La rumeur courait depuis quelques jours, elle vient d’être confirmée au grand dam des associations carnavalesques de Charleroi : Paul Magnette passera carnaval au temple zen de Pairi Daiza.
Suite à son coup de sang contre la N-VA et Koen Geens d’il y a une semaine qui l’a vu débouler dans les studios de radio de la capitale, Paul Magnette a pris conscience du fait qu’un président de parti se devait à un minimum de retenue. A l’instar de Denis Ducarme, suite au désappointement d’avoir vu un freluquet prendre la tête du MR, les deux grands hommes politiques de la région ont fait appel à un moine zen réputé qui leur a appris à ouvrir leurs chakras. Huit, chez Paul Magnette, qui a tout plus que les autres. Six chez Denis Ducarme, le septième étant resté introuvable sur son corps matériel…
Rencontré la veille de son départ à son bureau opale de l’Hôtel de ville de Charleroi, le président du PS a annoncé qu’il ferait une retraite bienvenue à Pairi Daiza, à l’invitation d’Éric Domb et Jean-Jacques Cloquet, des patrons intègres et innovants tels que le PS en manque, et qu’il en profiterait pour se ressourcer auprès des animaux et du cadre apaisant du parc animalier.
J’en ai assez des grands singes de la politique nationale et régionale ; j’ai besoin d’un lâcher prise total. Je préfère encore prendre conseil auprès des Xing Hui, Hao Hao, Tian Bao et de leurs magnifiques rejetons, Baby boy et Baby Girl.
Il a aussi eu des mots si durs pour le carnaval de sa région qu’il en est devenu tout rouge : Des têtes d’autruche montées sur sabots… Du tapage de tambours doublé d’un gaspillage d’oranges et de papier … Une débauche de paille et de plumes… Un terrain propice aux microbes et au coronavirus…
Puis, là, son conseiller en méditation a approché le bourgmestre par intermittence de Charleroi pour le ramener au calme. On a vu le chef de la gauche (une des dernières) francophone belge s’asseoir en lotus, lever les paumes des mains vers le ciel et joindre les bouts des doigts. Il a fermé les yeux et procédé à quelques respirations profondes sur les paroles apaisantes de son nouveau conseiller en méditation.
Puis il s’est relevé et nous a annoncé tout sourire qu’il s’était mis à l’écriture de haïkus, qu’il publierait au printemps chez un éditeur carolo de haïkus*. En exclusivité pour Les Belles Phrases (n’oublions pas que Paul Magnette est, en outre, un spécialiste de Pasolini**), il nous en a livré cinq.
C’est un homme heureux que nous avons laissé, sur le point de se rendre à Brugelette, l’âme en paix et l’esprit alerte, prêt à de nouvelles aventure spirituelles.
CINQ HAÏKUS inédits de Paul Magnette
Les mains dans le pétrin
Comme je pétris la pâte
L’esprit allégé
+
Je vois Ciara valser
+
Le bon roi Philippe
Comme il ressemble à Delphine
Lui aussi est un artiste
+
Aspersion de gaz lacrymo
Et l’affaire est réglée
+
Je m’voyais déjà
en haut de l’affiche
L’espérance est trompeuse
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*On a cherché en vain le nom d’une maison d’édition de haïkus carolos. Précisons que Paul Magnette, toujours avant-gardiste et bien informé, nous a dit ne pas respecter la règle du 5/7/5 qui ne vaut, pour lui, que pour les Nippons.
** Régulièrement Paul Magnette organise des cellules d’information culturelle à l’intention de quelques responsables et militants politiques de la région, pour les initier au génial auteur et réalisateur italien. Ils progressent, nous a-t-il confié, lentement mais sûrement et arrivent depuis peu à écrire Pier Paolo Pasolini sans faute d’orthographe et à citer correctement – et sans le confondre avec Marcolini – au moins trois de ses œuvres.