LA FABRIQUE DES MÉTIERS – 122. FAUCHEUR DE TOUR


Parfois les tours, allant par deux, comme qui dirait jumelles, s’érigent de façon arrogante dans un rectangle de ciel étoilé strié de bandes rouges et blanches, narguant le monde non occidental, les religions non émancipées, les futurs conspirateurs, les allergiques aux vaccins et à la science comme aux films catastrophes des années septante, ne supportant pas les caricatures de leur gourou, et l’envie bien légitime de les faire s’effondrer est plus forte que toute éthique primaire.

Les faucheurs ont plus d’un tour d’avion dans leur sac de bord. Ils sont spécialistes du self control et possèdent un sens de l’organisation hors du commun des mortels.

Les faucheurs de tour produisent du spectacle haut de gamme avec des chutes vertigineuses, et de la pyrotechnie, tel qu’on a pu en cauchemarder dans nos nuits les plus rocambolesques. On ne peut qu’applaudir au spectacle de tant de haine et louer la performance technique, moins la couleur, car tout a vite viré au gris poussière. Toute entreprise du spectacle a ses aléas et ses alléluias, comme aurait dit un Debord débordé par son sujet.

Enfin des terroristes qui innovent, et non des extrémiste qui radotent, se contentant de détourner des avions sur des aires désertes, pour ensuite menacer de faire exploser l’appareil et ses passagers, ce qui conduit souvent à un fiasco : l’intervention manu militari des polices spéciales, aux effectifs super entraînés depuis leur berceau, puis, face à un tel scénario, des défections nombreuses chez leurs partisans qui résilient leur abonnement à la cause terroriste internationale et sa maison fondatrice au Moyen-Orient.

Ces actions conduisent en réponse à des réactions forcément inappropriées chez le dirigeant défait, humilié, de fond de classe maternelle, qui, en retour, frappera là où ses intérêts et ceux de sa faction et de ses industries porteuses le portent, provoquant le chaos dans le monde pour deux décennies au moins mais tout profit pour les faucheurs de tours et leurs adeptes qui se frotteront leurs mains pleines déjà du sang des sauteurs dans le vide ou des occupants de ces tours qui côtoyaient les étoiles la nuit et qui aujourd’hui sont au ras des caniveaux voie plus bas que terre.

Une fois de plus, faisant fi de la morale commune, LA FABRIQUE DES MÉTIERS, au bord du gouffre financier, sans les subsides promis par le secrétaire d’Etat à la Relance des Entreprises de formation, proposera une formation de faucheur de tours, proposant des cours de cartographie, de résistance des matériaux et d’aviation de premier biplan, en promettant maux et vermeilles aux apprenants, comme dix mille écoutes d’Angèle & Adèle (enfin, des stars aux prénoms en aile !) en récompense de leurs hauts méfaits et un statut de religion star ; quant aux autres, les derniers de classe, n’ayant pas bien appris le maniement de leur ceinture d’explosifs, ils retrouveront au centre de vils procès, confinés comme des animaux de cirque dans des box ultrasécurisés, sans le secours une assistance juridique du tonnerre, au cours de procès interminables qui se tiendront bien un jour, quelque part dans le metavers.*

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*Cette phrase a concouru pour le prix de « La plus longue phrase dont on se rappelle encore le premier mot », organisé par Marcelin Proust, l’arrière petit cousin du romancier (elle a obtenu la 118ème place sur 127 participants).


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