
Dans Le Peintre dévorant la femme, Kamel Daoud écrit: « Je n’arrive plus, depuis quelques années, à croire à la mort des gens, Picasso EST. »
Denys-Louis Colaux, cet infatigable chercheur d’art, titre d’un de ses derniers ouvrages, remarquable poète, nouvelliste, romancier, aphoriste, critique,… bref, un écrivain rare, est né en 1959 et c’est l’année qu’il faudra retenir de lui le concernant.
Depuis de nombreuses années, il s’était mis à l’écart du monde littéraire et, depuis peu, du net après qu’il eut marqué le blogging artistique et littéraire de son empreinte…
En 2015, il m’a convié à l’écriture d’un ouvrage à quatre mains où deux poètes se rencontrent sur la Lune et ne redescendent pas sur terre. Enfin, le récit ne le dit pas. Si je l’ai trop peu vu dans la vraie vie, je retiendrai aussi ces rencontres virtuelles, nos frasques sur le satellite ami de la Terre. En observant, les nuits de pleine lune, les lièvres de jade, ces formes qu’on peut interpréter à la vision de la surface lunaire accidentée, j’apercevrai désormais ses traits volontaires encadrés d’une chevelure nuageuse et rebelle éclairé par le sourire quasi imperceptible qu’il posait sur les choses et les êtres, un brin moqueur, assurément amical.
En liminaire de l’équipée dont notre ouvrage rendit compte, j’avais esquissé un portrait de lui.
» Colaux n’a pas seulement l’allure d’un chevalier, il en a aussi les vertus : bravoure et distinction, sens du compagnonnage et du combat … Il pratique l’écriture avec l’épée des mots affûtée au tranchant des images. Accordant son verbe, sa verve, ses vers à tous les lieux narratifs, et filant comme l’éclair la métaphore d’un genre à l’autre. Poète avant tout, il sait sur quelles failles existentielles se construit le récit. Et il tend ses mots-reflets au lecteur, offrant ses phrases en manière de phares, de feux pour éclairer nos routes obstruées d’ombres et de faux-semblants, notre quotidien encombré de faits et non d’actes, nos nuits sans éclats…
Voilà, j’ai cheminé avec lui dans un double récit en miroir, et il s’est avancé en éclaireur, semant des fragments narratifs sur lesquels j’ai rebondi, divagué parfois, pris la tangente sans perdre de vue les points de ralliement fixés dès avant l’aventure, tout en gardant en ligne de mire la lune, ce puits sans fond d’imaginaire, cette muse toujours gaillarde et avenante.
Il est des jours au carrefour exact de nos attentes et de nos espoirs qui conjuguent tous les temps au présent, où une rencontre providentielle console de tant de rendez-vous manqués, et quand le texte recueille les fruits de ces embranchements en étoile, le bonheur ressemble à un poème parfait. On peut alors se mettre à rêver. «
À bientôt sur la Lune !
Éric