JE VERBALISE / AUTOPORTRAÎTRE en U, V, W, X, Y & Z

Ballon Lettre U Bleu : Ballon lettre bleu sur Sparklers Club

J’ulcère les ❤ fielleux

J’unis un poil de lecteur avec une plume de poète pour la vie d’un poème

J’unis une carte et 1 dé à reflets pour 1 jeu de miroir

J’urine à la raie et au nez des ondinistes convaincus

J’use de trucs et ficelles pour emballer mes écrits

J’usine une pièce de théâtre de collection pour 1 théâtre antique

J’usurpe l’identité d’1 auteuriscule pour passer inaperçu du comité Nobel

J’usurpe l’identité d’un clown pour faire carrière en politique

J’usurpe l’identité d’1 taon irritable pour prendre la mouche

J’utilise du fil à retordre pour enfiler mes noeuds

J’utilise un pendule pour trouver l’or du temps

J’ultrafiltre les appels à témoigner pour la postérité

J’ulule pour distraire la chauve-souris des chats-huants

J’use de muses usées pour peindre mes croûtes

Ballon Lettre V Bleu : Ballon lettre bleu sur Sparklers Club

Je vacille entre une lueur passée et l’avenir d’une allumette

Je vagabonde entre les alinéas de la littérature

Je vague à l’âne sur une planche de turf

Je vague d’effrois en égarements climatiques

Je vainc la maladie du sommeil avec des papillons de nuit

Je vainc la timidité du barman en lui offrant un verre

Je vais avec une langue chargée sur une voix sans issue

Je valide un silence de fond d’étang

Je valse avec une SDF (Sans Danse Fixe)

Je valse comme un pestiféré au milieu de danseurs de Saint-Guy

Je vampirise un cou de lapin

Je vandalise un magasin de frappes & attaques

Je vanne des sacs de saillies

Je vante l’amitié entre les pubs

Je vante le dernier auteur qui m’a adressé un opuscule

Je vaporise de l’eau de poème sur une prose terne

Je vaque à mes occultations

Je varie les positions de lecture pour en finir avec la littérature assise

Je vascularise tes seins pour voir tes bleus au coeur

Je vaseline une paire de narines qui me font du nez

Je vaux à peine la penne d’une flèche de Cupidon

Je vaux le délassement de mes lacets de chaussures

Mise à jour de la section "à vendre" - Le Son de chez Patatorz...& Friends

Je vends l’adresse du rêve à un marchand de sommeil

Je vends la fleur au fusil à la peur au ventre

Je vends la tête du travail au corps de métier

Je vends le vent d’hiver à la pluie de printemps

Je vends un prix littéraire à un auteur bon marché

Je vends des chaussures de cache à des marcheurs embusqués

Je vends le prix du plaisir à un fabricant d’orgasmes

Je vends un abri de jardin à un défenseur de potager

Je vends le fond de mon coeur à une forme de carré

Je vends un inventaire à la Prévert à un donneur de Paroles

Je vends un dresseur d’alexandrins à un cirque poétique

Je vends un trait d’esprit à une règle de l’art

Je vends mon diaphragme au diacre pour une photo pieuse de mon intimité 

Je vends une corde à fauter à un fou à lier

Je vends un stade anal à un club de trous du cul

Je vends mon cher axe au démon de la symétrie

Je vends un moment mémorable à un collectionneur de souvenirs

Je vends du vent à un marchand des quatre saisons

Je vends de l’air à un souffleur de verre

Je vends un bâton de pluie à un dynamiteur de nuages

Je vends un paquet d’anecdotes à un faiseur d’histoires

Je vends un portrait de gaine (avec dame) à une galerie de ceintures

Gif animé gratuit > Alphabet > Page 166

Je veille au grain de chapelet glissé entre les cuisses de la novice

Je veille sur une nichée de doux rêveurs

Je veine les cartes de la chance pour avoir du coeur

Je veine les feuilles du hasard

Je vêle au mont Sinaï et mon fils veau de l’or

Je vente les airs de bise battue d’une tempête de poche

Je vente les mérites d’une tempête de poche

Je verbalise mes autoportraits

Je verdoie sur les rires de mon enfance

Je vérifie la validité de mon assurance sur l’état des doutes

Je vérifie mon compte en langue dans ta bouche enregistreuse

Je verge les flammèches de mon feu intérieur

Je verglace la surface du cercle polaire

Je verse de l’aube bouillante sur les matins caniculaires

Je verse 1 vent de folie sur un feu follet

Je véhicule du sens jusqu’à la prochaine station essence du verbe

Je vérifie l’état des noeuds avant chaque départ en bondage

Je verrouille l’accès à mes miroirs secrets

Je verse aux plus déforestés des pièces d’orme

Je verse une larme de glace bifide sur un ours bipolaire

Je végète dans la littérature fléxitarienne, je viande dans l’édition alternative végane

Gif animé gratuit > Alphabet > Page 166

Je vicie l’air littéraire avec mes pétarades de mots

Je vidange les intestins du gladiateur avant qu’il comble l’appétit du lion

Je vide la corbeille de l’espace dans la poubelle du temps

Je vide ma corbeille pour compléter mon intégrale de fonds de tiroir

Je vide une mer de regard de tous ses cils

Je vieillis avec l’enfant qui dort au fond de moi

Je vieillis moins vite quand je cours les rayons (lumineux)

Je viens en zigzag d’une lignée d’antinatalistes repentis

Je viens de vivre

Je vire au poète de concours lorsque je vise des prix

Je vire cent sonnets sur un compte poétique universel

Je virevolte avec un flocon rencontré il y a deux secondes

Je vis dans l’erreur qu’elle me corrige

Je vise le très long terme avec ma flèche du temps

Je visite un phonème de fond en comble

Je visualise le sort de ma queue dans une boule de billard

Je vitre mes balles pour qu’elles partent en éclats

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Je vois des voix dans la nuit

Je vois le vin voyager dans les verres

Je vois le venin serpenter sur ta peau

Je vois les veines irriguant tes seins

Je vois une pluie de grains de beauté

Je vois la lune de l’asile libérer ses rayons

Je vois dans l’oeil du vol la tache de l’aile

Gif animé gratuit > Alphabet > Page 166

Je vocifère pour finir enfermé dans une chambre d’échos

Je voile d’un foulard pudique mon gros cou

Je voile une ferme nue pour couvrir son fourrage

Je voile ta nudité pour la couvrir de mystère

Je vois à travers les livres les écrans de l’ignorance

Je vois l’aube fermer l’oeil de la nuit

Je vole au-dessus des montagnes de riz des vues imprenables sur les petits Chinois

Je vole au-dessus des montagnes des vues imprenables

Je vole au secours d’une conductrice de charme déguisée en déesse

Je vole une voyelle au marchand de cnsnnes

Je vomis un brownie aux termites mal cuit

Je voue une admiration sans borne à l’informe

Je voyage en pathos dans un mélodrome

L'alphabet Anglais Fait Avec Les Feuilles Vertes, Thème D'été, Marque Avec  Des Lettres W X Illustration Stock - Illustration du herbe, zone: 88484192

Je westernise un coin de Wallonie avec une Whinchester de la FN et un wisky-péké

Je wifise un lieu de cartes pour webcamer une partie de whist

Je xylographie le mot xérès pendant que j’en bois

Je yoyote de la touffe quand je yodle sous un chapeau tyrolien ou que je youyoute sous un voile

Je zappe moins que je n’abécédairise le grand bazar de l’aphoristologie

Je zerbe quand zébu

Je zézaye pour ne plus zozoter

Je zigzague pour ne pas rentrer tout droit

Je zinzinule bravement le matin avant de zigonner bêtement l’après-midi

Je zone dans l’Anthropocène

Je zoome par souci du bétail sur le rire de la vache qui pisse

Je zoome pour mieux zieuter les zèbres de mon quartier

LES LECTURES D’EDI-PHIL #36 : COUP DE PROJO SUR LES LETTRES BELGES FRANCOPHONES

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Philippe REMY-WILKIN (par Pablo Garrigos Cucarella)

Les Lectures d’Edi-Phil

Numéro 36 (septembre 2020)

Coup de projo sur le monde des Lettres belges francophones

sans tabou ni totem, bienveillant mais piquant…

A l’affiche :

un essai (Luc Dellisse), un récit (Jean Lemaître), trois romans (Stanislas Cotton, Patrick Dupuis/Agnès Dumont, Benoît Sagaro), un conte fantastique (Alex Pasquier) et deux recueils de poésies (Sylvie Godefroid et Carino Bucciarelli) ; les maisons d’édition La Lettre volée, Otium, Murmure des Soirs, Weyrich/Noir Corbeau, Les Nouveaux Auteurs, AEB, Le Scalde et L’Herbe qui tremble.

Préambule

A l’occasion de cette rentrée 2020, je me réjouis du nombre de numéros de ma mini-revue déjà édités par Les Belles Phrases, je voulais apporter mon obole au microcosme. Je vais poursuivre le sillon mais en amenuiser la programmation. C’est que, à côté de mes deux vies principales (la première est la création, en matinée ; la deuxième est normative, limitée aux soirées), la troisième (la médiation culturelle) s’est diversifiée et démultipliée.

Il y a mes articles, sur l’édition belge encore, dans Le Carnet, mais, dans Les Belles Phrases, il y a désormais un feuilleton sur les perles du patrimoine littéraire belge, en duo avec mon collègue Jean-Pierre Legrand, et la reprise d’un autre, sur l’histoire du cinéma, en équipe, avec Nausicaa Dewez, Daniel Mangano et Krisztina Kovacs (et d’autres, ponctuellement). Ajoutons l’envie de mener un feuilleton musical aussi. Hors Belles Phrases ou Carnet, je suis devenu chroniqueur littéraire sur Radio Air-Libre, j’ai accepté d’intégrer le comité de rédaction de la revue Marginales, été sollicité pour des présentations publiques, des jurys, etc.

Bref, et je le dis pour les auteurs et éditeurs qui souhaitent m’envoyer des livres, s’impose pour moi, pour survivre à la submersion et continuer à profiter au mieux de mes activités, la nécessité d’une alternance, sur cette plateforme, entre les différents sous-ensembles. Qu’on devrait donc retrouver chacun tous les trois ou quatre mois.

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Luc DELLISSE, Un sang d’écrivain, essai, La lettre volée/collection essais, Bruxelles, 2020, 154 pages.

Amazon.fr - Un sang d'écrivain - Dellisse, Luc - Livres

L’objet-livre

Magnifique ! Avec l’auteur en filigrane sur la couverture. Le bleu pâle de celle-ci transfiguré par le bordeaux qui glisse depuis la quatrième de couverture.

L’auteur

Luc Dellisse est l’un de nos meilleurs auteurs. L’un de ceux qui possèdent le CV le plus passionnant artistiquement. L’un des rares écrivains ou romanciers belges francophones qui puissent interroger le monde, leur art, leur vie d’une manière analytique, philosophique. En clair ? L’un des collègues dont j’apprécie le plus savourer un paragraphe, une poignée de pages, un chapitre. Pour me sentir compris ou, au contraire, bousculé, incité à une réflexion nouvelle. Pour le pur plaisir aussi de me couler dans une langue belle et inventive mais sans pesanteur, d’une fermeté rare.

Le livre

Un sang d’écrivain me semble prolonger le travail méditatif découvert dans Robinson. Ce dernier ouvrage questionnait le monde, ce qu’il est devenu, la manière dont nous pouvons encore y trouver une place, un sens, résister. Ce nouvel opus resserre la focale sur la manière dont Luc Dellisse appréhende son métier d’écrivain, le pouvoir des mots, la langue. Le texte avance au gré de chapitres courts, intenses, de « petites touches où se mêlent l’analyse, le témoignage, l’humour et l’imaginaire, la situation réelle d’un écrivain dans le premier quart du XXIe siècle » (selon la quatrième de couverture).

Quelques plongées pour effleurer les contenus

Dans Introduction, Dellisse rappelle une vérité qui échappe à la plupart : l’écriture n’est pas un hobby ou une manière de gagner sa vie. Il s’agit d’une activité difficile, souvent ingrate, lourde de conséquences sur la vie de celui/celle qui s’y adonne, son interaction avec le réel, et celle-ci relève de la nécessité. Somme toute, d’un Chemin de Damas, d’une Pentecôte. Et tant pis si le tombé en écriture possédait les talents menant à une vie matérielle confortable, ils doivent céder, reculer.

Dellisse assène un éloge de la lecture ultrarapide. Qui va à rebours de ce que l’on a souvent enseigné. C’est, selon lui, la meilleure manière de saisir la portée réelle d’un ouvrage. Il faut « lire tendu ». Il affine ensuite et reconnaît les mérites, différents (complémentaires ? et il faudrait alors s’offrir de luxe de doubles lectures ?), de la lecture très lente. Ce qu’il condamne ? La « vitesse moyenne », « la flânerie », qu’il assimile au « péril des fausses profondeurs », au danger de « ne capter rien de l’essentiel ».

Dans Le grand jeu, Dellisse évoque l’écriture comme « un moment de retrait, d’absence, de maquis ». Il faut « pouvoir vivre simplement, et presque pauvrement » mais « sans devoir s’en soucier ». Un équilibre, une tranquillité sobre qui était au cœur de Robinson. L’écriture, malgré ses embûches et ses âpretés, en devient une porte d’accès au bonheur, donnant un sens à une mise à distance des corvées et autres soucis matériels qui encombrent nos esprits et corrompent la saveur de nos vies.

Dans Le cadran solaire, l’auteur va plus loin :

« Les mots servent à fixer les choses pour qu’elles existent. (…) La plupart du temps, on est vague, c’est-à-dire rien. On comprend vaguement l’histoire, on éprouve vaguement des sensations heureuses ou malheureuses ».

Les mots apporteraient du poids aux éléments du réel, un supplément d’âme. Un sens, dessiné par une « flèche noire » (quelle belle formule !). L’écriture aiderait à passer de la vie à l’existence ?

Une réflexion sur l’anticipation des faits par les inventions de l’écrivain me rappelle une conversation avec Jacques De Decker, qui croyait aux signes, à la capacité des créateurs de les repérer. Une soirée récente avec un ami d’enfance philosophe aussi : il me citait Jung et son attention à l’égard des synchronicités. Il ne faudrait pas oublier Freud, qui a évoqué les convergences comme indices d’une vive intelligence jusqu’à un certain point, d’une névrose au-delà dudit point.

Décrochage temporel interroge le dédoublement qui s’opère chez un véritable créateur. Les endroits ou les époques imaginaires dans lesquels il se réfugie (enfant, adolescent mais adulte aussi), sont « intenses et stimulants », bien plus que ceux de la vie réelle, à tel point qu’ils introduisent une autre réalité, qui est peut-être plus réelle car plus puissante/imprégnante, chargée de sens, de souvenirs, de propulsion vers la construction d’un avenir.

Et la suite…

N’en disons pas plus. Chaque chapitre (et il y en a plus de 60 !) apporte son lot de réflexions et d’interrogations, d’émotions aussi. Qu’il s’agisse du rapport à « un vieux coffre de pirate littéraire » surgi des limbes avec sa « masse sans fin de papiers griffonnés » au fil des années. Ou de celui à une langue, le français. Du rapport aux aléas du métier aussi (les séances de dédicaces, pour la grande majorité des auteurs, renvoient à une prise de conscience répétée de leur « obscurité »). Du rapport à un monde, un environnement qui n’a jamais été aussi hostile à la démarche intellectuelle, artistique. Etc.

Ah, encore. Le livre se conclut sur une annexe bien singulière, 4 pages de « Remarques sur la machine littéraire » qui livrent 33 réflexions, qui ont un goût d’aphorismes :

« (…) On crée pour faire des beaux objets avec les échecs de sa vie. Et le secret, c’est sa connaissance intime de l’échec mise au service de victoires invisibles. » ;

« (…) la seule chose qui compte ce n’est pas de commencer mais d’aller jusqu’au bout. (…) Apprendre à finir EST apprendre à écrire. »

Ce livre de grande qualité doit se déguster chapitre par chapitre. Ou alors… ? Au grand trot, selon la théorie initiale de l’auteur ?

Pour en savoir davantage sur Luc Dellisse

Avec mes collègues Jean-Pierre Legrand et Julien-Paul Remy, nous avons consacré un feuilleton en trois épisodes à son remarquable (je l’ai classé dans mon Top 5 de l’année 2019) « petit traité de vie privée » Libre comme Robinson :

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https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2019/07/27/le-coup-de-projo-dedi-phil-sur-le-monde-des-lettres-belges-francophones-15/

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https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2019/09/01/le-coup-de-projo-dedi%e2%80%90phil-sur-le-monde-des-lettres-belges-francophones-16-special-luc-dellisse/

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https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2019/09/11/les-lectures-dedi-phil-17-special-luc-dellisse-episode-2/

(3) https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2019/09/15/les-lectures-dedi-phil-18-special-luc-dellisse-episode-3/

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Jean LEMAITRE, La commune des lumières, récit, Otium, Paris, 2019, 170 pages.

La commune des Lumières ; Atonio Gonçalves Correia, la Révolution pour  viatique - Jean Lemaitre - Otium - Grand format - Librairie Pax LIÈGE

Le premier contact avec le livre

Il est très positif. Belle couverture. Belle mise en place. L’éditeur, Otium, conjugue un projet idéaliste avec une orchestration soignée : coproductions, impression à Barcelone (choix qui marie la qualité d’une façon à un ancrage symbolique, la ville s’étant opposée au totalitarisme franquiste), suivi du texte, préface d’un historien/professeur d’université, insertion dans une collection, Les taupes, qui métaphorise « ce qui chemine obstinément, des résistances souterraines et des irruptions soudaines ». 

L’auteur

Jean Lemaître (ce nom pour quelqu’un qui écrit sur l’anarchie !), se retire une partie de l’année en Alentejo (un tiers de la superficie du Portugal mais seulement 700 000 âmes), ce qui lui offre un créneau original : il peut nous parler de réalités portugaises méconnues avec les bénéfices du recul et de la sympathie engrangée auprès des autochtones.

Le projet

Il s’agit de révéler une « voix étouffée », l’épopée d’un homme et d’une utopie. Le sous-titre donne les clés du contenu : « Portugal, 1918. Une utopie libertaire. » Nous allons plonger dans la réalité (méconnue) d’un pays, ou d’une vaste région, l’Alentejo, au sud de Lisbonne. Pour suivre l’épopée d’un homme et d’un rêve. Antonio Gonçalves Correia.

Le décor

Nous sommes transportés dans un monde qui évoque le film 1900, de Bertolucci :

« En Alentejo (NDLR : en 1916), les habitants ne peuvent même plus se payer un pain quotidien, parce que ces messieurs les latifundistes préfèrent stocker le blé plutôt que de le vendre aux habitants, n’hésitant pas à affamer des villages pour faire grimper les prix sur des marchés extérieurs, les villes, et davantage porteurs. »

 Une société fossilisée, à deux vitesses. La majorité des habitants sont des paysans journaliers exploités sans vergogne, à 90 % analphabètes. Ils n’ont aucun droit social, ne passent que trois ans à l’école avant de travailler, ils n’ont pas accès aux soins de santé et leurs enfants courent pieds nus.

Plus largement, Jean Lemaître, en quelques pages, brosse le tableau de la situation du pays entier, le Portugal.  De sa naissance à sa mort, le héros du livre, Antonio Gonçalves Correia, va connaître la monarchie, le coup d’Etat de 1910, la république (espoir puis déception), la présidence autoritaire de Sidonio Pais (1917-1918), un régime militaire (dès 1926) et la dictature de Salazar (dès 1933), soit l’avènement du fascisme, avec son flot d’horreurs : règne de la surveillance et du contrôle de la pensée, des paroles, des écrits ; délations, arrestations arbitraires, etc.

Quelques réticences…

Ce livre n’est pas une étude historique ou un essai, mais ce n’est pas un roman, une fiction. Un récit ? Le style est peu littéraire, avec des familiarités/naïvetés : « être grondés », « comment une chatte pourrait-elle retrouver ses petits ? », « il lui fallait bien gagner sa croûte », etc. Côté fond, le cliché riche/exploiteur et pauvre/généreux effleure à un moment ou l’autre (« Voilà pour le cannibalisme des grands bourgeois de ce monde ! »). Or beaucoup de nantis et d’éduqués, à travers l’histoire, ont quitté leurs rangs pour vouloir un bien plus général, se préoccuper des opprimés, améliorer leur sort (mon beau-père gynécologue, un grand bourgeois, consacrait une partie importante de son temps à soigner les plus pauvres ou à se battre pour les droits de la femme) ; d’autre part, tous les types de comportement se retrouvent à tous les niveaux de la société, l’exploiteur, le délateur, le tortionnaire, l’abuseur peuvent être un chef de rayon, un sergent, un ouvrier, un chômeur, etc.

… mais évacuées dans un deuxième temps

Jean Lemaître a peut-être commis une maladresse d’expression ou je donne trop d’importance à une intervention ponctuelle. A la vérité, l’auteur, comme son héros d’ailleurs, se situe dans la vie au-delà des clichés et clivages, hors fanatisme et dans l’intégrité. Il ose nous montrer un curé anticonformiste, s’interroger sur la complexité d’un meurtrier (celui du tyran Pais) ou sur l’intimité de son personnage principal, nimbé jusque-là dans l’idéal :

« Antonio s’est toujours prononcé en faveur de l’égalité et de la liberté entre les deux sexes. Aurait-il accordé à Ana ou à Adelia la même liberté qu’il s’est attribuée à lui-même ? »

Cette phrase, dans sa simplicité apparente, est très percutante. Et engage au recul, à la nuance, à la sortie du binaire et de l’angélisme. Et me rappelle cette anecdote, lue dans ma jeunesse, d’un militant héroïque de la lutte civique des Afro-Américains… qui refusait l’émancipation de son épouse.  

 Ce qui emporte l’adhésion

J’ai délaissé mes paramètres habituels pour me concentrer sur le principal : ce livre concerne des notions essentielles et s’avère profondément utile, il informe, émeut, fait réfléchir et pousse à agir, tout en étant d’un abord aisé.

Le style est simple ? Il se met au service de ses objectifs. S’adresser à des gens simples (mais pas que) pour leur parler d’autres gens simples (mais pas que), en leur rappelant qu’il n’y a pas de fatalité ou de ténèbres absolues. A toutes les époques et en tous lieux, des hommes se dressent et résistent, se préoccupent d’améliorer le sort de leurs congénères, étant les relais nécessaires de la vraie humanité, lovée au fond de nos cœurs plus qu’au sein de la réalité quotidienne.

Le style est simple ? Il est naturel, vivant, dynamique, il contribue à nous offrir une présentation claire de la situation. Il est agréable, les pages défilent sans ennui ni difficulté, on a très vite assimilé le contexte et les décors, les forces en présence et les enjeux, les personnages, en un coup de crayon, ont acquis un relief.

Il y a une mise en abyme du choix d’écriture, l’auteur du livre rejoint ce que son héros, journaliste ou orateur, a lui-même pratiqué :

« Pour se faire comprendre, il n’est point besoin de pontifier : il utilise des images suggestives, des exemples fondés sur le vécu. (…) Une manière d’écrire conviviale, directe, populaire, qui tape dans le mille ?»

Antonio Gonçalves Correia (1886-1967)

Une vie édifiante. Excellent élève, il est arraché à l’école à dix ans et expédié au loin en quête de travail. Un traumatisme. Il se réalise une première fois, épousant Ana à 19 ans (ils auront dix enfants) et brillant comme représentant de commerce : lettré, d’une bonne humeur à tout crin, pédagogue et convivial, il s’attire le respect et la sympathie des populations.

Mais l’homme veut offrir davantage, apporter son obole à la mutation du pays, à l’amélioration des conditions de vie des gens. Avant d’agir, il va se préparer (un peu sur le modèle de Las Casas, ce Dominicain défenseur des Indiens). En lisant beaucoup, se familiarisant avec les idéaux des anarchistes : Léon Tolstoï, Pierre Kropotkine, Elisée Reclus, Francisco Ferrer… Il affine son personnage (végétarien) et sa philosophie : non-violence, égalité et liberté, émancipation, collaboration, partage…

La Question sociale

Son premier grand engagement consiste à animer un journal, La Question sociale. Il veut toucher un maximum de monde, éveiller les consciences, préparer le terrain d’une révolution pacifique, progressive.

Ses principes ? Il faut prêcher par l’exemple, tenter de convaincre mais sans forcer quiconque. A défaut de persuader, semer le doute dans un esprit est essentiel. Il faut être cohérent, large et ouvert : vouloir l’émancipation des femmes, l’abolition des frontières et la fraternité universelle. Intégrer la nuance, la tolérance : un curé peut, à l’encontre de la hiérarchie catholique, vouloir le bien de ses ouailles les plus défavorisées voire mépriser la propriété privée.

La Commune des lumières

Ereinté, il finit par céder le relais côté Question sociale. Ce n’est pas qu’il baisse les bras devant les difficultés. Il veut aller plus loin, concrétiser ses idées au sens le plus fort. Son idée ?  Créer un village anarcho-communiste dont la réussite inspirera, fera tâche d’huile.

La Comuna da Luz, près de Vale de Santiago, voit le jour en 1916, dans une propriété achetée avec ses pauvres réserves. 15 hommes et 15 femmes y travailleront la terre ou fabriqueront des chaussures, une institutrice quitte tout pour les suivre, les soutenir, éduquer leurs enfants. Solidarité, frugalité, amour de la nature… Les valeurs qui se développent paraissent soudain très modernes, quand l’écologie ou la décroissance sont in, quand l’ultra-libéralisme patauge dans ses impasses et écœure.

La suite ?

Je vous laisse la découvrir. Cette communauté sera-t-elle, comme tant d’autres utopies, minée par des conflits internes ? Les autorités vont-elles rester les bras croisés devant une expérience qui peut donner des idées à toute une région, un pays ? Qu’adviendra-t-il de notre Antonio Gonçalves Correia, dont la silhouette (grande barbe et chapeau noir à large bord) va s’apparenter, au fil des années, à une figure de légende de l’Alentejo ?

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Stanislas COTTON, Le joli monde, roman, Murmure des Soirs, Esneux, 86 pages, 2020.

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Un très court roman ! Voilà qui me rassure comme auteur, en 2019, d’une macro-nouvelle de 35 pages et d’un micro-roman de 60. Il n’y a pas de bon volume a priori, il faut dire ce qu’on a à dire sur un sujet, un récit et ses personnages, puis en rester là, sans gonfler artificiellement, se répéter.

De quoi est-il question ? Sur le site de l’éditeur, le critique Thierry Detienne nous offre les grandes lignes du livre :

« (…) L’auteur y narre à sa demande l’histoire d’un auteur dont il est devenu l’ami et à qui il a promis de la publier après sa mort. (…) le récit écrit à la première personne semble sorti tout droit de la bouche de l’ami perdu et il débute alors que celui-ci a 16 ans et qu’il découvre l’amour avec la belle Anja. (…) Des miliciens douteux ont envahi le village et ils ont pénétré dans les maisons où ils s’adonnent à des exactions innommables. (…) le confident n’a jamais plus parlé de cet événement qui hante pourtant ses nuits et ses jours. N’y peuvent rien le procès de guerre et les témoignages de survivants, les discours d’empathie. (…) »

(voir le texte complet :https://murmuredessoirs.com/le-joli-monde.php)

Un drame. Situé dans « ces plaines que l’on dit sans fin, dans les territoires situés à l’Est ». Qui survient il y a plusieurs décennies. L’auteur Ariel Bildzek, à son décès, doit avoir dépassé les quatre-vingt ans. Malgré le voile ténu qui imprécise l’ensemble pour lui conférer davantage d’universalité, notre esprit se tend en direction de la Pologne et des exactions nazies commises sur les Juifs.

Un procès. Retentissant et d’envergure. Une Commission d’enquête, organisée par le Concert des Nations, se penche sur les faits, appelle des témoins à la barre, l’horreur déferle à nouveau, jusqu’à déformer l’appréhension du monde des uns et des autres. Comment vivre le monde, les humains après… ça ? Réminiscences !

Un vieil homme en quête d’une clé sur son passé. Qui semble avoir vécu une parenthèse désenchantée entre les 16 ans du drame et sa fin prochaine, une vie qui love ses mystères en marge d’une carrière lumineuse (réussite comme écrivain, gloire, reconnaissance, retraite sur un île italienne).

Trois temps. Trois mouvements pour notre auteur mélomane (Bach, Gould). Amoureux de culture, devrait-on élargir, tant les allusions fusent, au cinéma (Laurel et Hardy, Ingrid Bergman et Casablanca, Fellini et Sophia Loren, etc.), à la littérature (Beckett, Neruda, etc.).

Mes impressions ? Elles sont contrastées. Ou, plus exactement, un premier flux (de restrictions) a cédé progressivement devant un second (de notes positives), voire même un renversement de perspective.

A charge.

Ce récit, de par ses thématiques et ses décors, renvoie aux deux romans de Marcel Sel, Rosa et Elise, parus chez Onlit. Qui offrent d’amples épopées, des personnages approfondis et bouleversants, des narrations fermes, nourries, rebondissantes, de nouveaux angles de vue sur des sujets a priori rabâchés.

La structuration ajoute son poids à la mise à distance. Dès le départ, au lieu de plonger dans le récit (j’en reviens à Sel et au cri initial d’Elise), on se confronte à un récit-cadre (voire même à un double cadre) : un auteur A’’ raconte un auteur A’, qu’anime Stanislas Cotton/l’auteur A. A’’ instille le doute sur la véracité de son roman, son approximation, ses libertés. L’auteur A/Cotton) a, en sus, derrière lui, une grande carrière de dramaturge, et ses présentations, ses mises en place s’apparentent souvent à des didascalies. Et il y a le découpage, très marqué, musicalisé, pour ses trois parties (d’un texte déjà si court).

Au niveau des contenus, je partage la plupart des élans de l’auteur (A, A’ ou A’’ ?) tout en étant embarrassé de les voir plusieurs fois assénés de manière appuyée : la race humaine est pourrie, l’Europe est une abomination (cf son attitude face à l’émigration), etc. Ce qui n’est que partiellement vrai et donc faux. Il y a à toute époque et en tout lieu des flambeaux de l’humanité, qui cachent des enfants juifs, refusent de commander un peloton d’exécution, donnent des cours gratuits à un adolescent défavorisé, etc.

A décharge. Malgré mes restrictions, j’ai lu les pages avec plaisir. L’écriture est belle et chargée (de réflexion, d’émotion). J’y ai retrouvé des fragrances de mes lectures de jeunesse préférées, ces pièces philosophiques de Camus, Sartre, Giraudoux qui virevoltaient tout en conférant du poids aux mots, aux situations :

« – Je ne le crois pas, Mademoiselle. Avec les barbares meurt l’esprit et le doute n’est plus permis. Si le doute n’est plus permis, la mort danse et les mouches engraissent. C’est une énorme cochonnerie. »

On a donc de très bons dialogues :

« – Une croqueuse de morts…

  • Pardon ?
  • La hyène sort le soir.
  • Je ne comprends pas.
  • Je ne suis pas guide au musée des horreurs. Je ne veux pas déterrer les cadavres. Regardez-moi au fond des yeux. Qu’est-ce que vous voyez ? Regardez bien au fond de mes yeux, je doute que vous y trouviez autre chose que le cadavre de Dieu. »

Et puis… Stanislas Cotton se contredit pour le meilleur. Ou plutôt… il ME contredit, il contredit MA lecture ! Cet écrivain est subtil, ce que disent les deux auteurs (A’ et A’’) de SON roman n’est pas ce qu’il dit, lui (A). Ce qu’il ressent et pense est plus nuancé. L’humanité est pourrie ? Lara et Joop sont de belles personnes, en construction, qui renvoient à ma théorie des flambeaux contrepointant l’horreur du panorama. Joop, photographe lors du procès, n’adopte-t-il pas Ariel et ne tente-t-il pas ensuite de lui offrir le meilleur ? 

Une tradition moderniste traverse ce livre – repérons et savourons – et redistribue les cartes, dans la foulée des codes. Il faut accepter la volonté du pointillé et du concis, de la fulgurance, l’évacuation du grand ensemble romanesque classique. Ce qu’on perd à droite (en n’étant pas emporté par un élan orchestral), on le gagne à gauche en ayant l’occasion de se focaliser sur une poignée d’enjeux majeurs :

« Comment parler de ce qui est indicible ? Non, la question n’est même plus comment raconter ça, tout ça. Mais tout simplement pourquoi. Tu comprends, Joop, pourquoi ? Tu peux me dire à quoi sert tout ce cirque ? Ça ne sert à rien, strictement à rien. »

In fine ? Un livre qui peut frustrer ou exalter. Mais un auteur à découvrir, à fréquenter. D’une élévation certaine. Je coche son nom.

(4)

Alex PASQUIER, Le cerveau électrique, conte/micro-roman fantastique, AEB, Bruxelles, 2020. Texte (de 1917) établi par Frédéric Vinclair, avec une introduction et quelques documents (photographies de l’auteur ou de pages du manuscrit, etc.).

L’auteur

Alex Pasquier (1888-1963) était un docteur en droit, qui s’est spécialisé dans les procédures de divorce. Dans le milieu des Lettres belges, son nom perdure à travers l’attribution d’un prix décerné par l’AEB, l’Association des Ecrivains belges.

L’AEB

Pasquier en a été le président, après y avoir assumé diverses fonctions. Or l’idée a germé tout récemment de prendre en compte les archives de cette association, de redécouvrir des textes oubliés, parfois à tort, par malchance. Saluons le travail d’orpailleur de Frédéric Vinclair (par ailleurs, un rouage essentiel du fonctionnement de l’AEB), sous l’égide de la présidente Anne-Michèle Hamesse.

Le livre et son contexte

La première pièce exhumée est un conte de jeunesse qui paraît comme Hors-série n° 1 de la revue de l’AEB Nos Lettres. Et appelle donc d’autres découvertes. Dans son introduction, Frédéric Vinclair nous révèle le lancement, en 1919, chez Polmoss, à Bruxelles, d’une collection belge de « romans scientifiques ». La première peut-être, selon l’Encyclopédie de l’utopie et de la science-fiction. Cette collection, hélas, ne livrera qu’un seul titre, Le secret de ne jamais mourir, signé… Alex Pasquier. Le cerveau électrique eût dû suivre mais… Les aléas de l’édition, dont le détail, ici, nous échappe, ont fait que le texte est resté dans un tiroir pour finir par aboutir (mystérieusement) dans les collections de l’AEB.

 Il est émouvant d’observer un tel sommeil, plus d’un siècle, une résurrection, qui est ici comme une première vie véritable. Il est émouvant de se pencher sur un confrère du passé, d’entrevoir ses espoirs et ses déceptions, publications et lettres de refus. Nonobstant, il réalise un parcours intéressant : il fonde une revue, il édite divers livres et change de registre, aborde le roman historique (la Première Guerre mondiale et l’occupation allemande), le conte, l’essai (trois sur Maeterlinck !), le grand reportage, la biographie.

Le cerveau électrique

Le manuscrit d’origine date de 1917. Il comptait quarante-sept feuillets qui deviennent une trentaine de pages. Le texte n’est pas une longue nouvelle, il y a cinq chapitres et différentes temporalités. On parlera plutôt de micro-roman pour le gabarit et de conte fantastique pour la tonalité.

Le pitch ?

Le narrateur, un professeur de psychophysiologie réputé, Georget, nourrit une profonde estime pour son collègue savant Fortier et se montre très dépité de ne pas le croiser au Congrès de Psychologie de Paris. Il décide d’aller prendre de ses nouvelles chez lui, à Moulins. Or la villa bucolique et ses dépendances sont en cours de transformation. Une usine semble s’y bâtir. Fortier a déménagé ? Non. Georget découvre que son ami se consacre corps et âme à un projet fou : créer une machine à penser, un cerveau électrique. Que va-t-il advenir de cette tentative prométhéenne digne d’un apprenti-sorcier ?

Le style est vivant, fluide. La narration est aisée, agréable. Même si l’on peut regretter la disproportion entre la description/restitution et l’action proprement dite. Le lecteur sera soufflé par l’anticipation de notre ordinateur :

« La machine, à présent, sait tout ce qu’il est donné à l’homme de savoir. Bien plus : par la rigueur infaillible de son investigation, elle a déjà dépassé l’état actuel de nos connaissances en bien des domaines. »

Pour rappel, Alex Pasquier rédige son Cerveau électrique en 1917. On songera cependant à des textes plus anciens, le Frankenstein de Mary Shelley ou L’Eve future de Villiers-de-L’Isle-Adam.

Nous attendons avec intérêt la prochaine édition de Frédéric Vinclair. Et applaudissons sa démarche.

(5)

Patrick DUPUIS et Agnès DUMONT, Une mort pas très catholique, roman/policier, Weyrich/Noir Corbeau, Neufchâteau, 188 pages, 2020

Une mort pas très catholique" d'Agnès Dumont et Patrick Dupuis - Le  Capharnaüm Éclairé

Voir mon article dans Le Carnet :

(6)

Benoît SAGARO, La conjonction dorée, roman/thriller, Nouveaux auteurs, Paris, 546 pages, 2020.

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Voir mon article dans Le Carnet :

(7)

Sylvie GODEFROID, Les longs couloirs, recueil de poésies, avec des photographies de Mélanie Patris et Pauline Caplet, Le Scalde, Bruxelles, 237 pages, 2020.

Les longs couloirs - Sylvie Godefroid - Babelio

Je renvoie au très bel article de mon jeune collègue Julien-Paul REMY, publié dans Karoo :

https://karoo.me/livres/les-longs-couloirs-re-poetiser-le-territoire-de-lamour-et-du-corps

Et au mien, publié dans Le Carnet : 

On reste en poésie pour conclure cette rentrée de septembre…

(8)

Carino BUCCIARELLI, Singularités, recueil de poésies, L’Herbe qui tremble/collection D’autre part, Paris, 127 pages, 2020.

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Quel bel objet-livre ! Le grain du papier, de la couverture, la photographie d’Antoine Peuchmaurd sur celle-ci, la quatrième de couverture, la mise en page, tout est très réussi. Et je suis heureux de retrouver un vieux camarade des années Indications/Karoo à la barre de la collection, Thierry Horguelin.

Paris ? Il y a pourtant un soutien du Fond national de la littérature… belge et les auteurs publiés sont Luc Dellisse, Jan Baetens, Laurent Demoulin, des compatriotes (du meilleur acabit). Cette maison, spécialisée en poésie contemporaine, a-t-elle épousé le concept appliqué par Le castor astral ou Le bord de l’eau, à savoir adosser une collection belge à une maison française ? Un concept que j’aimerais voir se multiplier, une synergie du meilleur aloi en théorie.

Quid du recueil ? Il réunit trois ensembles de poésies de Carino Bucciarelli, qui est aussi romancier (Mon hôte s’appelait Mal Waldron, chez M.EO., en 2019) et nouvelliste (Dispersion chez Encre rouge en 2018). Quelques visages réédite des textes écrits entre 1985 et 1992. Dix étincelles livre des textes émergeant de la pause singulière opérée par notre auteur durant une quinzaine d’années (il se montre énigmatique à ce propos dans un liminaire : « Les raisons exactes de mon attitude feront peut-être l’objet d’explications. Ou peut-être pas. »), après des débuts remarqués, une belle carrière qui l’avait mené à L’Age d’homme, une maison suisse très prestigieuse. Enfin, Couleurs inouïes correspond à son actualité (ou presque : janvier 2019).

Je me réjouis du retour affirmé (5 livres en deux ans, que j’ai tous évoqués en ces pages) de cet auteur… singulier. Ses Singularités interpellent les lecteurs en en répandant une atmosphère trouble, inquiétante, tamisée par l’humour.

Choisissons trois extraits, un par sous-ensemble.

(1)

« Ne vous étonnez plus qu’un pas familier

résonne à vos côtés

quand vous cheminez l’après-midi dans les rues

une présence invisible est amicale compagnie

élevez alors la voix la voix sans crainte

une oreille bienveillante écoutera vos confidences

  avec une chère discrétion »

(2)

« Mon interlocuteur a retiré sa jambe de bois

« Sans cette foutue prothèse

je pourrai mieux me confier ! »

Il me regardait

avec ce sourire narquois

que l’on voit sur les visages des forains

J’ai gardé un seul souvenir de cette soirée

mais lui aussi je l’ai oublié »

(3)

« En ce jardin aux couleurs inouïes

nous cherchons le moment propice pour pénétrer

  dans la mort

Plus les feuilles éclatent de leur vert huileux et

  luisant

plus nous nous approchons du seuil de nos vies

Le jardin est commun

je ne suis pas seul

d’autres « moi »

c’est-à-dire d’autres « vous »

errent en souriant

le cœur envahi

par une sérénité inattendue »

Voir nos précédents articles sur l’auteur, où je commente ses talents, son style, son univers :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2019/03/17/le-coup-de-projo-dedi-phil-sur-le-monde-des-lettres-francophones-belges-10/ (le roman Mon hôte s’appelait Mal Waldron et le recueil Poussière)

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2020/05/01/les-lectures-dedi-phil-30-special-poesie-avec-bleu-dencre-le-coudrier-les-carnets-du-dessert-de-lune/ (le recueil Quinze rêves)

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2018/03/28/le-coup-de-projo-dedi-phil-rw-sur-le-monde-des-lettres-belges-mars-2018-1-2/ (le recueil Dispersion).

Edi-Phil RW.

SAINT BERNARD. L’art cistercien de GEORGES DUBY / Une lecture de Jean-Pierre LEGRAND

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Jean-Pierre LEGRAND

« Que vient faire, chez des pauvres comme nous, si toutefois vous êtes vraiment pauvres, que vient faire tout cet or dans le sanctuaire ? » Cette apostrophe de Saint Bernard situe bien le débat qui se noue au premier tiers du XIIeme siècle  entre ceux qui veulent manifester la toute-puissance de Dieu en entourant  le rituel liturgique d’ un environnement de splendeurs semblable à celui des rois et ceux qui se demandent si ce Dieu qui a pris le visage du Christ, s’accommode vraiment  de tels fastes. Ce sont ces derniers, écrit Georges Duby, que la parole de Saint Bernard a touché.

Saint Bernard de Georges Duby - Editions Flammarion

« Saint Bernard. L’Art cistercien »  n’est certainement pas une biographie. Le parcours de vie de Bernard de Clairvaux est à peine entrevu et sa personnalité esquissée en quelques brèves notations qui suggèrent le profil d’un « homme tumultueux, brutal, injuste, au corps brisé d’abstinences ». Ce n’est pas non plus une étude exhaustive  des chefs d’œuvre de l’art cistercien. Duby se défend d’œuvrer en historien de l’art.

Alors ? En réalité, la visée de Duby est d’essence sociologique, voire même anthropologique. Il s’agit pour lui de saisir l’art cistercien comme une des composantes de l’expression de la société de ce temps telle qu’elle se définit par ses croyances et l’image qu’elle se fait d’elle-même. Il s’agit aussi, dans une perspective qui n’est pas étrangère aux analyses marxistes, d’établir le lien entre l’évolution de la production artistique et le transfert des centres de pouvoir, politiques ou économiques qu’elle accompagne. Duby installe son poste d’observation au croisement de l’idéologie de l’époque axée sur la théorie des trois ordres et la pensée d’un homme, celle de Bernard de Clairvaux.

« L’intention de ce livre, écrit Duby, est de découvrir quelques-unes au moins des  consonances entre la pensée d’un homme, les formes qui cherchèrent à donner de cette pensée une autre expression que verbale, le monde enfin qui environnait cette pensée et ces formes ».

A son origine, le monachisme est intimement lié à une vision de la société en trois ordres : « Ici- bas, les uns prient, d’autres combattent, d’autres encore travaillent ». Sur cette base, le monachisme s’est établi au centre d’une société qui croyait fermement que les renoncements et les prières de quelques-uns pouvaient sauver le peuple entier des vivants et des morts.

Très vite, au sein des monastères et des églises, la fête liturgique s’est accompagnée d’un foisonnement artistique,

Entre autres fonctions l’œuvre d’art au sens large (architecturale, picturale, …) remplit rapidement  une mission à la fois sacrificielle et oblative : elle enveloppe les rites du christianisme d’un environnement de splendeurs, manifestant la toute-puissance de Dieu par les signes mêmes du pouvoir temporel des rois. Par là-même, elle est sacrificielle, car consécration d’une partie des richesses arrachées à la terre par  la peine des hommes. L’œuvre d’art est aussi offrande ; car  «  rendant grâce, l’œuvre était sensée attirer d’autres grâces, de même que dans la société de ce temps, tout don appelait un contre-don ».-

L’ostension de fastes, de luxe et de grandeur culmine dans les travaux menés par Suger dans l’abbatiale de Saint Denis : Suger est convaincu qu’aucun luxe n’est de trop s’il s’agit de rehausser la pompe des liturgies.
C’est à peu près au même moment (les deux hommes s’opposeront violemment) que Bernard avance une autre vision des choses, nourrie d’une exigence de dépouillement. Place est faite à l’oraison privée : le rite au plus profond, s’intériorise ; l’ornementation est bannie, laissant voir la pierre nue. Tous les miroitements de la Jérusalem de l’Apocalypse que Suger convoquent par tous les moyens de l’Art, c’est, pour Bernard,  à l’intérieur de l’âme qu’ils doivent resplendir.

Saint Bernard n’a pas fondé l’ordre de Cîteaux mais a puissamment contribué à son développement à partir de l’abbaye de Clairvaux qu’il accepte  de reconstruire en 1134. Aux yeux de Duby cette date est décisive car tout bascule alors : avec des talents de véritable écrivain, Bernard poursuit ses Sermons sur le cantique des cantiques. Il y  développe  une pensée, une morale, qui inspirent le chapitre général de Cîteaux qui, précisément en 1134 et pour la première fois, édicte des règles relatives à l’art sacré. Sont désormais interdits le décor sculpté et peint ainsi que l’usage des vitraux de couleur. La lumière conserve une charge symbolique intacte, mais c’est une lumière non fardée : les bâtiments seront éclairés de verrières en grisaille sans autre décor que celui des réseaux de plomb. L’illustration des livres est aussi strictement limitée : la grande Bible de Clairvaux sera exécutée dans une rigueur et une austérité qui tournent le dos aux riches enluminures passées.

Radioscopie - Georges Duby [3] (1981) - YouTube
Georges Duby (1919-1996)


La thèse de Duby est que s’il n’a rien bâti lui-même, saint Bernard a joué un rôle déterminant par sa pensée et ses écrits sur le premier art cistercien. « Sa parole a gouverné, comme le reste, l’art de Cîteaux. Parce que cet art est inséparable d’une morale qu’il incarnait, qu’il voulait de toutes ses forces imposer à l’univers, et en particulier, aux moines de son ordre ».

La pensée de Saint Bernard est une pensée conquérante mais aussi conservatrice. L’homme est issu d’un bon lignage et, à l’exception des moines convers issus de la paysannerie, ce sont essentiellement des chevaliers convertis qui vont le rejoindre. Duby souligne avec brio la connivence entre l’élan des moines de Cîteaux et l’esprit de chevalerie. Il faut dit-il, « voir en Cîteaux  la chevalerie transfigurée ». Ceci explique l’échec de Saint Bernard sur le long terme : son impulsion se heurte très rapidement sur des points majeurs au monde en pleine mutation. Les progrès de l’économie de la fin du XIIeme siècle et du début du XIIIeme siècle provoquent l’effritement de la société d’ordres et l’émergence d’une autre image mentale de la société faite d’un assemblage plus souple de conditions multiples. L’idée se fait jour « qu’il appartient à chacun de faire son propre salut,  que celui-ci ne saurait s’acheter, s’obtenir par l’entremise d’autrui mais qu’il se gagne. Avec le reflux de Cîteaux, c’est le monachisme qui se clôt ».

Le livre de Duby laisse par endroit percer le soupçon que les faits sont subordonnés à la thèse de l’auteur et qu’il lui arrive de leur faire quelque violence. A la lecture, on peut conclure à une unité un peu outrée du modèle de Cîteaux qui ne laisse guère de place à la diversité de ses applications. Toutefois, l’ensemble est écrit avec un réel bonheur d’écriture. Duby est de ces historiens trop rares qui réservent toujours un plaisir du texte même si, à l’occasion il force sur certaines figures de style ou frôle le risque d’un ton solennel à l’excès. Fidèle à l’idée que les représentations mentales et la sociologie d’une époque ont une influence très concrète dans les domaines les plus éthérés, il lui arrive aussi d’être gentiment caustique. Par exemple lorsqu’il souligne la bonne noblesse  de Bernard de Clairvaux : « Un bon sang est le seul jugé capable à l’époque de faire un saint ».

Curieusement, c’est dans l’un de ses autres livres (L’Europe au Moyen-Âge) que Duby formule le mieux la conclusion que l’on peut tirer de ses réflexions: « Une volonté de rigueur, de simplicité qui vient de Cîteaux, une volonté d’illumination qui vient de Saint-Denis. De cette conjonction est né le principe de ce que les gens ont nommé l’art de France ».
Pas de meilleure mise en perspective de l’art gothique.

Le livre sur le site de Flammarion

JE VERBALISE / AUTOPORTRAÎTRE en T

Ballon en forme de lettre bleu mylar pas cher - Achat / Vente

Je table sur l’assise de la tasse pour prendre mon café d’assaut

Je tache de lait la robe du vin

Je tache de naissance une nappe de Noël

Je tache de sangles une combinaison de cuir

Je taille une pipe à un marchand de tabac

Je tais le mot source dans mon éloge de la rivière

Je talonne l’orange pour qu’elle se presse

Je talonne un coureur de jupons en chaussons de gym

Je talonne une coureuse de fond d’écran au fessier plat

Je talque de sucre glace une paire de pêches briochées

Je tambourine à la porte des nuages avant d’éclairer

Je tance un tacleur au motif qu’il tarabuste mieux que moi

Je tangue sur la mer des mots avant de sombrer dans les abysses d’un songe

Je tape la carte météo dans un cumulonimbus

Je tape sur la fable pour faire trembler les fées

Je tapis l’image du soleil dans le tissu des nuages

Je tapis un tapir au fond de mes théories

Je tarde à venir quand tu ne m’étreins pas

Je tartine de beurre un toast aux épinards

Je tasse une cafetière de sable avec une cuillère

Je tasse une envie de café noir sous un cumulonimbus de lait

Je tâte le poulpe pour connaître l’heure de la marée

Je tatoue la peau de la nuit de dessins de rêve

Je tatoue une larme sur ta joue

Je tatoue une lame sur ton cou

Je tatoue une rose sur ta peau afin qu’elle s’imprègne de ton odeur

Je tatoue un soleil sur ton ombre

Je tatoue une émoticône dans le dos de ton émoji.

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Je teins en noir corbeau un blanc de poulet

Je teinte l’impossible (mes quatre poils restants)

Je teinte l’impossible aux couleurs de la fiction

Je teinte ma palette de sons d’un tintement de cristal

Je téléporte sur Mars une fenêtre avec vue sur la Lune

Je tends le ballon pour me faire tacler

Je tempère mes émoticônes pour calmer la colère des émojis

Je tempête pour calmer la mare qui fait des vague

Je tente le sable avec un vent de Dieu

Je tente l’impossible : j’écris BIEN sans mal

Je tente mon prochain avec des promesses d’amitié

Je termine et je suis à bout

Je ternis l’image d’un auteur qui crève l’écran

Je terrasse la cour d’un dragon

Je teste un texte fou sur une bande de lecteurs aliénés

Je tète le pouce levé d’une autostoppeuse

Je tète Pi jusqu’à la dernière décimale

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Je théorise mes mers et vallons pour un essai sur le merveilleux

Je tiédis l’eau de toilette en pissant dedans

Je tiens mes paroles en l’air pour garder le verbe haut

Je tiens mon verbe en laisse jusqu’à l’arrivée de l’inspiration

Je timbre ma voix pour l’envoyer dans la tessiture

Je tinte mon chagrin pour tirer la sonnette des larmes

Je tique taque sans compter et le temps me dépasse

Je tire-bouchonne à plein pendant les fêtes

Je tire les cartes qui dépassent du distributeur de hasard

Je tire les ficelles de la langue pour emballer mon texte

Je tire les vers du nez à un poème puant

Je tisse ma toile avant de peindre sur soi(e)

Je titube en allant du bar de l’existence au comptoir du néant

Je titre mieux que je ne compose

Gif animé de Lettres T et des images gratuites

Je toise le lecteur du sommet d’une pile d’invendus

Je toise les cieux au plus profond de toi

Je tolère tes raisons d’aimer à condition qu’elles me rendent fou de toi

Je tombe des nues avec un parachute osé

Je tombe des rues dans une ville morte

Je tonds la pendue pour un postiche d’enfer

Je tonne pour faire éclater la lumière

Je toque à la porte d’un plumier pour encrer

Je torche un livre pour le cochon de lecteur

Je tords le cou vert d’un écolo télékinésiste

Je tords un bras de mer trempé comme une soupe

Je torpille le travail du silence avec une rafale de sons

Je torture une patte de mouche avec des piqûres de taon

Je touche du doigt l’Anus Dei

Je touche le fond en sauvegardant les formes

Je tourne autour des mots jusqu’au vers-tige

Je tourne autour du mot ROND

Je tourne en bond de Spiderman un saut de l’ange

Gif animé de Lettres T et des images gratuites

Je trace les grandes lignes de la future Cité des corde

Je traduis les grands oiseauteurs de mon noisetier

Je traîne des pieds avec un vieil alexandrin

Je trais la tache pour en tirer l’encre

Je trais une tache de vache pour une goutte de lait

Je traite ma muse comme une sirène pour avoir des vers luisants

Je tranche dans l’art de la découpe

Je tranche la tête de téton teuton d’un corsage saxon

Je tranche l’oeil du rasoir avec un angle de vue

Je transfère tous mes avoir à la banque de l‘être

Je transige avec le désespoir

Je transmets mes impressions de luxure

Je transforme une chenille absorbante en 1 papillon buvard

Je transperce un coeur de beurre avec un couteau de boucher

Je transpire d’inspiration dans le hammam de l’imagination

Je transporte un rêvé étoilé dans une cuisine de collectivité

Je travaille la forme de la banquise avec un ciseau à glace

Je travaille le vers sur un tour à poèmes

Je traverse les mûres sans les presser

Je traverse un champ d’aiguilles dans les clous

Je tremble à l’idée de rencontrer mon doudou

Je tresse une couronne d’épis à un homme de paille

Je triche sur mon identité par amour du je

Je tricote des gants de toilette pour laver l’hiver

Je trie sur le volley une équipe de badminton

Je trimbale une timbale d’un bal des pompiers à une fanfare incendiaire

Je trinque à la santé de Dieu une dernière foi

Je trinque à la santé des péripatéticiennes de Marche-les-Dames

Je trône sur un royaume de merde

Je truffe de trilles un chant d’amour

Je trombone et trompette pour n’avoir pas à claironner

Je trompe la vigilance de la critique avec un livre sans SP

Je trône sur mon parti comme un monarque de merde sur un tas d’étrons

Je troue la plafond des Lettres avec une phrase perdue

Je troue le culte à un obsédé de la foi

Je trouve grâce aux yeux de ma mie quand j’ai ramassé toutes les rillettes

Je truque le match entre deux escrocs

Je tue mon exécuteur testamentaire

Je tututoie les plus grands zozoteurs du bégaiement de ma région

Je twiste depuis plus longtemps que je tweete

Je tyrannise un mot d’ordre

JPC

QUATRE POÈMES d’Éric ALLARD traduits en roumain par Sonia ELVIREANU

Horloge vénitienne image stock. Image du vénitienne, horloge - 19992879

LE MASQUE DES HORLOGES

J’arrache le masque des horloges

Indiquant leurre

J’amasse le temps

Sous mes peaux-pierres

Je vois minuit

À la fenêtre de ma vie

Quand le temps est venu

De fermer les volets

+

MASCA OROLOGIILOR

Smulg masca orologiilor

Dezvăluind amăgeala

Adun timpul

Sub ale mele piei-pietre

Văd miezul nopţii

La a vieţii mele fereastră

Când a venit timpul

Să-nchid  obloanele.

+ +

+

Horloge vénitienne image stock. Image du vénitienne, horloge - 19992879

EN FINIR

Pressé d’en finir

Avec le jus de raisin

Je bois le vin

À la paille

Sur ta chair tachée

Du sang de ma chair

Pressé d’en finir

Avec le jus de ta langue

Je bois ta bouche

À la paille

Sur ta chair tachée

De l’encre de mes livres

+

SA TERMIN

Grăbit să termin

Cu sucul de strugure

Beau vinul

Cu paiul

Pe pielea-ţi pătată

Cu sângele cărnii mele.

Grăbit să termin

Cu sucul limbii tale

Îţi beau gura

Cu paiul

Pe pielea-ţi pătată

Cu cerneala cărţilor mele.

+ +

+

Poèmes d’Eric ALLARD, traduits en roumain par Sonia ELVIREANU

À découvrir sur le site de la revue Neuma de Cluj-Napoca, page 48

JE VERBALISE / AUTOPORTRAÎTRE en S

Ballon en forme de lettre bleu mylar pas cher - Achat / Vente

Je sabote la phrase qui me servira d’épitaphe

Je sacralise l’accord du participe passé employé avec avoir

Je sacrifie ma préface pour donner sa chance à un postfacier

Je sais mal faire le bien

Je saisis la baleine au bond

Je sais qui je fuis

Je salis l’heure qu’il est au lieu de nettoyer le temps qu’il fait

Je salope la politique de ma province

Je salue l’inaction du monde végétal

Je saoule mon entourage avec la tournée minérale

Je saque un romancier mort-vivant du cercle des poètes disparus

Je satanise un parti d’extrême centre

Je satellise une aura de pierre autour d’un signe d’eau

Je saute à la corde avant de me pendre

Je saute du corps à l’âme

Je sauve le vent d’un feu de fumée

Je sauve un front littéraire du ridicule avec un chapeau boule du plus bel effet poétique

Gif animé de Lettres S

Je scande Alise au festival du fruit rouge

Je scande ton nom dans l’air que tu m’inspires

Je scelle mon destin et je pars à l’aventure

Je scelle ma salière au sol

Je scénarise mes poèmes pour les adapter en microfilms

Self-pOrtrAit in S

I sanctify the rule of the past participle with “avoir”

I satanify a far-centre party

I smudge and smear the politics in my province

I salute the idleness of plants

I snatch the whale by the flukestraps

I seal my fate and I go on an adventure

Gif animé de Lettres S

Je scie la hanche avec laquelle j’ai joué Petite Fleur

Je scie la hanche sur laquelle je massacre du basson

Je scie la hanche sur laquelle je pose mon bassin

Je scotche mes proches avec mes histoires de banane

Je scotche des stocks de bananes

Je scribouille et publionne

Je sculpte un miroir à mon image

Je scrute à l’horizon des phrases l’apparition d’un bon mot

Je scrute le fond du miroir pour voir arriver mon reflet

Je scrute le mur du son en quête d’une ouverture sur le silence

Je scrute un signal des confins de l’espoir

Gif animé de Lettres S

Je sèche sur un problème de baignoire

Je seconde les heures jusqu’aux temps morts

Je secoue le compotier pour réveiller une nature morte

Je secoue les arts premiers pour faire tomber les masques

Je sécurise les abords du réseau social contre une invasion de trolls

Je séduis une foule mouillée avec un parapluie en forme d’oeuf

Je séduis une meule de foin avec un épi dépassant de mon chapeau de paille

Je segmente sans sectionner

Je sème un grain de folie dans un jardin zen

Je sens fort l’écrivain satisfait lorsque j’ai sué sang et eau pour boucler mon aphorisme journalier

Je sensibilise une dent à l’arrachage des pommes d’Adam

Je sens mon coeur battre dans mes orteils quand je chausse tes escarpins 

Je sépare le bon de vin de l’ivresse

Je séquestre un pétale de pervenche dans un parterre de roses

Je séquestre un pomme d’amour dans le coeur du verger

Je serre mes points de fuite pour m’empêcher de m’évader

Je sers le vice avec un thé lascif

Je sens ton être par tous les sens

Je serine sans sermonner

Je sers la soupe aux cornichons

Je sers une sérénade au marchand de sable

Gif animé de Lettres S

Je siffle la fin de la création

Je siffle là-haut sur la montagne le chant du pic épeiche

Je siffle un parterre de nobles comme un Pinçon-Charlot

Je signale mes silences à grand bruit

Je sillonne les grands espaces littéraires en lisant large

Je simplifie une faction littéraire en éliminant tous les fauteurs communs

Je simule l’orgasme pour le plaisir de tromper

Je simule une crise de joie pour éloigner mes peurs

Je situe la littérature au centre de mes préoccupations les plus ténébreuses

Je situe mal la note de tête dans le bouquet musical

Gif animé de Lettres S

Je solarise la lunette de mon wc pour éclaircir mes fèces

Je solde mes vieux T-shirts du Che à col Mao

Je solfie L’Internationale dans ma salle de pain

Je soliloque avec mon verre solidaire

Je sollicite les votes des croûtons et des fougasses du PS belge

Je sombre dans l’anonymat entre chaque publication mensuelle

Je songe à quitter le pays des rêves

Je sonne à la porte du silence

Je souffle le haut & le bas de tes robes pour m’inspirer de tes dessous

Je souhaite que mes cercles de je tournent toujours autour de mon nombril

Je soulève un lièvre pour démasquer une taupe

Je soulève un souffle d’air pur au-dessus d’un pic de pollution

Je souligne mes traits d’humour d’un sourire

Je soumets une sous-tasse à un service dégradant

Je soupçonne un sous-fifre d’en vouloir à mon super-tambour

Je soupèse un Soulages dans la force du noir

Je soupire après avoir sauté un repos

Je soupire et éteins un feu de bonsaï

Je sourcille comme mon émoji préféré

Je souris à la blague d’un sous-pitre

Je soustrais un lanceur d’alerte à une agence de renseignement

Je sous-entends que tu n’as pas écouté, non pas que tu es sourd

Je sous-entends que vous ne m’écoutez pas

Je soutiens contre l’avis d’un grand échalas que mon tuteur est solide

Je soutiens l’Association des écrivains de mon quartier en  achetant leur calendrier annuel

Je soutiens que la pluie ne tombe pas des nues

Je soutire les aveux de ma muse : elle sous-emploie du personnel d’écriture

Je sous-titre chacun de mes mimes

Je spolie de leurs droits d’hauteur quelques géants de carnaval

Gif animé de Lettres S

Je stationne comme un con avec mon com devant un statut bardé de❤️

Je stationne devant le marchand de glaces avec des boules de feu

Je stimule la pointe de l’iceberg pour lui procurer des frissons

Je stocke des centaines d’aphorismes dans un abécédaire

Je strie des strates de déchets contre des colonnes de mouches de Buren

Je stupéfie un cercle de centristes avec mes positions excentrique

Gif animé de Lettres S

Je subis les tortures du vent sans balancer

Je subjugue mon urinoir

Je supplie qu’on me prie d’accorder un entretien

Je supporte la désobligeance des tacleurs à la con 

Je supporte la pâleur

Je suppose le contraire de mes croyances pour rassurer mes doutes

Je surévalue l’importance du pain dans la vie de tous les fours

Je surjoue mon ancrage à gauche pour faire oublier ma misanthropie

Je surgèle un roman près d’être périmé pour le lire plus tard

Je surmonte les épreuves mentales en montant sur mon plus grand cerveau

Je surprends les gros mangeurs de poisson avec mon appétit d’oiseau

Je suscite l’indifférence des plus insignifiants

Je suis à la lettre un chemin de vers jusqu’à la rime finale

Je suis favorable au mariage des abécédaires

Je suis les mots à la lettre

Je sursaute à chaque mot de cet aphorisme d’épouvante

Je surveille la germination des grains de beauté

Je suspends le vol du temps en bloquant tout l’espace

Je suspecte la gardienne de nuit d’avoir filé avec mon rêve

Je suspecte une étoile du Centaure de m’approcher

Je sympathise avec les lanceurs de pois et les ramasseurs de billes

Je synchronise pour une ritournelle une forme verbale avec une ligne mélodique

Lettrine S | Lettrine, Enluminure, Enluminure moyen age

JE VERBALISE / AUTOPORTRAÎTRE EN R

Ballon Lettre R Bleu 41 cm Bleu - Chiffres et Lettres

Je rabaisse le coquet en rasant sa houppe

Je rabats ta jupe sur ma joie

Je rabote les pieds de cochon de la table d’ogres

Je rabote mon cou d’auteur pour passer la tête par le trou de la lecture

Je raccrocherai les plumes avant mon envol littéraire

Je rachète les droits de l’Homme à un marchand de mitraille

Je raconte des anecdotes en or à un voleur d’histoires

Je raconte toujours le même aphorisme

Je radie de l’ordre des écrivains un auteur n’ayant pas payé sa dernière cotisation

Je raffole des déjections câlines

Je rafistole un poème fracassé contre un mur de vers

Je rafle la muse et je gagne l’inspiration

Je rafle tous les Tocards à la cérémonie de l’art bourrin

Je rage dans ma bulle à l’idée de tout le savon gaspillé

Je ragrafe le soutien de ma muse pour qu’elle arrête de me tenter

Je raille la ponctualité du chemin de fer

Je rajeunis à vue de souvenir

Je ralentis mes rêves dans les mirages

Je ramène ma fraise dans un champ de pivoines

Je ralentis la pousse des rails en bloquant des gares

Je rallie un courant littéraire à la marge

Je ramasse une plume couverte de poils de lecteurs au Marché de la poésie

Je rame pour arriver au départ du radeau

Je rançonne une citrouille pour me payer un carrosse

Je ranime les étoiles de mes nuits quand je te revois en rêve

Je rapatrie mes avoir été dans l’état printemps

Je rappelle à l’or un alchimiste plombant

Je rapporte au fist tout ce qu’on m’a enculé

Je rapporte mes prises de vue à la source d’1 regard

Je rapproche deux tombes isolées pour une fosse commune

Je rattrape le sens perdu dans une forêt de signes

Je ratisse large un jardin zen

Je rase les nues

ALPHABET YEUX

Je réagis au stade de tour

Je réalise des autoportraits au vitriol

Je réalise que la vie n’est pas un film quand la lumière ne s’allume pas à la fin

Je rebande mon arc pour éjaculer un trait

Je reboise une forêt de lettres mortes d’arbres à poèmes

Je recadre la Joconde quand elle me regarde de travers

Je recharge mes literies pour faire provision de sommeil

Je réclame la fin du jour

Je recense comme il faut pour ne pas être critiqué

Je recentre le débat du débit sur le milieu du (su)jet

Je récite un Ave et dix mille Pater en pénitence pour un gros péché d’orgueil

Je récolte les eaux de la reine des neiges avant qu’elle enfante un petit glacé

Je reçois La Monnaie de ma pièce de théâtre

Je réconcilie les probes et les antibes 

Je reconnais un auteur de la petite édition à sa bibliographie fournie

Je reconstitue la scène de mime dans un silence de mort

Je reconstitue la scène de rimes avec des prévenus inculpés de poésie

Je reçois des marques de soutien-gorge pour mon beau décolleté

Je recours au poème quand la raison du roman m’abandonne

Je rédige des récits de vie à 19 €

Je réécoute les enregistrements d’un rot jusqu’à l’écœurement

Je refais le mur du son après une fuite de bruit

Je refile la grippe asiatique à un rescapé du coronavirus

Je refonde mon parti droit dans le mur

Je refoule mes tourments derrière le paravent du sourire

Je reflète le malaise de la chambre aux miroirs

Je refrène les couplets avant le refrain

Je refrène mes envies de toit quand j’ai eu vent d’une tempête

Je refroidis mes hardeurs

Je recadre mon autoportrait pour être dans la lumière

Je redouble de vigilance de toutes les couleurs

Je régale les vers avec mon poème tout pourri

Je règne sans tapage sur le royaume du silence

Je régresse au stade banal quand je retombe dans l’indifférence

Je relève le texte hors de l’auteur

Je reloge un auteur sans éditeur fixe dans sa caisse d’invendus

Je remercie l’abeille et la fleur pour le miel de tes lèvres

Je remorque une remarque laissée sur le côté

Je remplis de vent un verre tempête

Je rencontre les Huns et les Goths

Je rends mon sablier à la mer

Je renfloue les fesses de La Pietà avec un crucifix en or

Je renifle la morve d’un amour d’enrhumée

Je renonce à une carrière dans l’administration littéraire

Je renoue les liens défaits de la bondagée

Je rentre dans les désordres du sommeil avec un rêve mal famé

Je rentre dans ma coquille pour faire oublier ma faute d’orthographe

Je renverse un rêve sur une table de nuit

Je repique du nez dans un jardin de senteurs

Je re-père – et désole à nouveau – toute une génération d’antinatalistes

Je réponds présent aux appels du passé

Je reprends du saint poil de la bête à bon Dieu

Je reflète l’inintelligence des réseaux sociaux

Je relève de l’aphoristologie

Je rends le vers libre responsable de toutes les ivresses poétiques

Je repère un écrivain crevé sur la route écrasante des prix

Je réponds De rien quand on me dit merci

Je republie un pieux texte chez un éditeur culte

Je réside à la Maison des Écrivains comme lecteur libre

Je ressers le même ressort à chaque relâchement

Je reste fort humble sous le feu des projecteurs que j’ai allumé

Je résulte de l’union d’un unicellulaire et d’une Facebookienne

Je retape un vieil alexandrin pour le fourguer à un fabricant de sonnets

Je retente une recension pour le plaisir de critiquer

Je retourne tous les jours à l’école

Je retrouve l’or du temps dans un vieux sablier

Je retrouve un amour de jeunesse sous un presse-souvenirs

Je retrouve un amour de garnison devenu colonelle

Je réunis le gradin avec la reine

Je réunis les conditions pour devenir vieux

Je réussis à conduire un rêve jusqu’au matin

Je rêve d’un papillon de nuit sur la fleur de l’aube

Je réveille un mort de rire avec une brève de cimetière

Je ruse pour être dans les petits souliers du cireur de pompes

Gif animé de Lettres R et des images gratuites

Je retape et ça fait plus mal

Je repète et ça ressent 

Je retire et ça tient moins fort

Je retiens et on ne me lâche plus

Je revise et j’atteins ma cible

Je rejouis et c’est meilleur

Je retouche et ça refait du bien

Je remue et j’ai bien changé

Je renais et papa est là

ALPHABET YEUX

Je ricoche à la surface d’un 45-tours sans faire de nouvelle vague

Je ride la surface de l’aube

Je ride mon visage de lignes de fuite vers la mort

Je rigole dans le caniveau

Je rime et je rame dans une mare aux poètes

Je rince mes doigts de pied dans du sang de poète

Je ripaille dans le foin

Je ris de me voir si pelle dans le reflet du râteau

Je risque la coupe à zéro pour avoir vendu la mèche

Je rissole des pommes de ciel dans de l’huile solaire

Je ritualise mes ruts

Je rivalise de ruse pour passer pour un candide

Je rive un clou de rêve dans la table de nuit

Ri Science Podcast's stream on SoundCloud - Hear the world's sounds

Je rivalise de générosité avec un cube de Viva for life

Je rivalise d’excentricité avec un prolapsus du rectum

Je rivalise de mucosités avec un nez de cochon

Je rivalise d’hilarité avec un poète comique troupier Je rivalise d’animosité avec un écrivain refusé

ALPHABET YEUX

Je rondis pour être bien tourné

Je rosse une rose avec une couronne d’épines

Je roue de loups un cou de brebis

Je roule pour un marchand de pneus

ALPHABET YEUX

Je rode mon nouveau livre sur la route des salons

Je romance ma poésie pour être chanté

Je ronge mon refrain jusqu’au couplet

Je rôtis mes ronflements sur le feu du sommeil

Je roue de vélos un couloir de bus récalcitrant

Je rouspète, tant qu’à péter plus haut que mon cul

Je rode mon nouveau livre sur la route des salons

Je romance ma poésie pour être chanté

Je ronge mon refrain jusqu’au couplet

Je rôtis mes ronflements sur le feu du sommeil

Je roue de vélos un couloir de bus récalcitrant

ALPHABET YEUX

Je rue dans les brancards de l’égologie quand je suis blessé dans mon amour propre

Je ruine la carrière d’un poète en révélant ses liens avec l’aphoristologie

Je ruine la réputation d’un découvreur de rivières en révélant ses sources

Je ruine ma réputation d’aphoriste en commettant un haïku

Je ruisselle de bondants sentiments sous une douche d’urine

Je rumine un texte vache

Meueueueueueueu !!!!!!!!!

Un WEBINAIRE organisé par le SERVICE GÉNÉRAL DES LETTRES ET DU LIVRE / Un reportage de Philippe REMY-WILKIN

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Philippe REMY-WILKIN (par Pablo Garrigos Cucarella)

Un webinaireorganisé par le Service général des Lettres et du Livre (Fédération Wallonie/Bruxelles)

Les nouveautés en littérature belge

Un reportage d’Edi-Phil RW pour Les Belles Phrases

Il y a quelques semaines, l’équipe des Belles Phrases a été invitée à participer à un nouvel événement organisé par le SG des Lettres et du Livre. Nos interlocutrices étaient Nausicaa Dewez, la rédactrice en chef du Carnet et les Instants, et Marie Baurins, la responsable du portail Objectif plumes, soit deux organes qui tentent de propulser le faire-savoir de nos Lettres.

Un webinaire sur les nouveautés en littérature belge ?

Il s’agit d’une rencontre virtuelle (ZOOM, au contraire de SKYPE, permet de voir de nombreux intervenants simultanément, l’écran se fragmentant) : des éditeurs belges (francophones) présentent les publications de leur rentrée littéraire face à un public de professionnels (journalistes et bloggeurs culturels), d’amateurs de littérature.

Cette belle initiative me fait penser au Printemps du livre organisé depuis deux années à la Maison européenne des auteurs et des autrices par quatre éditeurs associés : Weyrich, Onlit, Les Impressions nouvelles et Espace Nord. J’avais réalisé un long reportage sur la première saison en ces pages des Belles Phrases.

Trois sessions

Trois dates ont été arrêtées, nécessitant une inscription préalable (qui permet l’envoi d’un lien d’accès à la rencontre), suivies par des questions des spectateurs :

. le 17/08 (11h-12h) est axé sur le roman, l’essai et la nouvelle, avec la participation annoncée des éditions du Cerisier, Espace Nord, Genèse, Les Impressions nouvelles, M.E.O. et Quadrature ;

. le 18/08 (14h-15h) est axé sur la poésie, le théâtre, l’essai et le roman avec la participation annoncée des éditions L’Arbre de Diane, Esperluète, Lansman, Midis de la poésie, Tétras Lyre et Weyrich ;

. le 19/08 (11h-12h) est axé sur la littérature jeunesse et la bande dessinée avec la participation annoncée des éditions A pas de loups, Versant Sud Jeunesse, FRMK et Les Éditions du Tiroir.

La rencontre du 17 août

Malgré ma submersion du moment, je me suis inscrit à la première séance, par curiosité mais par éthique aussi. Il faut se tenir au courant et soutenir des initiatives qui promeuvent la création littéraire belge. Malgré mes limites dramatiques en matière de technologie, je parviens aisément à rejoindre le webinaire et aucun incident technique ne sera à déplorer (à moins que l’absence des Editions du Cerisier ne relève de ce registre).

Valériane Wiot, Danielle Nees, Emelyne Béchet, Gérard Adam et Patrick Dupuis vont se relayer et présenter leurs sorties avec enthousiasme et talent :

. Argentine de Serge Delaive et Nous deux/Da solo de Nicole Malinconi chez Espace Nord (qui republie les perles de notre littérature) ;

. Les années d’or (volet III de la trilogie Salles des pas perdus) de Michel Claise et Les mardis d’Averell Dubois de Frank Andriat chez Genèse ;

. Le pub d’Enfield Road de Rossano Rosi (que j’ai déjà évoqué dans Le Carnet et Les Belles Phrases) et Consoler Schubert de Sandrine Willems aux Impressions nouvelles ;

. A propos de Pre (Prefontaine, le champion) de Daniel Charneux, Pas faite pour de Véronique Adam et Une histoire belge de Robert Massart (deux premiers romans) chez M.E.O. ;

. On n’entre pas comme ça chez les gens de Jean Pierre Jansen, chez Quadrature (le spécialiste de la nouvelle).

Le modus operandi est excellent. J’avais lu et recensé plusieurs livres dans la foulée du Printemps du livre, divers ouvrages ont cette fois encore suscité mon appétit. Même si mon temps est désormais happé par une série de projets en cours.

Une intervention de Jean-Claude Vantroyen

A la fin de la rencontre, notre éminent collègue du Soir interroge les éditeurs sur l’impact de la crise covid.

Emelyne Béchet reconnaît une réduction de titres aux Impressions nouvelles mais balaie tout défaitisme : il est trop tôt pour mesurer l’impact réel de la crise et il faut poursuivre, être présent. Elle se montre volontariste, positive : un éditeur doit se montrer, montrer ses auteurs, on produit de belles choses actuellement en Belgique francophone (NDR : je renchéris !), il y a une volonté nouvelle de la part des acteurs de la chaîne du livre (NDR : oui, il y a un frémissement au cœur de notre microcosme).

Gérard Adam poursuit l’élan positif et se montre modérément optimiste. Ce nouveau type de présentation n’est-il pas une réaction constructive face au covid ? Il confirme l’impression d’un réveil, d’une prise de conscience nouvelle des libraires, médias, etc. à l’égard de ce qui se fait chez nous.

Il termine en remerciant le Service de la FWB qui nous reçoit (David Dusart est notre hôte, Nausicaa Dewez assure le lien entre les intervenants, Marie Baurins a géré les inscriptions, etc.) et qui promeut ainsi éditeurs et auteurs.

J’interviens alors. La présence de Jean-Claude Vantroyen me semble fondamentale et indicielle. Il y a quelques mois il se fendait d’un billet d’humeur dans Le Soir pour évoquer la nécessité de se pencher sur notre création, il s’y applique concrètement. Sa démarche, l’intérêt d’un grand média référentiel, laisse espérer. Il est temps de comprendre que de très belles choses peuvent se faire hors Paris (ce point de focalisation du monde francophone qui n’a pas d’équivalent dans le monde, à en croire le regretté Jacques De Decker).

Remercions toutes les personnes évoquées dans cet article et toutes les personnes présentes ce 17 août derrière leurs écrans, elles participent d’un frémissement, d’un élan. Qui doit être poursuivi, approfondi, démultiplié.

C’est qu’il est question de création et d’identité culturelle. L’identité. Au sens positif. Une identité bien construite intègre plus aisément l’altérité. Comme le relevait si brillamment Amin Maalouf dans Les identités meurtrières.

2020 – AU TEMPS DE LA CANICULE : POUR LA BONNE CAUSE / La chronique de Denis BILLAMBOZ

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Denis BILLAMBOZ

Au cours des dernières semaines, j’ai eu la chance de lire trois livres écrits par des auteurs ayant un rapport direct avec l’excellent magazine littéraire numérique La Cause littéraire. J’ai lu En avant la chronique ! de Philippe CHAUCHÉ, directeur-adjoint de ce magazine, premier opus publié par les Editions Louise Bottu dans sa nouvelle collection dédiée à la chronique littéraire. J’ai enchaîné avec Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? de Stéphane BRET, membre de l’association produisant le magazine et pour terminer, Zoran BELACEVIC, membre du Club de la Cause littéraire sur Facebook, m’a adressé de sa Serbie natale : Debussy pour toujours. Un belle occasion pour rendre hommage à l’équipe qui assure les mises à jour quotidiennes de cette revue et de sa page Facebook.

En avant la chronique !

Philippe Chauché

Louise Bottu éditions

En avant la chronique, Philippe Chauché... - La Cause Littéraire ...

Toujours partant pour une nouvelle aventure littéraire ou une innovation éditoriale, Jean-Michel Martinez Esnaola lance une nouvelle collection chez Louise Bottu éditions, Alcahuete, destinée à l’édition d’ouvrages consacrés à la chronique littéraire. Pour inaugurer cette collection, il a sollicité un des maîtres de la spécialité, Philippe Chauché, un des piliers de la Cause littéraire l’un des tout meilleurs sites littéraires sur la Toile. Dans cet ouvrage inaugural, Philippe Chauché, après une introduction de l’éditeur consacrée à l’art de la critique, propose une trentaine de chroniques, critiques, commentaires ou recensions, difficile de choisir un terme : le titre évoque la chronique, la préface évoque la critique, la quatrième de couverture parle de recension mais « peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » littéraire bien sûr.

L’auteur a judicieusement choisi les ouvrages qu’il présente, évitant de tomber dans le piège de la surmédiatisation, il a savamment multiplié les éditeurs concernés, mêlant les grandes maisons reconnues avec des maisons beaucoup moins connues mais tout aussi talentueuses. De la même manière, il a choisi des auteurs reconnus, connus, peu connus ou connus surtout dans le milieu littéraire. Son choix semble toujours avoir été guidé par le seul talent des auteurs qu’il a souhaité présenter. Les chroniques proposées ne sont pas systématiquement formatées, même si l’auteur introduit presque toujours son commentaire par une extrait du texte qu’il présente. Son propos consiste surtout à mettre en évidence ce qu’il a retenu du texte, ce qui a guidé son choix, mais il ne s’arrête jamais à cette première impression, il analyse, décortique, le texte tout en le resituant dans son contexte littéraire, historique ou éventuellement philosophique, décryptant le projet littéraire de l’auteur. Il s’attarde aussi bien sur le fond que sur la forme du texte évaluant le style, l’écriture, dégageant d’éventuels liens intertextuels avec d’autres œuvres plus connues. Chaque chronique est comme un piège tendu au lecteur qui risque, au moment de fermer ce recueil, de se laisser prendre en se précipitant chez son libraire attitré pour acquérir une pile de livres choisis parmi ceux présentés par l’auteur tant celui-ci est convaincant.

Pour compléter ce recueil, lui donner encore plus de fond, l’éditeur a convoqué quatre contributeurs : Josyane Savigneau, auteure, qui évoque le parcours de Philippe Chauché et surtout la justesse de son jugement et de son approche de la critique : «On analyse le livre, on veut donner envie de le lire, on a un désir de partage, on ne craint pas d’admirer »  ; Léon-Marc Lévy, directeur de la Cause littéraire, qui évoque Philippe Chauché, pilier de la Cause littéraire, et dont j’ai retenu cette citation : « La pluralité des points de vue est la seule aune possible du regard littéraire » ; Frédéric Aribit, écrivain, qui évoque l’art de la critique pour conclure par ces quelques mots si éloquents : « Critiquer ? … Oser livrer sa lecture à la lecture des autres ? » ; Carles Diaz, maître de conférences, éditeur, poète, qui évoque l’importance de la critique pour toute œuvre artistique à condition qu’elle soit exercée avec sagacité, intelligence, curiosité….

Et comme j’ai eu l’audace de commenter les commentaires d’un maître de l’art de la critique, je voudrais juste ajouter quelques mots trouvés au cours de mes nombreuses lectures qui ont souvent guidé mon propos. Je me souviens de Marcos Malavia qui écrivait dans Tragaluz : « C’est alors que j’ai compris qu’à chaque lecteur que je serais susceptible de croiser surgirait une histoire différente… Il y aurait autant de variantes que de lecteurs » (C’est le manuscrit qui parle ainsi et j’ai accepté ce point de vue). Ce propos de Paul Valéry dans La Renaissance de la liberté a inspiré aussi ma réflexion : « Entre l’auteur tel qu’il est et l’auteur que l’œuvre a fait imaginer au lecteur, il y a généralement une différence qui ne manque pas de causer les plus grands étonnements… ». Et d’autres avis encore dont j’ai un peu perdu la trace, il me reste cependant cette injonction de Frédéric Jaccaud dans Vagabondage : « Il faut lire Vollmann pour toutes les raisons qui incitent à ne pas le lire ». Quelques mots qui peuvent interpeller tous les commentateurs ….

Le livre sur le site de l’éditeur

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Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?

Stéphane Bret

Books on Demand

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? Stéphane BRET - Le Boudoir de Nath ...

La Belle Epoque, c’est peut-être ce qu’a voulu nous raconter Stéphane Bret en mettant en scène des héros dont le prénom commence toujours par « A ». des héros qui traversent tous les événements qui marquent cette époque si florissante et en même temps si cruelle. « C’était le monde des grandes inventions : le cinéma, l’automobile, le téléphone, la construction du métropolitain ; c’était aussi celui de la tuberculose, de la prostitution, du manque d’hygiène dans certains quartiers, des inégalités sociales, de la souffrance du monde du travail et celui de l’inégalité entre hommes et femmes… ». Aude, la jeune couturière, découvre le monde des travailleurs, la CGT, la SFIO, le féminisme, les suffragettes l’homosexualité et son amante Adèle. Adrienne préfère le monde de la nuit, des plaisirs tarifés, au bras de son client le plus assidu : Arnaud le banquier qui s’enrichit en investissant dans les nouvelles colonies. Le choc de deux mondes dans un bouillonnement scientifique, intellectuel et culturel. Un bouillonnement si intense qu’il provoque la guerre qu’on qualifiera de Grande car on pensait qu’il ne pourrait y en avoir une plus terrible.

Mais, le projet de Stéphane Bret ne s’arrête peut-être pas à ce rappel historique, il est certainement aussi un cri d’alarme qu’il lance à la jeunesse actuelle en lui montrant combien cette Belle époque était semblable à celle que nous vivons actuellement : une période charnière entre deux époques, un monde qui se meurt avec la bourgeoisie impériale, un monde naissant avec la fée électricité, l’automobile, le téléphone…Comme aujourd’hui, le monde issu d’une autre guerre, avec ses Trente Glorieuses, se meurt sous les assauts de la mondialisation et du couple infernal formé par la fée informatique et le diable téléphone.

L’assassinat de Jean Jaurès, pour beaucoup, a marqué le départ du déchaînement de violence conduisant à la Grande Guerre, le massacre de Charly Hebdo ou le bien triste sort de George Floyd pourrait-il marquer l’entrée dans une nouvelle ère de violence mondialisée ? Stéphane Bret lance un avertissement, notamment à la jeunesse, pour lui rappeler que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement même si certains pensent qu’elle ne repasse jamais les plats. Et avec Jacques Brel, il chante :

« Demandez-vous belle jeunesse

Le temps de l’ombre d’un souvenir

Le temps du souffle d’un soupir

Pourquoi ont-ils tué Jaurès?

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? »

Le livre sur Amazon

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Debussy pour toujours

Zoran Belacevic

5 sens éditions

Gabrielle Dupont, Gaby aux yeux verts pour le demi-monde parisien, a déjà soixante-dix-huit ans, elle vit à Orbec non loin de sa maison natale de Lisieux où elle est née quelques années avant Sainte Thérèse. Il ne naît pas que des saintes à Lisieux, elle se souvient quand elle avait vingt-cinq ans qu’elle était belle, jeune, dynamique, débordante d’énergie, ambitieuse, prête à tout pour réussir à Paris. Réussir pour elle qui n’a aucune fortune, pas plus de culture et d’instruction, consiste à s’attacher un amant fidèle et fortuné qui peut lui procurer le train de vie digne d’une grande dame. Une entremetteuse lui trouve un comte pas très séduisant mais suffisamment riche pour qu’elle lui soutire de quoi se montrer à son avantage dans les soirées parisiennes. Mais un jour elle faillit à sa règle fondamentale, elle tombe amoureuse d’un compositeur parfaitement inconnu qui vit dans une mansarde et la misère.

Ce compositeur encore inconnu n’est autre que Claude Debussy qui s’évertue sur ses premières compositions vivant de quelques expédients : cours de piano, copies de partition, etc… Entre les deux jeunes un amour charnel se noue, ils n’ont rien en commun, elle est pratique et pragmatique, il est rêveur et intuitif. Elle l’abandonne mais à chaque fois revient pour vivre de nouvelles galères, de nouvelles querelles, nourrir de nouvelles rancœurs, « Cependant, même dans les périodes les plus obscures, le sexe ne les abandonne pas. Il représente leur salut, leur opium, l’aimant qui les maintient ensemble ». Malgré de nombreux sacrifices et moult efforts, elle n’arrivera jamais à concilier son besoin charnel de son amant avec ses besoins matériels, son envie de paraître, son goût du luxe et du confort. Lui, « Pauvre Claude, il n’aura jamais d’argent. Il vivra toute sa vie dans les nuages. Pour lui, la musique aura toujours la première place ».

En filigrane de cette passion tumultueuse, tapageuse, parfois violente, remplie de conflits et de réconciliations sous la couette, qui durera presque une dizaine d’années, Debussy compose une bonne partie de ses œuvres maîtresses à un rythme si lent qu’il désespère tous ceux qui croient en son génie et croupit toujours dans la misère ou dans sa bordure. Peut-être que la belle aux yeux verts l’a inspiré pour certaines œuvres, la mélodie du Prélude à l’après-midi d’un faune, lui serait venue brusquement lors d’un déjeuner sur l’herbe avec Gaby.

Zoran Belacevic, dans son avant-propos, rappelle que la français est, en Serbie, une des trois langues obligatoires à l’école primaire et que par conséquent la culture française y est très présente, de nombreux artistes comme Debussy y sont donc très connus. Lui-même a eu envie d’écrire ces pages de la vie du compositeur après avoir écouté et aimé ses œuvres mais surtout après avoir découvert cette intrigue amoureuse hors du commun. Elle était forte, déterminée, têtue, il était plutôt bon bougre et peu rancunier, ils aimaient les étreintes charnelles passionnées, ils avaient tout pour écrire une histoire d’amour explosives que Zoran a bien vite saisie. L’amour charnel peut-être dévastateur quand il rencontre des forces contraires mais il n’a jamais pu porter atteinte au talent de Debussy et à la qualité de son œuvre.

Le livre sur le site de l’éditeur

ASPÉRITES de PASCAL FEYAERTS (Le Coudrier) / Une lecture d’Éric ALLARD

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Dès l’entame de son nouveau recueil, le poète confie :

Je n’aurai jamais ni d’anneau

Ni d’enfants ni de vue à long terme

Debout seul dans un fier marécage

Qui ne mange de l’intérieur et déborde

Seul si seul à tenter d’écrire le poème ultime

A défricher l’espace fantôme du rien (…)

Il développe ensuite son programme, cherchant à ouvrir la clé de son être, creusant ciel et terre pour y parvenir.

Le ciel demeure à creuser

Si l’on veut atteindre le côté

Préhensible de l’âme

Il le fait dans une poésie dense, fort belle. Les énigmes qu’il (se) pose, les comptines métaphysiques, les maximes allégoriques n’ont pour but que la mise à nu de son être. C’est la lutte avec l’ange du langage, dans le fracas raisonné et résonnant des ailes de la poésie. D’où les traits d’humour et l’autodérision ne sont pas exclus, loin s’en faut.

Il se frotte, pour ce faire, au tranchant des mots, aux arêtes du réel, là où l’être bute, là où par ailleurs l’âme décolle. 

Il faut faire métier d’angle

Si l’on veut respecter l’arête

Qui lie la mélancolie à l’espoir

Le provisoire à l’infini

Et que la vie soit d’équerre

Dans la permanence

Des solitudes trop apprises

Feyaerts Pascal
Pascal Feyaerts

C’est dans une quête forcément solitaire qu’il se lance pour trouver ce poème ultime « où l’on ne connaîtrait plus de lui que l’infusion d’un être », comme l’écrit Jean-Michel Aubevert. 

Le poète, débarrassé, dans l’élan poétique, des affres du quotidien, se concentre sur les éléments, surtout l’eau et le ciel, entre mer et cosmos, entre deuil et espoir. À la lueur du poème, il dénoue les rets dans lesquels le cœur est pris, il ranime la flamme du sens. En dégageant l’âme de sa gangue, en l’ouvrant au ciel, il libère le corps et la mémoire, s’en fait des alliés.

Du chant seule l’aspérité persiste à luire

Quand sa lumière a rejoint la tiédeur

Des murmures et qu’aujourd’hui

Avance avec l’instant pour mémoire.

Dans l’impossibilité de se rendre invisible au temps qui passe, il sensibilise son présent au passé. En veinant son verbe, en ramifiant ses vers…  Traversé par le sang de la poésie, abreuvé à la source d’une éternité retrouvée, son corps-écriture épouse les plis d’un monde redevenu vivable.  

Je n’ai qu’un corps à te donner

J’ai tellement épluché mon âme

Qu’elle s »est mise à neiger

En quelque éternité de soie

La préface est de Jean-Michel Aubevert et les illustrations sont de Catherine Berael

En savoir plus sur le recueil sur le site du Coudrier

Le blog de Pascal FEYAERTS

Les ouvrages de Pascal FEYAERTS au COUDRIER