
Ombres et lumières est un recueil composé de onze courts chapitres (Ombres, Portrait sans visage, Le compagnon de route…), chacun introduit par une belle encre du peintre poète. Les sections sont constituées de poèmes en prose et en vers constituant une épopée spirituelle et existentielle ayant pour quête la lumière, l’énigme de l’univers, l’adéquation de l’être avec le cosmos. C’est un voyage initiatique où le poète donne de sa personne : son corps et son âme sont mises à contribution, parties prenantes du périple.
La belle préface est signée Giovanni Dotoli qui écrit, entre autres mots : « Le langage de Salvatore Gucciardo certifie notre essence, notre antériorité ancestrale, notre monde archétypal. […] La poésie se fait interrogation et ontologie de ce qui est, lampe sur le centre, respiration par l’univers. Son feu incendie toute scorie et se fait dévoilement. Salvatore Gucciardo dévoile et incendie, illumine et épure, va vers la pureté de l’être. »
C’est par la prise de conscience de sa condition, par les épreuves traversées, les rites accomplis, les beautés circonscrites que le poète accède à la lumière, à une sorte de fusion de la vue et du verbe, du dehors et du dedans, de la peinture et de la poésie.
On trouve tout du long des phrases qui sont comme des balises dans ce voyage initiatique.
Je me nourrissais de fables
Il m’arrive parfois de converser avec des oiseaux nocturnes.
Je porte en moi la mystique du monde.
Nous représentons l’histoire de l’humanité.
Toute l’harmonie du monde est en toi.
Chaque image de l’homme est une anthologie.
Et cet apophtegme en deux temps qui convoque Chronos et Apollon.
Il ne faut pas combattre le temps. Il faut chevaucher la lumière.
Cet ouvrage est aussi le reflet de l’aventure d’une vie vouée à l’art et à la poésie dans ce qu’elle a de transcendantal, d’ontologique, de rapport à l’être et au temps.
Un beau livre pour se mettre au diapason d’un artiste qui s’exprime autant par la poésie que par la peinture ou le dessin.
Salvatore Gucciardo, Ombres et lumières, L’Harmattan, 2019, 116 p., 20 €.
Le livre sur le site des Editions L’Harmattan

L’Aube de cristal est une pièce poétique composé de 12 actes : L’aube céleste, Naissance, Le feu d’artifice, Astres flamboyants, L’étreinte…, principalement écrite en prose avec quelques échappées en vers, qui s’ouvre ainsi :
« A l’aube de cristal, la multiplication des ondes s’étend sur les espaces en friche. La goutte d’eau s’infiltre dans le cercle de la glaise pour se glisser dans la vulve terrestre. »
Comme l’analyse avec bonheur Elisabeta Bogatan dansla préface, « le poète entrevoit (…] le moment premier de la création, celui où l’eau se combine avec la glaise, pour créer la vie, l’être, par le pouvoir de la lumière. »
Son carnet de bord cosmique est ponctué de lettres ardentes, en Don Quichotte des temps modernes, à sa très chère dulcinée, son astre adoré, sa perle azurée, sa bien-aimée, son doux soleil… Il s’adresse à l’être qui le complète, de laquelle il tire sa force et grâce à qui il compte réifier le monde pour un avenir de la Terre et de l’humanité plus en harmonie avec les énergie en présence, en aspirant à une fin de l’obscurantisme (« La nuit obsède l’homme ») tout en se demandant Quand finira-t-elle / La Nuit / De l’homme ? Pour ce faire, il fera appel à une licorne, à l’arbre alchimique…
Le narrateur appelle à « la métamorphose de l’être », à ce que toute la puissance de l’univers » concoure à « l’éblouissement de l’espérance ».
L’acte 12, intitulé L’offrande, peut se lire à la lumière du conflit qui fait rage aux portes de l’Europe là où notamment il est écrit : « J’ai offert, tout l’or du monde, tous les joyaux de la terre aux guerriers de l’apocalypse, afin qu’ils n’entament pas le chant de guerre. Je les ai suppliés de ne pas déployer les ailes du champignon nucléaire. »
Comme l’écrit Michel Bénard dans la postface, « le peintre-poète se confond à cette grande éclosion, à cette folle germination, à ce souffle d’énergie universelle ». Sa vision, écrit-il encore, est celle d’une sorte de « démiurge » ou de « thaumaturge » : il joue avec sa vie le sort de l’humanité.
Au dernier acte, intitulé Le Sage, comme l’écrit Elisabeta Bogatan, y voit « une illustration du mythe de l’éternel retour, avec ce retour au temps de la création, de la genèse, dans un illo tempore, le temps des commencements »… telle une aube nouvelle, désormais pure et éclatante comme le cristal, destinée à établir le Jour nouveau sur une base solide et intemporelle.
Salvatore Gucciardo, L’aube de cristal, Ed. des Poètes français, 2021, 61 p., 15 €.
L’ouvrage recensé par Michel Bénard sur le site de la Société des Poètes français
Le site de Salvatore GUCCIARDO
Dans le cadre des activités qui se dérouleront autour de la Journée mondiale de diversité culturelle pour le dialogue et le développement à la Bibliothèque Marguerite Yourcenar de Marchienne-au-Pont (Place du Perron, 38), Salvatore Gucciardo exposera des oeuvres du 18 mais au 22 juin sous le titre L’Un et le Multiple.
Lors du vernissage, le 18 mai à 18 h 30, je présenterai ces deux ouvrages en présence de Salvatore Gucciardo. Les lectures seront assurées par Serge Budahazi.

Toutes les informations sur les activités du week-end du 21 mai sont ici