Les plaisirs des sens

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Depuis qu’il avait fait l’amour, il ne regardait plus les femmes de la même manière. Leur seule vue lui prodiguait un trouble extrême. Alors il se mit des œillères mais même leur voix le mettait en pâmoison. Quel supplice ! Il se boucha les oreilles mais il les sentait à dix mètres à la ronde. Il se boucha le nez et la bouche. Tout se passa bien jusqu’au jour où une patiente du centre où il avait été interné le toucha et ce fut à nouveau les anciennes souffrances, les vieux démons. Quand, très tard, sur son lit d’agonie, on enleva tout ce qui obstruait ses sens, il ne supporta pas l’afflux de sensations données par l’infirmière qui lui administrait les derniers soins et il mourut dans un spasme de plaisir intense.

Le plein

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Il était au bord de la route et il geignait : « Le plein, le plein ! « Le plein, mais le plein de quoi, lui demandait-on. Le plein de fatigue ? Le plein de tristesse ? Le plein d’ivresse ? Le plein de caresses ? Le plein de bonheur ? Le plein d’honneur ?

Non, répondit-il entre deux soupirs: Le plein d’errance.

L’île / Patrick Aveline

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Île abandon

L’île sécrète les vapeurs de ton silence

Je me sustente de leur essence

Et m’abreuve de sa jaja gazeuse

Île renoncement

La palme évente les reliefs du festin

Des jours d’hier

J’arrive

 

Un magma léger

Semble parfumer ma bile

J’y vois flotter sans amertume

Le strabisme divergent

De tes yeux marins

Reflet

 

Sans ce sable blanc mouillé

J’aurais posé ma nuque

Et ma main au-dessous

Pour une nuit de songes pélagiques

Sans cette âpre écorce

J’aurais goûté le lait de l’orage clair

Dormant à l’assourdi au feutre

De tes cheveux chauds

Souvenir

 

Île abandon

Comme un ivre polatouche

J’ai plané des heures

Depuis ton aéronef succursale

Des heures

Jusqu’au nid des cocos

Il n’y a plus qu’un point noir

Au fond du ciel

Tu y agites ta main

Me saluant je crois

Comme on salue les condamnés d’Alcatraz

 

Île abandon

Je n’ai plus peur

Des statues antiques

De leurs yeux sans iris

Et fertile la terre obstrue ma bouche

Île retraite

Le crabe rouge parade

Un violon dans sa pince droite

Et moi je m’émeus comme lui

Des mea culpa qui baissent pavillon

Lueur d’avant-jour

 

Un magma léger

Semble tapisser les cloisons poreuses

De ma moelle épinière

J’y vois croiser sans crainte

Des nefs médiévales au chevet plat

Un mâtin couvrant sa chienne

Île retraite

Qu’il est bon de s’asseoir

Au soleil mourant des atolls

Et de t’oublier

Brisants

 

 

25 septembre 2009

 

en savoir plus sur Patrick Aveline:

http://www.manuscrit.com/Blog_Auteur.aspx?id=12572


Brigitte Fontaine / Prohibition

Une Brigitte Fontaine en très grande forme à quelques semaines de la sortie de son nouvel album.

« Partout c’est la prohibition / Alcool à la télévision / Papiers clopes manque de fric / Et vieillir dans les lieux publics / Partout c’est la prohibition / Parole écrit fornication / Foutre interdit à soixante ans / Ou scandale sans précédent / Je suis vieille et je vous encule / Avec mon look de libellule / Je suis vieille et je vais crever / Un petit détail oublié. »

Le blog de Brigitte Fontaine:

http://musicspot.cnetfrance.fr/artiste/brigitte-fontaine-10436257/blog/

 


 

Les grands sentiments / Éric Allard


Je me suis déshabillé et j’ai tout vidé : foie, pancréas, reins, glaires et graisses, cœur, sang, bile, colonne sans fin de l’intestin grêle. C’est fou ce que peut contenir un corps ; quel étalage de viscères et d’humeurs ! La table basse n’a pas suffi. J’ai du en déposer sur le canapé, la commode ; en accrocher aux lampadaires, aux appliques. Un vrai décor d’abattoir.

Comme toujours quand on est occupé, c’est à ce moment-là que quelqu’un a sonné. C’était ma fiancée, on se mariait le lendemain. Je lui ai demandé dix minutes. J’ai tout remis en place, sauf un organe. Je suis allé ouvrir et elle s’est enfouie dans mes bras. « Tu as remis de l’ordre, c’est ça ? » Elle sentait la vanille, moi le cochon qu’on vient de dépecer. On a fait l’amour, j’ai été bestial. Puis, pour me faire pardonner ma sauvagerie, je lui ai donné mon cœur.

 

 

Extrait de Penchants retors, Éric Allard, éd. Gros Textes (2009)

 

 

Penchants retors d’Éric Allard

1975682655

 

 

100 textes courts qui, à la première personne, moquent nos travers et ceux d’une époque (démocratisation des pratiques sexuelles, arts, religion, goût du pouvoir et de la célébrité, culte du corps et du sport…) sur le ton de l’humour, parfois grinçant mais jamais grincheux.

Une trentaine de textes avaient déjà donné lieu à un Minicrobe en 2005, à l’initiative d’Éric Dejaeger.

Je remercie aussi Paul Guiot, coanimateur de Microbe avec Éric, qui a publié des textes de ce recueil et Walter Ruhlman de mgversion2>datura

Le présent recueil est dédié à Éric Dejaeger.

Sur son blog, il donne avec la pub un texte du présent recueil.

http://courttoujours.hautetfort.com/

Aux Éditions Gros Textes

http://rionsdesoleil.chez-alice.fr/GT-Editions.htm

L’illustration de couverture est tirée d’une peinture intitulée Harmonie en bleu de Salvatore Gucciardo, que je remercie ici.

http://www.salvatoregucciardo.com/

110 pages
8 € plus frais de port (si vous êtes intéressé, signalez-le moi sur la mailbox)
ISBN 978-2-35082-102-3

 

Lire un extrait du recueil dans le post suivant.

À une Malabraise / Baudelaire-Ferré

Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
À l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.
Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître,
Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître,
De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs,
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
D’acheter au bazar ananas et bananes.
Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus,
Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;
Et quand descend le soir au manteau d’écarlate,
Tu poses doucement ton corps sur une natte,
Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.
Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,

Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
L’œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
Des cocotiers absents les fantômes épars !