Le recueil de Gaëtan FAUCER paru au Cactus Inébranlable rassemble une belle floraison (près de 700) de ses aphorismes qui puisent à tous les domaines de la vie publique ou privée car l’auteur est un boulimique de l’existence et des arts. Comme l’éditeur l’indique en quatrième de couverture à propos de sa féconde écriture d’aphorismes : « Ça fuse, ça explose et surtout, comme il vise bien, ça fait mouche. »
Dramaturge, poète, auteur d’aphorismes et de nouvelles, raconteur de personnalités du monde des arts et du spectacle, il fait jeu de toute forme d’écriture pour dispenser ses flèches et saillies comme ses maximes.
Comme je le signalais précédemment, Faucer s’inscrit dans la lignée des moralistes français qui dispensent par la bande des observations sur la nature et le sens de la vie.
S’il y a chez lui un côté moraliste, on trouve aussi de nombreuses traces de l’immoraliste, qui pique, provoque, secoue… En tant que dramaturge, c’est le sens de la réplique qui l’anime et de la mise en saynètes, qui lui fait tirer leçon et matière à rire du spectacle de l’existence.
Dans ce va-et-vient entre sagesse et impertinence se noue un dialogue subtil où l’écrivain se déplace du côté cour au côté jardin en rendant le spectateur complice des sentences dispensées.
Les thèmes le plus souvent évoqués ressortissent de sa pratique du monde théâtral, de son amour du beau sexe, de la bonne chère et de son intérêt pour le monde animal. Il se plaît aussi à détourner des faits de la grande histoire, à croquer les ridicules des hommes et femmes de toutes les époques.. On trouve aussi des brèves d’hôpitaux, sans doute glanées sur son lieu de travail, et des végâneries. Le questionnement sur la façon de raconter, de démêler le vrai du faux, la problématique de la justesse et de la justice comme son attachement aux libertés courent tout le long de ce recueil pétillant d’humour et d’intelligence.
SELECTION d’aphorismes
Au théâtre, le public aime les pièces à conviction.
Quand le roi n’a plus rien, il a de quoi être déchu.
Les yachts sont des navires de fortune.
Pour renouveler la littérature, faudrait remettre les conteurs à zéro.
Dire que les tragédiens ont connu les premiers souffleurs de vers.
Ne jamais jouer au casino avec un dé faux.
Le chaud lapin court plusieurs lèvres à la fois.
Un seul être ne like pas, et tout est dépeuplé.
Dans mon bureau, je passe tous les jours l’inspirateur.
L’Ukraine… et sa politique de l’hôte russe.
Je viens faire un vaccin contre l’épithète C. (in Maux d’hôpitaux)
Le comédien est quelquefois un bon menteur en scène.
Au musée, certains tableaux passent inaperçus, ce sont les toiles filantes.
Pour l’artiste, la gratuité est souvent le prix à payer.
Aux USA, après trois heures de route, t’es souvent dans le même état.
Le bon professeur n’est pas forcément un donneur de leçon.
Gaëtan FAUCER, Le hasard arrive toujours à l’improviste, Cactus Inébranlable, coll. P’tit Cactus, 2021, collage de couverture: [A l’arrache], 75 p., 10€.
Le recueil (en savoir plus & commande) sur le site du Cactus Inébranlable