L’Observatoire de la Vie Sociale qui fonctionne sur fonds malpropres (faute de subsides régionaux) a identifié la source du marasme actuel avec les dysfonctionnements que l’on sait : (as)saisonnement de la poésie, écrivains voyageurs (au bilan carbone explosé), socialisme sous pression des lobbies, faillite du système de santé et des services publics, pollution industrielle, état de l’a(gri)culture, cinéma parlant dominé par une masculinité toxique…
L’Observatoire a mis un nom sur le mal originel : les tracts des Années 70.
Les tracts de légende sont rédigés dans une langue revendicative, vernaculaire, datant d’incultes révoltes sociales de la fin des sixties-début des seventies n’ayant donné qu’une vaine récolte, en renforçant les inégalités et les pouvoirs qu’elles étaient censé combattre.
Les prédateurs et autres monstres de domination masculine ont renforcé leur emprise, pestant sur l’écriture inclusive et les défenseurs des minorités.
Les holdings financiers et leurs pions sur l’échelon politique ont ravagé la planète et fait passer les lanceurs d’alerte écologique pour des doux rêveurs ou de dangereux hurluberlus menaçant la liberté d’éructer en paix du gaz carbonique. L’insulte au genre humain a gagné sur la saine critique du mécanisme capitaliste.
Ladite époque fut celle où la parole s’est libérée en proportion de la production de marchandises et de spiritueux, où la vocifération prédominait sur la réflexion, où le gros rire l’emportait sur la satire fine.
Nombre d’espèces animalières et végétales ont disparu. Seuls les artistes et écrivants ont perduré, et se sont multipliés, de telle sorte qu’ils sont devenus la principale espèce du genre humain dépensant du papier, juste devant les fabricants de confettis et les illustrateurs de livres jeunesse.
Aujourd’hui les faiseurs de tracts indigestes ont trépassé ou bien terminent leur vie en posant des selfies d’eux-m’aiment sur les réseaux sociaux basés sur la pictogrammation des émotions, plus barbus que chevelus, plus blanc froissé que noir corbeau, plus contestés que contestataires, mais sont restés fidèles à la blanche poudre sacrée plus qu’au sacrement des alliances de teintures.
S’il n’est pas le descendant du fabricant de tract, le traducteur de dépliant propagantiste ne jure que par le circuit court et le moteur hybride même si tout doucement ses maîtres à ne pas penser politique lui permettent de douter du bien-fondé de l’énergie tyrolienne, du silence pesant sur la moteur électrique et du poème photovoltaïque, tirant sa lumière des écrans de l’iPhone plus que des ténèbres de l’âme.
Pour ces raisons ultimes, il est le plus ancré dans son temps pour traduire bénéfiquement dans la langue du jour les tracts rédigés dans un esprit révolu contre des entités opprimante mal définie par l’antique fabricant de folders factieux.
Dès le Gloubi-boulga éclairci, le lecteur du tract déconstruit pourra se déplacer en trottinette électrique, en vélo d’appartement à roulettes à mobilité quantique, jusqu’au lieu de la manifestation pour faire entendre ses mots d’ordre doux tout en défilant silencieusement dans les allées du pouvoir démocratique et consumériste pour ne pas changer d’un iota un état de choses resté intact, faute de tracts jamais formulés poétiquement.