2023 – LUS EN FIN D’ANNÉE : FRISSONS POUR LE RÉVEILLON / La chronique de DENIS BILLAMBOZ

DENIS BILLAMBOZ

Pour finir la présentation de mes lectures de l’année 2023, je vous propose une chronique de Noël avec des textes d’Erckmann-Chatrian, Gaston Leroux, Maurice Leblanc et, pour le second opus, de Selma Lagerlöf, auteure suédoise première femme titulaire du Prix Nobel de littérature.

Histoires de Noël pour frissonner au coin du feu

Erkmann- Chatrian, Gaston Leroux, Maurice Leblanc

Pascal Lemaître (illustrateur)

L’Aube

Dans la collection Les Illustrés des Editions de l’Aube, Julie Maillard a réuni quatre auteurs classiques pour proposer trois histoires de Noël destinées à faire frissonner les lecteurs au coin de l’âtre qui a retrouvé un certain intérêt depuis la crise de l’énergie. Elle a aussi recruté un dessinateur, Pascal Lemaître, qui a abondamment illustré ce recueil de textes noirs, environ un dessin toutes les trois pages.

Le premier texte, le plus important du recueil, est un récit du célèbre duo Erkmann-Chatrian qui raconte l’histoire d’un musicien de la Forêt noire qui se rend à Heidelberg à l’occasion d’une fête au cours de laquelle il espère gagner un peu d’argent en jouant de son instrument de musique. Mais, les événements ne se déroulent pas comme il l’avait prévu avec son compère, un compagnon de route les incite à retourner chez eux car de nombreuses arrestations ont été perpétrées à Heidelberg. Les deux musiciens passent outre à cette alerte et arrivent à la ville où ils sombrent sans rien comprendre au centre d’une histoire rocambolesque qui fera peut-être frissonner les lecteurs et les surprendra sûrement par son dénouement. Un texte comme les deux compères écrivains en ont écrits des quantités avec bonheur.

Les deux autres récits sont beaucoup plus courts mais tout aussi passionnants, l’un de Gaston Leroux, l’auteur du Mystère de la chambre jaune, raconte l’histoire bien noire du Noël du petit Vincent-Vincent à qui les parents voulaient offrir un Noël magnifique malgré leur manque de moyens. L’autre de Maurice Leblanc, le père littéraire d’Arsène Lupin, qui, lui, raconte une histoire encore plus noire, l’histoire de deux mères qui ne savent pas lequel des deux fils, elles en ont chacune un, est décédé dans un accident de voiture. Une histoire bien tragique et fort angoissante.

Je ne sais si ces histoires feront frissonner les lecteurs mais ce fut pour moi un réel bonheur de redécouvrir cette belle langue écrite par des auteurs talentueux, un véritable bain de nostalgie qui m’a ramené dans mes lectures de jeunesse et dans les Noëls que nous passions au coin du feu dans les campagnes de ma lointaine enfance.

Et n’oublions pas tous les dessins de Pascal Lemaître qui font vivre ces histoires et animent le recueil pour en faire un véritable « beau livre ».

Le livre sur le site de l’éditeur

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L‘hôte de Noël

Selma Lagerlöf

L’Aube

Dans la collection Mikrôs classique des Editions de l’Aube, Julie Maillard a eu l’excellente idée de réunir quatre contes de Noël écrits par Selma Lagerlöf, la première femme distinguée par le Prix Nobel de littérature. L’occasion pour moi de relire l’auteure de « L’empereur du Portugal » qui m’avait tellement enchanté il y a déjà bien longtemps.

Dans ce recueil, Julie a rassemblé des contes de Noël inspirés par les vieilles légendes nordiques mais aussi fortement marqués par le piétisme qui a laissé une empreinte prégnante dans la religion, la culture et la littérature nordiques, surtout suédoises en l’occurrence. On retrouve dans ces contes la notion de faute qu’il faut pardonner, de justice qu’il faut appliquer pour ceux qui jugent et accepter pour ceux qui ont commis la faute. Cette chaîne : faute, justice, sentence, pardon qu’on retrouve souvent dans la littérature nordique.

Le premier conte est comme une nativité revisitée qui met en scène un couple avec son enfant dans le désert. Ils vont mourir de soif mais l’enfant fait preuve d’une force surnaturelle et trouve la solution qui permettra à la petite de famille d’échapper à la mort. Comme le Christ a sauvé ses parents en les obligeant à quitter leur domicile menacé.

Dans le deuxième, conte deux proscrits, un voleur et un assassin se retrouvent au creux d’une forêt austère, Ils sont l’opposé l’un de l’autre. L’assassin n’a aucun scrupule alors que le jeune voleur l’incite à se rendre pour que justice soit faite, l’assassin refuse, alors le jeune homme inflige lui-même la justice demandée par Dieu. Faute, justice, sentence, pardon, la chaîne est toujours bien présente dans le texte.

Le troisième conte met en scène un jeune accordeur d’instruments de musique qui, la veille de Noël, ne trouve aucun emploi, personne ne souhaita voir un étranger à sa table surtout si c’est un ivrogne invétéré. Cependant, la femme d’un maître, plus charitable que d’autres, lui offre une place à sa table et lui propose un emploi dans sa maisonnée. Dans ce texte, il est surtout question d’humilité et de charité, deux vertus elles aussi très présentes dans le piétisme.

Dans le quatrième et dernier texte de ce recueil, il est aussi question d’humilité associée cette fois à la piété. Des moines ne voulant par reconnaitre la splendeur du jardin de Noël de la forêt profonde, leur supérieur, malgré sa santé précaire, décide de constater cette splendeur de ses propres yeux au risque de perdre sa vie… Les moines devront reconnaître leur arrogance et donner leur pardon aux miséreux qu’ils avaient éconduits.

L’Empereur du Portugal aurait pu roder au creux de ses contes…

Le livre sur le site de l’éditeur

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