VERS UNE CINETHEQUE IDEALE
100 films à voir absolument
une analyse décennie par décennie/feuilleton en 12 épisodes
qui court des débuts du cinéma aux années 2010
par Ciné-Phil RW et ses contre-pointeurs Nausicaa Dewez,
Daniel Mangano, Thierry Van Wayenbergh et Thierry Defize.
(I)
Préhistoire
(ère du court/ultra-court-métrage)
Deux courts-métrages intègrent notre Top 100, inventifs et ambitieux, qui conjuguent l’envie de raconter une véritable histoire à un travail sur la manière d’y parvenir de manière décapante :
(1/100) Le Voyage dans la Lune (Georges Méliès, France, 1902)
Voir : lien vers article des Belles Phrases.
(2/100) Le Vol du Grand Rapide (Edwin S. Porter, E.U., 1903)
Voir : lien vers article des Belles Phrases.
D’autres chefs-d’œuvre pionniers plébiscités par la critique ?
. Sortie des usines Lumière (1895), L’Arroseur arrosé (1896) et L’Entrée du train en gare de la Ciotat (1895) des frères français Auguste et Louis Lumière, les créateurs du cinématographe, ne dépassent pas la minute et nous offrent de premiers pas du gag/burlesque ou du documentaire à caractère sociologique.
Daniel MANGANO : Constatons la démarche radicalement opposée, dès l’origine, des frères Lumière et de Georges Méliès : les premiers ouvrent un filon plus tourné vers le réel (extérieurs, décors naturels, etc.) dans la mise en scène, tandis que le second s’oriente vers l’imaginaire, le théâtral, le spectaculaire (décors peints, escamotages, « effets spéciaux », etc.)
Thierry VAN WAYENBERGH : On a longtemps pensé que la Sortie des usines Lumière était un film purement documentaire. Que la caméra était placée un peu par hasard face à l’entrée du bâtiment. C’est faux. Il y a eu plusieurs répétitions, des essais avec un carrosse tiré par un cheval passant devant l’opérateur, pour donner davantage une illusion de mouvement. Bref, dès les premiers tours de manivelle, le cinéma était joué.
. L’Assassinat du duc de Guise (André Calmettes, France, 1908, 17 minutes) constitue une incursion du nouvel art dans le registre historique.
Charles Le Bargy, de la Comédie-Française, y révolutionne la manière de jouer au cinéma, abandonnant les gesticulations accentuées des acteurs du temps pour mettre l’accent sur les expressions de son visage.
Voir : lien vers article des Belles Phrases.
. En Angleterre, l’Ecole de Brighton accomplit un travail innovant, inventant le genre des films de poursuite/Chase films, premier développement du film d’action, mais aussi le montage dramatique (découpage en plans, gros plans, plans subjectifs).
Daniel MANGANO : The Big Swallow (1901) de James Williamson présente, outre un gros plan extrême, un contraste-minute entre l’œil du caméraman et celui du spectateur : le personnage, qui refuse d’être filmé, avale facétieusement opérateur et caméra.
Who knows ?
. Avant l’aube cinématographique et ses Lumière, il y eut – notamment – Eadweard Muybridge (pseudonyme d’Edward James Muggeridge). En 1878, le célèbre photographe américain mit en place un dispositif complexe de 24 chambres photographiques aux fins de percer le mystère du cheval au galop. Il élaborera le génial zoopraxiscope, appareil qui reconstitue le mouvement à partir d’une succession rapide de phases arrêtées. Aujourd’hui encore, nous pouvons contempler avec émotion des micro-séquences chronophotographiques telles que Le galop de Sallie Gardner (1878), la course de La chienne Maggie ou celle d’un impressionnant bison (1887). Sans oublier un homme (1884) et une femme (1887) nus montant et descendant respectivement des escaliers.
(Thierry DEFIZE).
On l’oublie souvent, mais il y a aussi des femmes parmi les précurseurs du cinéma. Une en particulier, Alice Guy (aussi connue sous le nom d’Alice Guy-Blaché), réalisatrice française qui a créé une maison de production aux États-Unis, réalise son premier film dès 1896, La Fée aux choux. Comme L’Arroseur arrosé, ce film s’inscrit résolument dans la veine de la fiction.
(Nausicaa DEWEZ).
. Le terme film est inventé par l’… inventeur américain Thomas Edison.
. La première salle de cinéma, à Londres, est dite Kinetoscope Parlor, la première caméra kinétographe (du grec, écriture du mouvement).
. Alexandre Promio, un collaborateur des Lumière, anticipe le futur travelling en déplaçant sa caméra pour « reproduire à l’aide du cinéma mobile des objets immobiles ».
Nausicaa Dewez et Daniel Mangano, Thierry Defize et Thierry Van Wayenbergh, Ciné-Phil RW.