Je suis un fou du rangement.
Quand j’ai trié tous mes rêves
par catégories de songes
je m’attaque à mon passé
souvenir après souvenir.
Rejeté par la brume & le brouillard
j’ai donné ma lande
au chat de bruyère
avant de disparaître
dans le sillage d’une grue.
J’ai jeté à la mer
le vieil homme
avant de lui lancer
un souvenir d’enfance
en guise de bouée.
La métaphore de la porte sitôt close, l’image sort de son cadre.
Je te veux
autant que tu me détestes
mais l’espace
qui me sépare de toi
a raison de ma paresse.
Les yeux fermés, pro-visionner.
Prends mes pieds sur ta pomme !
Prends mes doigts sur ta poire !
Prends mes lèvres sur ta figue !
&
emporte-les dans les arbres fruitiers !
L’étoile du verger est un astre fruitier.
J’ai couvert de feuilles
ton corps nu.
J’ai écrit mon désir.
J’ai écrit mon regret.
Puis j’ai soufflé très fort
pour me rappeler ta beauté.
Sur chacune de tes taches de son
je pose
un baiser sonore
J’ai marqué tes seins d’une croix.
Chaque nuit les soldats de Dieu
de mes mains
viennent implorer leur pardon.
Je n’ai pas de chambre avec les écrivaines, pas plus que de place dans leurs livres.
Va sans crainte
dans la maison des ténèbres
décrocher au plafond de lumière
l’invisible terreur !
Va voir puis éteins !
Les fleurs nyctalopes voient elles les bouquets de fantômes ?
Lèvres de ta rivière
Lèvres du ciel nuages
Lèvres autour de ta voix
Lèvres de ton mont secret
Lèvres de la nuit, bordures du rêve
Lèvres doux pétales
Lèvres près du coeur
Lèvres des yeux paupières
Lèvres de la rivière qui lèche
Lèvres de la voix langue
Pour quel baiser
L’oiseau du baiser finit toujours par s’envoler de son nid de lèvres.
Ma hache à ta hanche
t’arrache un bouquet de viande
que je hume tel un damné.
Ainsi débute l’histoire de la violence,
mon amour.
Quoi dire après avoir lu sur tes lèvres le mot silence ?
Rallumer le désir
au feu des grandes amours.
Brûler vif
puis vivre de ses cendres
sans éteindre la mèche du souvenir.