DANSE ARDENTE de PARME CERISET (Les Chants de Jane, Grenier Jane Tony) / Une lecture d’Éric ALLARD


Voici un recueil qui tombe à pic pour nous redonner du cœur au ventre dans une période où les raisons d’espérer se font rares !

Si, de plus, le recueil de Parme Ceriset résonne avec la guerre qui se tient aux portes de l’Europe, pour ne parler que de celle-là, il se fait l’écho aussi d’autres combats, qu’on est conduit à mener contre les forces du mal, l’enfer du quotidien, enfin, tout ce qui tend à diminuer notre capacité d’agir, de penser, de ressentir.
Comme dans son recueil paru chez Bleu d’encre, Femme d’eau et d’étoile, Parme Ceriset redonne des vers de noblesse au lyrisme, un lyrisme éclairé, pourrait-on dire, de la noirceur du monde.

C’est au centre des ténèbres, au cœur des flammes, un regard porté vers la lumière ; au plus fort des décombres, la promesse d’une reconstruction, l’espoir d’un renouveau.
L’amour passionné pour un prochain y contribue, la danse n’étant jamais aussi ardente qu’avec un partenaire fait de chair et de sang, sur lequel s’appuyer pour entretenir le mouvement.  

« Les bombes se déploient

et les amants s’embrasent. »

« Elle veut […]

cueillir le parfum de l’aurore

à même la peau de l’amant »

Sur ces thèmes, Ceriset donne des vers forts, de belles envolées qui emportent l’adhésion du lecteur.

« Et ces semeurs de peurs

aux quatre coins du jour… […]

que savent-ils des oiseaux

qui très paisiblement

chantent éternellement

à l’abri des bourreaux ? »

C’est une poésie de l’élan qui déploie les ailes de l’imaginaire quitte à les brûler.

« Et elle déploie ses ailes

de phénix qui renaît,

qui renaît de l’horreur

qui avait tout détruit »

C’est une poésie de couleurs vives, où le rubis contraste avec la nuit, où le blanc des névés pousse sur le noir des ténèbres, par la force du vouloir, par la ferveur du verbe.

C’est aussi une poésie vorace, cannibale, du moins, dévorante où on « boit l’air des cieux », où on mange les étoiles… L’ardeur de vivre est à ce prix.

C’est une poésie qui marche, danse, vole… « par-dessus les tombes ». Une poésie qui ne fait pas dans la demi-mesure, tend vers les grands espaces et dépasse l’éphémère de nos vies éphémères, de nos ordinaires actions, vers les très longues durées, « célèbre l’amour », chante « l’homme immémorial », « à la vie, éternellement ».

Dans « ce flot de la vie / s’échappant de ses veines », la poétesse « sait qu’elle est née guerrière de l’espoir », pour convaincre le soleil de combattre à ses côtés en souvenir « du temps où il était amoureux d’elle ».

Un numéro des Chants de Jane marqué par une espérance folle, frondeuse, victorieuse ! 


Parme Ceriset, Danse ardente, Les Chants de Jane, 2022, 28 p., 5€.

Le site du Grenier Jane Tony

Lecture par Nicolas Granier de quelques poèmes du recueil

  

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