On peut préférer les hurlements du rock à Bach, ou les convulsions d’un chanteur pop à Mozart. Ce n’est pas mon cas, et c’est pourquoi j’aime Lisa. Pour la dixième fois, j’écoute et je regarde avec elle Glenn Gould jouant les Variations pour piano, opus 27 de Webern. C’est sublime d’intensité percutée, les notes sont enfin plus que des notes, chaque note en vaut dix, la droite et la gauche échangent leurs places, pas de mélodie, une harmonie surgie de la vitesse pure. La pensée tombe à pic sur un clavier renversé.
Gould a de très longues mains qui, soudain, avec leurs doigts effilés, mesurent deux mètres. Il a un drôle de geste hiératique pour souligner une brève interruption, il tend le bras gauche en avant, paume ouverte. À ce moment-là, il a l’air de sortir d’un tombeau égyptien de la 18e dynastie. Il pousse un mur d’air loin devant lui, dans l’avenir du son. Personne ne semble s’être rendu compte que Webern (grand admirateur de Bach) composait de la musique sacrée. Des hymnes pour dieux grecs, oiseaux libres.
Les Variations ont été écrites en 1935-1936. L’enregistrement filmé de Gould, en 1974, dure 5 minutes 12 secondes. C’est un long concert en profondeur. Anton von Webern est mort en 1945 dans des circonstances mystérieuses. Cet aristocrate autrichien, traité de dégénéré par les nazis et les staliniens, se réfugie dans les Alpes pour échapper aux Russes. Les Américains arrivent, et il sort un soir sur la terrasse de sa maison pour fumer. Un GI le vise et le tue. Il n’est pas coupable, il a cru voir quelque chose de louche, il s’agit d’une regrettable erreur, d’une minuscule bavure dans l’enfer de la Seconde Guerre mondiale. Le soldat meurtrier meurt dix ans plus tard, très déprimé et rongé d’alcool, en disant de temps en temps, en pleurant, à sa femme : « Je n’aurais jamais dû tuer ce type. » Personne ne l’a décoré pour ça, en effet.
Webern aimait citer Hölderlin : « Vivre, c’est défendre une forme. » À quoi pensait-il, ou plutôt qu’entendait-il dans sa tête, ce soir-là, en sortant fumer ? J’aimerais installer un piano pour Lisa dans le temple de L’invisible à Égine. Elle jouerait ces Variations, et la déesse serait là, j’en suis sûr. Gould, à propos de Webern, parle de « vision paradisiaque ». Aucun doute : comme avec Bach ou Haydn, possédé par la beauté sans pourquoi, sauvage, il est en extase. (Beauté, Philippe Sollers, p. 20-21)
*
Extraits du roman de Sollers « H » sur une partition de Webern. Documents Ivanka Kristeva. Peinture, cahiers théoriques 6/7, printemps 1973 (archives A.G.)
Les variations pour piano dans l’interprétation de Maurizio Pollini
MICHEL MAINIL est né à La Louvière, petite ville de Belgique considérée comme le berceau du surréalisme.
Intéresse tout d’abord par le jazz traditionnel et les big bands (Duke Ellington) il sera « flashé » par John Coltrane et, plus particulièrement, les albums « Blue Train » et « Afro Blue Impression ». Aujourd’hui, les saxophonistes Ralph Moore, Gary Thomas, Eric Alexander et bien d’autres figurent parmi ses influences.
Se produit très tôt au sein de nombreux groupes ou de formations tous styles :
big band, orchestres de variétés, enregistrements studio, petites formations de jazz
traditionnel ou moderne, groupes de salsa, combos de musique africaine, interventions dans des projets théâtraux, poétiques, etc…
Attiré par l’Afrique, il part au Cameroun en 1983 où il se produira dans différents groupes.
S’ouvre à la composition dans les années 80 et enregistre une cinquantaine de musique de scène ou sur supports images.
Leader de différents groupes dont son propre quartet depuis 1998 avec
Alain Rochette (Pno), José Bedeur (Cb), Antoine Cirri (Dms).
Différents projets seront générés par ce quartet, dont les albums :
Water and Other Games, Between the Two Solstices, Reflections in Blue ou
“Spanish Jazz Project” avec Lisa Rosillo (Vcl).
Son nouveau cd vient de sortir: IF YOU MISSED THE BEGINNING…
Le MICHEL MAINIL New Quartet est composé de:
Michel Mainil – saxophone ténor
Peter Hertmans – guitare
Christophe Devisscher – contrebasse
Bruno Castellucci – batterie
L’album comprend neuf morceaux enregistrés au Music Village de Bruxelles entre les 7 et 11 juillet 2015 par Mario Benvenuto et Pierre Alardin.
ELEK BACSIK est un guitariste et violoniste de jazz né à Budapest en 1926 et décédé à Glen Ellyn 1993 aux Etats-Unis. Sa fille vient de lui consacrer une biographie (Elek Bacsik, un homme dans le nuit par Balval Ekel, éd. Jacques Flament, 2015).
Voici une petite sélection de ses enregistrements disponibles sur le net.
Avec Michel Gaudry et Serge Gainsbourg en 1964, chez les parents de celui-ci, pour l’enregistrement d’une émission de la télévision belge.
L’album de 1962
En 1964, pour l’émission Age tendre et tête de bois. Grâce à la méthode d’enregistrement audio de re-recording, Bacsik peut jouer de cinq instruments (contrebasse, batterie, violon et guitares).
En 1963, sur ce titre et tout l’album Gainsbourg confidentiel, un des meilleurs de Gainsbourg
Laetitia
Elek Bacsik signe ici la musique
L’album de 1963
En 1963, sur l’album« Elek Bacsik / Guitar Conceptions » avec Elek Bacsik (g), Maurice Vander (org), Guy Pedersen (b), Daniel Humair (ds)
« Cette chanson est restée inédite jusqu’à la parution en 1998 du pack 2CD « Pour vous … Mes Plus Belles chansons » incluant ce morceau erronément intitulé ‘La fermeture glissière ». Titre probablement enregistré lors des sessions de l’album « 12 nouvelles chansons de Bassiak » (1966) et laissée de côté.
Écrite par Serge Rezvani, alias Bassiak. Avec Elek Bacsik à la guitare et Michel Gaudry à la contrebasse. Arrangements d’Elek Bacsik. »
en 1964 avec Sacha Distel, Boulou Ferré et Baden Powel
Un MOMENT MUSICAL est une pièce de musique généralement courte, pour un seul instrument (WIKIPEDIA)
Franz SCHUBERT (1797-1828) a composé 6 Moments musicaux entre 1823 et 1826
Le moment musical n°3 (Air Russe), allegro moderato, en fa mineur, interprété par David Fray
Le moment musical n°3, Andantino, en la bémol majeur par David Fray
Serge Rachmaninov (1873-1943) a composé 6 moments musicaux en 1896
Le moment musical n°4, presto, en mi mineur par Nikolai Lugansky
Le moment musical N°2, allegretto, en mi bémol mineur, par Nikolai Lugansky
Moritz Moszkowski (Breslau, 1854- Paris, 1925) a écrit 4 moments musicaux
Le moment musical n°2 en fa majeur par Christopher Langdown
D’autres compositeurs ont composé des moments musicaux, comme Jacques Castérède (né en 1925) – 3 moments musicaux d’après Corot -, Krystyna Moszumanska-Nazar (née en 1922 en Pologne) – un moment musical pour violoncelle seul -, Avner Dorman (né en 1975 à Tel Aviv)…
AURELIE CHARNEUX est la fille d’un de nos meilleurs romanciers, Airelle BESSON n’est pas la fille de Philippe, ni de Patrick ni de Luc. L’une joue de la clarinette avec une maîtrise étourdissante dans divers groupes et genres musicaux depuis une dizaine d’années, l’autre est la seule trompettiste de haut niveau dans le domaine du jazz. L’une est belge, l’autre française. Les deux femmes sont aussi compositrices, tombées dès leur plus jeune âge dans la marmite de la musique, et elles sont de la même génération.
Comme Christophe Claro disait récemment de Kate Braverman relativement à certains écrivains américains, cela nous change de certains musiciens masculins…
AURÉLIE CHARNEUX
Parcours subjectif par Aurélie Charneux
Vers 3 ans, je ne peux repartir du Cora sans un nouveau 45 tours chaque semaine, et je passe des après-midis entières à écouter Annie Cordy, Michael Jackson, la Compagnie Créole,… puis les symphonies de Mozart, Beethoven, Peer Gynt, la mer de Debussy,…
A 8 ans, je commence la clarinette, sans trop savoir ce que c’est mais parce que j’en aime le nom et car je suis asthmatique,… A 14 ans, je décideformellement de dédier ma vie à la musique, le début d’une grande passion, je m’enferme pour travailler de longues heures par jour. A 16 ans, j’entre au Conservatoire de Mons avec comme première optique de rentrer dans un orchestre classique.
Vers 18 ans, j’entends pour la première fois de la musique Klezmer, coup de foudre. A 19 ans, je réussis l’examen d’entrée pour les musiques militaires… Je suis heureusement réformée pour asthme. A 20 ans, le hasard de la vie m’emmène à Liège, pour travailler à l’académie de musique de Eupen. Je poursuis mes études au Conservatoire de Liège. A 21 ans, je découvre peu à peu l’improvisation grâce à Michel Massot et Garrett List. Je forme peu à peu des groupes dans lesquels je commence à composer.
Je joue actuellement avec Klezmic Zirkus, que j’ai fondé en 2003, et l’orchestre Vivo! de Garrett List. Je compose également pour ces deux ensembles. Et puis mes 2 duos de coeur : Les Anchoises, juke-box vivant avec Anne Gennen et Odessalavie, klezmer traditionnel avec Silvia Guerra.
Au fil du temps, la musique Klezmer est devenu le moyen d’expression qui me convient le mieux, comme si cette musique faisait partie intégrante de moi. Peu à peu, jouer cette musique est devenu un peu ringard, mais ça je m’en moque! Je ne suis pas juive mais on m’a déjà dit que je « souffle » juif… J’anime depuis quelques années le stage Klezmer à l’académie internationale de Neufchâteau. Klezmic Zirkus a sorti 3 cds chez homerecords.be et a joué beaucoup en Belgique et en Europe. Nous avons eu la chance de jouer une série de concerts avec le clarinettiste newyorkais David Krakauer en octobre 2012.
J’ai aussi joué avec: « L’ensemble « Nouvelles musiques de chambre de Liège », l’ensemble de musique de chambre « Aton », Turlu Tursu, le groupe de musique séfarade « Zohara », la musique improvisée avec Bambeen Grey et Centaurus trio, le spectacle « L’Opéra pompier », le duo Abysses, la compagnie des Passeurs de Rêve, Crac Boum Rue, une dizaine de productions avec l’Opéra Royal de Wallonie, dans « La Cantate de Bissessero » avec le Groupov, un hommage aux victimes du génocide rwandais, une énorme aventure humaine….
Avec Odessalavie(Silvia Guerra à l’accordéon, Lise Borki au chant et à la clarinette)
Avec LES ANCHOISES (Anne Gennen au saxophone baryton + Silvia Guerra au chant) qui fêtaient hier leur cinq ans à l’Aquilone de Liège
Avec l’orchestre VIVO! dans Premier matin, un morceau de sa composition.
Avec KLEZMIC ZIRKUS et David KRAKAUER
AIRELLE BESSON
Airelle Besson est née en 1978. Dès l’âge de quatre ans, la trompette la fascine et elle en commence l’apprentissage trois ans plus tard. Encouragée par son père, elle aborde aussi le violon, rentre au CNR de Paris, participe au stage de Cluny dès ses onze ans. Depuis, elle rencontre beaucoup de jazzmen comme Roger Guérin, François Théberge ou Patrick Villanueva. En 2002, elle obtient le Premier Prix de Jazz au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle se produit dans diverses formations de jazz telles que le « Pandémonium » de François Jeanneau, le « Gros Cube » d’Alban Darche, l’Orchestre National de Jazz, le « Big Band Lumière » de Laurent Cugny., le septet d’Eric Barret, le « Sacre du Tympan » de Fred Pallem ou le « X’tet » de Bruno Reignier.
Airelle Besson a effectué des tournées en Europe, Scandinavie, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique et au Japon. Elle a joué aux côtés de Kenny Werner, Dave Liebman, Riccardo Del Fra, Nelson Veras, John Abercrombie, Rhoda Scott, Gabor Gado, Jean-Christophe Cholet et Daniel Humair. Depuis 2003, elle co-dirige le quintet «Rockingchair» avec Sylvain Rifflet : ensemble ils ont obtenu le Premier Prix de groupe au Concours International de Jazz de La Défense en 2003 où Airelle Besson a reçu aussi les Prix de soliste et de composition. Le quintette a sorti en 2007 son premier album, très applaudi par la critique. La trompettiste a déjà enregistré plus d’une trentaine de disques.
Jimmy Jim sur Les bruits magiques écrit justement : « Troublant. Cette émission voilée, ce phrasé, cette douceur, ce lyrisme pudique, cette délicatesse, cette concision dans le propos. L’espace entre les notes…. Chet ?Non, une jeune femme trentenaire, une lady qui, avec sa trompette, chante le jazz. Elle en côtoie les grands noms, a déjà enregistré une trentaine de disques au sein de nombreuses formations et paraît désormais au grand jour. Un jour clair, baigné d’une lumière et animé d’une brise caressantes, où l’on s’allonge sur le sable pour écouter la mer et regarder le ciel. Dans lequel passe une émotion tout à la fois profonde et légère. »
Madame Butterfly est un opéra de Giacomo Puccini (Lucques, 1858 – Bruxelles, 1924) représenté pour la première fois à La Scala de Milan le 17 février 1904 dont la première représentation sera un échec, on y vit une pâle réplique de La Bohême. Cio-Cio-San, qui est la geisha de 15 ans épousée par un officier américain qui va la délaisser, en japonais signifie Madame Papillon.
Renata Tebaldi (1922-2004)
Renata Scotto (née en 1934)
Maria Callas (1923 – 1977)
Mirella Freni (née en 1935)
Renée Fleming (née en 1959)
Anna Netrebko (née en 1971)
Angela Gheorghiu (née en 1965)
Yng Huang dans l’adaptation cinématographique de Frédéric Mitterand