LE PETIT JESUS ET LA VIE SEXUELLE DES POÈTES d’ÉRIC DEJAEGER

Contes cruels

Vingt-et-une nouvelles d’Éric Dejaeger qui dépotent. N’arrêtent pas de surprendre. Et de nous réjouir…

Avec un fil rouge, Edgar Skomanski, cet écrivain que, dans chaque nouvelle, des personnages lisent, et dont on n’en saura pas beaucoup plus, ce qui fait aussi le piquant de la trouvaille car l’œuvre d’un écrivain aimé vaut toujours plus que son pitoyable tas de secrets révélé, qui déçoit toujours et ne peut jamais expliquer la magie des livres.

Comme dans les meilleurs crus dejaegeriens (dans Dejaeger, il y a Edgar), celui-ci multiplie les genres et donne à ses différents récits des chutes cruelles, sans points de suspension. L’histoire s’arrête là, inutile de se lamenter ou d’imaginer une consolation.  Telles nos vies vouées à un arrêt définitif et sans appel.

Il y a plusieurs histoires qu’on a hâte de rapporter sans toutefois dévoiler la fin. Celle du petit garçon qui trouve en rentrant de l’école d’abord un mot de son papa… (Nouvelle épistolaire). Celle du feu qui prend à la maison familiale ; la mère parvient à force de sang-froid à sauver ses enfants mais oublie une personne… (Le feu de l’amour).  Il y a les vengeances non moins terribles que celles des films de Tarantino : celle qui se pratique par l’hypnose (Fais dodo, lecteur mon p’tit frère..), celle qui s’annonce par l’odorat de la victime (Le parfum de la dame en bleu), celle qui se pratique sur le même modus operandi que l’acte traumatisant (Séquelles des dernières vacances passées avec maman et papa). Puis il y a les troublantes, les plus marrantes, les presque tendres…de-jaeger.jpg

La mort omniprésente comme génératrice de récits ! Ce qui n’empêche pas l’humour, la poésie, la compassion, le suspense… quand l’auteur qui les agence sous la forme de contes (im)moraux vivifiants sait varier et doser les ingrédients.

Nul doute qu’Edgar Skomanski, s’il en a reçu un exemplaire, aura apprécié.

Le livre présente un alléchant collage de couverture de Jean-Pierre Verstraeten et est préfacé par Jean-Philippe Querton.

Éric Allard

Le livre sur le site des Cactus Inébranlable éditions

Court toujours, le blog d’Éric DEJAEGER