Poésie (2)
Éric Dejaeger, poète, romancier, né en 1958, qui dirigea de nombreux numéros d’ « Ecrits vains », revue qui accueillit nombre de plumes de tous poils, est assez loufoque et surréaliste pour ne pas trop se prendre au sérieux ni se prendre les pieds là où le vers trébuche ni se formaliser d’être souvent oublié parmi les poètes de la génération EXPO (tous nés un peu avant ou après l’Atomium : Mathy, Noullez, Bucciarelli, Donnay, Allard, Norac, Logist).
« Le musée de la girouette et du ventilateur » ventile s’il le fallait nombre de registres poétiques par l’emploi presque exclusif du jeu de mot, du calembour, de la contrepèterie, bref le signifiant chez Dejaeger fait foi et il en sort une pléiade de textes plus drôles les uns que les autres, moquant, c’est bon signe, le statut d’un Superpoète, tout noirci de colère ou qui « perd les eaux », lui qui « fildeférise/ de Villon à Prévert ».
Dejaeger aime lister (son côté Bretonnière) et déplie la natte « à la femme à pattes de chatte/ (qui) adore détapisser » ; il aime surtout rénover les expressions idiomatiques et leur donner seconde vie :
« à brûle-pourpoint »
pour les pyromanes.
« à gorge déployée »
pour les nymphomanes »
Il sait jouer de la langue en expert, humour et élégance se redoublant :
CRADINGUES
Il faisait
tellement sale
chez eux
que c’est en sortant
que l’on s’essuyait
les pieds
pour ne pas salir
dehors
Le poète s’exerce au « catch surréaliste » (Lui marcher sur les pieds/ de nez), prend vraiment tout au pied de la lettre (LE VOLEUR : il a piqué un somme/ au rêveur) et enchante.