Chacun court le risque sérieux de croire en Dieu (A.Chavée)
Le plus étonnant, ce furent les témoignages de ceux qui L’avaient vu (43%), étaient persuadés de L’avoir entendu (58%), de Lui avoir parlé (23% dont 19% sur leur portable), de Lui avoir écrit (17%, dont 12 % quand même déclarant avoir échangé des sms avec Lui), d’avoir été en vacances avec Lui (3%), d’avoir dormi dans le même sac de couchage (1,2%), de repasser Ses effets (0,04%), de Lui avoir donné de l’argent (1,5%), de lui devoir de l’argent (0,5%), de travailler pour Lui (17% dont 83% dans l’industrie du sexe). Certains (pas forcément des prêtres) disaient vivre avec Lui et faisaient donc partie de toutes les catégories.
La plupart attendaient toujours une preuve de Dieu. Les preuves de vie des otages des Farc étant, il faut le dire, infiniment supérieures, à celles de Dieu… Dieu est discret, dirons-nous, ou alors il chausse des Ray Ban. Enfin, j’eus quelques témoignages de croyants sincères mais pas un seul de prêtre. On ne demande pas à un postier d’aimer poster, à un métallo d’aimer sa coulée, un gille d’aimer les oranges, ni à une femme de mauvaise vie d’aimer son existence…
Le pape (enfin un certain Joseph R.) posta un commentaire sur mon blogue, il demandait où il pouvait avoir accès incognito à un distributeur de préservatifs car, disait-il, dans un mauvais allemand truffé d’italien et de latin de messe (que je peinai à décrypter, je dois l’avouer), son entourage immédiat lui dépeignait l’objet comme un mini-parapluie laissant tomber la semence sur les côtés et peu efficace, à ses dires. De plus son ordinateur particulier, le Saint PC, avait depuis longtemps été expurgé de toute image libidineuse.
A la fin, je voyais Dieu partout: quand on frappait à la porte, quand mon GSM sonnait, je pensais que c’était Lui ; quand j’ouvrais mon portable, une grande lumière m’envahissait etc. Le plus difficile, c’était d’imaginer mon intérieur dans vingt ou trente ans parcouru par des groupes de pélerins venu se recueillir sur les lieux de mes nombreuses apparitions validées à 100 % par l’Eglise.
Je déconnectai au bon moment ! Encore un peu et je serais entré dans les ordres au monastère de mon village où je me serais occupé du cyber espace marketing consacré à la vente des fromages et des bières. Aussitôt après, j’ai ouvert un blogue consacré au Dalaï Lama, mais quand je me suis senti léviter au-dessus du four à micro ondes, je me suis dit que la spiritualité de masse ne me valait rien et j’ai fait une retraite bien méritée au fond de ma cave à vin. Où, soit dit en passant, je retrouvai quelques traces de Dieu (d’un vilain vert) mais qui ne m’importunèrent pas longtemps, je vous rassure.