
Numéro 40 (février 2021)
Coup de projo sur le monde des Lettres belges francophones
sans tabou ni totem, bienveillant mais piquant…
A l’affiche :
deux romans (Vincent Engel et Kate Milie), un bookleg (Agatha Storme), un recueil de nouvelles (Michel Torrekens), une nouvelle (Éric Allard), un micro-essai (Véronique Bergen), un périodique (Que faire ?), un essai/anthologie (Jean-Michel Aubevert) et une salve de poésies ;
les maisons d’édition Samsa, Maelström, Ker, Lamiroy, 180°, Le coudrier et Bleu d’encre.
(1)
Vincent ENGEL, Les vieux ne parlent plus, roman, Ker, Hévillers, 2020, 199 pages.

« Les pandémies avaient d’abord décimé les vieux. C’était triste, bien sûr, mais somme toute… Somme toute, c’est le mot. Le décompte pouvait être rentable. Sauf que les virus ne se laissent pas commander par des logiques politiques. Et puis, après la régression économique effroyable qui avait suivi la première grande pandémie, les gens s’étaient dit qu’à l’avenir, ils préféreraient sans doute sacrifier les vieux que leurs revenus personnels… »
La présentation du récit en quatrième de couverture, le titre auraient dû m’y préparer mais, dès les premières lignes du roman, je suis décontenancé, je ne retrouve pas le Vincent Engel dont j’ai lu et évoqué deux livres. Quelques pages plus loin, la surprise se mue en acquiescement, je suis frappé par la cohérence de l’auteur. Il m’expliquait récemment la philosophie qu’il voulait déployer dans la revue emblématique Marginales (dont il assure la reprise depuis l’été), les auteurs ne devaient pas se limiter à reproduire le monde qui les entoure, ils devaient aller plus loin, anticiper, soit partir d’un phénomène en cours pour prévoir une progression possible. Je songeais alors aux dystopies de George Orwell (1984), Aldous Huxley (Le meilleur des mondes) ou Pierre Boule (La planète des singes).
Eh bien, voilà la voie qu’a empruntée Vincent Engel, en déplaçant (légèrement ?) le curseur de la réalité occidentale jusqu’à un futur proche, qui radicalise quelques tendances qui se creusent chaque jour davantage en ces temps moroses : le basculement des proportions entre actifs et retraités, le tout au rentable, le manque de temps pour les contacts familiaux, la perte du sens, la surveillance des populations via les mobiles, les réseaux sociaux, le contrôle des appétits, etc.
Ce faisant, le romancier réalise d’emblée une double performance : il se renouvelle comme auteur en s’essayant au thriller contemporain (en mode soft) ; il assume un rôle citoyen face aux dérives du temps, celui d’un intellectuel éclairé et généreux qui déciderait de prendre un public plus large par la main pour le distraire tout en le faisant réfléchir, ouvrir les yeux, douter, se remettre en question.
De quoi est-il question ? Alexandre Geoffroy, le héros (l’anti-héros) du roman est un avocat qui ne plaide plus mais gère… le patrimoine et la fin de vie de personnes âgées. Une expertise qui, malgré ses pratiques douteuses (ou à cause de celles-ci !), l’a vu sollicité par l’Etat pour la mise au point d’« une politique, volontariste mais discrète, de gestion des seniors » via les VSA (Villages de Santé pour Aînés). Geoffroy, jusqu’ici, gagnait des fortunes et menait une vie de célibataire insouciant, multipliant les aventures, fort de ses relations avec les médias et le monde politique. Or il suffit d’un rien, et une façade se fissure, un décalage s’infiltre, une distorsion, une marginalité. Ses démonstrations de luxe, trop tapageuses, peuvent provoquer un frémissement réprobateur dans les masses assoupies (et donc, par corollaire, auprès d’une oligarchie intéressée au calme plat) :
Les voitures comme la sienne (une Jaguar) étaient désormais rarissimes (…) Il avait glissé ses lunettes solaires dans la poche de son veston et souriait à nouveau, de toutes ses dents blanchissimes. »
Qui plus est, son activité, qui a servi de modèle, entrave l’acquisition d’un monopole d’Etat. Geoffroy se croit intouchable mais des grains de sable, en cascade, vont venir gripper la mécanique : la journaliste vedette Lise Charcot lui confie sa mère en lui cachant sa situation financière ; un de ses protégés décède mystérieusement et le fils de la victime le soupçonne d’y être pour quelque chose ; sa propre mère montre des signes nouveaux de fragilité ; un opposant radical lui demande son aide et l’alerte sur la convergence de leurs destins…
La narration est fluide, l’écriture simple, l’intrigue se faufile à travers des fils policiers, quelques mystères. Que va-t-il advenir de ce Geoffroy qui a somme toute un défaut d’hybridité, conservant au-delà de son odiosité apparente des soubresauts d’humanité (son amour pour sa mère, son attrait pour la campagne, un reliquat d’admiration pour l’intégrité de son adversaire politique) ?
Le livre me semble à considérer en deux temps. La simplicité et la fluidité ne sont pas une facilité mais le résultat d’un travail conséquent pour un écrivain raffiné, ils correspondent à un cahier de charges emprunt du sens des responsabilités et de l’expérience. Le léger décalage et donc l’absence d’un trait forcé, d’un futur spectaculaire, le dosage minutieux, économe des rebondissements participent tout autant de la dimension réelle du récit. Il s’agit de nous mettre mal à l’aise sans avoir l’air d’y toucher, de creuser plus avant les révélations sociétales, psychologiques, politiques de la crise du coronavirus. En nos pays, la proportion de personnes actives décroît, celle des pensionnés augmente. Et de nouveaux problèmes d’exploser quant à la gestion des seniors, le paiement des soins, des retraites. Une irritation de croître, de la part de ceux qui doivent payer, etc. Le parallèle avec l’euthanasie (des handicapés) pratiquée par les nazis s’impose, s’insinue. Le mécanisme mental jadis désigné comme monstrueux est réapparu, avec force, à découvert, durant la pandémie en cours, les personnes âgées ont longtemps semblé abandonnées (d’abord, sanitairement, puis moralement) avant que des principes humanistes ne soient brandis (mais avec quelle conviction, quelle sincérité ?).
Or donc… Si un Etat répondait à une aspiration inavouable, qui allège la vie des générations laborieuses, si… Dans le roman de Vincent Engel, le cauchemar a déjà commencé.
In fine, ce livre, qui se retrouve d’ailleurs dans le Top 6 des lecteurs de la chaîne de librairies Club, peut séduire deux publics, un public avide de lire une bonne histoire racontée avec une fermeté gouleyante et un autre, littéraire au sens profond du terme (l’esprit et non la lettre !), qui décryptera une fable philosophique en songeant aux Voltaire et autres Swift : ces auteurs ont dit le monde à travers leurs contes enjoués et ce bien mieux qu’en sombrant dans l’abscons et l’inflation démonstrative.
(2)

En 2019, Maelström a sorti, comme chaque année, une salve de 8 booklegs de la collection Bruxelles se conte. Nous en avions déjà lu 5, avions confessé notre enthousiasme et cet opuscule ne vient nullement le ternir, c’est encore une réussite ! Depuis la couverture…
Dès le début et jusqu’au terme, l’autrice réussit à instiller un suspense, un appétit de tourner les pages, tout en évoquant la vie dans une grande ville et ses beautés (le surplomb vers une immensité de toitures et de vies qui sont autant de mystères), le besoin d’ancrage (trouver SA maison, maintenir un couple, engendrer une vie) ou celui, contrasté, compensatoire du rêve, d’une alter-réalité.
La narration est fluide, l’écriture efficace, l’atmosphère poétique sinon fantastique. Quelle est cette ombre qu’elle aperçoit à la fenêtre de la maison d’en face depuis sa propre fenêtre du deuxième étage ? Cette ombre intermittente, qui apparaît dans un halo de fumée. Qui lui semble celle d’un homme jeune et incroyablement vivant, mais décalé, comme venant d’une autre époque. Qui la pousse à acquérir la demeure, à guetter de jour comme de nuit, à investiguer dans les rues du quartier :
« Au fil des jours, j’ai commencé à attendre ces rendez-vous avec de plus en plus d’impatience et d’excitation. J’étais redevenue la petite fille qu’on emmène voir Charlot au cinéma de l’Olympia, ou se gaver de barbe à papa à la foire du Midi et s’enivrer des lumières, de la musique et des cris des gens transbahutés dans les nacelles des manèges, la tête en bas et l’estomac dans la gorge. ».
Agatha Storme, qui multiplie les comparaisons nautiques, a réussi à me mener en bateau. Je doutais du rapport à Bruxelles (le thème générique de la collection) quand la pertinence et la subtilité de la connexion ont élevé leur vague jusqu’à me submerger… de surprise admirative. Mais je ne puis déflorer ici l’énigme tendue jusqu’à la dernière page.
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Michel TORREKENS, Belgiques, recueil de nouvelles, Ker, Hévilers, 2020, 129 pages.

Nous avons exprimé notre enthousiasme pour la collection il y a quelques mois, en évoquant la déclinaison du thème Belgique(s) par Marianne Sluszny :
Le traitement de Michel Torrekens est tout autre. Il n’a pas choisi un sous-thème centripète (la femme dans/après la tourmente de 14-18, chez Marianne Sluszny) et ne tente pas non plus de distiller structuration narrative et suspense. Non, ce qu’il nous propose, tout au long de ses 15 textes, ce sont des balades ou des rencontres qui, toutes, croisent un fragment de notre belgitude : le musée de Tervuren et le rapport au passé colonial, Delphine et Johnny, la mort de l’émigrante refoulée Sémira ou l’enterrement du roi adulé Baudouin, etc.
La perspective est large et, pour le moins, éclectique, elle balaie notre horizon depuis l’homme de Spy (qui nous ramène 36 000 ans en arrière !) jusqu’à une anticipation où la Wallonie et la Flandre sont devenues des républiques indépendantes, Bruxelles un district européen, la région germanophone du pays s’apprêtant à muer en Bund allemand).
Il y a même une échappée hors de notre territoire, un récit se déroulant à l’Academia Belgica de Rome. Un choix qui n’a rien d’anodin et qui me semble même le point d’acmé du recueil. Par un faux paradoxe, le parc Borghese et ses pinèdes, semblent abriter une Arche de Noé de la belgitude ou, plutôt, de la belgité. Des créateurs de tout art et de tout âge, Flamands et francophones, y assistent hébétés au Bye Bye Belgium mais, éloignés du terrain du sinistre, ils ne se querellent pas, ils se situent au-dessus des contingences, dans une humanité pure. Un très bon texte !
Flotte sur l’ensemble des nouvelles une mélodie douce-amère traversée d’un frémissement d’humour, le plaisir de la déambulation n’entrave jamais la réflexion, la nostalgie laisse filtrer l’ombre du doute ou la perception des dérapages… qui pourraient mener au néant.
(4)

Eh bien, les éditeurs belges sont innovants ! Après les collections Bruxelles se conte (Maelström) et Belgiques (Ker), Noir Corbeau (et ses polars, Weyrich) et à cœur d’écrits (celle-ci évoquée un peu plus bas, Le coudrier), en voici une autre : Opuscule publie un court récit chaque semaine. Bravo à Éric Lamiroy : les livres d’Opuscule sont de jolis objets, tout mimi (14×10 cm).
Éric Allard, que l’on connaît comme poète ou auteur d’aphorismes (recommandons son décapant Les écrivains nuisent gravement à la littérature, aux éditions du Cactus inébranlable), mais comme médiateur aussi, est à la barre du 162e numéro.
Le pitch ? Le narrateur, la quarantaine, est amoureux d’une jeune femme, Noémie, la trentaine, qui habite le même immeuble :
« Elle était menue, vive, tout en délicatesse, même si ses jeans laissaient deviner un fessier charnu. Son visage, piqueté de taches de son, possédait un front haut et beau pour l’occupation duquel se battaient sans relâche des mèches rebelles. ».
Noémie écrit/illustre des contes pour enfants mais doit gagner sa vie en servant le pain à la boulangerie du quartier. Tant et si bien que notre héros s’invente des neveux pour justifier une prise de contact.
Une bluette ? Un filigrane. Qui se faufile dans une cocasserie teintée de poésie surréaliste. C’est que les deux protagonistes ont pour voisins… des « animaux socialisés », un cheval, Xanthe (« du nom du fils de Zéphyr et de Podarge dans la mythologie »), et un lion, Aslan, « dernier survivant du monde sauvage ». Ajoutons une concierge et un bourgmestre, ou Joe, le chimpanzé amant de ce dernier, secouons le tout, saupoudrons d’un meurtre et d’une énigme, et…
Au-delà de l’humour et du burlesque, des clins d’œil modernistes à diverses littératures de genre, Éric Allard insinue un second degré structurel en osant de subtils décalages qui renvoient à des réalités plus prosaïques. La manière dont les animaux socialisés sont acceptés mais à peine tolérés (distorsion entre l’évolution des institutions et des populations, entre élites – au sens moral, intellectuel – et majorités) renvoie à l’insertion des Noirs, des Arabes, de l’étranger en général (qui peut encore être à l’occasion le villageois en ville et le citadin à la campagne). Mais que dire des amours entre humains et animaux ? Où la zoophilie n’est plus ce qu’elle signifie dans le langage commun mais un nouveau pas dans l’évolution des mœurs, une métaphore ?
L’air de ne pas y toucher – car on se focalise sur les dossiers énigme criminelle ou intrigue amoureuse jusqu’au bout, l’auteur coule un pas déjanté mais léger dans l’ornière creusée par des Swift et autres conteurs philosophes. Initiant une réflexion sur l’horloge de l’évolution des mœurs. Ce qui semble choquant un temps devient la norme un jour, ou, d’abord, une avancée des mœurs, une ouverture et un élargissement des cœurs et des consciences.
Amusant ? Troublant !
PS J’ai offert une avant-première à cette recension en guise d’hommage à Éric Allard le 24/12/2020 (oui, un cadeau de Noël pour l’animateur de cette plateforme), j’y avais apposé 5 autres regards sur l’opuscule (fragments + liens menant aux articles complets de mes collègues) :
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Après L’opuscule évoqué ci-dessus, voici L’article, une autre collection originale initiée par l’éditeur Éric Lamiroy : un très petit format (14mx10cm), un prix très bas (4 eur), la possibilité de s’abonner, un micro-dossier consacré par un critique en hommage à un artiste (Thierry Coljon rock, nous parlera d’Arno dans le numéro suivant, Gorian Delpâture de Stephen King dans le précédent).
Insistons sur le sérieux et le fini du projet : édito émouvant de Maxime Lamiroy (le fils de l’éditeur), illustrations savoureuses d’Hugues Hausman et mention d’un correcteur, d’une supervision.
Un « portrait amoureux » ! Voilà ce que réalise Véronique Bergen, une autrice qui nous est chère (voir nos dossiers sur son œuvre, en solo ou en duo avec Jean-Pierre Legrand). En 33 pages, la critique/créatrice/philosophe/académicienne retrace l’itinéraire de vie et d’œuvre de l’Autre Grand Jacques, esquisse sa personnalité luxuriante et étincelante de sa prose dense et inspirée :
« Défenseur des littératures belges, francophone et néerlandophone, si souvent minorées, esprit aventurier ne sacrifiant jamais l’exigence intellectuelle de la qualité (…) Avec la responsabilité éthique comme horizon et comme pilier, il aura insufflé des torrents d’idées, se sera dépensé sans compter (…) Pirate à bord de son propre navire nommé Académie (…) franc-tireur solitaire (…) électron libre (…) esprit à l’écart de toute institution. »
Quelques bonus collatéraux ? Avec tact, Véronique ouvre et clôt son incantation avec Claudia Ritter, l’épouse de JDD. Avec modernité et absence d’œillères, elle va puiser ses citations dans des articles et dossiers numériques. Avec lucidité, elle définit ce qui sépare les académies française et belge : la « mission prescriptive ou normative pour la première, la « mission de vigilance, d’éclaireuse » pour la deuxième.
Je m’offre une minute égocentrée. L’autrice s’attarde sur le don de seconde vue dont se prévalait JDD, elle confesse s’être confrontée à « son aptitude prémonitoire » sinon « prophétique ». Une notation qui me renvoie à mon premier tête-à-tête prolongé avec JDD, aux réflexions échangées et partagées sur les convergences et les signes : je venais d’envoyer un article intitulé « Balance ta mère ! » et la mienne termina sa vie cette nuit-là par une chute… juste avant mon premier prix littéraire pour un livre qui l’évoquait. Nous en avions été troublés, Jacques et moi. Mais que dire en aval, déroulant ce qui m’apparaît comme une chaîne de transmission ? Véronique Bergen compare JDD à un feu follet et j’ai recouru à la même image lors d’une nouvelle à paraître dans la revue Marginales qu’elle ne peut avoir lue, comme je ne pouvais l’avoir lue avant de l’envoyer. Une nouvelle intitulée Jacques Ulenspiegel, qui infiltre une nouvelle connexion :
« S’il y a du Hamlet, du Prospero chez Jacques, il est avant tout le frère de Thyl Ulenspiegel. »
Ah, Véronique aurait-elle hérité de Jacques « la baguette de sourcier du réalisme magique » qu’elle lui prête ? La réponse est dans la question.
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Christian Lutz, fondateur des éditions Le Cri mais actuel directeur des éditions Samsa, a donc mené à bien un projet dont il m’avait parlé jadis entre deux cafés commandés au Belga, près de la place Flagey et des Etangs d’Ixelles.
L’objet est très beau. Une couverture de Manet, un papier agréable au toucher, une mise en page élégante. Le sous-titre de la revue annonce Histoires et Littératures, un programme alléchant, qui plus est placé sous une épigraphe de Camus, tiré de la revue Actuelles, deux figures qui paraissent référentielles sinon tutélaires. En regard, on peut lire une sorte de manifeste de l’éditeur, un manifeste qui détonne en ces temps moroses. Il est question de « feu sacré pour le livre », de lecture envisagée comme « un acte de création », de volonté de provoquer « l’étincelle » entre l’écrivain et le lecteur, jusqu’à une fin annoncée dans une sorte de fureur poétique :
« Que faire ? prendra feu et se consumera de lui-même lorsqu’il aura atteint Fahrenheit 451 (232,8° Celsius). »
Le contenu ? Ô divers et singulier !
Maxime Benoît-Jeannin, l’auteur du formidable Brouillards de guerre (que j’ai longuement analysé dans Les Belles Phrases en 2018, intégré dans un Top 10 de la décennie en 2020 dans Le Carnet : https://www.samsa.be/livre/brouillards-de-guerre) livre ses « Souvenirs d’une exposition » dédiée à Albert Camus à Aix-en-Provence, en immisçant des réflexions sur la difficulté de rendre justice à l’œuvre d’un tel écrivain. Je découvre partager quelques engouements avec l’auteur : Camus, Antonioni, Monica Vitti…
Ensuite, nous pouvons lire des textes créatifs de divers gabarits et de registres très contrastés. Evi Anastasiadou, une Grecque installée à Bruxelles, nous offre L’œuf, une prose courte toute empreinte de poésie. Maxime Benoît-Jeannin revient avec une longue nouvelle, Ivresse dans l’après-midi. Il y a Laure, des dizaines de pages, une traduction de Theodore Storm (par Alain Préaux) ; Comment engueuler son prochain bruxellois de Georges Lebouc, avec des dessins de Clou ; un poème d’Odilon-Jean Périer, un talent météorique ; Maître Scriboutchi de Wilhelm Busch (traduit de l’allemand par Alain Préaux encore).
A suivre !
Si vous voulez découvrir et commander :
https://www.samsa.be/livres.php?id=2
(7)

Un nouveau concept, initié par Joëlle Billy, qui comble un vide : un auteur parle d’autres auteurs. Voir mon article dans Le carnet :
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Kate Milie, Le mystère Spilliaert, roman, 180° éditions, Bruxelles, 2020, 154 pages.

J’ai attribué un coup de cœur lors de ma recension dans Le carnet :
Enfin, restons fidèle à notre rituel et terminons sans analyse ni commentaires, en poésie.
(9)
Revue Bleu d’encre n°44/hiver 2020, dirigée par Claude Donnay, Yvoir.
J’ai butiné et prélevé de courts extraits au sein de la sélection opérée par la revue. Qui rend par ailleurs hommage à deux poètes récemment disparus : Cee Jay et Rio Di Maria.
Rio Di Maria :
« J’appartiens à l’imprévisible instant qui ne sera jamais. »
Cee Jay :
« Je cherche les oracles et les temples d’amour
cachés aux yeux des profanes. »
Aurélien Donny :
« Qu’attendre de la fenêtre
Ou de la porte close ?
De la maison, si tendre,
Où la mère se farde
En chantant
Chantant l’histoire de son enfance ? »
Montaha Gharib :
« Laisse-nous écouter
L’écho lointain
D’un bonheur qui vient
Et nous dilue doucement
Comme le sucre dans le temps
S’il le faut vraiment »
Martine Rouhart :
« Je marche
en écrivant des phrases
qui se composent
se décomposent
comme la calligraphie
des oiseaux
dans le bleu »
Anne-Marielle Wilwerth :
« Parmi les mots griffonnés
nous choisirons ceux
dont les ombres frêles
courent déjà pieds nus
dans l’espéré »
Liliane Schraûwen :
« Mais rien jamais ne renaît
Et nul enfant perdu
Ne trouve le chemin
De la maison où je le rêve
En vain »
Marcelle Pâques :
« Les voyages en train
La vie
Les paysages qui défilent
Le temps qui passe
Et se mord les doigts
D’être passé si vite »
Florence Noël :
« depuis toujours
elle traversait sur les
passages pour piétons
mais
marchait entre les lignes »
Claude Raucy :
« nos petits bateaux de papier
filaient tout le long du ruisseau
ce n’est pas cela disais-tu
ce n’est pas cela qu’il nous faut
il nous fallait l’océan tu comprends
la houle et les cormorans »
Jean-Louis Massot :
« Le ciel sèche
Au vent
Ses longs draps
Blancs
Et ses oreillers
Moelleux »