Le feu. On ne devrait pas le mettre entre toutes les mains, entre toutes les langues. Le feu produit des flammes et laisse des cloques. Puis les cendres recouvrent tout. Pour retrouver un semblant de chair douce, un peu humide, il faut puiser loin. Y mettre tout le bras. Du sien. Patauger pendant des heures parmi la fumée et les odeurs de roussi. Et, même ainsi, après tant d’efforts, de recherches, on peut ne jamais retrouver le goût de vivre.
Catégorie : L’enfer du possible
Une joie sans pareille
D’un tel ou d’une telle se réjouissant d’avoir lu un livre rare, d’avoir découvert un auteur, un style qui lui a procuré, semble-t-il, une joie sans pareille, nous avons tendance à penser qu’il jouit de la vie d’une façon restrictive, qu’il pourrait user de son temps autrement, profiter de l’existence de bien meilleure façon même si, à vrai dire, nous ne savons pas bien comment, et où diriger nos actions, nos plaisirs. Car, à l’instar de cet excessif, nous aspirons bien vite à nous replonger dans la lecture de cet auteur que nous relisons ou découvrons et qui nous donne, il nous faut bien le reconnaître, une joie sans pareille.
Soap & skin
Ma peau ressemble à la tienne. Au milieu de nulle part, elle appelle. Elle repère. Elle se repore. Elle tend ses filets. Elle a soif de rien, de petites choses. Elle se baignerait volontiers dans le vin si l’air était aux raisins, dans le bain si l’air était balnéaire, dans un refrain si l’air était à la chanson. En attendant le savon.
L’eau qui bout
L’eau qui bout, à des fins heureuses (pour accueillir un sachet de thé, une patate douce, un légume nu) ou funestes (pour ébouillanter, napper de feu, chauffer les tympans) s’exprime au maximum de ses possibilités. Elle ne peut aller au-delà de son effort, au risque de se désagréger, de perdre en puissance et en volume. Si elle appelle, si elle crie ainsi, c’est pour qu’on la délivre d’une agonie qui prend momentanément la forme d’une petite mort.