L’ÉLASTIQUE PRÉFÉRÉE

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Je l’ai trouvée autour d’un paquet de frites emballé, belle élastique vert bouteille à la ligne élancée, d’une rare résistance. Elle ne me quittait plus, me servait à tout. Elle tournoyait autour de mes poignets ou de mes doigts quand je ne l’utilisais pas en guise d’anneau pénien. Je la baisais, suçotais, mâchouillais et ce qui devait arriver arriva : un jour, je l’avalai.

J’ai bien tenté de me faire vomir mais elle a dû trouver refuge dans mon système digestif pour résister autant à mes efforts de l’y soustraire. Depuis plusieurs jours, il faut dire, elle ne supportait plus de se faire tirer. Je la sentais distante et lâche ; elle m’avait pris en grippe comme quand l’amour lâche : elle avait filé doux.

L’idée que je l’ai peut-être expulsée sous forme de matière fécale me lamente, me hérisse, me rend dur, constipé. Je l’imagine toujours courir en moi, relier des organes essentiels, séparés par des distances indues.

Quand je suis un peu tendu, je me dis que c’est elle qui se rappelle à mon souvenir et je suis ému jusqu’aux larmes à l’idée de nos amours roides.

LE PLUS BEAU NEZ DE LA TERRE

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Possédant une déjà enviable collection de nez, un amateur apprit qu’un tarin d’une rare beauté se baladait quelque part près de la ville de Kachgar, au pied des montagnes du Tian Shan. Traversant monts et déserts, crêtes et creux, pics et ravins, visages sans attraits et traits sans beauté, au prix de mille déconvenues, il parvint face à ce renifloir tant vanté, à juste pif.

L’ayant contemplé, mesuré, jaugé, photographié sous tous les angles, il proposa le deal qui généralement était accepté par les involontaires propriétaires des plus fins nez. Cette fois, la femme, par ailleurs d’une extrême laideur, qui jouait par ailleurs admirablement bien de la flûte à nez, n’accepta pas la somme offerte en plus d’une magnifique prothèse reproduisant à la perfection le blair insigne, sa seule richesse. Car son plus grand bien lui conférait dans son village le statut d’une princesse, d’une reine de beauté. Il se disait même que lors des actions de grâce rendues à son nez, en mars, au moment de l’éclosion des plus vives senteurs, la jeune femme atteignait des états extatiques, qui faisaient s’écouler de ses narines une morve d’or. Bien que notre homme fût âpre en affaire, tel qu’un collectionneur se doit de l’être, elle refusa la transaction.

Résolu au pire, il épousa la joueuse de flûte et tire désormais les vers inspirés par le nez de même que d’autres bénéfices qu’il n’appartient pas ici de révéler, en faisant toutefois abstraction, dans ce cas de figure, de tout ce à quoi l’appendice précieux est rattaché.