
La phrase qui débute dans l’aphorisme fait voeu de brièveté.
Le cou rage de supporter une tête aussi folle.
Le faux pli prie mais ne croit plus au défroissement du monde.
Au fond de la nuit, le soleil reprend des couleurs.
Le chien de nuit ne résiste pas à l’appel de l’aube.
Au front de la nuit s’accroche une chevelure d’étoiles.
Une nuit d’insomnie peut vous transformer un songe-creux en un obstiné rêveur.
Certains murs de points d’exclamation vous enlèvent toute envie de lire plus avant.
Celui qui maîtrise le vent garde les moulins au sec.
À l’horizon de ma vie intérieure, j’aperçois mon voisin qui vient sonner à ma porte…
Fermeture de lèvres pour cause d’inventaire de baisers.

Le lanceur de fourchettes vise un bon repas.
Au festin de ton corps, entre les amuse-bouches et le dessert, j’ai le temps de te manger cent fois.
L’oiseau du baiser finit toujours par s’envoler de son nid de lèvres.
Avec la monnaie du jour, dépenser sa nuit en rêves ruineux.
Séjourner des heures durant au pays de la soif ; partir avant la faim.
Mon pas s’accorde au tien, papa, et, quand il y a dysharmonie, je tombe avant que tu ne meures.
Avant d’apercevoir la tombée du jour, il faut gravir la pente de midi.
Dans le cadre de la fête de la puce magique, des milliers de chiens se gratteront.
Au vacarme de ma musique intérieure, je préfère le chant d’un oiseau.
Poire ou coing-figue, il faut choisir.

Il ne faut pas s’arrêter de lire d’un coup mais par petites phrases.
Ma traque se termine quand le policier s’aperçoit qu’il a perdu son instrument de frappe.
Dans l’histoire linéaire de cette phrase on chercherait en vain le moindre signe de révolution.
Au bout des points de suspension t’attend une autre phrase…
Suppose un couteau amoureux d’une fourchette au bord d’un chemin de table avant le repas puis, après leurs ébats dans l’assiette, l’obligation dans laquelle ils sont de cohabiter dans le compartiment étroit et crasseux du lave-vaisselle…
Je bourgeonne, tu éclos à peine, il se flétrit, elle fane, nous pourrissons lentement ensemble, vous venez de mourir, ils jouissent encore de la vie.
Je n’ai pas le cou d’une victime ni toile bras d’un bourreau; pourtant comme j’aime ta main qui tient si fermement la hache.
Elle me foule du pied et je voudrais être tout le temps son chemin.
Les fleurs nyctalopes voient-elles les bouquets de fantômes ?

Un coup de désordre jamais n’abolira le bazar.
Quand je fais la planche à repasser sur le chemin de fer, une manne de trains froissés m’attend à la gare de pliage.
Toutes les reines-claudes du monde ne vaudront jamais un haricot princesse !
La vie bien rangée de la nuit se passe à dérouler des rêves informes.
À mes lèvres, tu peux passer la langue quand tu veux.
Au matin, je ne cherche pas à décrypter mes rêves, j’ai déjà bien du mal à mettre en route la machine à café.
Le crachat de la femme aimée est un soufflant baiser.
Les chauves ont tous les peignes du monde pour s’imaginer hirsutes.
Quand sur tes lèvres arrive une larme, savoure le goût ton chagrin !
Les virgules sont les dos d’âne de la phrase, le point final un signal stop mais la route continue…
E.A.
