VERS UNE CINÉTHÈQUE IDÉALE : UNE FEMME DISPARAÎT (Alfred HITCHCOCK, 1938) par Nausicaa DEWEZ, Julien-Paul REMY et Philippe REMY-WILKIN

VERS UNE CINETHEQUE IDEALE

100 films à voir absolument…

…des débuts du cinéma aux années 2010

(18/100)

Une femme disparaît/The Lady Vanishes,

un film d’espionnage d’Alfred Hitchcock,

Grande-Bretagne, 1938, 1h37’.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938)

Une polyphonie où se répondent les voix de Nausicaa DEWEZ, Julien-Paul REMY et Ciné-Phil RW.

PHIL :

Hitch a traversé la mémoire collective pour ses films américains des années 40/50 et du début 60 (entre autres : Rebecca, Les enchaînés, Soupçons, Le crime était presque parfait, L’inconnu du Nord-Express, La corde, Sueur froide, Fenêtre sur cour, La mort aux trousses, Psychose, Les oiseaux), mais ses films anglais ont une spontanéité, un allant qu’on peut adorer, voire préférer : Les 39 marches, Jeune et innocent

Une femme disparaît emporte du début à la fin tout en s’avérant hybride et paradoxal. Le film d’espionnage (au global) juxtapose trois sous-films : une comédie, un suspense où le policier frise le fantastique, un thriller d’action pétaradant.

Le récit démarre dans une gare de montagne. Nous sommes en Bandrika, un pays imaginaire situé en Europe centrale (on pense à la Bordurie de Tintin !), à travers les Alpes, gouverné par un dictateur et dont la langue a des accents germaniques. Un problème bloque le train. Les voyageurs doivent passer une nuit dans l’auberge voisine, une nuit riche en interconnexions savoureuses. Iris Henderson, notre future héroïne, s’y attache à une vieille gouvernante, Miss Froy, et se chamaille avec un jeune musicien tapageur. Le lendemain, peu après le départ du train, Miss Froy se volatilise, personne ne se souvient de sa présence en cabine ou au restaurant. Iris, qui a reçu un choc à la tête peu avant le départ, hallucine-t-elle ? C’est ce qui vient asséner un docteur au discours freudien, tout en se voulant rassurant. Mais Iris n’en démord pas. Quelqu’un s’en est pris à la vieille gouvernante. Quand une passagère apparaît, vêtue en Miss Froy, Iris commence à douter de ses propres facultés. Basculement ! Gilbert Redman, le musicien avec lequel elle avait eu maille à partir à l’auberge, a observé une scène insolite qui accrédite la thèse de la jeune femme. Ensemble, ils vont remonter le fil des indices et…

PHIL :

Les personnages principaux sont excellents : Margareth Lockwood (Iris), la « brune piquante », à mille lieues des blondes fatales chères à Hitch, choisie de préférence à Lili Palmer ou Vivien Leigh ; Michael Redgrave (Gilbert), qui venait du théâtre et snobait le cinéma, avant de se métamorphoser en cours de tournage sous les conseils avisés de Paul Lukas (le docteur Hartz), qu’il admirait. Tous deux allaient voir leur carrière décoller pour de longues années.

Les personnages secondaires sont mémorables, enthousiasmants. Dégageant souvent un sentiment d’étrangeté, qui rappelle un peu Freaks et sa galerie de monstres : le docteur Hartz (des allures de savant nazi sadique) ; le duo d’Anglais, Caldicott et Charters (Naunton Wayne et Basil Radford), amateurs de cricket, prêts à tout pour ne pas arriver en retard à Londres et rater leur match ; la baronne tout de noir vêtue et la nonne aux talons aiguilles ; la vieille dame elle-même (Dame May Whitty, une immense vedette à l’époque), une Miss Marple inversée car victime de l’énigme à résoudre ; le couple d’amants, qui veut protéger son incognito à tout prix ; le prestidigitateur italien, etc.

Le succès du duo Caldicott/Charters est tel qu’on les retrouvera dans d’autres films dont Train de nuit pour Munich, du duo de scénaristes Launder/Gilliat reconvertis en réalisateurs.

Une femme disparaît de Alfred Hitchcock - Olivier Père

Iris et Gilbert au chevet de Miss Froy

PHIL :

Une femme disparaît est une œuvre grand public, qui a rencontré un immense succès des deux côtés de l’Atlantique, mais c’est aussi une création pour les gourmets, les analystes. « Meilleur film de 1938 » pour le New York Times, « meilleure réalisation de l’année » pour l’Association des critiques new-yorkais. Orson Welles, le génie de Citizen Kane, le verra onze fois ! Côté Europe, Truffaut avouait à Hitch, dans leurs célèbres entretiens, qu’il visionnait le film à cette époque deux fois par semaine, en quête de leçons stylistiques, mais celles-ci se défilaient, tant il était irrémédiablement accaparé, à chaque fois, par l’intrigue et ses personnages.

JULIEN-PAUL :

Quel délice d’un point de vue cinématographique !

Hitchcock distille de courts moments de silence suspendus au beau milieu de la chevauchée des scènes. Des instants de cinéma muet dans son film parlant. Comment les envisager ? Des moments de rupture visuelle et auditive dans le flux naturel du récit pour rappeler au spectateur qu’il regarde un film ? Un jeu artistique ? Un moyen de faire plonger davantage encore le spectateur dans une ambiance troublante ?

Un exemple ? Les échanges de regards entre le docteur Hartz et le magicien, puis entre ledit docteur et le serveur au moment de commander des boissons empoisonnées. Il s’agit de scènes suspendues car, objectivement, si ces scènes se déroulaient en temps réel, nos héros Iris et Gilbert se rendraient aussitôt compte des relations suspectes entre les membres du complot. Un autre exemple de regard silencieux entre les personnages suit l’atterrissage de Gilbert, après une acrobatie, dans la pièce où se trouve la nonne veillant aux côtés de Mrs Froy couchée et entourée de bandelettes blanches.

PHIL :

Les ballets érotiques sont du même acabit : le valet et les trois Américaines en sous-vêtements, lui quasi empêtré dans les jambes d’Iris (et je ne commenterai pas la bouteille de champagne en contrebas de celles-ci) ; le surgissement de la bonne ô avenante dans la chambre du duo Caldicott/Chambers.

JULIEN-PAUL :

Ces moments suspendus n’excluent pas toute trace de mouvement : il ne s’agit pas d’instantanés, de photographies, de tableaux immobiles, mais bien de tableaux muets en mouvement. Autrement dit, même les moments photographiques demeurent kinê/mouvement et portent le sceau du septième art. 

A dire le vrai, il s’agit non de purs moments silencieux (un arrière-fond sonore se fait entendre :  bruit de locomotive, etc.) mais de scènes muettes au sens où les personnages cessent/s’abstiennent de parler. 

PHIL :

Rappelons un fait majeur méconnu : Hitchcock a vécu et travaillé en Allemagne avant de réaliser les films anglais dont nous parlions. Sa carrière commence très tôt et est très longue. En Allemagne, il est profondément marqué par l’art de Fritz Lang et du cinéma expressionniste (muet !). D’où ma réflexion dans le dossier sur les années 20 :

« (…) on parle là d’une des sources d’inspiration majeures d’Alfred Hitchcock, dont le génie a beaucoup à voir avec le fait qu’il synthétise le meilleur des apports british et teuton… en les américanisant, ce qui mène à une hybridation attractif/inventif, art/divertissement. »

PHIL :

L’histoire du film est une épopée, qui interroge sur la gestation des chefs-d’œuvre.

Tout part d’une anecdote réelle, qui a inspiré de nombreux créateurs, la disparition mystérieuse d’une vieille dame en 1889, lors de l’Exposition de Paris. Hitch la narre en détails à Truffaut dans le mythique Hitchcock-Truffaut (Ramsay, Paris, 1984). Et il en fera un épisode de sa série télévisée Hitchcock présente (Manque d’air, dans les années 50). Ethel Lina White écrit un roman à partir de l’affaire. Gainsborough, la maison qui emploie Hitch, décide d’en faire un film et fait appel à un metteur en scène américain, Roy William Neill (qui a enchanté » mon enfance avec sa dizaine de Sherlock Homes joués par l’inoubliable Basil Rathbone), mais l’équipe de tournage occasionne un incident diplomatique en Yougoslavie, où se tournaient les extérieurs, le metteur en scène doit retourner aux States.

Hitch débarque dans un film qu’il n’a pas choisi mais qui le met immédiatement en appétit, The Lost Lady devient The Lady Vanishes. Les deux excellents scénaristes, Frank Launder et Sidney Gilliat, avaient délocalisé le récit, ajouté au roman initial une romance teintée de Screwball Comedy et une paire d’Anglais ridicules. Hitch va retravailler (nuancer, développer) son duo d’obsédés du cricket, réinventer les parties initiale et finale (qui sont, curieusement, les plus controversées, certains estimant le prologue longuet ou la fin échevelée à la Tintin), ajouter ou transformer des détails : Gilbert devient un chercheur farfelu en musique folklorique, un banquier se mue en prestidigitateur, etc. Sans compter les prouesses de mise en scène, visuelles, etc. Mais le génie consiste aussi à savoir prélever le meilleur miel un peu partout. A côté de techniciens hors pairs ès trucages, maquettes (de nombreuses scènes ont été filmées en studio, à Islington), il sollicite des collègues pour doper les dialogues. In fine, une patte d’auteur transcende le tout à coup d’humour, d’érotisme, de romanesque et d’images impactantes (la nonne en talons aiguilles, la patiente momifiée, la phrase qui apparaît puis disparaît sur une fenêtre, etc.).

PHIL :

Quelques détails ? Une séquence épouse une portée allégorique. Iris et Gilbert, dans le wagon à bagages, découvrent une malle des Indes et une boîte à double fond. Gilbert fait mine de se déguiser en Sherlock et Iris est comparée à Watson. Dans ce même wagon à bagages, la lutte entre le couple Iris/Gilbert et le magicien anticipe, en mode cocasse, la scène de meurtre du Rideau déchiré (1966), l’une des plus marquantes/atroces de l’histoire du cinéma.

NAUSICAA :

Cette scène dans le wagon à bagages, mémorable à bien des égards, est aussi partiellement ratée. Gilbert se bat avec le magicien et Iris est tout à fait inutile – il le lui fait d’ailleurs remarquer avec ironie. Elle s’agite, fait mine de combattre l’Italien, mais ne parvient pas à l’atteindre et tente de garder l’équilibre dans un train qui cahote. Hitchcock n’était pas vraiment connu pour son féminisme, mais cette scène, censée montrer le peu d’utilité du personnage féminin – des femmes en général ? – dans une bagarre physique, frise le ridicule. Ce qui est demandé à l’actrice est tellement invraisemblable que l’effet comique est manqué : alors qu’on devrait rire de la maladresse du personnage, on sort quelques instants de l’intrigue pour voir une actrice-qui-tente-de-jouer-un-personnage-maladroit. Je ne pense pas que le talent de Lockwood soit en cause ici.

PHIL :

D’autres détails…

Il y a un côté auto-référentiel avec l’air de musique comme absurde McGuffin, qui renvoie aux 39 marches (qui ont tant inspiré Jean Van Hamme lors de sa reprise de Blake et Mortimer).

Un remake a vu le jour en 1979. Un flop ! Une série a suivi. Re-flop ! Impossible de surpasser le divin Hitch ? Dont le génie fait oublier l’aberration de départ : confier un message si important (qui tient en quelques notes de musique) à une vieille dame alors qu’un pigeon voyageur eût fait l’affaire ; ourdir un complot ample et complexe pour se débarrasser d’un agent qui n’a rien d’un James Bond. Une invraisemblance qu’Hitch dénoncera lui-même à Truffaut… en chargeant ceux qui l’ont précédé dans la confection de l’histoire.

NAUSICAA :

Un artifice de narration qu’on oublie en effet très vite.

PHIL :

Au-delà de l’aventure et du suspense, nous pouvons lire une métaphore ou une fable. Vue de l’esprit et anachronisme ? Non. Il est évident qu’Hitch pose des actes forts derrière de faux détails.

SPOILER : Le personnage qui refuse la résistance et décide de se rendre est illico abattu. On le voit agoniser en tendant son drapeau blanc.

A la Churchill, le cinéaste dénonce ainsi le pacifisme. On ne traite pas avec des loups sanguinaires, on agit, on court protéger qui est en danger, l’arme à la main. Le film date de 1938 et Hitch n’est pas aveugle, il a un grand ami juif, Sidney Bernstein, avec lequel il montera divers projets, il sait ce que pratique le IIIe Reich. Bandrika, c’est l’Allemagne nazie devenue hors-la-loi, zone de non-droit et d’exactions diverses. Le train symbolise les sociétés occidentales, les personnages leurs gouvernements, qui tentent à tout prix d’échapper à un conflit avec l’Allemagne. Vouloir ignorer la vieille dame, refuser ce qu’on a vu renvoie au sort des minorités mises dans des camps de la mort. Hitch condamne l’aveuglement, la soumission et l’égoïsme. On admirera que les flambeaux de l’humanité, ceux qui vont réanimer une partie de la population du train, sont une fausse coquette et un faux hurluberlu, deux très jeunes gens. Qui refuseront le conformisme jusqu’au bout (SPOILER : Iris envoie valdinguer le mariage prestigieux – avec un noble – qui l’attendait à Londres et motivait son voyage, elle va épouser une sorte d’artiste/scientifique marginal mais délicieusement humain, vivant).

Une femme disparaît — Wikipédia

NAUSICAA :

Interviewé pour les bonus du DVD édité par TF1 vidéo, Claude Chabrol abondait dans le sens de cette lecture politique et disait même que la vieille dame qui disparaît est une métaphore de la démocratie.

SPOILER : la fin du film, où les deux amoureux retrouvent une Miss Froy saine et sauve et souriante, délivre aussi une note d’espoir. La barbarie (nazie) manipule, ment, menace, tue, mais ne triomphe pas.

JULIEN-PAUL :

Même si le cinéma d’Hitchcock ne s’apparente pas, en général, de prime abord, à un cinéma engagé politiquement, force est de reconnaître un substrat, présent dans la majorité de ses films, susceptible d’offrir l’un des meilleurs remparts contre la barbarie et les forces de destruction de l’humanité : le doute, le soupçon.

PHIL :

Rien que ces titres : L’ombre d’un doute/Shadow of a Doubt, Le faux coupable/The Wrong Man, Soupçons/Suspicion

JULIEN-PAUL :

Ce cinéma du soupçon braque la torche de l’incertitude et du questionnement sur le réel, nous interrogeant sur la frontière ténue entre conscient et inconscient, réel et fiction. Son doute méthodique ne contribue pas seulement à balayer les oripeaux de l’endoctrinement et de la manipulation, mais aussi à éviter l’écueil du déni envers soi-même (ses pulsions, ses erreurs, ses fantasmes). Si, dans The Lady Vanishes, Hitchcock nous engage en nous responsabilisant par rapport à UNE réalité (le développement de l’Allemagne nazie), la plupart de ses films nous engagent en nous responsabilisant par rapport à LA réalité en général.

PHIL :

La maison du docteur Edwardes/Spellbound va très loin dans cette direction.

JULIEN-PAUL :

« Spellbound », qui signifie envoûté, ensorcelé.   

PHIL :

Ce film est l’avant-dernier tourné par Hitch en Angleterre avant son départ définitif pour les States et la carrière extraordinaire qui l’y attend. Il est peu connu du grand public d’aujourd’hui et pourtant… C’est une merveille, qui rassemble, je crois, toutes mes prédilections : le voyage et ses paysages, ses rencontres, ses imprévus ; l’intrigue amoureuse ; le suspense et les notations énigmatiques ; le thriller et ses scènes d’action ; l’intensité du huis-clos et les charmes du train ; la métaphore qui élève l’aventure vers une apologie du doute, de l’ouverture, de la résistance ; le saupoudrage des bonus artistiques (second degré, trouvailles visuelles, dialogues croustillants).

NAUSICAA :

Cadre principal, quasi unique, de l’action, le train inscrit l’intrigue la fois dans la fixité du huis clos et dans le mouvement – celui du déplacement du point de départ au point d’arrivée et celui des cahots du chemin, qui secouent les passagers et ont des effets sur le déroulement de l’histoire. Hitchcock utilise à plusieurs reprises les ressorts du voyage en train, notamment dans Shadow of a Doubt (1943), Strangers on a Train (1951) ou encore dans North by Northwest (1959). Sorti en 1938, The Lady Vanishes est postérieur à la publication du Crime de l’Orient-Express d’Agatha Christie. Dans ce roman, le huis clos du train est aussi le cadre d’un crime et les passagers des suspects. Mais il ne sera adapté au cinéma que bien plus tard.

PHIL :

Bien vu ! J’ai vérifié les dates de parution des romans : 1934 pour Christie, 1936 pour le roman qui inspire Hitch.

Mon top 3 des huis-clos dans un train ? Une femme disparaît, Le train de la mort/Terror by Night (Roy William Neill, EU, 1946) et Le crime de l’Orient-Express (la version british de Sidney Lumet, en 1974). Curieusement, trois adaptations dont une, Le train de la mort, invente une aventure non écrite des fameux Holmes et Watson. Or celle-ci est réalisée par ce Roy William Neill… qui a abandonné le projet finalement attribué à Hitchcock… qui a lui-même parodié les deux héros de Conan Doyle dans son film !

PHIL :

Un aspect me fascine, quant à la réussite ou l’échec des trajectoires. On en a un aperçu différent avec L’impossible monsieur Bébé… au succès différé, évoqué dans cette même décennie. Hitch, quand on lui propose ce film, sort d’un tournage, Jeune et innocent, que la direction de sa maison de production (Gainsborough) juge sans aménité, à tel point qu’on songerait à le renvoyer. La légende force-t-elle le trait ? Si on la suit, The Lady Vanishes est un moment-pivot dans sa carrière. Elle semblait décliner en Angleterre juste avant mais il est appelé par Hollywood juste après, et Rebecca, son premier film américain, sort deux ans plus tard à peine. « La Roche tarpéienne est proche du Capitole », disaient les Romains, mais l’inverse est vrai.

Nausicaa DEWEZ, Julien-Paul REMY et Ciné-Phil RW.

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