FEMME D’EAU ET D’ÉTOILES de PARME CERISET, préface de PATRICK DEVAUX (Bleu d’Encre) / Une lecture d’Éric ALLARD


Voici une poésie ardente, charnelle, d’aube et de lumière, une poésie lumineuse qui prend sa source dans l’obscur de la terre, marquée du sceau de la souffrance comme de celui du « suprême éveil » aux merveilles du monde !

Une « poésie d’éclats lumineux orbitant autour d’un trou noir », comme l’écrit justement Patrick Devaux dans sa préface.

Sur chacun des 122 textes que contient ce recueil de Parme CERISET, on prend un shot de lyrisme, étant entendu que cette exacerbation des sensations et sentiments vise à l’union de l’ombre et de la lumière, du bien et du mal, de « la pureté des étoiles » avec « les cieux noirs », de l’« étoile de feu » avec le « volcan fauve », des « abysses d’outre-monde » avec la « comète d’azur »… Si cette poésie tend à la fusion des contraires, elle met surtout en oeuvre la mécanique des métamorphoses.

« Nous cueillerons les ténèbres, nous en ferons des bouquets de lumière. »

Car c’est une poésie qui  combine les quatre éléments de l’imagination matérielle chère à Gaston Bachelard : l’eau (qui noie comme celle qui permet un « bain de renaissance »), la terre (d’où surgir et où reprendre pied), l’air (pour respirer et prendre de la hauteur), le feu (pour se purifier, pour éclairer les nuits).

Sortie des pesanteurs et scléroses de la Terre, toutefois nourricière (« Je me sens de la Terre / et infiniment la femme »), le moi poétique accède à la fluidité de l’eau, à l’élasticité de l’air,  à la liberté de la flamme.

Si la vague a vocation d’emporter ce qui est du ressort de l’enfance, l’écume, elle, recueille le « bouillonnement immaculé de nos âmes » ; c’est la mémoire des flots.

C’est un ciel d’ « étoiles blessées » que Parme Ceriset rejoint, « quitte à brûler ce qu’il  (lui] reste d’ailes ». Mais ne s’agit-il pas de s’arracher à l’enfer en tirant le fil de l’espoir ?

Dans la notice biobliographique, on apprend que l’écrivaine a subi un grave problème de santé accompagné d’un lourd traitement.

Mais il ne faudrait certainement pas considérer ce recueil à la seule lumière de cette réalité même si rien n’empêche de lire ce livre enthousiaste, résolument tourné vers l’avenir, comme une ode à la vie retrouvée.

Je reviens du néant

et ma peau se teinte de vie,

de cette eau de capillaires roses

qui irrigue à nouveau mes joues,

si le souffle du jour a choisi

de me ramener à la nuit,

c’est que l’étoile du hasard

a brillé sur mon corps sourd

Dans L’absolu de l’art, elle donne une double condition contrastée au bonheur, à l’image de ses poèmes.

Il faut à notre bonheur

quelques cuillères de ténèbres

et quelques pincées d’étoiles.

De quoi savourer l’existence, de tous nos sens.


Parme CERISET, Femme d’eau et d’étoiles, préface de Patrick Devaux, Bleu d’Encre Editions, 2021, 148 p, 14 €

Le recueil sur le site de BLEU d’ENCRE

Nicolas Granier lit des textes de Parme Ceriset extraits du recueil (1ère partie)

Le site de Parme CERISET

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