DENIS BILLAMBOZ
IOCASTA HUPPEN est une « haïjin », elle excelle dans l’art d’écrire des haïkus et des poèmes d’inspiration japonaise, j’ai eu l’opportunité et le grand plaisir de commenter plusieurs de ses recueils. Pour cet hommage, j’ai choisi deux recueils très joliment mis en page et magnifiquement illustrés par deux éditeurs différents. L’un publié par Partis pour Editions superbement orné de motifs végétaux aux couleurs chatoyantes et l’autre au couleurs plus sépia mais tout aussi finement illustré, édité par Les Editions Stellamaris. Des livres à offrir avec l’assurance de faire plaisir.

Maison d’été
Iocasta Huppen
Partis pour Editions

Bruxelloise d’origine roumaine, Iocasta Huppen, est une « haïjin », personne qui écrit des haïkus, art dans lequel elle excelle particulièrement, elle a déjà publié plusieurs recueils dont j’ai eu l’opportunité d’en lire et commenter quelques-uns. Ce présent opus est magnifiquement illustré par Justine GURY avec des fleurs, des oiseaux, des feuillages et autres végétaux ou motifs divers peints avec des couleurs à la fois chatoyantes et douces qui s’accordent particulièrement bien avec le ton du texte de Iocasta. Dans ces poèmes, celle-ci raconte ses vacances dans le Limousin en explorant, comme elle le précise, sept genres poétiques différents en dehors des quelques passages écrites en prose pour relier différentes parties du texte :
- Des poèmes sans rimes,
- Des phrases poétiques,
- De brefs poèmes écrits sur deux, trois ou cinq lignes,
et quatre genres de poèmes d’influence japonaise : des haïkus, des senryus, des tankas et des gogyoshis. Ceux qui voudraient approfondir l’étude de la poésie japonaise pourraient se référer à un précédent ouvrage publié par Iocasta : « Poésie brève d’influence japonaise. Atelier d’écriture et poèmes choisis » édité chez L’Harmattan.
Au cours d’un été particulièrement ensoleillé et chaud, Iocasta a passé ses vacances dans la campagne limousine résidant dans une maison isolée au cœur de prairies luxuriantes. Elle raconte ces vacances en vers comme précisé ci-dessus.
« Le voilà le ciel blanc / Encombré d’une couche de nuages / Derrière laquelle / Le soleil chauffe un peu ».
Les vacances de Iocasta, c’est dans la campagne, au milieu des de la végétation toute en couleur où le vert domine en partageant l’espace avec de petits ou plus gros occupants.
« L’ancien pré, / Une mer de maïs tendre, / Son unique arbre, toujours là / Un îlot pour le regard / Et le ciel de juillet, / Le même aussi. ».
Elle est un peu écologiste, elle aime la nature et ses occupants et regrette le temps du circuit ultra court où l’on se nourrissait directement à la source nourricière ;
« Il est grand temps / De cueillir les pommes / Directement aux arbres, / Comme avant. »
La campagne, c’est aussi savoir, comme Iocasta, s’émerveiller des petites choses de la vie en en supportant aussi les inconvénients, la présence d’autres occupants notamment. C’est se laisser gagner par la quiétude ambiante, sombrer dans une paisible sérénité, oublier tout ce qui va trop vite, crie trop fort, frappe trop dur dans notre monde citadin.
« L’accumulation / D’instants / De joies / Mène à / Un moment / De bonheur / … »
Mais la campagne c’est aussi l’exercice, l’exploration, la découverte…
« Un beau jour, / Nous voici partis / A avaler des kilomètres à pied / Dans le Limousin / … »
Iocasta, elle nous donnerait vraiment envie de partager ses vacances dans sa campagne limousine en lisant de la poésie d’influence japonaise !
Le recueil sur le site de l’éditeur
Haïkus d’entre-saisons
Iocasta Huppen
Editions Stellamaris

En août dernier, j’ai laissé Iocasta, « haïjin », personne qui écrit des haïkus, bruxelloise d’origine roumaine, dans un très joli recueil de poésie d’inspiration japonaise magnifiquement illustré de dessins aux couleurs chatoyantes par Justine Gury. Dans ce recueil, elle racontait ses vacances dans le Limousin ; avec ce nouvel opus que je vous propose aujourd’hui, elle parcourt les quatre saisons d’une année à travers des haïkus présentés sur deux ou trois lignes. En exergue à ce recueil, elle déclare qu’« il n’y a pas meilleur moment pour philosopher qu’entre deux -saisons ». J’ai donc mis mes yeux dans ces vers pour découvrir ces espaces temps, ces entre-saisons, où l’on philosophe si aisément. J’ai ainsi découvert les solstices et équinoxes tels qu’elle les décrit :
« Solstice d’hiver – / un reste de soleil / baigne dans la mer »,
« De la lumière / sur les feuilles tendres – / équinoxe de printemps »,
« Premier orage et / une pluie de fleurs d’acacia – / solstice d’été »,
« Du miel / sur la tartine du matin – / équinoxe d’automne ».
Iocasta met en scène les haïkus de ce recueil sur du papier aux couleurs pastel d’un tendre marbré avec des caractère qui évoquent l’écriture manuelle. L’éditeur et l’imprimeur ont réalisé un joli travail de mise en valeur des textes, chaque page est divisée verticalement en deux parties, sur la gauche de chacune, ils ont inscrit verticalement un haïkus avec des caractères majuscules qui ressemblent un peu à des kanjis asiatiques et sur la partie droite, ils ont imprimé le même haïku mais avec la police de caractères évoquant l’écriture manuelle. Ce recueil est donc aussi un très bel objet littéraire qui peut devenir un bien joli cadeau.
Pour chaque saison, j’ai retenu un haïku qui se rapporte bien à la saison à laquelle il est affecté :
Hiver : « A moitié / la lune de février – / premiers bourgeons »,
Printemps : « D’un peu de pluie / l’oiseau allège ses ailes – / premiers rayons »,
Eté : « Fin des moissons – / attirées par les chaumes / quelques barnaches »,
Automne : « Nuits d’automne – / les au revoir s’éternisent / sur le pied de la porte ».
Ainsi Iocasta effeuille avec douceur et tendresse l’éphéméride de l’année en haïkus qui ornent joliment les pages de ce recueil et évoquent des temps iréniques et paisibles où la vie est douce. Une petite cure de bonne humeur et de quiétude pour parcourir une nouvelle année sans stress inutile.
Le recueil sur le site de l’éditeur