LES TANKAS DU CAFÉ de CRYSTÈLE GONCALVES

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J’aime le café

sans rien, sans sucre, sans lait

un reste de nuit

juste le zeste de lune

et un nuage de brume

 

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Noire et embaumante

fleur de café vénéneuse

au pistil fatal

jusqu’aux sucs caféinés

elle s’effeuille et se lape

 

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Les pommettes roses

collées au bol de café

chauffent et se dilatent

briochettes défroissées

des pétrissages nocturnes

 

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Ramasseur de rêves

il capture mon sommeil

café épuisette

il m’attrape d’une gorgée

toute entière dans ses filets

 

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Claquant son parfum

en vagues aromatiques

mon café fulmine

il tempête en s’écoulant

en grosses gouttes frappées

 

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Un piratage âcre

café à tribord des lèvres

en marée d’ébène

il envahit mon palais

saborde mes dents de nacre

 

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Chaises canissées

dans l’arôme café crème

une aube au comptoir

tabouret haut, pieds sur barre

v’là c’qu’elle veut la p’tit’ dame

 

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Tu m’étalonnes

à l’aune de ta force brute

mon café corsé

me happent de leur ardeur fauve

tes noires effluves en lasso

 

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Le café fumant

et l’aube brumeuse

suspendent le bruit du monde

seules les effluves dansent

au bruissement de sa mousse

 

 

D8AGGMi0.jpg:largeChrystèle Goncalves est enseignante à l’Université de Nantes. Passionnée par la poésie minimaliste (haikus et tankas), en préparation d’un recueil sur les tankas sensuels et érotiques, elle publie chaque jour sur Twitter ses nouvelles compositions via ce compte: https://twitter.com/Chrystaux?lang=fr 

 

BOUQUET DE TANKAS de CRISTÈLE GONCALVES

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Mes lunes diaphanes

à l’aune de tes baisers

charnues coccinelles

je n’ose guère m’asseoir

par peur de les écraser

 

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Sous mes doigts agiles

ses cordes vocales vibrent

mon âme enjouée

ma féminité s’accorde

à la sienne en cet instant

 

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Bouquets de cristaux

sur les doigts et les lèvres

mielleux butinage

à la source originelle

pistil de ta fleur de sel

  

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Ta jupe crépon

en corolle grenadine

frémit dans le vent

découvrant ton pistil noir

une odeur musquée s’élève

——— Coquelicot

 

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J’ouvre le volet

Baisers de lumière dans un

Ballet de poussières

Mon visage est constellé

De plis d’oreillers, de rides

 

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Debout sur tes paupières

voilées et veinées

transparait l’azur

de tes pupilles opales

lorsque j’appuie légèrement

de mon talon aiguille

  

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Les pieds enfoncés

dans le froid sable poisseux

les orteils léchés

frissons jusqu’à mes pointes

tendues sous le haut trop léger

 

 

D8AGGMi0.jpg:largeChrystèle Goncalves est enseignante à l’Université de Nantes. Passionnée par la poésie minimaliste (haikus et tankas), en préparation d’un recueil sur les tankas sensuels et érotiques, elle publie chaque jour sur Twitter ses ses nouvelles compositions via ce compte: https://twitter.com/Chrystaux?lang=fr 

 

 Les photos de fleurs sont de Robert Mapplethorpe

 

René CHAR (1907-1988): poèmes & citations

Commune présence

Tu es pressé d’écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S’il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir,
Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d’elle, tout n’est qu’agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t’inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.

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Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L’espace qu’il parcourt est ma fidélité. Il dessine l’espoir et léger l’éconduit. Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s’inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l’aima et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas?

 

René CHAR lisant son poème Allégeance (cliquer sur la photo):

http://www.arcane-17.com/rubrique,rene-char,1134464.html

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Si tu cries, le monde se tait: il s’éloigne avec ton propre monde.

Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps.

Source : Citations de René Char – Dicocitations ™citationSi tu cries, le monde se tait: il s’éloigne avec ton propre monde.

Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.

Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps.

Avec ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence.

Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière.

Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique.

L’eau est lourde à un jour de la source.

L’éternité n’est guère plus longue que la vie.

L’homme est capable de faire ce qu’il est incapable d’imaginer.

Le fruit est aveugle. C’est l’arbre qui voit.

Le réel quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi contre toute attente l’espérance survit.

Ne t’attarde pas à l’ornière des résultats.

Prend-on la vie autrement que par les épines?

Le poète se reconnaît à la quantité de pages insignifiantes qu’il n’écrit pas.

Vivre, c’est s’obstiner à achever un souvenir.

Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique.

Source : Citations de René Char – Ses 89 citations – Dicocitations ™citation

Avec ceux que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence.

Source : Citations de René Char – Dicocitations ™citation

Coeurs absents de Mohamed El Jerroudi

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Préface de Jean BOTQUIN – 13 x 20 cm – 56 pages – 10 €

Mohamed EL JERROUDI est né au Maroc à Béni Sidel (RIF) en 1950. Il séjourne actuellement à Tétouan. Professeur de français, de 1972 à 2010. Il mène une vie très active, dès 1976, dans le domaine des arts plastiques et littéraires (conférences, écrits et poèmes dans la presse marocaine,…). Poète marocain de langue française, il publia un premier recueil en 1998 Le silence décrit (La croisée des Chemins, Casablanca). Poète majeur mais atypique, il ne fait partie d’aucune école. Profondément épris de liberté, il exprime une pensée universelle ouverte à tous ceux qui placent l’être humain et ses valeurs au-dessus des particularismes du monde.

L’encre de Mohamed El Jerroudi est brûlante, elle dessine des mots, fait danser l’âme, raconte « comment le temps nous dévore et nous déshabille devant la mort », mais aussi , avant l’inéluctable, célèbre la vie et la beauté.
Livre de silence, de recueillement Cœurs Absents évoque dans un langage fluide comme un sang vivant, une spiritualité berbère étrange, émouvante, proche de la terre et du ciel.

Jean Botquin

Le site des éditions du Cygne

http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-catalogue-litterature.html

Le blog de Mohamed El Jerroudi (avec une belle citation de René Magritte en page d’accueil)

http://poesiesansfrontieres.blog50.com/