraiment surpris car des rumeurs sur son état dépressif couraient depuis un certain temps. Ce qui a précipité la décision de l’ancien ministre, ce serait l’information selon laquelle le lendemain des attentats bruxellois, Bart De Wever était présent auprès de Jan Jambon pour une réunion de crise.

« Moi, aurait-il confié à son chauffeur (son seul et unique interlocuteur actuel) aucun membre du gouvernement ne m’appelle. Le numéro de Charles Michel ne répond jamais et les journalistes ne se déplacent plus quand j’organise une conférence de presse…  Denis Ducarme me snobe et Richard Miller m’ignore. » 

Depuis le début du mois, Olivier Chastel paraissait absent, il quittait souvent son bureau présidentiel en dehors du passage des techniciennes de surface. Un jour, il allait voir Armand De Decker, même si on lui a disait que ce n’était plus une bonne chose de s’afficher avec lui ; un autre jour, n’écoutant aucun conseil, il se rendait chez Serge Kubla

Un signe attestant de son épuisement mental : lors de la préparation de sa lettre-vidéo de Noël pour les enfants des membres du Parti, on l’a vu s’effondrer en larmes et s’arracher la fausse barbe du Père Noël dont on l’avait affublé avant de piétiner le bonnet rouge bordé de fourrure blanche caractéristique en en réclamant un bleu et blanc.    

On comprend dans ces circonstances que son retrait des affaires publiques pendant une dizaine de jours fera le plus grand bien au parti. Armand De Decker lui aurait déjà signalé une ou l’autre bonne adresse d’hôtel aux Kazakhstan où il pourra travailler en toute tranquillité à un nouveau médicament contre la contamination aux idées de la NVA.

Charles Michel, contacté à l’issue d’une réunion de routine avec Bart De Wever, a déclaré qu’il n’était pas au courant de cette information et nous a demandé de lui refiler le numéro d’Olivier Chastel qu’il avait égaré depuis plusieurs mois… 

 

56da6cb03570ebb7a8f87f56.jpg

 Charles Michel et Théo Francken ignorant Olivier Chastel 

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2016: Le petit dernier

arton117866-225x300.jpgpar Denis BILLAMBOZ

Je croyais mes lectures de la rentrée 2016 terminées, j’étais déjà occupé à préparer ma pile de livres à lire pour la rentrée de la nouvelle année quand Les Carnets du dessert de lune a mis en rayon, à la toute fin de l’année, la réédition de « Légende de Zakhor » de Pierre Autin-Grenier. Je m’empresse donc de vous adresser mon commentaire sur ce brillant texte afin que vous puissiez encore vous le procurer pour le mettre au pied du sapin.

 

s189964094775898902_p823_i1_w640.jpegLÉGENDE DE ZAKHOR

Pierre AUTIN-GRENIER

Les Carnets du dessert de lune

Avant de parler du texte d’Autin-Grenier, il faut dire quelques mots du livre, un recueil d’un format original presque carré (14×16), publié par Les carnets du dessert de lune dans sa collection Pleine Lune. Ce recueil comporte une dizaine de textes courts, des petites nouvelles, publiés en quatre langues dont l’anglais ajouté pour cette édition, c’était bien nécessaire quand on connait le peu d’intérêt des anglais pour les langues qui leur sont étrangères. Et pour être presque complet, il ne faudrait pas oublier le portrait de l’auteur peint par Shahda que l’éditeur a placé sur la couverture, un camaïeu de rouge allant de l’écarlate au carmin en passant par le vermillon et le pourpre et quelques autres nuances encore, un portrait de feu et de sang du plus bel effet.

En quelques lignes, trois ou quatre petits paragraphes, Pierre Autin-Grenier dresse un cadre, crée une atmosphère, installe une histoire, une histoire qui raconte souvent son pays, le pays où il a vécu entre Lyon et Carpentras. Il parle des chevaux qui galopent dans les prés, des couleurs qui peignent le paysage, des odeurs qui enivrent, des saveurs de ce pays qu’il semble tellement avoir aimé mais aussi de ses habitants avec leurs sentiments, leurs émotions, leurs petits travers… Des personnages toujours modestes et même parfois un peu marginaux, des êtres souvent en butte avec le quotidien que l’auteur dépeint avec une nostalgie tendrement mélancolique.

L’intensité du texte, sa densité, sa faible longueur n’altèrent en rien la fulgurance des formules : « il disait avoir vu en rêve des fenêtres se jeter dans le vide », l’éclat des images : « c’est toujours le bleu qui prend d’assaut les maisons », la flamboyance du style : « A nouveau il prendra congé et sur les tuiles mouillées du toit miroiteront des morceaux de lune », sans oublier la poésie qui envahit ces courts textes : « Il eût fallu qu’un fleuve en crue entre soudain par une fenêtre et, furieux, vienne s’étrangler sur la table pour qu’enfin nous mesurions l’étendue d’hiver qui nous séparait les uns des autres » et nous pourrions ainsi disséquer les textes de l’auteur, dénichant l’oxymore, le zeugme, l’allitération, la métaphore et bien d’autres formules de style encore mais nous deviendrions alors hérétiques à la parole toujours courte du maître es langage, Alors court faisons sans oublier que le fond de ces textes est peut-être aussi riche que leur forme particulièrement brillante.

Le livre sur le site des Carnets du Dessert de Lune

PAG.JPG

LES MONTS CHAUVES et autres textes à la hauteur

LES MOIGNONS (VI)

01.jpg

Les monts chauves

Elle aime les monts chauves chauds, les brûlants du crâne, les pétant-le-feu-par-la pointe et s’écoulant par les tempes. Elle se fait un œuf sur le plat de la tête d’un de ses amants puis, de la langue, lui décrasse l’occiput, tout le front en contournant les yeux vers les pavillons d’oreille pour lui lécher le cérumen fondu puis descendre vers les trous de nez dont elle siphonne la morve séchée. Elle ne supporte pas d’avoir un sourcil fumé sur la langue ni le contact du gluant de l’œil cramoisi. Elle atterrit par mégarde sur les lèvres qui sont déjà roides. Pouah, fait-elle, en crachant un après l’autre les morceaux de blanc d’œuf qui lui restent de son repas sur les cimes. Les coqs à la coque refroidissent plus vite que les poules à la coule après avoir été chauffés à blanc, surtout s’ils plastronnent au sommet d’un volcan, pouffe-t-elle entre ses dents noircies. 

 

1_RtGqb.jpg

 

Ce que n’est pas la grammaire

La grammaire n’est pas une dame âgée à la douceur un peu âcre, c’est une jouvencelle au profond décolleté et qui sent la ponctuation.

La grammaire n’est pas une chanson douce, c’est une plage de hard rock avec une envolée de violons virgules.

La grammaire n’est pas une vieille chaussette à passefiler sur un oeuf à repriser, c’est un gant de toilette qui vient d’éponger une peau de pêche en suspension.

La grammaire n’est pas un chien écrasé dans le journal du matin, c’est un fait divers printanier sur le chant exclamatif du pinson.

La grammaire n’est pas une parenthèse oubliée sur un barrissement d’éléphant, c’est une couverture de velours recouvrant le bruit d’un frottement de brins de balais sur le chabada d’une peau de caisse claire.

La grammaire n’est pas que fanfreluches, fifrelins & fleurs de cactus entre deux coquilles, elle est aussi aiguilles de pin, pommes d’api et piqûres d’ivres points de crochet. 

 

traditionnel-oeuf-a-repriser-en-bois.jpg

 

La barbe

La terre se laisse pousser la barbe depuis toujours. Elle fait aujourd’hui la longueur de dix mille circonférences terrestres. Lors d’un prochain refroidissement climatique, elle pourra s’en servir comme d’un lasso pour attraper un astre de feu.

 

1_RtGqb.jpg

 

L’étang

Je tends l’étang à la verticale de la raison. Puis j’attends que les poissons du doute tombent. C’est ma technique de pêche aux idées et n’essayez pas de m’en faire changer!

 

1_RtGqb.jpg

 

L’homme qui voulait devenir fou

L’homme qui voulait devenir fou de bondage s’éprit d’une femme folle à lier. 

 

capture-d_ecc81cran-2016-04-13-acc80-17-45-03.png?w=1200

 

Les citrons

Avec le presse-agrumes, je presse les citrons de tes seins. Tu en prends ombrage et me désigne d’un doigt de pied sévère la vasque à melons, là, à côté du compotier sur lequel j’ai  déposé mon plantureux postérieur.

 

citron-jus-de-citron.jpg

 

Souffleur de verre du dimanche

Ce souffleur de verre de la messe du dimanche souffle des vases pieux aux formes catholiques. On les remplit d’eau savonneuse et les enfants du catéchisme lâchent des bulles en forme de Jésus-Marie-Joseph que des tireurs du peloton d’exécution de la messe du dimanche crèvent comme des païens avides de sphères fraîches. Les enfants touchés par les balles adventices donnent leur sang pour l’eucharistie des accidentés de la foi perdant leur croyance à grand flots.

 

1_RtGqb.jpg

 

Le cycle

Le sang est dans la neige. La neige est dans le cœur. Le cœur est dans le vent. Le vent est dans le ciel. Le ciel est dans la gorge. La gorge est dans la poule. La poule est dans la fleur. La fleur est dans le fusil. Le fusil est dans le songe. Le songe est dans l’oiseau. L’oiseau est dans l’oeuf. L’oeuf est dans le temps. Le temps est dans l’espoir. L’espoir est dans la mer. La mer est dans le seau.  Le seau est dans le vide. Le vide est dans l’espace. L’espace est dans la vie. La vie est dans le sang.

 

kqcjhhgievs.jpg&h=450&w=728

 

La disparition de la pensée

La disparition de la pensée eut lieu en plein jour. A l’insu de tous ceux qui m’aimaient malgré ma bêtise.

 

2015-09-28-1443477328-7401238-eggstumblr.gif

 

Au sommet de la montagne

Au sommet de la montagne, il y a une lampe de chevet. Un deltaplane. Un lit à une place. Un tweet de Donald Trump. Un disque de cold wave. Un livre d’opérette. Un texte sans q. Quelque chose pour écrire. Une machette dans la main d’une fille à la langue coupée. Un torero sur un toro. Une mouche froide. Un réfugié suisse. Un alpiniste de paille. Une vache entre deux amis du lait. Une aurore en train de se lever (et qui bâille). Un peu d’eau tombée de la neige (et qui s’est fait mal). Une ballerine aux pieds nus (sur un piedestal). Un chien près de s’envoler. Un permaculteur sur un cheval à bascule. Un bain à bulles. Un tendre mot. Un avilissement. Une planche de salut. Une clé sans porte. Une descente de vessie qui se prépare. Un lanceur d’alerte incendie. Un récupérateur d’échos avec une chambre à air. Une fonte des rêves. Une pipe sans fourneau ni tuyau. Un humoriste au creux de la blague. Un froid de canard. Une moule de Noël. Un fluide glacial. Un début d’aphorisme. Un abcès crevé. Une description sans objet. Un vade-mecum pour spéléologue égaré. Une corde raide et un pendu des hauts-chemins.

 

chulu-west.gif

+ de Moignons ici 

à suivre…