André Campos Rodriguez
Né en 1951 . Jeunesse au Maroc à Casablanca jusqu’à l’âge de 21 ans. Fils de Républicains espagnols opposés au franquisme… Au préalable, réfugié politique – puis opte librement pour la nationalité française (car francophile et francophone…)
Douze Chants de la grâce…
1.
Il n’y a pas une ride
dans l’aurorale clarté qui s’annonce
comme une promesse
Il n’y a aucun signe néfaste
ni rien à signaler
à part l’imminente arrivée
de la beauté
2.
Que peut-on dire
au matin lumineux
qui nous lave de sa lumière
que peut-on souhaiter de mieux
une grâce parée
si bien dans la soie
de la quiétude et du silence
où complice la solitude
s’éclipse pour le souffle
3.
D’une joyeuse épiphanie
sur la crête de l’instant
il boit à la source vive
La beauté en sa bonté
toute révélée
dans ce refus même
de la posséder
4.
Par enchantement
une porte ou une fenêtre
s’ouvrent dans la lumière
et recule l’enfer
au profit
de la vie ouverte
Avènement prodigieux
où le souffle
devient tendresse
douceur… et légèreté de la joie
5.
Nous sentons bien que l’invisible
ne cesse de se manifester
à travers la relation complice
– que nous surprenons
des arbres de ce chemin de montagne
où zinzinulent les mésanges
dans un profond silence
6.
J’aspire à l’espace ouvert et bleuté
du ciel habillé de la moutonneuse
blancheur des nuages
Cette paix accueillante
qui nous donne à goûter
le bonheur de vivre
Notre tête s’est vidée
et notre corps a gagné
une bénéfique densité
pour que le cœur exulte
et rende grâce
7.
Ne bouscule pas ton silence
celui qui cherche nonchalant
à installer la clarté dans nos vies
Laisse l’ombre jouer à sa guise
les comédies du destin
Nous veillerons sur les roses de décembre
la fraicheur des pétales grenats
prêts pour le sacrifice de l’hiver
Notre espoir se portera sur le printemps
qui aussitôt nous élargira
sur les épaules nues du don
8.
Ne nous racontons pas d’histoires
dormir debout n’enchante guère
le sage qui contemple le réel
infiniment perpétuel
La mort il faudra bien l’assumer
là où elle nous surprendra
Prions uniquement pour que la peur
soudain n’éclipse
notre fragile équilibre
9.
Pour le moment c’est l’arbre
qui nous évite les errances
que les ombres contiennent
Il est prodigieusement ici
devant nous à bâtir un refuge
où bouillonnent les couleurs
de la terre et du ciel
à nous éviter aussi d’aller
à la ligne
d’un futur aléatoire
10.
Que l’espace de la vie
devienne l’espace du poème
et que le poème transfuse
la vie même en chaque image
Comme il sait être le protecteur
des oiseaux de passage
que l’arbre nous soutienne
en cette perpétuelle quête
qu’il soit notre maître spirituel
et qu’il ne cesse
par sa mystérieuse beauté
de nous montrer le ciel
11.
Les fleurs aussi sont nos maîtres
Exprimer parfums et beautés
en un temps si bref
Fragiles, vulnérables, offertes
elles sont comme le poème
absolu du don
12.
(à R.Z.)
Sans toi à mes côtés
à partager et embellir les petits évènements
quotidiens qui nous entourent
ma vie
chargée des ombres du passé
serait autrement plus amère
Avec toi le présent se présente
comme une fleur légère
un parfum ineffable
Nous regardons vers la même source
et c’est comme une grâce offerte
qui se dégage et ne nous appartient pas
photo d’André Campos Rodriguez
Du même auteur
– Mosaïque d’un cri (M.P.C. 1982)
– Petits je (ux) de rhétorique (Jacques Morin, Polder 30,1985).
– Le bleu de clémence ( Aube 1987)
– Odes à la nuit étale (L’Horizon Vertical, 1989)
– Les douze balises (Jean Le Mauve, L’Arbre 1990).
– Chemin de ronde , (en collaboration avec J.L. Fontaine, C. Hémeryck, et H. Lesage , Éditions Rétro-Viseur 1993).
– L’invisible correspondance (Cahiers Froissart, 1994).
— Pour désigner la cendre (Jacques Morin, Polder 1996).
– Légendes, éclats, approches… (Editinter, Robert Dadillon, 1999).
– « Pour que s’élève CE QUI N’A PAS DE NOM » / Choix de Poèmes 1985-2016/ préface d’Alain Lemoigne /
volume de 214 pages, Editions de L’Ardent Pays, 2016.
Anthologies
– Génération Polder, anthologie de Jacques Morin, Ed. La Table Rase 1992.
– Le Silence parle ma Langue de Jean-Claude Dubois (une présentation critique de 24 poètes du Nord/Pas-de-Calais) Editions Rétro-Viseur 1999.
Articles, textes ou poèmes parus dans différentes revues dont :
L’Ivraie, Foldaan, Les Cahiers Froissart, RegArt, RétroViseur, Plis et Déplis amoureux, Jalons, Décharge, Sources, La Bartavelle …(du temps de Pierre Perrin), Phréatique, Noréal,, Friches, Lieux d’Être, Comme en poésie, Le Comptoir des Lettres…etc…
L’ARDENT PAYS, le blog-revue d’ANDRÉ CAMPOS RODRIGUEZ