Les lectures d’Edi-Phil
Numéro 43 (mars 2022)

Coup de projo sur le monde des Lettres belges
sans tabou ni totem, bienveillant mais piquant…
A l’affiche :
Une réaction (Armel Job), un récit de vie (Martine Rouhart), six romans (Joseph Ndwaniye, André-Joseph Dubois, Jean Lemaître, Michel Hellas, Didier Vanden Heede, Pieter Aspe), une maxi-nouvelle (Evelyne Wilwerth), un recueil de nouvelles (Jean-Pol Hecq), un recueil d’aphorismes et clins d’œil littéraires (Éric Allard), un essai (Björn-Olav Dozo et Dick Tomasovic) ;
les maisons d’édition MEO, Les impressions nouvelles, Weyrich, Jourdan, Murmure des soirs, Lamiroy, Le Cactus inébranlable, Genèse, F. Deville, Albin Michel/Livre de poche..
(1)

J’avais lu La balade des pavés (Genèse) de Sylvie Godefroid sur la même thématique : une femme aux prises avec le cancer. Dans le livre de Martine Rouhart (une réédition d’un texte paru une première fois en 2010), il n’y a pas mise en roman mais récit de vie, carnets de voyage au pays de la maladie, volonté de coller au plus près avec les observations cliniques mais surtout les réflexions égrenées au cours des jours, de l’annonce initiale du problème à ses épreuves, ses étapes, son dépassement.
La richesse du livre déroule ses strates et nous plonge au cœur du phénomène. Il y a la douleur du traitement, bien sûr, la confrontation avec « la machinerie d’enfer » :
« Et puis, ça vient d’un coup. La tête s’embrase, envahie d’un vertige indécis, une tête pleine de vents furieux. Un engourdissement douloureux étrangle les tempes, creuse les orbites. Un étau méticuleux, obstiné, enserre lentement la gorge et y noue un lacet étroit. »
Mais il y a la personnalité de la malade surtout, qui ne se laisse pas aller, élabore des stratégies pour vivre avec le phénomène.
La résistance :
« Chaque jour, chaque minute, je tresse consciencieusement un cordage qui doit résister à la volonté de puissance de forces contraires. (…) C’est endurer sans se lamenter, sans apitoiement ni ressentiment, c’est patienter en écartant les oiseaux sombres qui tentent d’envahir mon cerveau pour se heurter dans ma tête. »
L’apprivoisement :
« Elle (la maladie) ne me veut peut-être pas tant de mal, peut-être son but secret est-il de disperser loin de moi les petites misères dérisoires et de m’accorder une plus grande fermeté d’âme… »
La lucidité :
« L’espérance, quand elle est forcée et peu raisonnable, débouche sur la tristesse ou la nostalgie, et celles-ci, à nouveau, sur de dérisoires espoirs, sans repos, sans fin. (…) Je sais qu’une petite étoile luit au loin et aussi que la joie n’est pas seulement au bout du chemin mais dans la marche. (…) Vivre au présent, ne pas se suspendre à des lendemains qui ne seraient faits que d’attentes hypothétiques, cela peut fonder un avenir plus serein. »
Au-delà de l’émotion suscitée par le témoignage, double parce que l’autrice est aussi une excellente collègue, il y a un texte, un très bon texte. Martine Rouhart réagit en philosophe ou tente d’y parvenir, en conjuguant ambition et humilité, acceptation des limites et volonté d’aller plus loin :
« Je ne voudrais surtout pas me tenir en lisière durant le reste de mon existence. (…) Il faut avant tout apprendre à bien vivre. »
Nous ne sommes pas maîtres des incidents de parcours qui nous arrêtent ou nous font chuter, mais notre liberté, notre dignité consistent à essayer de nous relever. Nous n’avons pas suscité la vague mais nous pouvons en épouser le mouvement. Elle-même se retourne sur son passé, mesure la dimension dérisoire de tant d’activités submersives, il y a l’essentiel et le contingent, elle profite du retrait pour aller en quête de soi :
« (…) laisser libre cours à ma nature contemplative (…) Se plonger avec volupté une journée entière dans un bouquin de philosophie, méditer à loisir sur chaque phrase et l’évolution de son âme, s’attarder sur les errements du passé, se remettre en cause, grandir un peu (…). »
La perception est subtile. Notre regard crée une appréhension de la réalité, confondue avec une réalité objective difficilement accessible :
« Victimes de fantômes qui nous empêchent de vivre, n’est-on pas souvent tourmentés par l’idée de certaines choses plutôt que par les choses elles-mêmes ? »
Et Martine Rouhart de nous indiquer le chemin, dans une bienveillance apaisée. Et sa voix acquiert une résonance toute particulière en ces temps de pandémie, de confinement, de privations. Il faut « éprouver au plus profond de soi la joie de ce que l’on a et se satisfaire des bonheurs bien présents ». Profiter des ressources technologiques (mobile, ordinateur) pour se connecter aux autres, comprendre leurs difficultés de communication et leur faciliter la tâche en toute simplicité, s’ouvrir, prendre en compte leurs soucis, plus graves ou moindres. « Agir et accueillir ».
L’autrice a été au bout du cheminement. Elle était juriste, elle a survécu à la maladie et s’est construit une nouvelle vie, en réalisant un rêve : écrire un livre. Elle a ensuite persévéré : elle a écrit plusieurs ouvrages, exploré divers sillons (roman, poésie…) et s’est imposée en quelques années comme une figure de nos Lettres, créatrice, médiatrice, animatrice au sens le plus fort du terme.
Il y a du traité moral dans cet opuscule émouvant mais tonifiant aussi, humaniste. A lire et relire !
PS
Une interview de Martine Rouhart par Tito Dupret, chez RCF :
https://rcf.fr/culture/philosophie/comment-ca-va-bien-martine-rouhart
(2)
Evelyne WILWERTH, Nuit sorcière, Lamiroy, collection Opuscule, Bruxelles, 44 pages.

Délicieux texticule de cette autrice dont l’écriture est toujours si animée, naturelle, vivante, sobre et charmante, dégraissée, équilibrée… et narrative !
Une nuit d’errance, celle d’un ancien mannequin (masculin), dont on perçoit qu’il a beaucoup sacrifié à sa carrière avant ce moment entre bascule et néant qui suit la date de péremption du produit marketing. Aventures, rencontres, suspense, émotion… Un modèle de petit récit maîtrisé, conjuguant explicite et implicite.
Le talent de l’autrice lui a valu un billet d’exception de l’éditeur : la collection annonce ne publier qu’un texte par écrivain mais Evelyne avait déjà publié La chambre 3 ! L’explication est sans doute simple : notre autrice se plie remarquablement aux lois du genre bref.
(3)
Une réaction d’Armel JOB…

…l’un de nos meilleurs romanciers, à nos commentaires sur deux de ses romans.
Pour comprendre l’échange, voir mon texte dans la mini-revue de septembre :
Puis les explicitations d’Armel Job, que je publie avec son autorisation :
« Cher Philippe,
J’ai lu avec plaisir vos chroniques sur mes romans « de disparition ». A très juste titre, vous évoquez les similitudes entre les deux romans chroniqués. En fait, il y a encore un roman de moi qui est un roman de la disparition. Il s’agit de Tu ne jugeras point. Je voulais faire une trilogie de la disparition. Tu ne jugeras point, c’est la disparition d’un bébé ; En son absence, celle d’une adolescente ; La disparue de l’île Monsin, celle d’une adulte. Dans les trois cas, il y a des similitudes de situation. Par exemple, le désaccord chez les parents du ou de la disparue. L’occasion sans doute de montrer qu’à partir des mêmes ingrédients, on peut obtenir des drames personnels très différents. Encore merci pour votre attention.
Amitiés.
Armel. »
(4)
Joseph NDWANIYE, En quête de nos ancêtres, Les impressions nouvelles, Bruxelles, 2021, 206 pages.

Le livre est un très bel objet : belles couverture et mise en page. Et il est bien écrit. Certes, l’écriture n’emporte pas mais elle réserve de jolies surprises au hasard d’un mot, d’une phrase, d’une image. La narration est fluide, simple, agréable :
« De la fenêtre de sa chambre située au quatrième étage, Antoine a vue sur la ville. Les toits sont couverts de tuiles rouges ou de tôles ondulées. (…) En cette fin d’après-midi, les montagnes aux sommets pointus qui entourent la ville tournent petit à petit le dos au soleil. Naît alors dans leurs sinuosités un jeu d’ombres et de lumière ponctué par quelques nuages blancs qui se détachent du ciel bleu. »
Si la narration est un peu trop sage pour moi, le récit fait du bien, on peut parler d’un Feel Good Book ! Un jeune infirmier, originaire du Rwanda mais installé avec sa famille à Bruxelles, se passionne depuis l’enfance pour le sort des esclaves noirs arrachés à son continent d’origine et envoyés dans la fameuse mine de Potosi. Il finit par prendre un congé pour aller travailler en Bolivie bénévolement et y chercher les traces des descendants de ces esclaves. Il fait des rencontres, toutes belles il est vrai. Et initiatiques.
J’ai aimé la démonstration de la polyvalence identitaire, la capacité de remise en question et de résistance, la quête (celle du héros se double de celle d’une jeune métisse, dont il tombe amoureux). Des thèmes majeurs sont abordés mais de manière feutrée : réalisation contre la famille, le poids des traditions ; capacité à affronter les secrets de famille, etc.
Du grand large, j’attendais un souffle, une percussion mais, ma frustration digérée, je profite des qualités de l’ouvrage : profond mais tout en douceur, en humanisme, en empathie ; subtil, loin des clichés et de tout pesant didactisme (on apprend beaucoup de choses sur la Bolivie, ses paysages, ses traditions, etc.).
Quelques subtilités ?
. Une dimension christique : le héros apparaît lesté du poids du sort de toute une communauté. Et idem pour sa comadre Alba Luz.
. La visite de Potosi offre un parallèle à la visite d’un Juif à Auschwitz. Il s’agit d’un endroit chargé.
. Le rapport des mineurs (il est question de fierté et d’amour) à la montagne qui les tue, les asservit, présente une connexion avec le syndrome de Stockholm.
. Simba est un double du narrateur (qui est lui-même un double de l’auteur), il y a mise en abyme, quête dans la quête. Et rebelotte avec Alba.
. Une machine infernale ramène Simba, un personnage phare, à la condition de ses ancêtres.
. La mise en évidence de la nécessité du supplément de sens, de l’ancrage. Derrière la simplicité (ou grâce à celle-ci ?), Joseph Ndwaniye livre une fable sur la condition humaine. Quitte à présenter un côté « livre à l’ancienne », avec défense de valeurs intemporelles : respect des anciens, transmission, mais aussi capacité à couper le cordon à la Perceval (savoir rompre le silence), etc.
PS
J’ai découvert bien des affinités entre ce livre et le travail récent de Michel Torrekens (L’hirondelle des Andes, chez Zellige). Les deux auteurs explorent différemment des situations de départ proches : une jeune personne qui ose tout quitter pour tenter de trouver des réponses à des questions essentielles…. en allant pour ce faire jusqu’en Amérique du Sud. Il y a donc, dans les deux cas, une forme d’épopée tranquille, avant tout psychologique, faite de rencontres, un parcours initiatique, des côtés Bildungsroman et Road Movie. Un même mélange de grand large et t’intime.
J’ai donc suggéré aux deux auteurs d’échanger leurs livres. Et ils se sont en effet trouvé bien des affinités… jusqu’à envisager des collaborations.
(5)
André-Joseph DUBOIS, Le septième cercle, roman, Weyrich, Neufchâteau, 2020, 499 pages.

La trajectoire de l’auteur interpelle. Il s’offre deux premières parutions à Paris (Balland) il y a près de 40 ans puis disparaît durant 28 ans des écrans éditoriaux. J’ai mené enquête pour en savoir plus sur ce hiatus, il semble avoir été rebuté par les charges collatérales du métier. Je puis comprendre… bien qu’il existe de pires épreuves !
Ce gros roman est très bien écrit et le récit s’avère illico des plus enlevés :
« Et pourtant, pas facile à raconter, une vie. Tout à fait comme un lézard, on ne sait par quel bout la prendre. Un tronçon vous reste entre les doigts alors que l’essentiel a filé sous une pierre. »
Humour, souffle. On traverse l’Histoire (guerre d’Algérie, collaboration sous l’Occupation, etc.) et les mers, les océans (Maroc, Congo, Cuba, Brésil, etc.). Disons-le de manière nette : de tels ingrédients sont rarement disponibles dans les Lettres francophones et désignent un talent supérieur.
Pourtant et hélas, la belle machine littéraire tourne un peu à vide, narrant du connu sans en renouveler l’appréhension (les assassinats de Lahaut ou de Lumumba, par exemple), s’attachant aux pas d’un antihéros, Léon Bourdouxhe, « qu’on n’arrive pas à détester » (dit la 4e de couverture) alors qu’il participe à des séances de torture, des exécutions, affiche un profil d’extrême-droite. Certes, il y a un sous-récit touchant, à travers la relation avec Hanna (l’amie d’enfance), mais il est globalement difficile de ressentir de l’empathie en cours de lecture. Ou de saisir le but visé par l’auteur. Veut-il raconter une histoire souterraine du monde ? En ce cas, il a des décennies de retard, les dossiers évoqués ont été éclairés.
In fine, que son héros, à la fin du livre, se révèle être le géant boiteux des Tueurs du Brabant, voilà la goutte qui fait déborder le vase du malaise. Etrange sensation donc que d’éprouver de la répulsion pour un livre mais de l’admiration pour son auteur.
A noter !
Ce livre, en octobre, a remporté le Prix de la Ville de Bruxelles 2021. Dans le Top 5 final, il affrontait au moins deux excellents livres : Ulrike Meinhoff (Véronique Bergen, chez Samsa) et Le second disciple (Kenan Görgün, chez Arènes). En décembre, il a décroché le prix Emma Martin du roman décerné par l’AEB ! Joli doublé ! Et on se réjouit pour l’éditeur Weyrich (dont la réserve de livres a brûlé en 2020) et pour les directeurs de la collection, Christian Libens et Nausicaa Dewez.
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Un très bel essai. Pop culture ?
Voir mon article dans Le carnet :
(7)
Une (fausse) étude historique ratée sinon honteuse dans ses procédés et sa prétention (« Le vrai Colomb » !) mais un (faux) roman émouvant.

Voir mon article dans Le carnet :
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(8)
Michel HELLAS, Taklamakan, roman, Murmure des soirs, Esneux, 2021, 352 pages.

Un livre ambitieux ! Qui détonne.
Voir mon article dans Le carnet :
(9)
Jean-Pol HECQ, Mother India, Genèse, Paris/Bruxelles, 2021.

Coup de cœur pour ces récits de voyages qui sont autant de mises en application du concept de la rencontre théorisé par Charles Pépin.
Voir mon article dans Le carnet :
(10)

Un recueil tonique, spirituel.
Voir mon article dans Le carnet :
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Didier VANDEN HEEDE, Meurtres en trois couplets, F. Deville, coll. Œuvres au noir, Bruxelles, 2021, 340 pages.

Un polar émouvant.
Voir mon article dans Le carnet :
Pour terminer… une nouvelle rubrique, Le plat pays qui est le mien… de cœur, qui me permettra de retrancher le mot « francophones » adossé à « Lettres belges » dans le sous-titre de cette mini-revue. Oui, je vais tenter d’évoquer régulièrement des auteurs flamands, pour des raisons éthiques et intellectuelles (volonté de connaître les citoyens du nord du pays et de m’élargir un peu). D’autant que j’adore me balader en Flandre, j’y sens palpiter mon essence et m’interroge à ce propos.
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Pieter Aspe (1953-2021), de son vrai nom Pierre Aspeslag, est un auteur flamand traduit en français, à Paris. Les aventures du commissaire Van In (une trentaine de tomes, le premier publié en 1995), à Bruges et aux alentours, ont été adaptées à la télévision et l’ont rendu célèbre. Avant de pouvoir vivre de sa plume et de s’installer à la Côte (Blankenberge), il a exercé de nombreux métiers, le plus improbable étant d’avoir été le concierge de la basilique du Saint-Sang, dans la Venise du Nord, durant douze ans. Il a écrit d’autres ouvrages, non traduits en français, certains pour adolescents. Il a décroché plusieurs prix.
Le carré de la vengeance consacre l’irruption de ce nouveau policier de papier et plante illico tous les éléments de la série, soit les personnages qui seconderont notre héros mais les décors aussi, une manière de promouvoir Bruges, son patrimoine, ses commerces, etc.
Le pitch ?
Voici ce qu’annoncent la 4e de couverture du livre et le site du Livre de poche :
« À Bruges, la bijouterie Degroof a été cambriolée. Rien n’a été volé, mais le malfaiteur a fondu tous les bijoux dans un bain d’acide. Sa signature : un énigmatique message en latin…
L’enquête est confiée au commissaire Van In, un flic buté criblé de dettes, au sale caractère et à l’humour caustique. Amateur d’art, de cigares, de bières et de jolies femmes, il n’a pas son pareil pour déjouer les affaires les plus tordues.
Avec Versavel, jumeau d’Hercule Poirot à l’homosexualité revendiquée, et Hannelore Martens, substitut du procureur affriolante et ambitieuse, Van In plonge dans la grande bourgeoisie brugeoise où il ne fait pas bon déterrer les secrets enfouis… Premier volet de la série, Le carré de la vengeance fait de Pieter Aspe le « Simenon flamand ».
En lisant Van In, je retrouve les sensations croisées lors de mes lectures de la collection Grands détectives, créée par Jean-Claude Zylberstein chez 10/18, à Paris. Celle-ci avait d’abord mis en scène des récits policiers situés à travers l’espace et le temps (la Chine du VIIe siècle et du juge Ti – de Robert Van Gullik -, l’Angleterre médiévale de frère Cadfaël – par Ellis Peters, qui allait inspirer Le nom de la rose d’Umberto Eco !) avant de s’ouvrir au contemporain (avec Iain Pears, entre autres). Côté Belgique francophone, un auteur, Alain Berenboom, chez Genèse, explore ce sillon du récit policier gouleyant (avec la série Michel Van Loo), beaucoup plus léger qu’un thriller type anglo-saxon mais au cocktail savoureux de récréation d’une atmosphère, d’interconnexions avec une série de personnages secondaires très typés, de didactisme ludique, d’exploration sociologique aussi.
Le carré de la vengeance se lit très aisément. L’écriture et la narration sont fluides, dynamiques. Il y a moins d’action que de saillies verbales cependant, des dialogues percutants, un vocabulaire recherché (la traductrice est une écrivaine : Emmanuèle Sandron) s’infiltre subtilement (« réniforme », « potiquet », etc.), comme une exploration de contenus historiques voire des notations philosophiques :
« La mémoire est un labyrinthe, un embrouillamini de ruelles intriquées où les souvenirs errent sans répit. Mais que l’un d’entre eux rencontre subitement un élément neuf, et une idée originale peut soudain jaillir. »
Le meilleur réside peut-être dans un décryptage de la société flamande nantie. Quels secrets masquent les grandes réussites économiques ou politiques, etc. ?
En résumé ? Une distraction pure mais de bonne tenue, inscrite dans un certain raffinement. A tel point… que j’ai eu envie de creuser ce sillon-là à mon tour comme auteur !
Bémol !
Mis en appétit pour la série, j’ai commandé les deux aventures suivantes du bon Van In, Chaos sur Bruges et Les masques de la nuit. Mais, dès le premier, d’un coup, je cale devant les recettes (les échanges téléphonés entre Van In et sa muse Hannelore, son adjoint Versavel ; la confrontation systématique entre un puissant sournois, méprisant et sans scrupules et un représentant du peuple, etc.), le peu d’action pure aussi, la passivité des protagonistes, qui passent plus de temps à gérer leurs problèmes qu’à faire avancer l’enquête. Ici, les éléments décisifs (pour comprendre l’affaire puis la résoudre) sont apportés sur un plateau par une prostituée ou le fils d’un des coupables.