Chaque année, on dénombre pour la seule francophonie environ 2500 erreurs éditoriales. C’est beaucoup trop, estime Elvire Litoux, la présidente de l’Association des Lecteurs Francophones, qui cite des cas de grave dépression chez des lecteurs, et, même, le suicide collectif d’un groupe de lecture monégasque, ayant été victimes de plusieurs erreurs éditoriales. Et combien d’auteurs et d’éditeurs restés impunis.
Même une médication de livres classiques à forte dose et de l’ASMR à base de bruits de tournage de pages n’a pas pu récupérer les malheureux : ils sont devenus commentateurs de twitterature et de facebookerature.
Il faut toutefois tempérer ce chiffre par région, a précisé Elvire Litoux. Pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, cela touche au plus trois publications.
La présidente signale, sans citer les éditeurs et auteurs ripoux, les trop nombreux cas où le produit ne correspond pas à sa qualification, à la liste des ingrédients mentionnés en quatrième de couverture, sans compter le nombre des photos d’auteurs périmées (datant parfois d’un temps où ils ne pensaient pas encore à écrire).
Ainsi, madame Litoux et les membres de son comité d’éthique ont pu observer dans les livres ou recueils incriminés des poèmes sans poésie, des phrases rebattues cataloguées aphorismes d’origine contrôlée, des scènes de ménage et de balai sans dramaturgie, des thrillers sans leurre ni pétoche, des contes light lourds, des essais sans idées, des polars wallons sans gilles ni bières trappistes, des livres humoristiques à pleurer, des romans de littérature générale sans général ni même un caporal chef à la commande, des textes oulipiens sans potentiel, des contes animaliers bêtes et bêlants, des sonnets sans sonnette, des haïkus sans kigo, jusqu’à des pantoums sans un idiome malais.
Contacté par nos soins, Robert Frédéric, le nouveau ministre de la multilibéralité littéraire (en circuit court), s’est dit ému par l’ampleur de la situation, qu’il découvrait. Trois publications malheureuses, c’est beaucoup plus que ce qu’un internaute abreuvé de posts festifs, de photos de ses proches sur la route des vacances ou en train de lire dans un plat de nourriture pour cosmonaute belge l’avenir de la littérature astronomique, peut supporter.
Le ministre a ensuite improvisé (il a été président de la ligue d’improvisation politique) un paquet de mesures qu’il fera voter à l’assemblée par son groupe folklorique.
Un groupe d’experts indépendants par genre littéraire sera mis sur pied, a-t-il déclaré. Tout texte en vue d’être publié devra obtenir leur approbation. Les éditeurs et directeurs de collection agréés seront de plus tenus à un programme de formation continue sur la littérature, de ses origines à nos tablettes et mobiles, donné par des lecteurs avisés, à La Fabrique des Métiers, l’opérateur de formation de référence en francophonie.
Les ateliers d’écriture seront mieux contrôlés afin qu’aucun livre paria ne soit utilisé à des fins de (ré)création littéraire.
Tout critique pris la main de le sac de la corruption recevra un double lot de livres à recenser dans un temps deux fois plus court sans compter que ses émoluments seront divisés par quatre.
Grâce à ces mesures, Robert Frédéric espère bien que les erreurs éditoriales ne seront plus qu’un vilain souvenir et que la littérature francophone belge ne se verra plus entachée d’aucune irrégularité.
Après l’interview, le ministre a invité par texto Elvire Litoux à le rejoindre pour la soirée spéciale organisée par son cousin André, en présence du nouveau bureau politique du parlement wallon et du secrétaire général, dans un prestigieux restaurant gastronomique de la capitale wallonne en présence d’un DJ régionalement connu pour fêter l’An neuf, lavé de toutes les erreurs passées.