2022 – BOURGEONS DE LECTURE : AVENTURES ASIATIQUES / La chronique de Denis BILLAMBOZ

DENIS BILLAMBOZ

Cette chronique comporte deux aventures en Asie du Sud-Est, l’une raconte l’installation en Thaïlande de quelques boxeurs français souhaitant gagner de l’argent dans un pays sans contraintes mais ils oublient le pouvoir des gangs. Anita NAIR, elle à travers une vaste famille de Bangalore dont certains membres migrent dans le Kérala, dresse un violent réquisitoire au sujet de la cause des femmes qui est encore très précaire et fort contrainte dans ce pays.


Cinq rounds à Bangkok

Abbas

Budo éditions


Greg, adepte des différentes pratiques relevant de la boxe, arrive à Bangkok avec pour seul viatique un petit papier chiffonné portant l’inscription d’une adresse d’un camp d’entraînement à la boxe thaïe. Le camp en question est dirigé par Gilles un autre Français qui accepte de l’intégrer dans son équipe. Les deux hommes sympathisent, Gilles fait découvrir la ville à son nouvel élève et l’emmène dans les quartiers chauds de Sukhumvit où Greg tombe vite amoureux de la belle Kim, trop vite au goût de son entraîneur, ici les filles sont rarement libres, elles sont prostituées ou travaillent pour un patron. Après, une petite mise au point financière, l’affaire est entendue avec le patron de Kim qui peut vivre avec Greg.

A Montpellier, dans le club où était licencié Greg, un autre membre, Seb, s’envole pour la Thaïlande espérant comme son prédécesseur percer dans le monde de la boxe thaïe où celui-ci est devenu une valeur sûre. Mais, l’histoire ne se répète pas toujours de la même façon, Seb est tombé lui aussi amoureux d’une belle autochtone, Toum, mais l’affaire n’a pas été aussi simple que pour Greg. Une embrouille avec l’environnement de Toum tourne au vinaigre et Seb se retrouve vite dans les locaux de la police…

Quelque temps après, c’est Léna, une jeune femme, qui quitte le club de Montpellier pour découvrir la Thaïlande et ses salles d’entraînement, elle passe par Bangkok où elle rencontre Greg mais désire se rendre à Pattaya où elle a un contact avec un ami de la Toile, un Australien qui pratique aussi la boxe thaïe. Mais l’affaire prend une tournure que la jeune femme n’avait pas prévue, elle est enlevée pour servir d’adversaire à une Chinoise dans un combat féminin très recherché par les organisateurs véreux et par de très gros parieurs particulièrement discrets.

Greg a fait sa place avec ses poings, ses coudes, ses pieds et ses genoux, il est respecté, son club est reconnu, Léna doit affronter en un combat illégal une brute chinoise et enfin un champion venu de France défie devant un vaste public un grand champion local. Abbas lui-même pratiquant des arts des différentes boxes va régulièrement s’entraîner en Thaïlande dont il connait bien les mœurs, les charmes et les vices. Il raconte dans les plus grands détails ces combats avec toute la violence palliant parfois le manque de technique et obligeant les combattants à puiser au plus profond de leur être la volonté et la force nécessaires pour broyer leur adversaire.

Ce livre c’est aussi un portrait de la Thaïlande avec ses charmes et la fascination qu’elle opère sur les Européens mais Abas n’oublie pas le revers de la médaille : la corruption, la fraude, les trucages, la prostitution généralisée, … Un pays où il n’y a presque aucune contrainte autre que celle imposée par les gangs avec la complicité des institutions corrompues. L’auteur dénonce aussi les Occidentaux qui accusent les Thaïlandais de tous les vices tout en étant les premiers à en profiter : consommation de la prostitution la plus avilissante, achat de produits confectionnés par des enfants exploités, …

Mais Abbas pousse la critique plus loin, il accuse les institutions et élus français de ne pas être à la hauteur de leur mission, d’avoir failli, d’avoir laissé le pays partir à la dérive…. Un de ses héros partisans des fameux Gilets jaunes porte des attaques virulentes contre ceux qui nous gouvernent en en respectant pas les citoyens français.

Le roman sur le site de l’éditeur


La mangeuse de guêpes

Anita Nair

Mon poche


« Le jour où je me suis donné la mort, il faisait un temps radieux. C’était un lundi. Un début de semaine ». L’héroïne de ce roman introduit l’histoire qu’elle raconte par cette phrase choc, l’histoire d’une femme indienne résidant dans le Kerala, là où Arundhati Roy a elle aussi situé certaines de ses magnifiques histoires. Poétesse, écrivaine à succès, enseignante, biologiste, elle n’a pas accepté un mariage arrangé, elle a écrit des livres où les femmes expriment leur désir de liberté et leurs envies des plaisirs de la chair. Elle est rejetée par tous, sa famille, son amant, ses amis, ceux qu’i l’emploient, ses étudiants, ses collègues…, elle est bannie.

Elle erre dans l’entre-deux mondes car son amant a dérobé l’une de ses phalanges après la crémation rituelle, un squelette incomplet ne peut pas accéder à l’autre monde. Il a caché cette phalange en souvenir de son amour mais un jour une fillette trouve ce petit os qui commence alors un long périple de main en main que la victime raconte en mettant en scène la vie des femmes qui détiennent provisoirement cet os banal pour celles qui le possèdent mais si précieux pour celle qui ne l’a plus. L’histoire qu’elle raconte c’est celle des femmes indiennes soumises aux dures lois des religions, des traditions, des coutumes et surtout des hommes. C’est l’histoire de celle qui quitte son mari pour retrouver un amant, de la fillette maltraitée, violée par un sbire de son père, d’une fille défigurée par celui qu’elle repousse, … Un véritable catalogue de ce que peuvent endurer les femmes dans la société indienne actuelle. Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé, ils n’ont fait qu’envenimer la situation en facilitant les contacts entre les deux sexes qui ont toujours été très réglementés.

Anita Nair

Ce roman se présente comme un recueil de nouvelles racontant chacune les mésaventures d’une épouse, souvent délaissée, d’une amante, condamnée au pire si elle est démasquée, d’une fillette, trop souvent abusée, d’une fille, toujours donnée en mariage à un homme qui parfois la répugne, de toutes ces femmes soumises à un code très rigide que l’auteure dénonce et voudrait brisé. L’os qui voyage de main en main est le témoin qui relie les divers récits pour qu’ils constituent un véritable roman et non un recueil de nouvelles. Un roman dans lequel, Anita NAIR ose, comme son héroïne, évoquer le droit de choisir pour les femmes au même titre que les hommes et aussi leur droit au plaisir de la chair. Elle glisse dans ses textes beaucoup de sensualité et même une certaine dose d’érotisme pour affirmer ce droit.

Les pages de ce livre grouillent de personnages les plus divers comme les rues de Bangalore où se déroulent certaines histoires de ce roman et pourtant dans cette foule exubérante, il est interdit de montrer un amour qui n’est pas accepté par l’ensemble du corpus coutumier et religieux comme il n’est pas convenable pour une femme d’écrire surtout quand elle évoque ses sentiments et ses états d’âme.

L’héroïne comme l’auteure a choisi son sort et son destin : « Je décrétai la poursuite de ma liaison défendue et ma thèse en même temps. J’allais m’atteler aux deux projets avec autant de sérieux que de rigueur. En science comme en amour, il ne faut pas craindre d’enfreindre les règles et de subir les conséquences de sa passion ». Elle mène son combat pour que les femmes indiennes se libèrent de leur carcan et accèdent au savoir et aux arts sans contraindre leurs passions.

Le roman sur le site de la Fnac


LES LECTURES d’EDI-PHIL #44 (juillet 2022) : COUP DE PROJO sur LES LETTRES BELGES

Les lectures d’Edi-Phil

Numéro 44 (juillet 2022)

Philippe REMY-WILKIN (par Pablo Garrigos Cucarella)

Coup de projo sur le monde des Lettres belges

sans tabou ni totem, bienveillant mais piquant…


A l’affiche :

une biographie (Benoît Mouchart), un essai venu de Flandre (David Van Reybrouck), cinq romans (Nathalie Skowronek, Olivier Hecquet, Patrizio Fiorelli, Bernard Antoine, Alex Pasquier), une commémoration en discours (Académie RLLFB), un recueil de poésies (Arnaud Delcorte) ; les maisons d’édition Les impressions nouvelles, Ker, Murmure des soirs, F. Deville, Académie royale, Névrosée, L’arbre à paroles, Actes Sud et Grasset.


(1)

Benoît MOUCHART, A l’ombre de la ligne claire, Jacques Van Melkebeke entre Hergé et Jacobs, biographie, Les impressions nouvelles, Bruxelles, 2014 (édition originale en 2002), 222 pages.

J’entorse ! Auteur français ! Mais qui se donne à notre belgitude comme peu. J’avais déjà évoqué le merveilleux Emile Bravo, dont la reprise de Spirou, fait rarissime, est au niveau du modèle (Franquin), quoiqu’en rivalisant bien autrement. Mouchart, lui, nous a offert des livres sur des monuments de la BD belge : Greg, Hergé et Jacobs (en compagnie de François Rivière, réédité augmenté tout récemment, encore aux Impressions nouvelles de… Benoît Peeters, cet autre Français acquis à Bruxelles, la BD belge, notre microcosme).

Très bon livre dès le titre, des allures de mise en abyme : on va évoquer une personnalité qui, a priori, révulse et attire, un homme condamné comme collaborateur après la Deuxième Guerre mondiale mais auquel on devrait, selon diverses rumeurs, une grande partie de nos plaisirs d’enfance, un fragment de l’étoffe dont notre imaginaire belge est tissé. Un traître et un enchanteur ?

Le livre va étudier très précisément l’itinéraire de l’artiste, de son enfance dans les Marolles à sa carrière internationale comme scénariste et metteur en scène de romans-photos. Edifiant, si je puis dire, passionnant, émouvant, obligeant à méditer sur la responsabilité, le sens de la vie et de la réussite, etc. De qui parle-t-on ? D’un homme qui a voulu toute sa vie se définir et réussir comme peintre. Qui a été critique aussi, féroce. Journaliste dans Le soir volé (par les Allemands), etc. On parler surtout d’un homme qui serait à l’origine des aventures de Blake et Mortimer (…et le modèle physique de ce dernier !), qui aurait écrit ou participé (un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ?) aux scénarios de ceux-ci, aux récits de Tintin, de Corentin, d’Hassan et Kaddour, etc. Qui aurait été le 5e mousquetaire des débuts de l’hebdomadaire Tintin, celui qui inspirait les 4 autres (Laudy, Jacobs, Hergé, Cuvelier). Un fantôme des planches belges, somme toute.

Son itinéraire pose des questions qui renvoient à l’essence de nos vies. Peut-on mener sa barque sans se préoccuper de ce qui se passe autour de nous ? Quel poids (et quelle sanction) attribuer à une faute ponctuelle (un article, UN SEUL, où il incrimine des résistants) provoquée par un contexte particulier ? Peut-on se tromper sur le sens de notre vie, ne pas percevoir où est notre réussite majeure (lui, il change l’histoire de la BD belge, intervient dans la création de nos mythes, mais méprise cet art mineur à ses yeux) et chercher la gloire dans un métier où l’on montre des limites (son talent est entravé, en peinture, par une incapacité à prendre en compte la modernité et la réflexion sur l’art) ? Son cas, bouleversant, renvoie à mille autres : Diana Rigg incarne de manière légendaire la plus grande héroïne de l’histoire de la télé mais elle snobe Emma Peele pour le théâtre et le cinéma avant de mesurer qu’elle a été le grand rôle de sa carrière ; Gainsbourg aurait voulu être peintre et méprise, relativement, la chanson ; Jacobs voulait être chanteur lyrique et devient le monument de la BD réaliste de l’Âge d’or ; Voltaire ne jure que par son théâtre et son épopée, il sera immortalisé par ses contes ; etc.

En filigrane aussi, toute l’ambiguïté d’Hergé, tantôt d’une générosité et d’une loyauté admirables, tantôt si rigide ou naïf. Les ombres de la ligne claire !


(2)

Alex PASQUIER, Le vitrail en flammes, roman, Névrosée, collection Les sous-exposés, Bruxelles, 2021, 166 pages.

Avant de plonger dans le livre, abordons un projet global, celui de la fondatrice des éditions Névrosée, Sara Dombret, de sa directrice de collection Anna Menese. Il s’agit de donner une nouvelle lisibilité à des autrices (le premier élan, d’où le nom de la maison, « Névrosée », pied-de-nez teinté d’autodérision dégainé en réponse à un certain machisme), des auteurs belges de talent abandonnés par les trompettes de l’Histoire. Un objectif positif, un acte de résistance éthique et citoyen, osons les grands mots, qui renvoie à des évidences amères : le peu de cas fait de nos talents créatifs par nos autorités publiques, l’oubli qui nous guette tous et toutes. Il n’est qu’à songer à tous ces noms, ces bustes croisés dans les galeries des académies…

Voir :

Le site de la maison d’édition : https://www.nevrosee.be/

Le discours de l’éditrice recoupe mon combat, celui de quelques camarades, une résistance à une anomalie, des allures de scandale :

On notera d’ailleurs avec regret que Sara Dombret ignore les efforts de notre plateforme Les belles phrases. Ou ceux d’un éditeur comme Samsa, d’une revue comme Que faire ?, etc., ce qui renvoie à l’immense difficulté du faire-savoir, à la nécessité de synergies.

Il ne suffit pas d’être animé par de belles idées, encore faut-il bien accoucher. Pari tenu ! Le livre est un très bel objet, dès sa couverture. Un Spilliaert en incrustation. Le restaurant, un tableau de 1904. Spilliaert ! Une passion flamande (ses peintures transcendent le premier regard porté sur 5 de mes livres) partagée avec plusieurs auteurs (Kate Millie, Evelyne Wilwerth, Claude Donnay, etc.) ou éditeurs (Gérard Adam, Christian Lutz) belges francophones. Spilliaert et la Spilliaerthuis au cœur de la narration de mon dernier micro-roman (Encres littorales, chez Lamiroy, 2021). Un très bel objet, du début à la fin, jusqu’à la quatrième de couverture, en passant par une mise en page soignée, un suivi éditorial impeccable.

Alex Pasquier

Né en 1888, cet avocat a écrit divers essais et romans, sans doute avec un certain succès : certains ont été réédités (celui que nous tenons en mains est sorti en 1930 aux éditions de La Gaule puis en 1941 chez Labor, en 1943 chez L’étoile) ; il a accédé à la présidence de l’AEB, l’association des écrivains belges de langue française. « Gloria fugit. » Pasquier, après sa mort, a glissé dans les limbes de l’histoire littéraire, seulement maintenu à la surface ténue du souvenir par l’existence d’un prix littéraire décerné par ladite société d’auteurs. Jusqu’à ce que…

Le secrétaire de l’AEB, Frédéric Vinclair, ayant eu un jour la bonne idée d’inventorier, trier les archives de l’association, a mis la main sur des trésors escamotés, documents, manuscrits. Notamment dudit Pasquier. Et Vinclair d’ouvrir le sillon d’une résurrection via une première publication (Le cerveau électrique), commentée, que nous avions applaudie dans cette mini-revue en 2020 :

La préface

Névrosée a tendu la plume ou le clavier à Frédéric Vinclair, qui se fend de 5 pages de présentation et de mise en contexte.

Le roman s’écarte de la production habituelle de Pasquier, délaissant les thématiques plus sociétales (le milieu estudiantin de la capitale, l’enfance fauchée par le malheur, la Première Guerre mondiale, etc.) pour une odyssée plus psychologique, individuelle. Sans doute faut-il percevoir un second degré, une ironie en filigrane du récit : à peine l’auteur a-t-il asséné (via son protagoniste) sa répulsion à l’encontre des romanciers jouant aux apprentis-psychologues qu’il délivre dans la foulée « exploration psychologique » et « description des sentiments », des allures de fragments d’un traité sur la conjugalité. Avec succès.

Le pitch

Vinclair, dans sa préface, nous livre une merveille de concision et d’intensité fluide :

« Depuis sept ans, dom Maxence Marvillac s’est cloîtré à l’abbaye d’Aubemont. Il s’est fait moine, après avoir mené une vie de compositeur qui ne lui promettait que succès. Il cache un lourd secret : sa conscience écartelée par le remords brûlant d’une passion amoureuse interdite et d’une rivalité fatale. »

Les années « de calme et de recueillement » dans un « enclos feutré » s’évaporent suite à un coup de tonnerre : la montagne, du Chamonix, a rendu le corps d’un disparu de ses amis. On croyait la mort accidentelle mais « sur le cadavre, des stigmates » dirigent à présent vers un meurtre, un autre ami, le grand ami de ses années de guerre, Fortier, est accusé. Or Marvillac en sait long sur le contexte qui a préludé au drame. Et il est appelé à témoigner.

La matière du livre

La structure est singulière pour un récit si ancien. Ou, plutôt, elle rappelle à quel point l’innovation, l’audace sont de tout temps, débutant bien avant le radicalisme du Nouveau roman, des siècles en arrière même, sans doute des millénaires. Pasquier, en l’occurrence, découpe son roman en trois parties fort distinctes, qui épousent des tonalités, des instances narratives, des rythmes différents. La première, très poétique, nous faufile de plain-pied dans un lieu hors du temps et de l’espace, Aubemont :

« D’argent noir dans le ciel rouge montent les tours du monastère ; de précision dans les flots des collines, de ferveur dans l’indifférence des solitudes. »

Il y a là comme le choc entre l’Idéal et le Matériel, représenté par l’irruption de l’actualité dans l’atemporalité : il existe un autre monde, de chair et d’os, de conflits, de passions, où un crime a eu lieu. La deuxième partie, la plus longue – le roman proprement dit, pourrait-on dire, enchâssé entre prologue et épilogue déguisés en parties -, nous projette dans le passé, avant le drame, tenue comme un journal de bord par un Marvillac qui s’appelle dorénavant (et s’appelait donc dans la vie réelle) « André ». Ses aventures en diverses villégiatures (Bretagne, Alpes), avec un groupe de camarades, nous plongent dans nos souvenirs de vacances, de voyages, quand tout est possible. Jusqu’au meilleur, jusqu’au pire. Mais ne déflorons pas le suspense. Quant à la troisième partie, elle apporte une conclusion et des réponses tout en se glissant astucieusement dans un allusif relatif.

L’écriture, très travaillée, balance sans cesse entre le suranné et la modernité, exigeant un certain lâcher-prise pour un plaisir maximal. Je suis souvent conquis, par la percussion, l’inventivité, la petite musique dégagée :

« Wagons-lits… Mystère d’acajou et de cuivre, repos balancé, cadences, cadences, multipliées à en perdre l’imagination… »

A d’autres instants, je suis agacé par un excès sensitif, qui me fait penser aux décorations de Noël, à la surcharge festive :

« Le cri rugueux d’un sifflet précède le train qui racle le quai de son souffle chaud. »

Souvent, j’oscille, songeant que chaque lecteur gourmet place son curseur de satiété à un point d’acmé différent :

« (…) sa présence, comme d’invisibles mains, parcourait mon âme ainsi qu’une lyre et arrachait des accords exquis aux cordes de mon cœur. »

La distorsion se prolonge dans les contenus. On peut retenir les tableaux lyriques de décors hors du temps ou d’une jumellité d’âmes, une aspiration à la Beauté et à la Bonté donc, un élan romantique. Ou, a contrario, se focaliser sur l’idée que la civilisation n’est qu’un vernis qui se désagrège bien aisément, sombrer alors dans un réalisme assez sombre. Ou, encore, demeurer en surplomb, accroché à la manière si contemporaine ou vivace dont Pasquier interroge le livre en train de s’écrire, interpelle son lecteur.

En conclusion…

Si le texte n’est pas parfait, manquant peut-être de sobriété à droite ou de densité à gauche pour atteindre à la sublimité des Villiers, et autres Mérimée, ces experts de la nouvelle ou du court roman qui l’ont précédé, admettons qu’il en rappelle la fragrance et propulse des appétits, ce qui le situe bien au-dessus de la moyenne des publications contemporaines.


(3)

Nathalie SKOWRONEK, La carte des regrets, roman, Grasset, Paris, 2020, 142 pages.

Véronique Verbruggen, la quarantaine, éditrice renommée, idéaliste et dynamique, est retrouvée morte le long d’un sentier montagnard, dans les Cévennes. Suicide, accident, crime ? Le sillon policier est rapidement évacué, pas de fausse piste en vue, les enjeux sont à mille coudées. L’écriture annonce la couleur. Dès les premières lignes :

« A la fin de l’article on ne savait pas à quoi s’en tenir. Il était beaucoup question d’amour. Véronique Verbruggen était pleurée mais on ne comprenait pas. Qui aimait qui, qui était aimé de qui. »

L’écriture, fluide et sobre, n’est pas mise au service d’une narration romanesque (au sens où on l’entend dans un roman policier ou historique, un thriller, etc.), elle est la matière première, distillant une musique originale, douce et tonique à la fois, qui rapporte certes une vie, des vies et des événements mais qui, surtout, creuse une interrogation identitaire, en intercalant une distance : l’instance narrative est perçue, on ne vit pas les faits de plain-pied. J’avais relu récemment un livre de Marguerite Duras, Moderato cantabile, et il y a quelque de chose de cette littérarité pure, de ce recul hors récit chez l’autrice. Si la restitution m’apparaît en général une tare rédhibitoire chez de nombreux romanciers, un mécanisme qui les englue dans le poussif, rien de tout cela ici, la distance n’est pas faiblesse mais pratique artistique bien maîtrisée. On lit pour une écriture, l’exploration d’une âme ou d’un choral de personnages, de relations. Mais un double suspense, ou un suspense étagé, se faufile. En filigrane, un mystère relève d’un rapport prégnant à une peinture aux allures de mise en abyme. A l’avant-plan, de manière structurelle, il y a le discours d’hommage programmé par le mari, Daniel, pour son épouse tant chérie. Celui-ci aura-t-il vraiment lieu ? Sera-t-il conforme aux aspirations de départ ? Et en présence de qui se déroulera-t-il ? Car, entre le décès et les funérailles, une vie cachée se révèle, une double vie. D’où une série d’interrogations sur le couple, l’adéquation, la faute, la réalisation ? Qui, in fine, pourra le mieux revendiquer cette femme partagée entre un métier, une fille, un mari et un amant (Titus) ? Quelle position adoptera Mina, la fille unique, la vingtaine, au terme de son enquête, de sa quête ?

Une « Princesse de Clèves contemporaine », comme le dit la 4e de couverture ? Il y a de cela et le roman a davantage parlé à mon esprit qu’à mon cœur ou mes tripes.


(4)

Olivier HECQUET, Les mots des morts, roman, Ker, Hévillers, 2022, 142 pages.

Voir mon article dans Le carnet :


(5)

Patrizio FIORILLI, Au commencement, il y eut le mal, roman, F. Deville, 2022, 234 pages.

Un policier anticonformiste au temps de Jésus.

Voir mon article dans Le carnet :


(6)

Yves NAMUR, Nadine VANWELKENHUYZEN, Hélène CARRERE D’ENCAUSSE, David BONGARD, Danielle BAJOMEE, Jean Claude BOLOGNE et S.A.R. Laurent DE BELGIQUE, Centenaire de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 1920-2020, Textes des discours prononcés lors de la séance solennelle du 16 octobre 2021, Académie royale de langue et de littérature françaises, 2022, 81 pages.

Une très belle surprise et un « Coup de cœur du Carnet » !

Voir mon article :


(7)

Bernard ANTOINE, Aquam, roman, Murmure des soirs, Esneux, 2022, 466 pages.

Un très bon livre, un thriller littéraire, auquel j’ai attribué le « Coup de cœur du Carnet ».

Voir mon article dans Les phrases belges, en duo avec Jean-Pierre Legrand :


(8)

David VAN REYBROUCK, Zinc, essai, Actes Sud, collection Lettres néerlandaises, Arles, 75 pages.

Coup de cœur ! Pour ce petit essai qui n’en est pas vraiment un, en ce sens que le très médiatique (et inaccessible !) David Van Reybrouck a légitimé un nouveau genre, hybride, mélange d’essai (il réalise des recherches d’historien en bibliothèque, explores archives et ouvrages de référence), de littérature pure (ce qu’il narre est véritablement écrit, comme un journal de bord, un récit de vie) et d’investigations journalistiques (l’auteur va sur le terrain, rencontre des témoins, se balade sur les lieux, juxtapose les tableaux et les perceptions). Un mélange risqué a priori, à l’heure des étiquettes et des tiroirs, mais qui a rencontré un immense et très mérité succès, populaire et critique, avec son Congo, une brique retraçant toute l’épopée belge en Afrique mais plus encore une histoire du pays, une mise en évidence du futur qui s’esquisse, etc. Oserai-je confesser mon admiration pour cet auteur, l’un des très rares à s’engager dans la construction citoyenne et donc pleinement digne du statut d’intellectuel ? Oserai-je avouer ma synergie avec sa démarche, ayant osé naguère un Christophe Colomb alternant lui aussi les genres et les niveaux ?

Zinc !

Comme dans le cas de Congo, le thème rencontre des aspirations citoyennes, mettant en lumière des pans méconnus de notre histoire. Mais on passe de Goliath (Congo) à Lilliput : il est ici question d’un fragment minuscule de notre territoire, accoudé à la plus petite composante de la nation belge, sa communauté germanophone.

En racontant l’histoire d’Emil Rixen, un homme mort l’année de sa naissance (en 1971), qui aura « eu non seulement onze enfants, mais aussi cinq nationalités et deux identités différentes », Van Reybrouck choisit de raconter l’histoire du Tout via l’une de ses parties. Ou d’utiliser une matière concrète, charnelle, pour brosser, par ricochet, un tableau complet hors abstractions universitaires, hors aridité de l’étude, etc. Le Tout ? L’épopée singulière d’un mini-Etat à peine plus grand que le Vatican ou Monaco, Moresnet-Neutre, qui aura vécu près de cent ans, de 1816 à 1914, à côté du Tripoint, cet endroit symbolique où se touchent aujourd’hui l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique.

Zinc !

Pourquoi ce titre, pourquoi cette page historique surréaliste ?

Van Reybrouck nous ramène brièvement dans l’Antiquité, quand Pline l’Ancien, un scientifique romain, évoquait les qualités du laiton, un alliage métallique produit à partir de cuivre et de « cadmia », une pierre légère exploitée en Asie mais aussi quelque part en Germanie. Bond en 1526 : le célèbre alchimiste Paracelse redécouvre la « cadmia », parle d’un nouveau métal, aux propriétés avantageuses (il ne rouille pas) et le nomme « Zink » d’après la forme pointue de ses cristaux (en écho aux termes germaniques « Zahn » (dent), « Zacke » (pointe), « Zinne » (créneau) ou « Zinken » (pic).

Or donc… ce métal est exploité depuis des siècles à proximité de Maastricht et d’Aix-la-Chapelle, là où un village sera un jour belge et s’appellera « La Calamine » (« Kalamijn » en néerlandais ; « Kelmis » en allemand), d’après le mot « cadmia », son zinc donc, qui inspire aussi le nom d’une fleur unique au monde, la pensée calaminaire. Le gisement y est si riche (l’un des plus riches au monde) qu’il suscite des conflits à l’époque des ducs de Bourgogne, se voit nationaliser par Napoléon, etc. Et provoque la naissance du micro-Etat (un triangle de 3 km de long) quand le Congrès de Vienne, après Waterloo, n’arrive pas à départager Allemagne et Pays-Bas (puis Belgique, après 1830).

Laissons le suspense aux lecteurs de David Van Reybrouck, quant aux aventures de Moresnet-Neutre ou à celles de la famille Rixen. Mais glissons quelques ingrédients pour mettre en appétit : l’espéranto, qui croit trouver dans Moresnet-Neutre un écrin idéal d’affirmation ; l’utopie sociale (maisons ouvrières, école gratuite, impôts faibles, etc.) ; la survenue depuis divers pays de femmes en difficultés (dont la mère d’Emil, mise enceinte par un patron à Düsseldorf puis chassée) mais, tout autant, de malfrats aimantés par l’absence de juridiction, l’apparition d’un casino, la présence de soixante cafés et de distilleries, de souterrains permettant divers trafics entre les Etats voisins ; les tiraillements identitaires qui vont faire cohabiter Belges, Hollandais, Allemands et Neutres (descendants des habitants d’origine) mais provoquer des situations dramatiques lors des deux guerres mondiales, etc.

NB.

. Le livre est d’abord paru à Amsterdam, ce qui renvoie à un phénomène méconnu en Fédération Wallonie-Bruxelles : la mainmise de la Hollande sur le domaine littéraire flamand. A Bruxelles ou Namur, on se plaint de Paris mais…

. Philippe Noble, le traducteur, est aussi le directeur de la collection, dévolue aux Lettres néerlandaises. On applaudira l’initiative tout en se remémorant qu’Actes Sud est cette grande maison créée à Arles par un Belge d’origine, Hubert Nyssen, qui voulait décentraliser l’édition française, fuir l’omnipotence parisienne.


Et pour (vraiment) terminer…

…selon mon habitude, loin de toute analyse, dans le plaisir pur de la perception…

…des extraits d’un recueil de poésies…

(9)

Arnaud DELCORTE, Lente dérive de la lumière, L’arbre à paroles, Amay, 2022, 117 pages.

Contextualisation

Un bel objet, bien édité.

La dédicace (« A un amour particulier ») interpelle. Comme la présence de deux préfaces. Dans la première, Nathaniel Molamba met en exergue la composition graphique du recueil, dont ma sélection ne pourra rendre compte :

« (…) ses espaces blancs et ses marges tiennent du lieu imaginé où se déploient d’autres possibles »

 Dans la deuxième, le poète Pierre Schroven évoque la matière intrinsèque de l’ouvrage :

« Sensible au monde qui l’entoure, Arnaud Delcorte décrit ici les états d’un corps plongé dans le tourbillon insensé des sens et nous invite à communier pleinement. »

Extraits

(1)

« L’amie prodigieuse serre ma main

Tous ces matins où la pornographie régnait

Nous fermions les yeux

Aux pièges du lendemain

Ouverts comme des conques

Troglodytes

Aux espoirs sous-marins »

(2)

« L’ombre des grands pins

Froisse le souvenir

A chaque année qui passe

Ses grands pins

Ses cigales

La chaleur d’été

Défaite et oubliée »

(3)

« On ne peut rester

Insensible

Au charme des amandiers

Surtout

Lorsqu’il s’agit

De toi »

(4)

« Entre tes mains

Je deviens glaise

Puis amphore

Propre

A te recevoir

Encore »

(5)

« Le labyrinthe de l’échange

Se referme

Et je reste prisonnier

De ta pensée

Lorsque tu choisis

Le silence. »

Philippe Remy-Wilkin.

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Philippe REMY-WILKIN

alias Phil RW, Ciné-Phil RW, Edi-Phil RW, etc.

(photo prise par le photographe professionnel Pablo Garrigos Cucarella)

Licencié en Philologie romane (ULB, 1983), je conjugue trois vies : un job administratif en soirée, la médiation culturelle (plus de 300 articles et dossiers) sur divers supports (revues, plateformes, radio) et, surtout, 7 jours sur 7, une carrière d’auteur (16 livres publiés à ce jour, deux prix littéraires dont le Sabam Award Littérature 2018).

Pour en savoir plus sur moi :

. www.philipperemywilkin.com

. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Remy-Wilkin

. https://karoo.me/author/adamatraore1453

. https://www.marginales.be/philippe-remy-wilkin/.

Dans LE CARNET ET LES INSTANTS (dirigé par Nausicaa DEWEZ, édité par la FWB), je parle de l’actualité littéraire belge : https://le-carnet-et-les-instants.net/tag/philippe-remy-wilkin/

Dans la revue quadrimestrielle QUE FAIRE ? (dirigée par Christian LUTZ, éditée par Samsa), dès le numéro 3, je rédige en duo avec mon complice Jean-Pierre LEGRAND un feuilleton sur le patrimoine littéraire belge (lecture gratuite en streaming) : 

https://www.samsa.be/livre/que-faire-3

Sur RADIO AIR-LIBRE, avec Jean-Pierre LEGRAND et au micro de Guy STUCKENS, nous sommes chroniqueurs réguliers de l’émission Les Rencontres littéraires de Radio Air-Libre.

Sur la plateforme culturelle LES BELLES PHRASES animée par Éric ALLARD, je mène de front 7 feuilletons (en solo, en duo, en équipe) :

Vers une discothèque idéale, une histoire de la musique classique :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/vers-une-discotheque-classique-ideale/

Vers une cinéthèque idéale, unehistoire du cinéma :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/cinetheque-ideale/

. Les lectures d’Edi-Philsur l’actualité de l’édition belge :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/chroniques-de-philippe-remy-wilkin/

.

. une participation à une opération de promotion des Lettres belges organisée par pileN, Lisez-vous le belge ? :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/lisez-vous-le-belge/

Les phrases belges :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/les-phrases-belges/

. Les perles du patrimoine littéraire belge:

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/les-perles-de-lhistoire-litteraire-de-belgique-francophone-jean-pierre-legrand-philippe-remy-wilkin/

Les hors-pistes d’Edi-Phil, qui explorent ma formation d’auteur, de médiateur, mes prédilections.

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/les-hors-pistes-dedi-phil/

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TEXTES ET ARTICLES de Philippe REMY-WILKIN dans LES BELLES PHRASES :
PLAN et LIENS

2022 (12)

 Décembre, TOP 10 de l’année 

. Novembre, 4 articles dans le cadre de l’opération Lisez-vous le belge ? :

. Octobre, Edi-Phil (45). A l’affiche : trois romans (Michel Joiret, Sylvie Godefroid, Philippe Fiévet), deux micro-essais (Kate Millie, Frédéric Saenen), un récit de vie (Samuel Herzfeld), une parodie (Roger Lahu/Éric Dejaeger), une maxi-nouvelle (Thierry-Marie Delaunois), des fragments (Montaha Gharib, Louis Mathoux, Martine Rouhart) et un texte (Claude Donnay) poétiques ; les maisons d’édition M.E.O., Le scalde, Lamiroy, Jourdan, Gros textes, L’arbre à paroles et Bleu d’encre.. Voir :

 . Septembre, Les hors-pistes d’Edi-Phil (4), Un plongeon nostalgique… Sarah WATERS et Kate ATKINSON, deux grandes autrices britanniques :

. Août : Les hors-pistes d’Edi-Phil (3).  Un plongeon nostalgique…  James ELLROY, le Shakespeare du roman noir américain :

. Août, Les hors-pistes d’Edi-Phil (3), James Ellroy :

. Juilet, Les lectures d’Edi-Phil (44), A l’affiche : Benoît Mouchart, David Van Reybrouck, Nathalie Skowronek, Olivier Hecquet, Patrizio Fiorelli, Bernard Antoine, Alex Pasquier, l’Académie RLLFB, Arnaud Delcorte :

. Juin, Les phrases belges, feuilleton en duo avec J. Legrand, (3), Aquam de Bernard Antoine :

. Mai, Les phrases belges, feuilleton en duo avec J. Legrand, (2), Hong Kong Blues d’Alain Berenboom :

. Avril, Vers une cinéthèque idéale, 4 volets pour le dossier 1950 du feuilleton :

Décennie, Ciné-Phil RW avec Adolphe NYSENHOLC, Daniel MANGANO, Nausicaa DEWEZ et Krisztina KOVACS :

Joseph Mankiewicz, Nausicaa et Phil :

Madame de…, Phil :

La nuit du chasseur, Julien-Paul REMY, Thierry VAN WAYENBERGH et Ciné-Phil RW :

. Mars, Edi-Phil (43). A l’affiche : une réaction (Armel Job), un récit de vie (Martine Rouhart), six romans (Joseph Ndwaniye, André-Joseph Dubois, Jean Lemaître, Michel Hellas, Didier Vanden Heede, Pieter Aspe), une maxi-nouvelle (Evelyne Wilwerth), un recueil de nouvelles (Jean-Pol Hecq), un recueil d’aphorismes et clins d’œil littéraires (Éric Allard), un essai (Björn-Olav Dozo et Dick Tomasovic) ; les maisons d’édition MEO, Les impressions nouvelles, Weyrich, Jourdan, Murmure des soirs, Lamiroy, Le Cactus inébranlable, Genèse, F. Deville, Albin Michel/Livre de poche :

. Février, Les phrases belges, feuilleton en duo avec J. Legrand, (1), La collection Belgiques :

. Janvier, Vers une discothèque idéale, feuilleton avec Jean-Pierre LEGRAND + 3 experts, Judith ADLER DE OLIVEIRA, Jean-Pierre DELEUZE et Olivier DE SPIEGELEIR, (3) L’ère classique :

L’ère classique :

Les quatuors de Haydn :

Une interview de JADO :

Une interview d’ODS :


2021 (16+2)

. Novembre/Décembre : opération Lisez-vous le Belge ? avec 25 articles et dossiers :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/lisez-vous-le-belge/

. Octobre, Vers une cinéthèque idéale (dossier 1940), feuilleton avec Adolphe NYSENHOLC, Nausicaa DEWEZ, Daniel MANGANO et Julien-Paul REMY.

(UN) Décennie 1940 :

(DEUX) Le ciel peut attendre, en trio avec Nausicaa DEWEZ et Julien-Paul REMY :

(TROIS) Le voleur de bicyclette, en trio avec Adolphe NYSENHOLC et Daniel MANGANO :

. Septembre, Edi-Phil (42). A l’affiche : cinq romans (Carino Bucciarelli, Armel Job 2x, Barbara Abel, Nicole Thiry), un récit (Véronique Bergen), une maxi-nouvelle (Claude Donnay), une revue, une biographie, deux recueils de poésies (Florence Noël, Françoise Lison-Leroy) ; les maisons d’édition MEO, Samsa, Belfond, Robert Laffont/Pocket, Murmure des soirs, Lamiroy, Les impressions nouvelles et Bleu d’encre :

. Août, Les Hors-pistes d’Edi-Phil (2), Mes premiers pas dans la critique il y a vingt ans :

. Juillet, Les perles du patrimoine, feuilleton en duo avec Jean-Pierre LEGRAND (4), Jacqueline HARPMAN et son roman La plage d’Ostende :

. Juillet, Vers une cinéthèque idéale (0), feuilleton avec Adolphe NYSENHOLC, Nausicaa DEWEZ, Daniel MANGANO, Krisztina KOVACS et Julien-Paul REMY, nouvelle introduction avec présentation de l’équipe, plan et liens menant aux dossiers :

. Juillet, Vers une cinéthèque idéale (dossier 1920), nouvelle version d’un article sur Caligari, en trio avec Adolphe NYSENHOLC et Nausicaa DEWEZ :

. Juin, Edi-Phil (41). A l’affiche 6 romans (Kenan Görgün, Marie-Pierre Jadin, Arnaud Nihoul, Benoît Roels, Francisco Palomar Custance, Maxime Benoît-Jeannin), des recueils de nouvelles (Véronique Bergen, Ralph Vendôme) ou de poésies (Luc Dellisse, Yves Namur), 2 récits (Foulek Ringelheim, Adrien Roselaer) ; les maisons d’édition Les arènes et Arfuyen (France), Genèse (France/Belgique), Ker, 180°, Diagonale, Academia, Le scalde, Samsa et Le cormier (Belgique) :

. Mai, Vers une discothèque idéale, feuilleton en duo avec Jean-Pierre LEGRAND (2), Musique baroque :

. Avril, Vers une cinéthèque idéale (dossier 1930), feuilleton avec Adolphe NYSENHOLC, Nausicaa DEWEZ, Daniel MANGANO, Krisztina KOVACS et Julien-Paul REMY.

(UN) Décennie 1930 :

(DEUX) L’impossible M. Bébé, en trio avec Nausicaa DEWEZ et Julien-Paul REMY :

(TROIS) Une femme disparaît, en trio avec Nausicaa DEWEZ et Julien-Paul REMY :

(QUATRE) Le magicien d’Oz, en duo avec Krisztina KOVACS :

(CINQ) La grande illusion, en trio avec Adolphe NYSENHOLC et Daniel MANAGNO :

. Mars, Les Hors-pistes d’Edi-Phil (1), VILLIERS-DE-L ’ISLE-ADAM:

. Février, Edi-Phil (40). A l’affiche : 2 romans (Vincent Engel et Kate Milie), 1 bookleg (Agatha Storme), 1 recueil de nouvelles (Michel Torrekens), 1 nouvelle (Éric Allard), 1 micro-essai (Véronique Bergen), 1 périodique (Que faire ?), 1 essai/anthologie (Jean-Michel Aubevert) et 1 salve de poésies ; les maisons d’édition Samsa, Maelström, Ker, Lamiroy, 180°, Le coudrier et Bleu d’encre :

. Janvier, Vers une discothèque idéale, feuilleton en duo avec Jean-Pierre LEGRAND (1), Musique du Moyen-Age et de la Renaissance :


2020 (30 + 3 supervisés comme chef de projet)

. Décembre, Un hommage à Eric Allard via un article sur son opuscule paru chez Lamiroy, mis en parallèle avec les réactions/analyses de plusieurs collègues :

. Décembre, Top 10 de l’année (JDD, Sel, Bergen, Dieudonné, Dellisse, Millon, Donnay, Noir Corbeau, SAS, Wilwerth/Buciarelli/Simon/Jauniaux/Rigaux) :

. Décembre, Edi-Phil (38). A l’affiche : deux contes (Geneviève Génicot, Luigi Capuana), un recueil de nouvelles (Marianne Sluszny), un micro-roman illustré (Jacques De Decker/Maja Polackova), un thriller fantastique (Noëlle Michel), deux romans (Laurent Demoulin, Michel Corentin), une biographie (Jacques De Decker), un recueil de poésies (Luc Dellisse) ; les éditions MaelströmKerLilysLe Livre en papierLe Cormier, Gallimard :

. Novembre, Vers une cinéthèque idéale, feuilleton, années 1920 (3).

(UN) Greed/Les rapaces en duo avec Daniel Mangano :

(DEUX) Le cuirassé Potemkine, en duo avec Nausicaa DEWEZ :

(TROIS) Caligari :

(QUATRE) Décennie 1920 :

. Octobre, Les perles du patrimoine, feuilleton en duo avec Jean-Pierre LEGRAND (3), Camille LEMONNIER :

. Septembre, Edi-Phil (36). A l’affiche : un essai (Luc Dellisse), un récit (Jean Lemaître), trois romans (Stanislas Cotton, Patrick Dupuis/Agnès Dumont, Benoît Sagaro), un conte fantastique (Alex Pasquier) et deux recueils de poésies (Sylvie Godefroid et Carino Bucciarelli) ; les éditions La Lettre volée, OtiumMurmure des SoirsWeyrich/Noir CorbeauLes Nouveaux AuteursAEB, Le Scalde et L’Herbe qui tremble :

. Août, Edi-Phil (35), un reportage sur un webinaire de la FWB :

. Août, Edi-Phil (34), un dossier sur Jacques De Decker et la nouvelle, à l’occasion de l’anniversaire de JDD :

. Août, Les perles du patrimoine, feuilleton en duo avec Jean-Pierre LEGRAND (2), Marie GEVERS :

. Juillet, Les perles du patrimoine, feuilleton en duo avec Jean-Pierre LEGRAND (1), Charles DE COSTER :

. Juin, Edi-Phil (31). A l’affiche : un coup de cœur pour Martine ROUHART et un hommage adressé à notre très cher Jacques DE DECKER ; des romans (Claude Donnay, Valentine de le Court, Rossano Rosi et Patrick Delperdange), un conte/bookleg (Morgane Vanschepdael) et un essai (Joseph Van Wassenhove) ; les éditions Murmure des Soirs, MEO, Mols, Les Impressions Nouvelles, Les Arènes, Maelström et Samsa :

. Juin, Vers une cinéthèque idéale (2), feuilleton avec Adolphe NYSENHOLC, Nausicaa DEWEZ, Daniel MANGANO, Krisztina KOVACS et Julien-Paul REMY.

(UN) Décennie 1910 :

(DEUX) Naissance d’une nation :

(TROIS) Intolérance :

(QUATRE) Alice GUY, par Nausicaa DEWEZ :

(CINQ) Les vampires, en trio avec Daniel MANGANO et Krisztina KOVACS :

. Mai, Edi-Phil (30). A l’affiche : trois maisons dédiées à la poésie, avec interviews des fondateurs/directeurs :

. Mai, Vers une cinéthèque idéale (1) feuilleton avec Adolphe NYSENHOLC, Nausicaa DEWEZ, Daniel MANGANO, Krisztina KOVACS et Julien-Paul REMY.

(UN) Introduction :

(DEUX) L’équipe :

(TROIS) Le voyage dans la lune, par Julien-Paul REMY :

(QUATRE) Le vol du grand rapide :

(CINQ) L’assassinat du duc de Guise, par Daniel MANGANO :

(SIX) Préhistoire du cinéma :

. Avril, Edi-Phil en duo avec Jean-Pierre LEGRAND. Feuilleton en 3 parties consacré à Véronique BERGEN.

(1)

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2020/04/13/special-veronique-bergen-iii-par-jean-pierre-legrand-et-philippe-remy-wilkin/ (L’anarchie et Barbarella)

(2)

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2020/04/10/special-veronique-bergen-ii-par-jean-pierre-legrand-philippe-remy-wilkin/ (Tous doivent être sauvés ou aucun, Guérilla)

(3)

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/2020/04/08/special-veronique-bergen-par-jean-pierre-legrand-philippe-remy-wilkin/ (Kaspar Hauser)

. Mars, Edi-Phil (26). A l’affiche : un essai (Adolphe NYSENHOLC) et trois romans (Jean-Marc RIGAUX, Claude FROIDMONT, Patricia HESPEL) ; les éditions Didier DevillezMurmure des SoirsWeyrich et Mols :

. Février, Edi-Phil (25). A l’affiche : deux romans (Michel Torrekens et Myriam Leroy), un bookleg/monologue (Céline de Bo), une DB/doc (Arnaud de la Croix), une BD (Frank et Bonifay), une revue (Traverses) ; les éditions Zellige et SeuilMaelströmPetit à Petit et DupuisTraversées :

. Janvier, 2e partie d’un TOP 100 des songs pour les Fêtes de fin d’année :

. Janvier, Edi-Phil (24). A l’affiche : deux romans (Adeline Dieudonné et Francis Groff), un récit de vie (Marianne Sluszny), une BD/Doc (Arnaud de la Croix) et une pièce de théâtre (Jacques De Decker) ; les maisons d’édition L’IconoclastePetit à PetitAcademiaWeyrich et L’Ambedui :


2019 (18+10)

. Décembre (fin), Edi-Phil 23. Spécial Denis BILLAMBOZ :

. Décembre, Top 10 2019 d’Edi-Phil RW :

. Décembre (fin), 1e partie d’un TOP 100 des songs pour les Fêtes de fin d’année :

. Décembre, Edi-Phil 22. A l’affiche : deux pièces de théâtre (Charles Van Lerberghe), des promenades littéraires (Daniel Simon), trois romans (S.A. Steeman, Pierre Hoffelinck et Salvatore Minni), un récit de vie et de deuil (Isabelle Fable) ; les maisons d’édition Espace NordCouleur LivresLibrairie des Champs-ÉlyséesMurmure des SoirsM.E.O. et Slatkine & Cie ; l’émission Les Rencontres Littéraires de Radio Air-Libre :

.  Novembre, Edi-Phil 21. A l’affiche : deux romans (Marcel Sel et Ziska Larouge), une BD-Doc (Arnaud de la Croix et Cie), une pièce de théâtre (Jacques De Decker), un témoignage (Inge Schneid) et un recueil de nouvelles (Jean Jauniaux) ; les maisons d’édition Onlit, Weyrich, Petit à Petit, Lansman, Couleur Livres et Ker.

. Octobre, Edi-Phil 20. Spécial Prix Emma Martin du roman. A l’affiche : sept romans (Alexandre Millon, Daniel Adam, Victoire de Changy, Claudine Tondreau, Elodie Wilbaux, Bruno Wajskop et Gilles Horiac) ; les maisons d’édition Samsa, Murmure des Soirs, Onlit, M.E.O., Autrement, Bord de l’eau et 180° :

. Septembre, Edi-Phil 19. Reportage. Soirée Sabam sur l’état des lieux du livre en FWB :

. Septembre, Edi-Phil 18. Spécial Luc DELLISSE en trio (avec Jean-Pierre Legrand et Julien-Paul Remy), épisode 3 :

. Septembre, Edi-Phil 17. Spécial Luc DELLISSE en duo (avec Jean-Pierre Legrand), épisode 2 :

. Septembre, Edi-Phil 16. Spécial Luc DELLISSE en duo (avec Jean-Pierre Legrand), épisode 1 :

. Août, Edi-Phil 15. A l’affiche : un essai (Luc Dellisse), une BD (la reprise de Blake et Mortimer par Schuiten/Durieux/Gunzig/Van Dormael), deux romans policiers (Francis Groff, Christian O. Libens), et une note poétique (Salvatore Gucciardo) ; les maisons d’édition Les Impressions Nouvelles, Blake et Mortimer, Weyrich/Corbeau Noir :

. Juillet, Edi-Phil 14. A l’affiche : suite et fin des feuilletons Jacques De Decker (4 épisodes) et Véronique Bergen/Kaspar Hauser (3 épisodes), deux romans (Georges Simenon et Aly Deminne), un témoignage (Thierry Grisar), deux essais (Christian Libens et Jean Jauniaux) ; les maisons d’édition La MuetteLes Impressions Nouvelles/Espace Nord, Le Soir et Weyrich/Corbeau Noir, Banc d’Arguin, Flammarion…. et une émission radiophonique :

. Juin, Edi-Phil 13. Spécial Jacques DE DECKER et le théâtre (en duo avec Julien-Paul Remy) :

. Mai, Edi-Phil 12. A l’affiche : une mini-série BD (les Spirou d’Emile Bravo), des bonus (connectés à un dossier) sur Rossano Rosi, un roman (de Christian Libens), un recueil de nouvelles (d’Anne-Michèle Hamessse), la suite du feuilleton Kaspar Hauser (d’après un roman de Véronique Bergen) ; les maisons d’édition DupuisLes Impressions Nouvelles, Weyrich, Le Cactus Inébranlable, Espace Nord) :

. Avril, Edi-Phil 11. Spécial Jacques DE DECKER et le roman :

. Mars, Edi-Phil 10. A l’affiche : le lancement de deux feuilletons, consacrés à deux grands coups de cœur : Jacques De Decker et Kaspar Hauser (un roman de Véronique Bergen), deux romans (Carino Bucciarelli et Nadine Monfils), un recueil de poésies (Carino Bucciarelli) ; les maisons d’édition M.E.O., Espace Nord/Les Impressions NouvellesL’Arbre à paroles :

. Février, Edi-Phil 9. A l’affiche : trois romans (Lorenzo CECCHI, Nathalie STALMANS, Evelyne WILWERTH) et trois recueils, de nouvelles (Jean-Marc RIGAUX), d’aphorismes (Michel DELHALLE) et de poésies (Philippe LEUCKX) ; les maisons d’édition Murmure des soirsLiLysLe Cactus Inébranlable, M.E.O., Genèse, Bleu d’Encre :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 9 :

https://lesbellesphrases264473161.wordpress.com/category/twin-peaks-iii-visions-croisees/

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 8 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 7 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 6 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 5 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 4 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 3 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 2 :

. Janvier/février. Feuilleton en 9 épisodes, en duo avec Vincent Tholomé, réédité post-1e parution sur Karoo, Twin Peaks III, épisode 1 :

. Janvier, Taxi Driver, article polyphonique en trio (avec Krisztina KOVACS et Thierry VAN WAYENBERGH) issu du dossier Vers une cinéthèque idéale, déjà publié par Karoo :

. Janvier, Edi-Phil 8. A l’affiche : deux romans (Claude DONNAY et Stanislas-André STEEMAN), un essai (Adolphe NYSENHOLC), une poétesse (Françoise LISON-LEROY), un héraut du faire-savoir (Eric ALLARD) ; les maisons d’édition M.E.O. et Espace Nord/Les Impressions NouvellesRougerie :


2018 (14+3)

JANVIER

. Arnaud DE LA CROIX, Ils admiraient Hitler (Racine) :

FEVRIER

. Maxime BENOIT-JEANNIN, Brouillards de guerre (Samsa) :

MARS

. Marcel SEL, Rosa (Onlit) :

. Edi-Phil 1 (A), avec des livres de Sébastien Ministru (Grasset), Isabelle Bielecki (MEO), Lew Bogdan (MEO), Carino Bucciarelli (Encre rouge) et Guy Stuckens :

. Edi-Phil 1 (B), avec des livres de Françoise Lison (Rougerie), Eric Allard (Le cactus inébranlable), Unimuse :

MAI

. Patrick ROEGIERS :

JUIN

. Edi-Phil 2. A l’affiche : romans/poésies/nouvelles/études/BD de Guy Gilsoul, Claude Raucy, Alain Berenboom, Patrick Weber/Baudouin Deville, Philippe Leuckx, Raymond Reding, Willy Lefèvre ; des éditions Jourdan ou Genèse, etc. :

. Ciné-Phil RW, Le parrain, article à 4 voix (avec TVW, KK et Bertrand GEVAERT) réédité après Karoo, épisode 3 :

. Ciné-Phil RW, Le parrain, article à 4 voix (avec TVW, KK et Bertrand GEVAERT), épisode 2 :

. Ciné-Phil RW, Le parrain, article à 4 voix (avec TVW, KK et Bertrand GEVAERT), épisode 1 :

AOUT

. Edi-Phil 3. A l’affiche : trois romans (Bernard Antoine, Vincent Engel et Eric Russon) mais aussi un recueil de poésies (Marie-Clotilde Roose) et une revue sportive culturalisée ; les maisons d’édition Murmure des Soirs, Ker, Robert Laffont et Brandes :

SEPTEMBRE

. Edi-Phil 4. A l’affiche :trois romans (Jacques De Decker, Jérôme Colin et… Charles De Coster), un recueil de poésies (Thierry-Pierre Clément) et un héraut du faire-savoir (Jean Jauniaux) ; Weyrich, Allary, la collection patrimoniale Espace NordLe Non-Dit, etc. :

OCTOBRE

. Edi-Phil 5. A l’affiche : un recueil de textes brefs (Daniel Simon), une aventure théâtrale au parfum de biographie (Albert-André Lheureux), un essai historique (Arnaud de la Croix), un roman (Yves Wellens), une nouvelle (Jean Jauniaux) et un héraut du faire-savoir (Michel Torrekens) ; les éditeurs M.E.O., GenèseRacineKerAu Hibou des Dunes/Fondation Paul Delvaux :

. Alix, le retour :

NOVEMBRE

. Edi-Phil 6. A l’affiche : un essai (Pascal Durand et Tanguy Habrand), deux romans (Thierry Robberecht, Luc Fivet), une nouvelle (Evelyne Wilwerth), un recueil de poésies (Thierry-Pierre Clément), un héraut du faire-savoir (Philippe Leuckx) ; les éditeurs Les Impressions NouvellesWeyrichBaker StreetAd Solem et Lamiroy :

DECEMBRE

. Edi-Phil 7. A l’affiche : spécial LE PRINTEMPS DU LIVRE/coproduction Impressions Nouvelles/OnLit/Weyrich/Espace Nord. Reportage sur le happening éditorial puis suivi des rencontres :

. Top 5 de Phil RW :

2017 (5+1)

SEPTEMBRE

. Jean-Pol HECQ, Tea Time à New Delhi (Luce Wilquin) :

. Bertrand SCHOLTUS, Guerre sainte (Ker) :

. Barbara ABEL, Je sais pas (Belfond) :

OCTOBRE

. Gérard ADAM, Stille Nacht (MEO) :

NOVEMBRE

. Sylvie GODEFROID, Hope (Genèse) :

DECEMBRE

. Micro-essai réédité, sur la liberté d’expression et le blasphème :

2022 – BOURGEONS DE LECTURE : COURTS MAIS PUISSANTS / La chronique de Denis BILLAMBOZ

DENIS BILLAMBOZ

Dans cette courte chronique, j’ai réuni deux recueils de textes courts, des textes contemporains, des textes qui évoquent plus qu’ils ne disent.

Un texte de Marc-Emile THINEZ édité chez Louise Bottu Editions qui décrit un être à travers ce qu’il pense être la somme de ceux à qui il ressemble, de ceux qui l’ont construit, de ceux dont il apprécie les œuvres.

L’autre texte, édité dans les Microcactus des Cactus Inébranlable Editions, est un recueil d’Yves ARAUXO qui rassemble des fragments érotiques mais, plus encore, sensuels.


J’aurai été ceux que je suis

Marc-Emile Thinez

Louis Bottu


Il semblerait qu’avec ce recueil, Marc-Emile Thinez veuille que ses amis et connaissances se souviennent de ce qui il a été et qu’il n’a été que ceux qu’il est au moment où il écrit ces lignes, ceux qui ont constitué son être, son savoir, sa passion, ses ambitions, ses réalisations, ses liaisons, ses amours et peut-être mais aussi ses illusions et désillusions. Ceux qu’il a été, ce sont les cinquante héros qui l’ont marqué à jamais et qu’il met en scène dans ce recueil : quarante-quatre héros de romans, cinq de films et un d’un tableau, Le Cri de Munch. Cette liste ressemble à un testament littéraire énumérant tous ceux à qui l’auteur doit une part de son être et de son œuvre. Le contenu de la liste ne peut que conforter cette proposition, on n’y trouve que des œuvres majeures ayant connu plus ou moins de succès mais ayant à coup sûr franchi le cap de la postérité. A titre d’exemple, on trouve dans cette liste : des grands auteurs littéraires : Fernando Pessoa, Louis-Ferdinand Céline, Mario Vargas Llosa, Mikhaïl Boulgakov, Italo Calvino, …, des personnages de films : Pierrot le fou, Lemmy Caution, … et Le Cri de Munch.

A travers cette liste, Marc-Emile montre son étonnante culture littéraire avec la place qu’elle laisse aux autres arts mais plus encore la qualité de son jugement et la diversité de ses goûts. Il semblerait que ce n’est jamais le genre ou le succès de l’œuvre qui prime mais bien plutôt sa qualité littéraire, son impact émotionnel et les stigmates qu’elle laisse dans l’âme, le cœur et l’esprit du lecteur ou du spectateur.

Pour bien faire comprendre ce « testament », Marc-Emile présente sur chacune des cinquante pages de ce recueil un texte très court qui évoque chacune des œuvres à laquelle il pense devoir ce qu’il est devenu. Il indique ensuite le nom du personnage de cette œuvre qui a laissé en lui une part de ce qu’il est et restera à jamais. Le lecteur peut ensuite se reporter à la table des matières pour savoir de quelle œuvre est issu ce personnage, qui en est l’auteur et quel en est l’éditeur en ce qui concerne les ouvrages littéraires.

Ce recueil est ainsi une sorte de petite bible, un guide, un répertoire de l’essentiel de la culture pour qui ne sait comment constituer son bagage culturel.

Le recueil sur le site de Louise Bottu


Toute cette beauté masquée

Yves Arauxo

Cactus Inébranlable


Ce nouveau Microcactus, joliment introduit par un dessin de Félicien Rops, est composé de quatre-vingt-dix neufs fragments érotiques. Ces fragments, de deux ou trois lignes à une page complète du petit format de ce recueil, sont parfois des jolis aphorismes, des pertinentes réflexions, des allusions affriolantes, des propos suggestifs et même des petites nouvelles pleines de sensualité, des portraits ou tableaux très expressifs. Personnellement, j’ai trouvé ces petits textes plus sensuels qu’érotiques. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne sont jamais pornographiques ni graveleux et encore moins obscènes. Ils sont juste grivois, licencieux, croustillants et toujours littéraires.

J’ai aimé l’allusion suggestive et la délicieuse délicatesse de la chute de ce joli portrait :

« J’apporte un grand soin au choix des fromages. Résolument, je préfère les pâtes dures : j’adore quand la fromagère doit peser de tout son poids sur son couteau à double manche pour découper une roue où la lame pénètre lentement. Et son petit soupir quand c’est fini… »

J’ai été amusé par le regard licencieux de ce client :

« Chaque manipulation de jambon faisait apparaître, par l’échancrure du col de son lainage, l’épaule dodue de ma bouchère. »

Ce fragment m’a particulièrement fait rire :

« Maniant l’humour comme un principe de précaution, ma dentiste (qui est plutôt ronde, courte sur patte et fort âgée) me demande si je n’ai pas croisé un pangolin sur le chemin de son cabinet. Je la regarde et reste courtoisement silencieux. »

J’ai trouvé celui-ci bien troussé :

« Toute cette beauté masquée… il y en a tant qu’elle ne peut que masquer autre chose ».

Et, celui-là particulièrement d’actualité :

« Les infos sont sexy en ces temps de pandémie : tous les soirs, la présentatrice du JT retire son masque en direct après avoir reçu un invité sur le plateau ».

J’abonde fermement à tout ce que celui-ci évoque :

« Une femme drôle n’a pas à ses soucier de son physique : elle manie une arme plus efficace que la beauté. »

Et le petit dernier pose une question qui, sous sa légèreté, suggère beaucoup :

« Quand la morale puritaine aura triomphé, sera-t-il encore permis de regarder dans le décolleté du monde ? »

Ceci n’est qu’un maigre échantillon, il y a encore, dans ce recueil, plus de quatre-vingt-dix autres fragments dont un certain nombre évoque la femme dans le milieu aquatique comme un fœtus dans son océan amniotique. Un fantasme bien connu des créateurs publicitaires. Je voulais aussi souligner la culture littéraire de l’auteur qui cite de nombreux auteurs plus ou moins reconnus, j’ai même vu un moineau de Lesbie traverser une page en me rappelant un texte étudié à l’université.

Le recueil sur le site du Cactus Inébranlable


CASSE-TÊTE À COINTE de FRANCIS GROFF (Weyrich) / Une lecture d’Éric ALLARD



La nouvelle passionnante enquête (la cinquième déjà) de Stanislas Barberian, le bouquiniste carolo-parisien, se déroule à Liège, dans le milieu de l’urbex (exploration urbaine) et du trafic d’archives.

Cela débute par la découverte par deux jeunes gens, de retour d’un restau, du corps sans tête d’une femme à l’Observatoire de Cointe qui, bien que désaffecté, demeure, apprend-on, le siège de la Société astronomique de Liège.

Par hasard, il se fait que Stanislas Barberian, bouquiniste à Paris mais natif de Charleroi ayant fait ses études à l’université de Liège, se trouve alors dans la ville mosane dans le cadre de la rédaction d’un texte documenté pour le catalogue d’une vente d’une maison suisse sur le thème de la guillotine, comme il lui arrive d’en rédiger. On apprendra ainsi que l’histoire de la principauté est étroitement liée à celle de la peine de mort par décapitation. Ce dernier terme est à distinguer, nous apprend-on, de la décollation qui consiste à trancher la tête d’un cadavre. Distinction qui aura toute son importance dans cette affaire.

Dans ce but, il commence par rencontrer Bernard Tilkin, historien oeuvrant aux Archives de l’Etat, situé dans le quartier de l’Observatoire. Il est l’auteur entre autres d’un ouvrage qui va intéresser Barberian pour ses recherches. À l’occasion, l’historien aide la PJ dans le cadre des vol et trafics d’archives qui est une nouvelle forme de délinquance peu connue.

De fil en aiguille, Barberian va rencontrer diverses personnes : un enseignant retraité travaillant bénévolement aux Archives de l’état, l’Avocat général, le chroniqueur judiciaire de La Meuse, le commissaire chargé de l’affaire…, qui sont liées peu ou prou à l’enquête en cours pour découvrir, d’abord l’identité de la victime, puis le(s) coupable(s) de l’horrible forfait.

Le bouquiniste apportera des éléments de première importance qui vont contribuer à démêler les divers nœuds de l’affaire, tout en menant à bien le travail pour lequel il se trouve dans la Cité ardente. Partant de la tête de l’affaire, Barberian va réussir à reconstituer, si l’on peut dire, son corps entier, malgré un dommage collatéral final.

Alternant les passages informant sur des points de l’histoire de la ville et l’avancée de l’enquête, qui ménage son lot de surprises et de révélations, le récit maintient le suspense jusqu’à la fin. Fort, il va sans dire de sa carrière de journaliste, Francis Groff s’est documenté sur les domaines investis par son personnage récurrent (voir la liste des remerciements en fin de volume).

Depuis la première enquête, Morts sur la Sambre, en 2019, on prend plaisir à la compagnie de cet enquêteur amateur, fin lettré, volontiers malicieux, aimant la bonne chère et, dans cet épisode, le whisky écossais qui, avec l’ouverture d’esprit et la curiosité propres à son activité de bibliophile, apporte des éclairages inédits sur les affaire auxquelles il est mêlé et fait de plus voir sous un jour neuf les villes, une par enquête (Charleroi, Namur, Binche, Waterloo, Liège), dans lesquelles il est appelé à exercer son talent.

Une nouvelle enquête, donc, qui ravira tant ceux qui découvriront la série que ceux qui feront la connaissance de la méthode de Stanislas Barberian et la façon d’en rendre compte, dans un style clair et un rythme allègre, par Francis Groff.


Francis GROFF, Casse-tête à Cointe, Weyrich, coll. Noir Corbeau, 2022, 258 p., 19 € et 14,99 € en ebook.

Pour commander le livre sur le site de l’éditeur

À voir sur Télésambre, l’interview de Francis Groff dans une belle mise en images du roman


LE LUTHIER DE BAGDAD de LEÏLA ZERHOUNI (Lamiroy) / Une lecture d’Eric ALLARD


Affecté par la détresse de son père, qui rejaillit sur l’entente familiale, le jeune Ahmed, qui vient de fêter son douzième anniversaire, intervient auprès de monsieur Brahimi, le meilleur luthier de Bagdad, afin qu’il répare l’oud de son père qui, faute d’avoir été payé par son employeur depuis des mois, a claqué la porte de l’Orchestre philharmonique et son instrument. 

Mais monsieur Brahimi n’est plus disposé, pour une raison propre qu’on découvrira, à réparer tous les instruments. Pour sa part, Ahmed se montrera d’une grande patience et usera d’un subterfuge pour arriver à ses fins…

Le récit dédié à son père, avec en épigraphe des vers de Jacques Brel, s’inscrit bien dans la manière de Leïla Zerhouni ; il convoque Fairouz, Khalil Gibran, Mounir Bachir, « l’émir du oud ». En deux nouvelles, une aux Editions Lamiroy, une autre chez Bleu d’Encre, et un roman, Femmes empêchées (chez M.E.O.), l’autrice use de son talent de conteuse pour interroger des questions et exprimer des douleurs contemporaines.

La présente histoire résonne avec l’actualité récente de l’Irak rendue exsangue par « la guerre, l’embargo, l’Etat Islamique et la corruption ».E lle a des allures de conte oriental visant l’essentiel des sentiments et situations humains.

Une nouvelle qui montre une fois de plus la singularité de l’univers et du mode d’expression littéraire de Leïla Zerhouni et dont la lecture une fois encore enchante .


Leila Zerhouni

Leïla ZERHOUNI, Le luthier de Bagdad, Lamiroy, coll. Opuscules, 2022, 42 p., 4€ format papier, 2€ format numérique.

Pour commander l’Opuscule sur le site des Editions Lamiroy


2022 – BOURGEONS DE LECTURE : HISTOIRES EN NOIR / La chronique de DENIS BILLAMBOZ

DENIS BILLAMBOZ

Le polar, le roman noir, etc. sont actuellement très à la mode, aussi j’y sombre pour cette fois au moins. J’ai donc rassemblé dans cette rubrique un roman noir du chroniqueur de La Revue de presse, Thierry ROCHER, qui raconte l’histoire d’un homme qui assassine tous ceux qui sont impliqués dans un violent attentat ayant tué sa fille et sa femme. Et, deux textes édités chez L’AUBE, un roman très, très, noir se déroulant au Salon de l’agriculture et un autre un peu moins sanguinaire se déroulant dans la campagne profonde mornandaise. De la violence sans retenue, du sang en abondance, du cynisme, de la cruauté, …, tout ce qu’il faut pour bien noircir un texte.


La mort en partage

Thierry Rocher

Editions de Borée


Fidèle téléspectateur de La Revue de presse à Paris première et admirateur inconditionnel de Thierry Rocher, j’avais très hâte de découvrir ce roman, je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. C’est l’horrible histoire d’un comique, tout comme l’auteur, dont l’épouse et la fille unique ont été les victimes d’une tuerie sauvage comme celle du Bataclan. Après une courte période de deuil bien sombre, Pierre Chalet, le comique en question, décide de remonter sur la scène. La vie continue et il faut bien occuper le temps qu’elle nous concède encore. Il lui faut aussi rompre le cercle de la solitude qui l’enserre, il n’a plus de famille dans la capitale, ses parents et ceux de son épouse habitent la province. Seule la sœur de sa femme, Sophie, réside à Paris, elle le soutient de toute son affection en espérant se rapprocher de lui afin d’unir leur solitude respective.

Comme le clown triste, Pierre Chalet ravit ses admirateurs quand il monte sur les planches mais broie beaucoup de noir quand il se retrouve seul chez lui ou dans les rues et restaurants qu’il fréquente. Il n’arrive pas à accomplir son deuil et sa souffrance ne fait que croître de jour en jour, pour essayer de la calmer, il collectionne les articles de presse relatant ou commentant l’assassinat de ses deux êtres les plus chers et ceux des islamistes radicalisés cités comme comparses possibles au cours de cette tuerie.

Un soir, il donne une représentation en compagnie d’une jeune humoriste très prometteuse qu’il rencontre à l’occasion des réglages du spectacle. Elle l’admire, il est ébloui, mais il ne peut pas l’aimer, elle l’a compris, elle appartient à la communauté de ceux qui ont détruit les siens. Il sait qu’il est injuste, il sait qu’un jour il l’aimera, ils se rencontrent le plus souvent possible, ils sont fusionnels. Mais les assassinats de jeunes radicalisés se multiplient comme si un règlement de compte généralisé était en cours. Elle craint la montée en puissance des violences raciales.

Entre amour et vengeance, l’humoriste se maintient en équilibre entre résilience et pardon d’une part et rage et violence vengeresse de l’autre. Il incarne ce dilemme en invoquant sur scène l’apaisement et le pardon et en cultivant, en privé, la douleur qui le ronge et le pousse à souhaiter la punition de tous ceux qui seraient impliqués dans l’horrible massacre. Mais, peut-être que l’amour lui indiquera un autre chemin vers une autre passion …

Cette histoire, c’est l’éternel débat entre le bien et le mal, la réflexion cérébrale et les pulsions reptiliennes, arbitré par les raisons, pas toujours raisonnables, du cœur sur fond de description de la carrière d’un saltimbanque adulé qui se lasse des attentions et de la compassion de ses admirateurs jusqu’à ce qu’une artiste plus jeune que lui vienne réveiller ses hormones en berne. J’ai aimé ce texte émouvant, parfois bouleversant, plein d’empathie, j’ai une vraie admiration pour le chansonnier atypique qui se cache derrière l’auteur. On ne peut pas ne pas apprécier un homme qui aime la bonne chère, le Saint Véran, les vins de Loire, …, et qui fréquente avec plaisir cette brasserie de la rue du Commerce à Paris qui a conservé le charme des belles brasseries parisiennes hélas en voie de disparition, que je fréquente, moi aussi, avec gourmandise quand je passe par la capitale.

Et pour terminer sur un clin d’œil, notez bien les maximes qui concluent chaque chapitre, elles sont dignes des pensées du célèbre philosophe chinois, Qi Shi Tsu, inventé par Thierry Rocher pour illuminer ses chroniques télévisuelles.

Le roman sur le site des Editions de Borée


Signe de terre

Yves Hughes

L’Aube


Yann, son fils, et Valentine la femme qui partage, jusqu’à la limite qu’elle a fixée, sa vie, reviennent de l’aéroport où ils ont accueilli la mère de sa presque concubine de retour d’un long périple en Amérique latine. Pendant ce temps, alors qu’ils longent les larges halls de la Porte de Versailles abritant le Salon de l’agriculture qui vient d’ouvrir ses portes, un truie chinoise de trois-cent-trente kilos déchiquette un quidam arrivé Dieu sait comment dans son box. Au petit matin, Yann est appelé pour résoudre cette énigme tout aussi ténébreuse qu’incongrue.

Il mène son enquête à la mode Maigret, de toute façon les technologies les plus pointues s’avèrent peu efficaces car la truie n’a laissé que des lambeaux du cadavre qui n’avait rien dans ses poches. Dans ces conditions, son identification s’avère déjà bien problématique, Yann décide alors de s’immerger dans les coulisses du salon en interrogeant les vigiles de garde la nuit et les exposants dormant sur place dans l’espace qui leur est réservé. La victime est bientôt identifiée mais sa présence dans le salon intrigue les enquêteurs : c’est un Auvergnat monté à la capitale non pas, comme beaucoup de ses compatriotes, pour travailler dans une brasserie mais pour monter sur les planches comme saltimbanque dans des cabarets minables qui ont presque tous disparu. Des cabarets comme Maigret en visitait souvent pour prendre la température du milieu .

En apprenant que la victime est originaire d’Auvergne, Yann, comme aurait fait Maigret, se rend dans sa campagne natale pour essayer de comprendre pourquoi ce brave fils de la terre est monté à Paris et comment il a pu rencontrer au Salon de l’agriculture des concitoyens qui auraient pu avoir, dans un temps lointain, des problèmes avec lui. L’affaire pourrait impliquer des exposants avec, éventuellement, certaines complicités….

Avec cette histoire de paysans montés à la capitale, Yves Hughes renoue avec le bon polar à la Simenon dans lequel le commissaire passe beaucoup de temps à renifler les lieux pour s’imprégner de la mentalité des protagonistes et découvrir leur histoire réciproque. Moi-même enfant de la terre, je me suis senti très à l’aise au milieu du cheptel rassemblé Porte de Versailles ou dans les fermes du Cantal. Je me souviens que ma première visite à Paris fut pour visiter de la famille rue de Dantzig, là où Yann a garé sa voiture avant de rejoindre le salon.

Ce polar bucolique m’a soufflé un grand courant de nostalgie et a fait remonter à ma mémoire une belle grosse vague de souvenirs personnels…

Le roman sur le site des Ed. de L’Aube


Entendez-vous dans les campagnes

Ahmed Tiab

L’Aube


L’inspecteur Lofti Benattar de la police marseillaise est détaché en renfort des gendarmes locaux pour élucider la disparition d’un jeune de Verniers-en-Morvan, trou perdu dans le brouillard noyant presque quotidiennement la campagne morvandelle. Lofti est un miraculé, il a survécu, a pu se remettre debout et marcher après une fâcheuse défenestration. Son handicap le fait toujours souffrir mais ne l’empêche pas d’exercer son activité policière et n’a surtout pas altéré son flair. Il a quelques autres problèmes à régler avec sa famille et d’autres encore. Sur place, il rencontre Marie-Aliénor Castel de Fontaube, Ali, pour faire plus simple, une jeune journaliste stagiaire qui nourrit des ambitions dans la profession. Elle voudrait prouver à sa famille qu’elle peut faire carrière hors des circuits réservés à l’aristocratie et qu’elle peut réussir sans l’appui de son père.

Le corps du jeune disparu est rapidement retrouvé, l’enquête devient alors une enquête pour meurtre confiée à Lofti. Il bénéficie pour conduire ses investigations de l’appui des gendarmes locaux, notamment, des deux adeptes de la musculation, amateurs de belles filles et de belles mécaniques, et un brin fachos. Pour corser l’enquête, un centre de déradicalisation installé dans les environs voit ses derniers pensionnaires s’évaporer dans la nature, générant l’inquiétude des autochtones et exacerbant le nationalisme des gendarmes.

L’enquête se déroule sur fond d’affaire familiale impliquant le père de la victime et son frère, tous deux usufruitiers d’une ferme devant revenir à leurs enfants : la victime, un cousin un peu attardé et une demi-sœur, elle plutôt en avance surtout en ce qui concerne sur la gaudriole. Ces divers univers se percutent sur ce territoire noyé dans un brouillard permanent : ploucs de paysans crasseux et prompts à la baston, jeunes radicalisés en cours de déradicalisation mais surtout trafiquant de drogues, une bande de fachos, anciens miliciens, aguerris aux combats violents et pour corser le tout les inévitables zadistes qui sillonnent la France à la recherche d’un emplacement pour établir un camp de base provisoire et une fonctionnaire un peu portée sur le sexe. Dans ces pays perdus noyés dans la brume, il faut bien trouver quelques activités réjouissantes pour ne pas sombrer dans l’ennui et la morosité et s’enfermer dans la déprime.

Au milieu de ce microcosme en ébullition, Lofti essaie de comprendre, avec l’appui plus ou moins volontaire de la stagiaire de la télévision, comment et pourquoi ces meurtres et ces disparitions ont pu se dérouler dans ce coin de France profonde où ce polar ose s’égarer loin des banlieues en perpétuelle effervescence.

Le roman sur le site des Ed. de L’Aube


L’ECLIPSE D’UNE OMBRE de FABIAN DI MARIA (Maelström) / Une lecture de PHILIPPE LEUCKX


Voilà un premier livre de poésie, dû à un jeune écrivain de quarante ans.

Sur le thème de l’initiation au voyage et à la découverte de soi, une poésie très maîtrisée aux images brillantes.

« Apprends à devenir » ou « les arbres n’abrègent jamais leur litanie » versent ce livre vers une éthique du vivant.

Le verbe apprendre revient comme un leitmotive et le regard cerne bien le monde où le temps est « altéré » et la quête essentielle.

« Chaque chemin mène » indique l’orientation prise.

La mémoire joue des tours et le roi « terrassé ».

La sensualité honore nombre de pièces d’un puzzle intime, où chacun tient sa place : mère, père, roi, …

Le désir comme la peur parfument cette poésie sensible, où l’oeil du chasseur sait toucher au plus profond « les âmes folles ».

« Pépite de l’instant » semble l’apologue d’un ensemble qui intrigue, joue de subtilité.

J’aime beaucoup les titres, les « puits » où le lecteur peut se perdre même à l’ombre d’un chant.

La gravité s’équilibre de grâce : c’est dire la qualité d’une écriture – qui ira loin; et si l’on connaît l’homme, fantasque, enjoué, terriblement attachant, le poète, lui, est quelqu’un qui fait de la poésie un laboratoire existentiel, précis et enivrant.


Fabian Di Maria, L’éclipse d’une ombre, Maelström, Bookleg n°178, 2022, 36p., 3€.

Le Bookleg de Fabian Di Maria sur le site de Maelström Reevolution


LES OISEAUX N’ONT PAS LE VERTIGE de DANIEL CHARNEUX (Genèse) / Une lecture d’Éric ALLARD


Un champion du deuil

Philippe et Jean Berthollet sont nés dix ans après la Seconde Guerre mondiale dans les Ardennes françaises. Depuis leur naissance, ils sont Les Inséparables jusqu’au jour où le destin en décide autrement…

Le 1er avril 1968, Jean Berthollet, le narrateur, comprend que son enfance est morte. Un an plus tard, un article de Paris-Match sur deux pages, agrémenté de trois photos, marquera le reste de sa vie. Il est consacré à un homme doué d’une grande force physique qui deviendra champion d’Europe de boxe des poids lourds, José Manuel Ibar, surnommé Urtain, qui se suicidera vingt-trois ans plus tard, en se jetant du dixième étage de son immeuble madrilène.

« Peut-être qu’il trouvait un ancrage solide dans ce boxeur à qui une grande carrière souriait, ce roc capable de soulever des montagnes, cet imposant contrepoint de lui-même », écrit Jean quand il s’interroge sur les raisons de sa fascination d’adolescent pour Urtain.

Devenu metteur en scène et comédien, Jean Berthollet écrira une pièce sur la vie du héros de son adolescence, battu par Mohamed Ali mais vainqueur du Belge Jean-Pierre Coopman.

Dans la première partie du récit, le narrateur raconte son enfance avec son jumeau, et ses ascendants, surtout le grand-père Marcel, comment sa famille a vécu des pertes, avec l’idée sous-jacente, régnant à l’époque, de justice immanente censée punir ceux qui ont failli.

Jean narre aussi sa rencontre au cours Florent à Paris avec Mathilde, issue d’un milieu bourgeois,, puis la naissance tardive d’une fille, Chloé, l’avant-dernière année du précédent millénaire, alors qu’il a dépassé la quarantaine. Un film, « C’est arrivé demain », l’impressionne à double titre, tant par son sujet qui permet d’anticiper les malheurs du lendemain en corrigeant préventivement le futur que par son actrice principale, Linda Darnell, à laquelle Mathilde ressemble. Linda Darnell connaîtra aussi une fin de vie tragique en 1965 dans l’incendie de sa demeure.

En 2018, à vingt et un ans, Chloé qui est à Bilbao dans le cadre de ses études de journalisme se rendra, sur le conseil de son père, avec son ami à Cestona dans le village du Géant basque…

Si le dixième roman de Daniel Charneux qui questionne le deuil et la relation père-fille s’inscrit bien dans sa manière, tissant autour de son narrateur ou personnage principal une trame étroite faite de souvenirs personnels et d’une sympathie pour des célébrités plus ou moins oubliées du monde artistique ou sportif, il renoue ici formidablement avec le côté thriller de son premier roman, Une semaine de vacance.

Ainsi que dans le roman qui ressort en poche chez le même éditeur, le remarquable Comme un roman fleuve, Charneux prend appui sur un drame initial pour conduire son intrigue parmi les méandres des faits d’une existence, tout en montrant comment un homme ordinaire affronte l’imprévu d’une perte ou d’un malheur.  

Les oiseaux n’ont pas le vertige est un roman qui surprend jusqu’à sa chute, qu’on peut, sans la dévoiler (comme le fait un peu trop la quatrième de couverture du livre), qualifier de tarantinesque. 


Daniel CHARNEUX, Les oiseaux n’ont pas le vertige, Genèse Editions, 2022, 208 p., 21 €.

Le roman sur le site de Genèse Editions


2022 – BOURGEONS DE LECTURE : LA FAMILLE ENTRE CONSTRUCTION ET EXPLOSION / La chronique de Denis BILLAMBOZ

DENIS BILLAMBOZ

Dans cette chronique, trois romancières ont abordé le sujet de la famille, la famille en construction, la famille en décomposition, la famille en explosion, la famille qui se détruit, se déchire et parfois se rabiboche ou se reconstruit. La famille est un ensemble mouvant qui vacille, oscille, ondule comme un océan sous l’effet du vent.

Françoise HOUDART raconte comment Lisa a essayé de reconstruire son histoire pour comprendre la séparation de ses parents, Nicole MARLIÈRE évoque les quelques années qui transforment Jeanne en une jeune femme oubliant son adolescence, Marie-Virginie DRU, elle rapporte comment une jeune sénégalaise abandonnée par le père de son enfant devient une femme seule mais forte. La famille, un sujet inépuisable.


Au revoir Lisa

Françoise Houdart

M.E.O.


Lisa, née dans le sud de la Belgique, près de la frontière française, au milieu des années cinquante, est traductrice en allemand, elle voyage beaucoup pour son métier et voit peu sa mère, Eugénie, qui l’a élevée seule depuis l’âge de dix ans, son mari, Auguste, ayant quitté le domicile conjugale à cette époque. Un soir, un violent orage sévissant là où réside sa mère anéantit le gros tilleul tutélaire qui a abrité une bonne partie de son enfance, et projette sa mère dans un état de choc qui nécessite son admission à l’hôpital. Lisa la veille et profite de cette occasion pour essayer de renouer avec elle le dialogue qu’elle n’a plus qu’au téléphone. Elle n’a jamais pu comprendre pourquoi son père est parti, qu’il n’est jamais revenu même si sa mère regardait toujours par la fenêtre.

Françoise Houdart raconte l’histoire de cette petite famille à trois voix, Eugénie dévoile comment, jeune maman, elle acceptait les écarts conjugaux de son mari mais qu’un jour une convocation émanant de la police invitait son mari à se rendre au poste pour répondre de ses agissements à l’endroit d’une jeune mineure tombée enceinte de ses œuvres. Folle de rage, elle l’a jeté dehors, il a filé mais n’est jamais revenu même s’il a beaucoup écrit.

Sa mère étant dans le coma, Lisa fouille sa chambre et trouve les fameuses lettres envoyées par le père en même temps que les cartes postales qu’il lui adressait et qui sont toujours alignées sur la cheminée. A travers ses lettres, elle découvre la version des faits présentée par Auguste, son père, qui reconnait ses infidélités, raconte sa fuite en France pour éviter les poursuites et toutes les tentatives qu’il a faites pour renouer avec sa mère mais surtout elle sa petite Lisa. Mais Eugénie s’est opposée à toutes ces tentatives tout en refusant le divorce qui n’était pas admis dans son milieu à cette époque. Il a refait sa vie autrement.

Lisa donne à son tour sa version des événements ayant marqué sa jeunesse, son enfance sans père, les quolibets de ses camarades de classe, le refus de sa mère de répondre à ses questions, les points d’interrogation qui restent après avoir entendu quelques éclats de voix entre les adultes… Et, surtout, après avoir lu et relu les lettres du père et avoir entendu la version de la voisine, elle écrit une lettre à son père pour essayer de découvrir son vrai passé et éclairer ses origines réelles qui lui semblent bien ténébreuses.

Ce roman, c’est un type d’histoire devenu de plus en plus commun depuis que la procréation dépend de moins en moins des ébats sexuels. On y retrouve tous les problèmes qui font les choux gras des avocats et des psychologues : le divorce impossible ou non, les ruptures, l’adultère, l’infidélité, l’amour passionné, l’amour qui s’en va, la pression sociale et familiale. Tout ce qui peut contribuer au grand malaise qui détruit de nombreux couples. C’est aussi un texte sur l’écoute, la tolérance, la compréhension, le pardon, … tout ce qui peut éviter de pousser sous le tapis des secrets, des rancœurs, des regrets, des remords et même de la haine, tous les ingrédients qui peuvent pourrir à tout jamais la vie de toute une famille.

Le roman sur le site des Editions M.E.O.


Les étés de Jeanne

Nicole Marlière

M.E.O.


Jeanne est une jeune Belge choyée par ses parents qui l’ont inscrite dans une institution privée pour suivre ses études. C’est une bonne élève qui séduit le plus beau garçon de la classe et mène une vie heureuse et insouciante. Elle sort progressivement de l’adolescence en conservant toute sa fraîcheur, sa spontanéité, sa joie de vivre, son envie de dévorer la vie à pleines dents. Elle est de la même génération que moi, nous avons connu les mêmes idoles de l’écran, les mêmes chanteuses et chanteurs, nous avons dansé des slows langoureux, ces éternité de tendresse et de bonheur hors du temps et du monde dans les bras d’une personne du « sexe qu’on n’a pas » comme disait à cette époque une chanson de Guy Béart.

Comme pour de nombreux jeunes, les changements se manifestent souvent quand la routine scolaire et la surveillance des professeurs et surveillants disparaissent l’espace d’un été. C’est donc pendant les vacances scolaires 1962, 1963, 1964, au début des fameuses sixties, que la vie de Jeanne va basculer. C’est à cette époque qu’elle va quitter sa famille pour la première fois, prendre un peu d’indépendance, vivre libre, gagner un peu d’argent, découvrir le monde de la nuit avec ses bars, ses dancings, danser des rocks effrénés, des slows langoureux dans les bras d’adolescents à la découverte de l’autre sexe. Elle entre ainsi dans le monde des grands qui lui apparait plein de paillettes, de musique et de joie de vivre.

C’est l’âge aussi où se nouent les premières amourettes sans conséquence mais bientôt les amourettes deviennent plus sérieuses, plus pérennes et se transforment vite en amour pour la vie. Jeanne vit ces changements à cent à l’heure en toute insouciance sans se rendre compte qu’elle bascule progressivement dans le monde des adultes où elle sombre brutalement comme de nombreuses jeunes filles trop naïves et trop candides pour affronter ce monde sans courir des risques qu’elles ne maitrisent pas suffisamment. Alors, les vacances changent brusquement, il lui faut désormais penser à son avenir, trouver des solutions aux problèmes qu’elle doit affronter avec son amoureux. L’insouciance s’est muée en urgence, en nécessité, en besoin…

Dans un texte d’une grande poésie, certaines phrases sont de véritables vers, Nicole Marlière raconte comment cette jeune fille insouciante est devenue, l’espace de quelques étés, une femme responsable capable d’affronter la vie avec ses joies et ses malheurs. Un roman initiatique à l’usage des jeunes filles un peu trop candides et peut-être aussi un ouvrage à l’usage des parents qui laissent leurs adolescentes trop démunies face aux dures réalités de la vie.

Le roman sur le site des Editions M.E.O.


Aya

Marie-Virginie Dru

Mon Poche


Sur l’île de Karabane, dans l’estuaire du fleuve Casamance au Sénégal, Aya adolescente indigène vit avec sa mère devenue folle après la disparition de son mari alors qu’il tendait de rejoindre l’Europe sur un bateau de fortune, et sa petite sœur. Elle assure la stabilité de la famille en veillant sur la mère et en gardant les chèvres. Elle pense régulièrement à son frère parti lui aussi pour le grand voyage et qui n’a jamais donné de nouvelles, elle croit fermement qu’il est arrivé à bon port et qu’il reviendra un jour. En attendant, elle se console avec son petit ami, Ousmane, qui reviendra bientôt subir les rites initiatiques. C’est son protecteur, le seul sur qui elle peut compter pour, un jour, éloigner le frère de sa mère qui la viole régulièrement.

Un jour, elle rencontre Camille, une Blanche très blanche avec laquelle elle noue une réelle amitié en espérant que celle-ci l’emmènera dans un pays moins hostile, peuplé de gens moins violents. En attendant, Camille l’accompagne au dispensaire où elle apprend qu’elle est enceinte. La voisine l’oriente alors vers la Maison rose à Dakar où sont accueillies les jeunes filles enceintes beaucoup trop tôt. Elle accouche d’une petit garçon qu’elle élève avec tout son amour et celui des personnes qui l’entourent. A Paris, Djibril, le frère connaît la misère de la plupart des migrants vivant dans la rue ou dans des squats loin, très loin de sa petite sœur…

L’auteure semble bien connaître l’Afrique et toutes les richesses qu’elle recèle et dont on la dépouille allègrement, sana vergogne aucune et aussi la gentillesse, l’amabilité, la générosité de son peuple dépourvu de tout. Elle connaît bien aussi tous les mécanismes des affres qui sèment la misère dans ce continent accablé. Elle sait la rudesse du climat qui anéantit les récoltes, la mécanique implacable qui conduit à l’émigration dans des conditions suicidaires, la pauvreté inéluctable qui ne fait qu’empirer, elle sait aussi la corruption qui, elle, n’est pas une fatalité.

Marie-Virginie Dru semble beaucoup aimer l’Afrique, elle a voulu, à travers ce roman, montrer toute la richesse de ce pays et de ce peuple avec, hélas, aussi toute les misères qui semblent s’acharner sur ce continent qu’on pourrait qualifier certaines fois de misère. Puisse Aya avoir la force de renverser cette fatalité et rendre à son pays l’espoir qu’il mérite tant.

Le roman sur le site de Les Libraires.fr