MON PARTI

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Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.

Charles Péguy, Notre jeunesse (1910)

 

   Le parti m’a fait. Il a introduit sa longue tige idéologique dans le ventre de ma mère porteuse pour déposer sa semence et, dans la foulée des élections suivantes, je suis né. Tel que mon parti m’a fait. Tel, pour ainsi rire, que vous me voyez sur les listes électorales, mes traits en gros plan, au comble de la félicité, et mon corps qu’on devine, membres absents mais néanmoins constitutifs de mon être social. Tout entier dévoué au parti, à son président, à ses statuts, à son programme, à son Électeur. C’est avec quelques doigts d’une main d’un de ces membres que j’ai signé mon adhésion au parti, que je vote et revote sans fin pour mon parti, que je me révolte avec mon parti.

   Je mourrai quand mon parti le voudra car je ne dois mon existence politique, et tout mon être à sa cause dédié, qu’à mon parti. Je vais où mon parti le décide, je viens quand mon parti me désire et me veut. Je crie, je jouis, je n’ai jamais d’aussi bons orgasmes qu’au sein même de mon parti. Tout le monde les voit sur les photos où on me distingue au milieu des militants de mon parti, je ne cache pas mon plaisir car c’est un plaisir public, né du public, fait pour le public. Je suis un être sociable, fait pour autrui et au service d’autrui. Je n’ai pas de moi qui m’appartienne, le meilleur de moi-même appartient au parti. J’ai choisi d’appartenir à mon parti, tel un cabot à son maître, tel un soumis à sa maîtresse, telle une murène à la pourriture. C’est un libre choix de contraintes: quand mon parti gagne, je gagne. Je veux la réussite de mon parti. Je veux le bonheur du parti. Je ne veux pas quitter ce monde avant d’avoir vu le bonheur de mon parti ruisseler sur le monde et le socle des militants heureux et la horde des électeurs ravis. Je partirai le jour que mon parti voudra me voir partir. Je mourrai à moi-même et même si le parti me rejette je mourrai en sachant que c’est la volonté du parti et l’autre partie de moi-même, la partie dévolue au parti, s’éteindra dans un soupir de contentement dirigé vers le seul front serein du parti.

   Le parti m’a fait. Il est libre de mes faits et gestes. De mon sexe et de ma peau. De mon visage pour les photographies (même mes selfies lui sont dédiés car je suis le visage de mon parti) et de mon cerveau pour ses idées. Je m’assois dans les sièges que mon parti a prévus pour moi, je me couche dans les lits des dirigeants qu’elle a choisis pour mon repos et mon plaisir personnel. Je suis au service de mon parti, corps & âme, pieds & poings liés. Je dois mon existence au parti. Je représente le parti, je suis le parti, je vais où le parti me dit d’aller, de faire, et je dis ce que le parti me dit de dire, de taire. Je m’exprime dans les mots mêmes du parti. Je respecte mon parti plus que quiconque, je prie pour mon parti, je pleure pour lui dans la défaite des larmes de sang.

   Les soirs de spleen électoral, je lèche la carte de mon parti, je la promène sur ma peau, je l’arrête là où je veux car c’est la carte de mon parti, elle est aussi faite pour les caresses, les baisers, les marques d’affection, les bavures et les mouillures. Les cartes de parti sont faites pour l’amour, le grand amour, celui qui est aussi fait de débordements et de salissures.

   Le parti m’a fait. Il a introduit sa longue tige idéologique dans le ventre de ma mère porteuse pour déposer sa semence et, dans la foulée des élections suivantes, je suis devenu l’heureux élu. 

 

LES BÂILLEMENTS et autres textes à dormir debout

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Les bâillements

Quand cet homme bâillait, il fallait ouvrir les portes et les fenêtres. Et, même, le jeter dehors. Sinon il se cognait aux murs et aux plafonds. Il risquait de s’endommager.
Quand cet homme bâillait, c’était le signe qu’il faisait rentrer de l’air dans ses poumons, dans toutes les alvéoles de son corps.

C’était le signe qu’il allait s’envoler.

 

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Malmène ton artiste !

Malmène ton artiste, insulte-le, humilie-le ! Ne lui laisse aucun répit! Traite-le  de plan Z, de parasite, de rebut de la société de consommation! (Il se plaindra, il criera au scandale mais ne te laisse pas impressionner!) Reprends le moindre de ses propos, il n’a de toute façon rien à dire, sinon il aurait fait politicien, psychologue, agent de la circulation, directeur des ressources humaines, gestionnaire de réseau ! Abuse de lui, de son temps, de son amour, de ses bras et jambes, qu’enfin il serve à quelque chose ! Qu’il n’ait pour ultime repli, pour dernier recours, pour suprême refuge que son seul art.

 

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Le flocon

Le flocon qui tombe, régulièrement dans sa chute il tourbillonne, il ne sait où aller, où se poser.

Le flocon, cet indécis !

On devrait le tirer comme un canard, le farcir de plomb pour qu’enfin il tombe droit ou se dissolve dans l’air.

Le flocon, cette graine de con !

 

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Des textes disparaissent

À chaque foire du livre, des textes disparaissent, ils ne reviennent pas dans leurs livres, ils filent à l’anglaise, profitant de l’émoi, de l’effet de masse, de la chaleur, de la notoriété ambiante… On ne les revoit jamais. Ils ont compris sans qu’on leur explique. Ils ont réalisé sans qu’on les filme, sans qu’on les scanne. C’est un grand bien, une aubaine pour la littérature de salon : il y a trop de textes qui s’incrustent !

 

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L’ogre

Il se tenait devant moi, la bouche largement ouverte.

Et j’avais pitié, je lui donnais mes doigts à grignoter…

Mais il était insatiable et j’avais pitié.

Je lui donnais mes poignets, mes bras puis mes pieds, mes jambes à bouffer… Mais il était insatiable et j’avais toujours pitié.

Finalement, il se servait tout seul sur ma carcasse. il voyait à mes yeux que j’avais pitié, que j’aurais jusqu’au bout pitié de sa grande faim.

 

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Photos: L’homme qui bâille  (étain – Budapest, Szépmuývészeti Múzeum) de Franz Xaver Messerschmidt

 

JOUR DE GRÈVE

en-greve.jpgARRÊTONS TOUT ! Le travail, le syndicalisme, le Sans Domicile Fixe, le réfugié fiscal, la politique et la connerie, la psychanalyse et le stand-up, la presse d’opinion et les compresses, l’expulsion de étranger et l’éclosion du nouveau-né, les frais de succession et les grands froids, l’économie locale et le marché mondial, la vente de larmes aux fabricants de collyres, l’agriculture intensive et la poussée des cheveux, la tombée du soir et la montée des eaux, les casseurs de burnes et les briseurs de rêve, les noceurs et les bosseurs, les faiseurs de trouble et les faiseuses d’ange, les tests à l’effort et les fautes de main, le massacre des baleines et le veganisme universel, les crimes d’honneur et les griffes sur les carreaux, la poésie rimée et les courants littéraires, le coussin péteur et le bugle d’interieur, le plein emploi et les aides à l’embauche, les boissons pétillantes et l’alcool de prune, la réforme des pensions et les mariages forcés, le temps dans les montres et le sang dans les veines, le rouge et le noir, le gris-gris du quotidien et les ventes d’ânes, le vent sur les plaines et l’argent sur les comptes, la liberté d’expression et la récolte du blé, la haine de l’autre et l’amour du prochain, le cycle de l’eau et la fonte des glaces, le port du voile et la chasse à courre, les concours de miss et le mystère de la foi, les seins siliconés et les contours des yeux, les bourses à l’écriture et la course aux prix, les écrivains en classe et les maîtres étalons, les cônes de cirque et les accidents de la circulation, les soifs de sphères et les faims de pure forme, le Sidaction et les maladies orphelines, la teinture sur ongles et les tatoueurs de sirènes, les parenthèses hantées et les tortures coutumières, le culte de la maternité et les grand-mères débranchées, les couches culottes et la malbouffe, les défilés de lingerie fine et les exercices spirituels, les émissions  de CO2 et les chefs étoilés, l’alun bashing et  l’haleine de book des livres-chanteurs, la guerre des nerfs et le cirque médiatique, le système marchand et les roulements à billes, les roues à aubes et le rouge au front, le passage des saisons et le repassage des petites culottes sales, l’écoute de soi et l’épilation à la cire, les peines de coeur et les maux de foie, le transformisme et la transpiration, le peeling et le peaking, le sucre et la reconstruction d’hymen, le crêpage de chignons et la culture du chicon, la pilule et les statines, le hoquet et les règles, le nez qui coule et la respiration artificielle, le mal de dent et les râles de plaisir, les fuites urinaires et la pluie sur les toiles, la toux et les sirops, le cuir et la bougie, l’ail et l’olive, le thym et le thon, la plume et le poil, le trique et le troc, le stupre et le fiel, la beuh et la weed, les faux-cils et le gros sel, la pipe dans les maisons de retraite et l’onanisme à l’école, les prêts à tempérament et les prix à la consommation, l’art nègre et les expositions de ceintures, les têtes couronnées et les cervelles vides, l’autoflagellation et les toasts à la gelée royale, les prises de bec entre rapaces diurnes et les yeux doux d’hiboux, la mise à l’index des taux de pénétration et l’ouverture entre les orteils, les grandes surfaces et les pertes de poids, les caissières topless et les vendeuses de sextoys, l’allant des Lolitas et les nombrils la boutonnière, la langue de boeuf et les joues de porc, les rabat-joies et les boute-en-train, les traits-tirets et les lignes à haute tension, la littérature jeunesse et le Viagra, la roulette russe et le char d’assaut, le chant choral et la chicorée, l’ondinisme et les peaux de banane, l’écriture automatique et le Diesel, le partage des taches à la naissance et la mise en commun des transports amoureux, le nettoyage des pierres tombales et le chauffage des caveaux, les Anthony Delon et les David Halliday, les Thomas Chedid et les Matthieu Dutronc, les Michel Cyrulnik et les Boris Onfray, les Deed Floyd et les Pink Purple, les Lady Madonna et les Radio Gaga, les Amélie Pancol et les Katherine Nothomb, les Angotlâtres et les Minimoix, les pro-Poutine et les anti-Trump, les opticiens optimistes et les aveugles antisceptiques, les billets d’humeur et les notes de lecture, les tickets to ride et la ride du lion, les mots fléchés et les romans à tiroirs, les nombres ronds et les cercles académiques, les cancers du côlon et les crises de goutte, les captures d’écran et les saisies sur salaire, l’analyse des rêves et la numérologie, les plans de secteur et les points de suspension, les phrases à rallonge et cette énumération… ARRÊTONS-NOUS avant la f 

 

BOUDDHA et autres textes mous

LES MOIGNONS (VII)

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Bouddha

Le Bouddha est un homme-tronc comme les autres. Il a fait le deuil de ses membres, de tout mouvement associé, de préhension comme de déplacement. Il a intégré la notion de mouvement: il roule pour lui-même. On ne verra jamais un Bouddha tracer vers le marchand de journaux, vers son bureau ou le club de fitness. Ayant atteint l’éveil en semblant n’avoir pas dormi mille nuits d’affilée, il semble enraciné dans sa position de lotus jusqu’à la fin des temples. Il sommeille assis, il rêve éveillé. S’il s’élève, ce n’est pas de plus de quelques centimètres du sol. Le Bouddha dort et parle en dormant. Il raconte ses rêves et ses rêves font loi. C’est une sorte d’analyste froid, qui note et empoche. Parfois il jette ses membres à qui en veut. Il rit sous cape en voyant ses adeptes essayer de les saisir au vol, prendre toutes les postures de la lévitation.

Le Bouddha est un homme-tronc comme les autres. Il soigne, il polit ses moignons. Et qu’on ne vienne surtout pas l’empoigner !

 

 

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Les maîtres

Le maître des horloges ne maîtrise pas tous les temps. Le maître des clés s’est fait tromper par une serrure. Le maître des ambassades n’a pas prise sur le pays entier. Le maître du suspense se lasse des intrigues. Le maître des bains ne supporte pas les jacuzzis. Le maître des rires ne supporte pas qu’on s’esclaffe. Le maître des enterrements mourra un jour. Le maître des emportements s’est laissé embarquer par le courant. Le maître des accents porte un chapeau. Le maître des identités ne sait plus qui est qui, qui il est, qui quoi qu’est-ce. Le maître des fentes ne connaît pas toutes ses failles. Le maître des peines d’amour souffre d’infidélité chronique. Le maître des textes n’aime pas celui-ci (qui l’en blâmerait?). Le maître de la conduite sans points n’a pas de suspension.

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Les mers

Il collectionne les mers, il en a des centaines. Des roses, des vertes, des mal peintes, des bien dessinées. Des rondes, des en cube, des très froides, des toutes chaudes, des qui descendent les montagnes, des qui montent au ciel. Des normales qui font des vagues et de l’écume, des spéciales qui font du lait et des légumes comme vaches ou jardins. Des quelconques en forme d’œuf ou de poire, des plus curieuses en forme de coquilles ou d’autos tamponneuses. Des qui piquent ou qui sonnent, des qui font des peluches ou la fine bouche. Des effacées, des extravagantes, des un peu sottes, des carrément givrées. Des grosses, des fines, des puantes, des parfumées. Mais celle qu’il préférait, c’est sa mer noire aux reflets nacrés, celle qu’il prend au petit déjeuner avec des brassées de pain complet léger et des sucres comme des banquises fondant au soleil.

 

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La motte

Quand je pars en exploration dans une motte de beurre, j’en ai pour ma journée. Une motte de beurre, on n’en a jamais fait le tour; il reste toujours quelque chose à découvrir: une pente à descendre, un versant à escalader, un boyau à découvrir, un grain de sel à détailler, une mollesse qui ne ressemble à aucune autre mollesse, un jaune très jaune, un filet zébré tirant étrangement vers le blanc de la crème de lait baratté qui a sa source dans la vache et le fermier qui la  trait avec toute la poigne de l’homme avide de prendre son plaisir là où il s’en trouve. Point à la ligne et retour à la ferme.

 

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Rêver dur

Je fais des rêves durs qui font mal à mes nuits. Je dois avoir un problème de transfert onirique. Je devrais changer mon système d’interprétation des songes. Au matin, j’ai des douleurs de crâne, je peine à réaliser que c’est le jour. Je marche sur des fantasmes.  Je piétine des chimères. J’écrase un ou l’autre cauchemar. J’irréalise, je m’illusionne, j’imagine des rêves mous aux claires formes qui glisseraient de la nuit au jour comme une ombre chère. Je pleure, je crie, je suis malheureux comme une pierre mais rien n’y fait. Je fais toujours des rêves durs comme un calcul sur la tombe d’un aérolithe. Comme un moellon sur la stèle d’un galet. Comme une épave de paquebot sur le cénotaphe d’une baleine.

 

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LES MONTS CHAUVES et autres textes à la hauteur

LES MOIGNONS (VI)

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Les monts chauves

Elle aime les monts chauves chauds, les brûlants du crâne, les pétant-le-feu-par-la pointe et s’écoulant par les tempes. Elle se fait un œuf sur le plat de la tête d’un de ses amants puis, de la langue, lui décrasse l’occiput, tout le front en contournant les yeux vers les pavillons d’oreille pour lui lécher le cérumen fondu puis descendre vers les trous de nez dont elle siphonne la morve séchée. Elle ne supporte pas d’avoir un sourcil fumé sur la langue ni le contact du gluant de l’œil cramoisi. Elle atterrit par mégarde sur les lèvres qui sont déjà roides. Pouah, fait-elle, en crachant un après l’autre les morceaux de blanc d’œuf qui lui restent de son repas sur les cimes. Les coqs à la coque refroidissent plus vite que les poules à la coule après avoir été chauffés à blanc, surtout s’ils plastronnent au sommet d’un volcan, pouffe-t-elle entre ses dents noircies. 

 

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Ce que n’est pas la grammaire

La grammaire n’est pas une dame âgée à la douceur un peu âcre, c’est une jouvencelle au profond décolleté et qui sent la ponctuation.

La grammaire n’est pas une chanson douce, c’est une plage de hard rock avec une envolée de violons virgules.

La grammaire n’est pas une vieille chaussette à passefiler sur un oeuf à repriser, c’est un gant de toilette qui vient d’éponger une peau de pêche en suspension.

La grammaire n’est pas un chien écrasé dans le journal du matin, c’est un fait divers printanier sur le chant exclamatif du pinson.

La grammaire n’est pas une parenthèse oubliée sur un barrissement d’éléphant, c’est une couverture de velours recouvrant le bruit d’un frottement de brins de balais sur le chabada d’une peau de caisse claire.

La grammaire n’est pas que fanfreluches, fifrelins & fleurs de cactus entre deux coquilles, elle est aussi aiguilles de pin, pommes d’api et piqûres d’ivres points de crochet. 

 

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La barbe

La terre se laisse pousser la barbe depuis toujours. Elle fait aujourd’hui la longueur de dix mille circonférences terrestres. Lors d’un prochain refroidissement climatique, elle pourra s’en servir comme d’un lasso pour attraper un astre de feu.

 

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L’étang

Je tends l’étang à la verticale de la raison. Puis j’attends que les poissons du doute tombent. C’est ma technique de pêche aux idées et n’essayez pas de m’en faire changer!

 

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L’homme qui voulait devenir fou

L’homme qui voulait devenir fou de bondage s’éprit d’une femme folle à lier. 

 

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Les citrons

Avec le presse-agrumes, je presse les citrons de tes seins. Tu en prends ombrage et me désigne d’un doigt de pied sévère la vasque à melons, là, à côté du compotier sur lequel j’ai  déposé mon plantureux postérieur.

 

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Souffleur de verre du dimanche

Ce souffleur de verre de la messe du dimanche souffle des vases pieux aux formes catholiques. On les remplit d’eau savonneuse et les enfants du catéchisme lâchent des bulles en forme de Jésus-Marie-Joseph que des tireurs du peloton d’exécution de la messe du dimanche crèvent comme des païens avides de sphères fraîches. Les enfants touchés par les balles adventices donnent leur sang pour l’eucharistie des accidentés de la foi perdant leur croyance à grand flots.

 

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Le cycle

Le sang est dans la neige. La neige est dans le cœur. Le cœur est dans le vent. Le vent est dans le ciel. Le ciel est dans la gorge. La gorge est dans la poule. La poule est dans la fleur. La fleur est dans le fusil. Le fusil est dans le songe. Le songe est dans l’oiseau. L’oiseau est dans l’oeuf. L’oeuf est dans le temps. Le temps est dans l’espoir. L’espoir est dans la mer. La mer est dans le seau.  Le seau est dans le vide. Le vide est dans l’espace. L’espace est dans la vie. La vie est dans le sang.

 

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La disparition de la pensée

La disparition de la pensée eut lieu en plein jour. A l’insu de tous ceux qui m’aimaient malgré ma bêtise.

 

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Au sommet de la montagne

Au sommet de la montagne, il y a une lampe de chevet. Un deltaplane. Un lit à une place. Un tweet de Donald Trump. Un disque de cold wave. Un livre d’opérette. Un texte sans q. Quelque chose pour écrire. Une machette dans la main d’une fille à la langue coupée. Un torero sur un toro. Une mouche froide. Un réfugié suisse. Un alpiniste de paille. Une vache entre deux amis du lait. Une aurore en train de se lever (et qui bâille). Un peu d’eau tombée de la neige (et qui s’est fait mal). Une ballerine aux pieds nus (sur un piedestal). Un chien près de s’envoler. Un permaculteur sur un cheval à bascule. Un bain à bulles. Un tendre mot. Un avilissement. Une planche de salut. Une clé sans porte. Une descente de vessie qui se prépare. Un lanceur d’alerte incendie. Un récupérateur d’échos avec une chambre à air. Une fonte des rêves. Une pipe sans fourneau ni tuyau. Un humoriste au creux de la blague. Un froid de canard. Une moule de Noël. Un fluide glacial. Un début d’aphorisme. Un abcès crevé. Une description sans objet. Un vade-mecum pour spéléologue égaré. Une corde raide et un pendu des hauts-chemins.

 

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+ de Moignons ici 

à suivre…

LES MOIGNONS (V): DE PRÈS, DE LOIN…

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L’école dans les étoiles

Malgré les extraordinaires progrès des engins spatiaux de ramassage scolaire, en cette rentrée 2046, pour se rendre à l’école sur cette étoile entièrement vouée à l’éducation, les étudiants mettaient chaque journée de classe quand même encore trois ans (quand la route n’était pas encombrée).

 

 

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Ascendants atomiques

Quand mon père était encore jeune, il allait cueillir des champignons nucléaires sur l’atoll de Bikini. C’est là qu’il rencontra ma mère qui avait un physique accordé aux maillots deux pièces. Ils mélangèrent leurs nucléons pour former un noyau radioactif. Je n’ai aucun souvenir de mes père et mère emportés très vite par une leucémie express qui ne leur a pas permis de voir pousser le légume que je suis devenu, à la peau mousseuse couverte d’excroissances d’un beau blanc faisant penser à de délicats bolets.

Mais quand je vois les femmes en burkini qui s’accouplent avec des hommes en uniforme et képi sur les plages de nos littorals, je n’ose imaginer l’état de leur descendance…

 

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Je bois

Je bois tout ce qui se boit. Des chutes de gouttière, des cuves de mazout, des piscines d’eau chlorée. Des rivières d’encre, des mers de sable, des coulées de lave brûlante. Je n’arrête pas de boire et de plus en plus. Surtout quand j’ai avalé des planètes et une grosse étoile.

 

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De près, de loin…

Ce peintre voulait rendre la nature au plus près. Mais la nature se rebellait et le refoulait à quinze cents mètres au bas mot de la surface du sol. D’où il ne pouvait plus bien détailler la complexion des fourmis rouges ni des pétales de rose. D’où il peint depuis la nature du ciel et des étoiles, de laquelle il s’est sensiblement rapproché. 

 

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Centre-ville

Une fois le centre-ville vidé de ses occupants, il n’y eut plus qu’à le charger massivement de matière fissile, d’os hautement comestible et d’attirer les chiens, tous les chiens éoliens de la périphérie.

 

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École du soir

Il n’est pas rare de voir cette prof d’analyse de rêve donnant cours dans une école du soir passer la nuit avec un étudiant à vérifier les conclusions de l’une ou l’autre expérimentation onirique pratiquée in vivo.

 

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Briser la glace

Je  déteste les gens qui veulent illico briser la glace. Puis, quand on veut reprendre ses distances, on a toutes les peines du miroir

 

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L’homme qui ne supportait pas les déplacements

L’homme qui ne supportait pas les déplacements ouvrit une agence de voyages.

 

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Des puits et puis après

Les œuvres de cet artiste ne sont faites que de puits. De puits et toujours de puits. C’est un artiste sériel qui cherche la profondeur.

 

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Le ciel des étoiles

– J’aime le ciel des étoiles tatouées de ton dos, dit l’explorateur de la peau.
– J’ai aussi des araignées cachées, dit le corps à moitié découvert.

 

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Une mouche

Je suis une mouche qui s’est posée sur ta bouche, on connaît le refrain. L’air de rien, je me suis introduit à l’intérieur où j’ai eu le temps de me mêler à ta salive, de sentir le contact de tes dents, la douceur de tes gencives… Tout cela a fabriqué les armes de mon massacre.

Et tu rejeté mon cadavre comme un malpropre même si j’ai eu le temps de connaître la force de ton souffle mêlée à ton crachat. Si je t’ai dégoûtée autant c’est parce que tu ne me connaissais pas.

Mais comment aurais-je pu me faire connaître de toi autrement ?

 

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J’AI DES DONS

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J’ai des dons pour la violence, dit l’homme au loup.

J’ai des dons pour l’enfance, dit le loup à l’enfant.

J’ai des dons pour le rire, dit l’enfant au clown.

J’ai des dons pour l’intime, dit le clown à l’artiste.

J’ai des dons pour la notoriété, dit l’artiste à l’homme public.

J’ai des dons pour la comédie, dit l’homme public au comédien.

J’ai des dons pour la solitude, dit le comédien au navigateur solitaire.

J’ai des dons pour l’insularité, dit le navigateur à l’île.

J’ai des dons pour le silence, dit l’île à l’oiseau.

J’ai des dons pour l’immensité, dit l’oiseau à l’étoile.

J’ai des dons pour la lumière, dit l’étoile au visage.

J’ai des dons pour l’histoire, dit le visage au souvenir.

J’ai des dons pour les mathématiques, dit le souvenir au nombre.

J’ai des dons pour la naissance, dit le nombre au nombril.

J’ai des dons pour la réjouissance, dit le nombril à la fête.

J’ai des dons pour le jeu, dit la fête au croupier.

J’ai des dons pour l’accoutumance, dit le croupier à la veine.

J’ai des dons pour le sang, dit la veine au cœur.

J’ai des dons pour la connaissance, dit le cœur au livre.

J’ai des dons pour la vague, dit le livre à la mer.

J’ai des dons pour le sable, dit la mer au désert.

J’ai des dons pour l’isolement, dit le désert au geôlier.

J’ai des dons pour la confession, dit le geôlier au prêtre.

J’ai des dons pour la névrose, dit le prêtre au psychanalyste.

J’ai des dons pour la soumission, dit le psy à la soumise.

J’ai des dons pour le miaulement, dit la soumise au chat.

J’ai des dons pour les liens, dit le chat à l’ami.

J’ai des dons pour l’inconstance, dit l’ami à l’homme politique.

J’ai des dons pour la guerre, dit l’homme politique au militaire.

J’ai des dons pour le hululement, dit le militaire au loup.

J’ai des dons pour l’humanité, dit le loup à l’homme.

  

LES MOIGNONS (IV): LES HONNEURS et autres textes de pacotille

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Les honneurs 

Quel honneur de se faire croquer par un crocodile dans une mare aux canards! Quel honneur de se faire casser par une carrosserie dans un grand prix automobile ! Quel honneur de se faire piquer par un aspic dans un panier de charmeur de serpent ! Quel honneur de se faire grignoter par un rongeur dans une cage à rats ! Quel honneur de se faire bourrer par un bourrin dans un enclos d’ânes ! Quel honneur de se faire découper par un équarisseur dans une chambre froide ! Quel honneur de se faire guillotiner par un gai bourreau dans une révolution de carnaval ! Quel honneur de se faire noyer par une naïade dans un Spa de province ! Quel honneur de se faire toréer par un torero dans une arène au soleil ! Quel honneur de se faire prier par un prieur dans un monastère bénédictin! Quel honneur de se faire plumer par un oiseau de basse-cour dans une cage à poulet ! Quel honneur de se faire introniser à la confrérie des lécheurs d’huiles locales par des gros bonnets aux mains grasses dans une académie de bazar! Quel honneur, je vous le demande?

 

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La croix 

Cette femme n’aimait que les hommes en croix, à en croire ses amants. Elle ne jubilait qu’à les voir crucifiés, avec ou sans clou, à en croire ses amants. Puis elle leur faisait subir mille souffrances et humiliations de son cru, à en croire ses amants. Elle les déposait ensuite de la croix et les consolait dans des scènes dignes des plus émouvantes pietàs, à en croire ses amants. Elle pleurait tant que les hommes au contact de ses joues trempées sur leur poitrine jouissaient comme jamais, à en croire ses amants.  

 

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Un rêve 

Chaque jour, au réveil, depuis bientôt soixante ans, je dépose mon rêve de la nuit précédente sur ma table de chevet. Pour le retravailler au soir venu car je ne le trouve jamais assez beau.

 

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L’arbre à chevaux 

Ce garçon aimait, le soir, après son travail aux écuries, s’allonger sous l’arbre à chevaux.

De les voir se balancer doucement au-dessus de sa tête le faisait rêver à des galopades échevelées, à des chevauchées au galop. Cela le reposait de son boulot de palefrenier.

Quand ils étaient bien mûrs, il en décrochait un et le montait au pas pour commencer, au trop pour finir… Puis il les replaçait sur leurs branches pour les laisser pourrir.

 

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La pire provocation 

Et si la pire provocation était aujourd’hui de fumer du porc à la barbe d’un salafiste végane et vapotant?

 

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Le professeur martyr 

Ce professeur martyr de l’enseignement finit pas obtenir son effigie sur la croix dans le hall de l’établissement catholique où il avait souffert son calvaire d’enseignant

 

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Dans une autre vie 

Dans une autre vie, je t’aurais déshabillée sous la lune. Dans une autre vie, je t’aurais aimée toute la nuit. Dans une autre vie, je me serais couché à tes côtés. Dans une autre vie, j’aurais détaillé chacun de tes grains de beauté. Dans une autre vie, j’aurais baisé tous tes tatouages et leurs alentours. Dans une autre vie, j’aurais retouché tes lèvres avec ma langue. Dans une autre vie, je t’aurais emmenée dans les étoiles. Dans cette vie-ci, je ne sais même pas sortir de mon lit quant le réveil sonne… 

 

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Le bic 

Pendant quatre-vingt-treize ans il avait cherché le bic qui le ferait commencer à écrire… En planant au-dessus de son corps, il l’aperçut enfin à travers un demi-brouillard comateux. C’était le bic du médecin qui s’apprêtait à rédiger son acte de décès.

 

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La fin d’un rêve

Sur cet immeuble trônait un rêve. S’il restait invisible durant le jour, à la la nuit venue, il brillait de tous ses feux. Quand un Airbus 380 en partance pour les Îles le percuta sur le coup de minuit avec ses 525 passagers, le rêve s’en alla en fumée…

 

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Les anecdotes 

Après un échange de propos anodins sur le temps qu’il faisait et l’état de notre société, cette personne me raconta des anecdotes sur son front et sur ses oreilles, sur son nez et sur sa bouche, sur ses bras et sur ses mains. Puis elle m’en conta sur ses seins, qui dataient de son adolescence, et sur son nombril, qui remontaient bien avant. Elle m’en narra une sur son sexe et une autre sur son trou du cul. Elle m’en dit plus d’une sur ses genoux, sur ses cou-de-pied, sur ses deux majeurs et sur son gros orteil droit. Son corps était une mine d’histoires inépuisable, une réserve de micro-récits en puissance…

Après l’avoir écoutée pendant une bonne heure, devant mon silence ébahi, elle me demanda si je n’avais pas une anecdote à raconter. Pour la première fois, elle me regarda à ses pieds et dut bien constater qu’en tant qu’homme-tronc de naissance, ma réserve d’histoires était considérablement diminuée.

 

(à suivre)

LES MOIGNONS (III): LA FEMME-TRONC et autres textes démembrés

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La femme-tronc 

La femme-tronc a ses adeptes. Rien de plus logique, si on y pense. Quand on fait l’amour à une femme pleine de branches, celles-ci nous ennuient plus qu’autre chose. Le houppier, le feuillage, ce n’est pas ce qu’on vise dans la femme. La ramure empêche plus qu’elle ne favorise l’accession à l’essence de la femme, à son fût. Puis la femme-tronc est moins lourde même si elle vaut son pesant d’organes. La femme-tronc est l’avenir de l’homme des bois.

 

 

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Le bouquet 

Je t’ai acheté un bouquet de têtes pressées. Décapitées du matin. Après son travail à l’aube, le bourreau compose des arrangements délicats très appréciés des amoureux fous.

 

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Fous-moi, fouette-moi !

Fous-moi, fouette-moi tant que tu peux, je te veux tout en moi!, lui serinait le roi, nu, à quatre pattes, devant son majordome qui peinait à enfoncer à l’intérieur du royal postérieur quoi que ce fût.
Je ne te plais donc point, lui repartit le roi, l’anus en larme, l’œil injecté d’une vilaine goutte de sang.
Le fion du Petit Prince m’inspire davantage, reconnut le majordome qui toutefois ne désespérait pas de combler pleinement de même son vieux roi ventripotent.

 

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L’attente 

Cet homme attendait le temps à l’abribus depuis une éternité quand un aimable gnome vint lui annoncer que le temps était en grève.

 

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Flûte ! 

Flûte j’ai oublié mon pipeau chez le marchand d’instruments à vent, et maintenant le vent est passé !

 

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Le pélican (à Roland Jaccard) 

J’ai un bec de pélican, je plonge dans les eaux de la Seine et je rapporte sur les berges des corps de jeunes filles se baignant que j’emporte tel le Roland Jaccard de la Piscine Deligny. Mais elles crient, se débattent, me repoussent et finissent par sauter à l’eau en hurlant que je ne serai jamais Roland Jaccard. On m’enlève mon bec de pélican et on me rejette à ma vie de rat musqué dans les égouts de Paris (qui ne valent pas les palaces de Lausanne) d’où je n’aurais jamais dû sortir.

 

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Je plais 

Je plais à mon pharmacien comme j’ai plu à ma nourrice. Je plais à ma femme comme j’ai plu à son amant. Je plais à mon père comme j’ai plu à mon prof de gym. Je plais à mon gendre comme j’ai plu à mon banquier. Je plais au temps présent comme j’ai plu au temps jadis. Je plais au ciel comme j’ai plu à la terre entière. Je plais au sang comme j’ai plu à la bière. Je plais au centre comme j’ai plu à la périphérie. Je plais au hasch comme j’ai plu à l’héro. Je plais aux lignes comme j’ai plu aux plans. Je plais aux plantes comme j’ai plu aux pierres. Je plais au soleil comme j’ai plu à la pluie… On ne plaît jamais assez !

 

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Le volcan 

Le volcan s’est éteint et ma lave est tombée en poussière. C’était une lave artificielle et un volcan de pacotille. Comme toutes mes éruptions.

 

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L’armoire 

J’ai une armoire remplie d’éléphants. Que je n’ai jamais ouverte car je ne saurais quoi en faire. J’ai une peur bleue des trompes grises.

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Le clou

Ce sculpteur de clous qui voyait grand en sculpta, une nuit, un qui atteignit la lune. Ensuite, d’un petit coup de marteau, il la cloua au ciel.

 

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La Femme tronc, peinture à l’huile (30 x 40) de Daniel Wuilmet, 2012

LES MOIGNONS (II)

Les membres

Quand j’avais encore des membres, je les oubliais partout. Ce n’étaient pas des membres résistants, j’en conviens. Maintenant que je suis un homme-tronc reconnu, je voudrais encore me débarrasser de membres encombrants et je ne peux plus. Il faudrait toujours penser à garder un bras ou une jambe pour la soif.

 

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Je cache un taureau

Je cache un taureau mort sous ma couche qui commence à puer le matador en rut.

 

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La nature est bien faite

La nature est bien faite. Si bien que je ne résiste pas à l’aimer, de toutes les forces de mon âme et de mon corps, sans fin et sans relâche jusqu’à ce qu’elle réclame pitié pitié pitié… Et que je l’écrase sous la semelle de mon ego démesuré.

 

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Les montées

Quand je monte sur ma mouche, je vois le plafond. Quand je monte sur mon canari, je vois le ciel. Quand je monte sur mon cheval à bascule, je vois mon enfance. Quand je monte sur mes grands chevaux, je vois rouge. Quand je monte sur mon éléphant, je vois mon avenir. Quand je monte sur ton ventre, je vois l’arrondi de tes seins. Quand je monte sur ton dos, je vois le vallonné de tes hanches. Quand je monte sur le champ, je vois les épis dans le vent. Quand je monte sur la terre, je vois les courbes de la lune. Quand je monte sur ta tête, je vois les poils dans tes oreilles. Quand je monte sur la tombe de mon père, je vois tout le cimetière. Quand je monte sur ma mère, je me revois à la naissance. D’où tout est parti pour ne jamais revenir.

 

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Essuie-morve

Cet homme était essuie-morve du président. Il épongeait tout ce qui coulait du pédoncule de l’Elu de la nation. Pituite et crottes de nez. Il gagnait bonbon mais moins que les nombreux lèche-cul de la raie publique. Il n’y pas de justice salariale au sommet de l’Etat !

 

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La rumeur

Elle bourdonnait à son oreille, elle martelait dans sa tête, elle résonnait au fond de lui… la rumeur grandissante de son extraordinaire nullité.

 

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L’échange standard

J’ai un canif qui a beaucoup servi, coupé çà et là des bras et des têtes, des bas et des hauts de tous âges et de toutes conditions. Le seul rémouleur que j’ai connu, j’ai fait mes premières lames sur lui. Alors j’ai passé cette annonce : Cherche à échanger contre canif exceptionnels états de service dague neuve sortie de l’armurier même sans expérience utile. Pour nombreux génocides tranchants en perspective.

 

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Les amoureux

La mer amoureuse du vent rêve de tempête. Le ciel amoureux du feu rêve d’orage. La terre amoureuse d’abysses rêve de volcan. Le gueux amoureux de la gueuze rêve de grenadine.

 

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Le goût et la couleur

J’ai une mère bleue et un père dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai un fils noir et une fille dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai un amant blanc et une amante dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai une veste verte et un blouson dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai un kiné rouge et une masseuse à domicile dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai des cheveux gris et des cheveux blonds dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai des dents jaunes et des chicots dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai des points noirs et des points douteux dont j’ai oublié le goût et la couleur. J’ai un cercueil acajou et une pierre tombale dont j’ai oublié le coût et la douleur.

 

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La littérature est bien faite

La littérature est bien faite. Si bien que je n’ai pas résisté à l’aimer de toutes les forces de mon âme et de mon corps, sans fin et sans relâche jusqu’à ce qu’elle réclame pitié pitié pitié… Le jour où j’ai commencé à publier.

 

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Une paresse royale

Ce roi ne voulait plus travailler. Plus de dîner officiel, plus de voyage à l’étranger, plus d’inauguration d’usine d’armement, plus de discours de Noël, plus de visite aux hôpitaux des militaires blessés sur le terrain.

Il prôna pour ses sujets la paresse, la déscolarisation, la démilitarisation et l’abolition de la peine de mort. Cela mécontenta les directeurs d’école et de prison, les bourreaux de travail et tout le patronat. Une révolution s’ourdit qui mit à la place un général assassin, hyperactif et connaissant uniquement sa table de multiplication par 10 et la conjugaison du verbe voter au présent de l’impératif.

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