Un texte résistant

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Tous nous avons connu des textes qui résistent à la lecture. Avec plus ou moins de force. Mais, ce jour-là, je tombai sur un texte extrêmement retors. À tel point qu’il était louable de se demander quelle était sa motivation. Pourquoi il luttait à ce point contre sa fonction première, qu’est-ce qu’il avait à prouver. J’hésitai à l’adresser auprès d’un docteur en littérature spécialisé dans ce genre de maladies textuelles Ou à l’envoyer à la Bibiopoubelle Nationale. Mais ce texte, malgré des signes évidents de rébellion, ne me fit pas capituler. Je le laissai puis revins plusieurs fois vers lui, histoire de l’amadouer, de l’habituer à ma présence, de faire tomber ses défenses. Enfin, un jour, très tard, pensant le surprendre à la faveur de la nuit, je fis une ultime tentative, elle aussi vouée à l’échec. Dans ma fureur, la feuille sur laquelle était imprimé le texte  séditieux vola par terre et, au moment où je m’apprêtais à la piétiner rageusement avant d’y mettre le feu, je vis – j’aurais dû m’en douter -, écrit en petit au verso, que l’auteur de ce texte, c’était moi.

LE MAL SELON HANEKE, par Philippe Leuckx

Au dernier festival de Cannes, le film « Le ruban blanc » (Das weisse Band) de Haneke a fait sensation et est reparti avec la palme.
Palme méritée cent fois tant l’oeuvre, un noir et blanc épuré qui relaie un univers de noirceur, une mise en scène extraordinaire qui donne vie à un village d’il y a un siècle, perdu dans ses moissons et ses miasmes d’époque révolue…
Apreté, violence, haineuses relations humaines créent l’arrière-plan d’un film qui explore le mal jusque dans ses plus vils retranchements.
Un village, Vachendorf. Des notables : un baron, un docteur, un pasteur, un instituteur…les petites gens des fermes…un régisseur… des enfants…
Et le mal est partout : dans ce regard des enfants, dans les malheurs qui s’égrènent au fil des images : la mort d’une fermière dans une scierie, une grange qui brûle, un enfant qu’on martyrise, qu’on pousse à l’eau, un handicapé exclu, la guerre qui frappe…
Un pasteur puritain, qui se sert des verges, musèle la puberté de son fils aîné…un docteur incestueux, une sage-femme qui doit ravaler l’odieuse présence de son mari, un instituteur, qui enquête et nous raconte l’histoire, bien plus tard, déjà vieux…
Il relate ces drames. Il décrit les visages, les tensions, les scènes. Interroge le réel…
Le début du film relate longuement les relations tumultueuses au sein d’une famille de métayers, relevant du « domaine » du baron. Le père, la mère – qui vient de décéder -, le fils aîné qui impute la responsabilité de cette mort au seigneur, Frieda, qui travaille au château…Et puis tout se déglingue. Le champ de choux du baron est laminé. La vengeance des uns, des autres….Sigi, le fils du baron paie l’erreur de jugement et/ou l’injustice notoire…Haneke ne répond pas à toutes les questions qu’il pose par sa narration et il rend son spectateur seul responsable de « ses lectures ».
On ne peut oublier les enfants de ce film, corrompus par le mal des adultes, et prompts à devenir eux-mêmes tortionnaires (futurs kapos, futurs SS) : Karli, Anna, quatorze ans et la gravité d’une adolescence pervertie, Rudi – symbole de l’innocence questionneuse, Klara, sorcière aux cheveux blonds, Erna, Martin cloué sur son lit, mains liées pour ne pas succomber au péché masturbatoire…
Le mal…partout, décliné avec maestria, profondeur, acuité par un cinéaste qui s’est souvenu, avec bonheur des maîtres : Visconti , Pasolini, Tarkovski…Le spectateur est interpellé à l’instar des sentiments qu’il éprouvait à visionner telle séquence des « Damnés » (la fameuse scène du grenier avec le fils de famille bourgeoise pédophile) ou telle autre de « Mamma Roma » (celle qui montre le héros sacrifié dans une cave de commissariat, cloué sur sa table de mort comme le Christ) ou encore à suivre cette fillette paralytique chez Tarkovski (certes avec un regard autre : Tarkovski délivrant l’enfant de sa contrainte par un don de télékinésie….dans « Stalker »)…
Et peut-être, surtout, Bergman dans cette vision sans concession d’une société mutilée de toutes ses valeurs. En effet, comment ne pas penser à cet enfant du « Silence » (1964), nez collé à la vitre des gares passagères, ne comprenant rien, borné par le verre, comme les autres par des contraintes…Comment ne pas songer à cette incommunicabilité renforcée par Haneke en une langue impropre au partage : l’enfant dépose une cage d’oiseau par pur don face au « silence » impressionnant d’un père pasteur engoncé dans son rigorisme comme le mal dans le fruit…
Haneke a réalisé là un film épuré, glaçant par ses constats sans ambages.
L’interprétation, faut-il le dire, est à la hauteur de la réussite formelle et l’on est heureux de retrouver un acteur de la trempe d’Ulrich Tukur, qu’on a apprécié dans « La vie des autres », « Séraphine »…

Courez voir…il passe encore à l’Actors Studio, Bruxelles, cette semaine, séance 19h05.

Philippe LEUCKX

Scandinavian Songs (14): BJORK

Bjork est née en 1965 à Reykjavic. Elle enregistre son premier album à l’âge de 11 ans. En 1983, elle crée le groupe KUKL qui deviendra The Sugarcubes en 1987. Elle enregisre son premier album solo en 1993. En 2000, elle reçoit à Cannes le prix d’interprétation féminine pour le film Dancing in the Dark de Lars Von trier. Pour ses vidéo-clips, elle a fait appel aux meilleurs réalisateurs du genre parmi lesquels Michel Gondry, Jean-Baptiste Mondino ou Spike Jonze.

Wanderlust

http://www.dailymotion.com/swf/x4xqz5&v3=1&related=1

Hyperballad (live)

Big time sensuality

http://www.bjork.fr/

 

LES BEAUX CÔTÉS

Triangle équilatéral — Wikipédia

C’était un triangle pas ordinaire, un triangle à quatre sommets. Dont on se moquait depuis qu’il était tout petit. Depuis qu’on avait deviné qu’il ne grandirait pas comme les autres de son espèce.

Combien de « Pauvre triangle ! » avait-t-il entendu sur son parcours ! Combien de marques d’apitoiement ! Quand ce n’était pas des insultes. Vous l’avez-vu, si c’est pas malheureux de s’afficher ainsi, quelle honte pour sa famille !

Il se fermait aux autres, il ne sortait plus. En sorte qu’on le perdit de vue, qu’on oublia sa particularité et même d’où il provenait. Le jour où, atteint d’une maladie incurable des formes, il fut admis à l’hôpital, l’infirmière de service s’extasia sur ses beaux côtés, sur la façon de les tenir écartés, bien égaux.

Depuis qu’il repose au cimetière des pyramides, il fait pour certains figure de modèle.

TES CRÈMES

Tu étais la crème

dans mon café

le ciel bleu

sur mon nuage

la petite neige

sur l’écran gelé

de mes idées noires

 

Tu as filé

avec mon café

sans nuage

et ma télé vapeurs

brûlante de tes images

Je ne saurai jamais

où tu es allée

et c’est tant mieux

 

Quand j’aurai revendu

toutes tes crèmes de beauté

à une star du porno soft

ou à un curé un peu snob

j’aurai assez de blé

pour tenir

avec tes crèmes solaires

à l’abri des u. v.

jusqu’à la mort de la planète

en me rappelant à jamais

l’été de mes lèvres nues

dans la glace fondue

de tes parties crémeuses