LAURENCE EMILY TIRTIAUX – TEXTES, DESSINS & PEINTURES : COMMENT SE DIRE DANS LE MONDE

Laurence Emily Tirtiaux, qui suis-je ?

Littérature Dessin Peinture

Belgique, janvier 1972.

Ma vie commence véritablement avec les voyages, dont le Canada, Montréal, où je vis plusieurs années. Période fondatrice : une phrase de Marcel Proust me révèle à ma vocation littéraire. À 28 ans, je décide de me consacrer entièrement à l’écriture. Poésie et aphorismes (aucune publication à ce jour, besoin de mise en ordre), nouvelles (publication dans la revue Moebius, Québec, 2008), journal et large correspondance ; et le roman, genre auquel je me destine depuis ma rencontre avec l’écriture. Un premier roman, Le Choix de Clara (inédit) ; commencement du second en 2020, Tékéï (en cours d’écriture).

Retour en Belgique. S’en suit des années de chaos. Aspérités. Multiple déménagements. Événements traumatiques. Gouffres. Ne parvenant plus à me tenir à mon travail littéraire comme Avant (bien que je cesserai jamais d’écrire), je rencontre le dessin et la peinture (2008). Moyen d’expression moins viscéral, ontologique que l’écriture — moins douloureux sans doute à ce moment-là — (je ne me définis pas en tant que peintre) ; cependant ce nouveau médium me permet de continuer à répondre à l’impérieuse nécessité créatrice qui habite l’artiste : Comment être au Monde ? Comment se dire dans le Monde ?

Ainsi, je travaille en parallèle à l’écrit à une œuvre picturale. Mes thèmes principaux sont la femme, l’amoureux, la nature, le végétal, les arbres, le nu. Mes dessins et peintures actuels mêlent — vision imaginaire ou réelle — l’Arbre et la Femme, ce que j’appelle mes FemmArbragories (pour le travail du dessin). Au-delà de l’évocation purement formelle, l’Arbre, à la fois tendu vers le Ciel et ancré dans la Terre, se relie encore au féminin dans sa dimension sacrée, liée à son pouvoir créateur. S’entremêle la femme à l’arbre : je la vois, je la guette, je l’invente. J’aime que certaines aient un côté hybride, fantastique. Parfois je leur ajoute une queue pour rappeler notre nature sauvage, nous humain-animaux-nature. Les yeux, c’est la Conscience.

Me faire connaître n’a pas été une priorité ni une nécessité pendant longtemps. L’impératif de l’oeuvre et de la création d’abord. Je fais partie des lents. Et puis il y a le chemin… La vie… Je dirais qu’une vocation artistique peut dessiner un chemin de vie difficile, houleux — malgré la ténacité de votre conviction intime. Je n’avais pas imaginé une seule seconde que les choses pourraient se passer ainsi pour moi ; je crois qu’on appelle ça la vie. C’est la mienne. Je n’ai cependant jamais envisager me consacrer à autre chose que la Création.

Mes influences : Virginia Woolf, Anaïs Nin, Henry Miller, William Faulkner, Paul Bowles, Vincent Van Gogh, Frida Kahlo, Georgia O’Keeffe, Corin Vanden Berghe, Marcel Proust, Romain Gary (dont il n’aurait pas fallu tomber amoureuse, ce n’est plus d’actualité). Ainsi que toute personne rencontrée, habitée par un goût de vérité et de liberté.

Encore jamais mariée.

Passion pour le Tarot de Marseille (Jodorowsky).

Je vis depuis 2012 à Schaerbeek (Bruxelles) dans un studio au 23ème étage, avec aujourd’hui Nana, chatte British shorthair.

Je suis sur Facebook ou via courrier électronique : laurence.emily27@gmail.com

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Aphorismes et Poèmes autour de l’écriture, l’art

Les mots me brûlent comme une braise ardente qui s’est attaquée à ma mémoire

et se consume à l’enfantement de mes sens sur le papier.

Parturiente

Tout est souvenir,

c’est ça qui est vivant.

En attente

La solitude de Pessoa

Avec qui d’autre que l’écriture puis-je partager ma solitude ?

Avec mes chats ? Mais ce n’est dès lors plus une solitude — puisqu’ils existent indépendamment de moi. Tandis qu’elle, elle devient moi ou je deviens elle. Ce que je ne peux faire avec mes chats.

Alice

Parfois ils me rendent folle les mots dans ma tête

Toute la journée, je cherche ma vie. Je cherche où est ma vie. Je cherche à me fuir. Puis je finis toujours (et comme surprise) par me retrouver à écrire (ou tenter de le faire) ; à mettre de l’ordre dans cette folle foule de mots qui remue sans cesse dans ma tête. Les mots m’assaillent. S’agitent. Me possèdent. Je suis à leur service. Je dois les retenir un peu. Puis, comme sous hypnose, je me vois les écrire.

C’est vrai qu’ils me rendent parfois folle, les mots dans ma tête.

Femme allongée, sexe double

Entre Ciel et Terre

Il me semble qu’en quelque endroit où je m’assoie, mon regard est différent, mon regard est autre ; qu’il change selon le lieu, le temps, la position de mon buste ou l’inclinaison de ma tête. À chaque endroit, dans chaque instant, je suis autre. Et mes pensées dans le temps vagabondent. Tantôt allègrement, tantôt tristement je me noie et mon cœur se serre. Tantôt je souris, tantôt je pleure. Tantôt ici, tantôt ailleurs. Toujours ailleurs.

Où est ma vie ? si ce n’est dans la confusion sublime et troublante de l’enchevêtrement des temps qui me ravissent comme fait le vent et m’entraînent vers des abîmes dont je ne peux mesurer le vertige, vers des hauteurs dont je ne peux percevoir la cime. Entre Ciel et Terre. Le corps dans le vide comme en état de lévitation, l’âme envolée, sans poids ; toujours sans loi. C’est là que vit le mystère de l’absolu que je crois apprivoiser toujours un peu plus.

Aujourd’hui je le sais. Demain n’existe pas, si ce n’est dans un cahier dont les pages que je tourne, à l’écho, me révèlent toujours in extremis leur secret.

Effroi

La forêt

Tu me disais je t’aime et tes bras m’enlaçaient nue dans la forêt

Chaque jour mon ventre s’ouvrait à toi, homme des bois

Homme aux cheveux longs dans le dos, au visage sale et beau

Et aux yeux pers comme l’enfer

Tes mains dans mes cheveux, cette branche contre laquelle

Je m’appuyais

Et l’odeur des arbres qui nous regardaient :

Ma jeunesse en feu et toi un peu plus vieux

Aime-moi,

Hurlait la voix à l’intérieur

Emoi

Même la mousse aimait la douceur de ton regard pour moi

Mon corps allongé sur elle, mes cheveux blonds la coloraient

Et tes mains larges les étalaient tels des rayons de soleil,

Tu disais, le souffle dans mon cou : on dirait un myosotis en fleurs !

Quelques fois, nous riions

Mais seulement lorsque nos rires pouvaient s’échapper au vent

Il ne faut rien tenter de retenir, disais-tu

Et moi, jeune encore, je pleurais

Assoupie, il m’arrivait de rêver dans tes bras

Mais ta barbe me piquait le visage

Alors le bruit de l’animal qui passait par là lui aussi,

Faisait que rien ne dure

Au crépuscule, la forêt te rappelait, tu avais tant besoin d’elle

Une ombre se glissait, manant ! je t’insultais !

Puis m’en allais, courant,

Effrayée par l’adieu

Aujourd’hui, je respire un peu plus fort au fond de ma mémoire

Et le goût de tes larmes m’est âprement révélé

Mes cheveux ne sont plus jaunes et comme un fantôme qui cherche à hanter

Je retourne dans la forêt où tout est enterré en secret

Arbre et femme 1

Orage

À l’instant le tonnerre gronde d’un cri grave, lourd et fracassant : simultanément s’éclipse la lumière, tremble le ciel et la terre s’inonde, fertile, d’une pluie de grêlons gros comme la lune et cette myriade frappe, martèle, canarde nos maisons, nos routes, nos champs et cette tempête sans vent violente nos enfants et les chats qui ont peur ; se terre l’animal ; se sidèrent les regards déchirés par l’éclair jaillissant tel un torrent de lumière qui transperce.

– Feu de Pluie !

Et nous nous croyons grands !

J’entends la sirène des pompiers.

Amour fantôme

BLEU DE

NUIT

BLEU DE

NUIT OPA

LESCENTE

LUMIÈRE OM

BILICALE PEN

SÉE

L’HEURE ENFLE ET AF

FLEURE ÉCOUTER LE CO

NTEUR SOLITAIRE QUI

VEILLE ET ÉVEIL

LE À

L’ÉMERGENCE DES

MOTS AMOUREUSE

MENT AMOUREUX

CHERCHER LE C

OEUR CHERCHER L

E LIEU

Fleurs bleues (série)

Bouquet de roses

Elles ont la tête basse comme l’échine courbée. Les roses. C’était des roses rose. Aujourd’hui elles flirtent avec le mauve, un bistre clair en bordure des pétales séchées

On dirait qu’elles se sont promenées le long de la mer, respiré l’iode et aussi, leur chevelure maintenant légèrement teintée

Bouquet de roses

Bouquet de fleurs séchées

Elles ressemblent à des nonnes, leurs cornettes serrées sur la tête, mais leur bouche est énorme. Gourmande la bouche, ou encore en forme de Ôm. Oui, il y en a une qui semble prier ; vous savez le Ôm des bouddhistes

Tentent-elles de rejoindre l’esprit de l’univers ?

Implorent-elles la clémence des ainés ? — millions d’années

Des nonnes

Des nonnes rassemblées dans un bouquet de roses

Les feuilles vertes désséchées elles aussi,

racornies ; elles craquellent — noircies quelque fois

Si on les met ensemble,

elles ont un bruit d’automne

Un bruit coloré

Bientôt, je les jetterai

Les roses rose devenues lilas

Sur la plage, les nonnettes seront passées

Trois roses dans un vase

Dans les parcs

Dans les parcs il y a des arbres qui la nuit tendent leurs bras

pour chercher la puissance de leurs racines

Nous ne les voyons pas, ces mains vers le ciel tendues

pendant la nuit endormie et nous avec

Peut-être est-ce pour cela les cris du fou dans l’obscurité humide ?

Moi les arbres je les enlace, je les touche de ma main,

paume à plat et je sens leur sève : cette vie il me la donne

— je la demande et je l’implore même parfois ;

me la donner, me la transmettre ; la vie toujours hasardeuse

de leurs mains qui la nuit poussent de leurs troncs de

leurs branches devenues bras géants

Audace

Oh embrasse-moi arbre !

Enlace-moi !

Prends-moi dans tes bras !

Je me colle à toi

Je respire le goût de tes racines amères et

une fraction de seconde je vois toutes vos mains enlacées

vers le ciel ;

ça fait des torsades et il y a les étoiles qui chantent muettes

des berceuses aux enfants et les chants du monde

résonnent sur la terre avec la lune qui veille et

attire les eaux et le sang

des menstrues des femmes ;

et nos rêves soupirent ; et nous nous dormons

Chaque nuit j’entends le fou crier dans le parc

Il ne comprend pas —

c’est trop vous savez, personne ne peut comprendre la

puissance des arbres la nuit, ce tremblement dans

la terre et la transcendance du ciel

Femme et arbre 3

flammes

les flammes étaient

gigantesques et semblaient

soupirer

cruelle volupté

étant donné le cataclysme

humain que représente

l’incendie ;

chacun restait figé,

la tête dans le ciel nous regardions

et de nos mines atterrées

transparaissait aussi,

— on ne peut s’en garder tant

le spectacle était grandiose —

l’étonnement

merveilleux

dans nos yeux

face aux flammes qui s’élèvent,

dansent, ondulent, se contorsionnent, rient

entre elles elles semblent

grimacer,

narguer le ciel, narguer la terre

et l’eau qui n’éteint pas —

chavirent les brandons

dans le ciel

aspirés

calcinés

feu

à qui appartiens-tu ?

Fleurs en rose

L’homme peine contre le vent

L’homme peine, courbé en avant.

L’homme peine et ses jambes peinent, lentement, douloureusement,

un pas après l’autre,

une jambe après l’autre,

dans une infinie lenteur l’homme progresse ;

Ses jambes peinent si lentement, elles s’avancent, — l’une puis l’autre,

elles se suivent, s’entrecroisent dans un mouvement parallèle,

ses jambes vieilles et vieillies, percluses d’arthrose

(et de vieillesse)

Crampes, sensations d’extrême faiblesse dans les membres

inférieurs, les jambes

qui pas à pas

portent

encore

le vieil homme qui marche et peine contre le vent.

Arbre à fées

Une feuille tombe

Une feuille tombe

Comment est-elle montée si haut ? J’habite au 23ème étage

Elle danse et je la regarde

Cherche-t-elle l’oubli d’elle-même ? suspendue à l’air comme

à un fil

Je suis sûre qu’à travers son balancement, ses va-et-vient

(la sinuosité de son voyage et ses rythmes)

se tissent un ouvrage ancien

d’un temps à jamais  »humain trop humain » ―

Qu’il y a des fils d’or qui se dessinent et qu’on pourrait

y lire l’errance d’une genèse, peut-être ?

― la beauté vivante,

vivante la beauté ! ―

Une contemplation des sens promise à chaque homme

Une lente grâce oubliée

Des yeux faits pour voir, des cœurs

faits pour aimer ce qu’ils voient ;

Corps faits pour marcher courir ralentir

― paume touche ! oreille entend ! langue goûte ! ―

L’essence de l’instant

« Peut-être la terre est ronde, afin que

nous ne puissions voir trop

loin où nous allons »

(Karen Blixen)

L’invitation au voyage

les isthmes perpétuent la terre

ne pas se laisser dévorer par

l’épaisseur d’un brouillard

moqueur

d’îles en îlots

continuer

à cloche-pied

les isthmes

perpétuent la terre

même à marée haute

on passe

la terre sous nos pieds

sans y voir rien

La mer

couver l’espoir

étendre un horizon bleu et chaud

sur la peau, même brûlée même pelée

tirer une langue encore complice

alanguir l’attente longue, — l’abrupt

de l’oeil soudain, celui du désir ou

des sentiments

tracer blanches ou inattendues

les lignes de perspective lorsque les

bras se retirent ou

disproportionnent,

lécher, à l’encre sympathique, un

goût de sel resté piquant

aux lèvres

respirer iodé

le cœur, les cheveux

l’amalgame des algues et

des valves communicantes

couver l’espoir

Dispendieuse

la silhouette de nos amours anciennes

il y a le vent et le souffle encore tiède d’un soleil finissant

il y a la peau et sa caresse (toujours)

douce et enflammée, tendre encore et encore

en face à face amoureux

les abîmes derrière soi à bout de doigts égrenés

le décousu des profils

sublimer aujourd’hui le soyeux infini d’une

peau pas encore finie

paumes maternantes ou amantes

faire resplendir le suave

pencher la tête (désir en son milieu ) ;

se faire lécher les orteils vernis rouges

se donner des baisers tendres à l’intérieur d’une

lumière jaune, envol

d’océans ou de ciels brutes de sentiments

— pas fermes, traces de

perspectives durables —

évanouie l’anamnèse

ne plus se cogner à la silhouette de nos amours anciennes

Forêt de jeunes filles en fleurs

= = =

REPERTOIRE DES OEUVRES

Dessin : Série FemmArbragories

Format A4, papier Canson 224gr, dessin crayons gras, pastels, 2023 :

Titres : . Audace

. Émoi

. Dispendieuse

. Écarquillée

. Hidden

. En attente

. Parturiente

. Babies

Format A3, papier Canson 224gr, dessins crayons gras, pastels, 2023 :

Titres : . Forêt de jeunes filles en fleurs

. Forêt de jeunes filles en fleurs (détail)

. Arbre à fée

. Arbre à fée (détail)

. Fairytale

. Les Dynasties

. Les Dynasties (détail 1) (détail 2)

. Les Dynasties (reserré)

Peinture : Série « Arbre et Femme »

Sans titre 1. acrylique sur toile, 30×60 cm

Sans titre 2. acrylique sur toile, 40×60 cm

Sans titre 3. acrylique sur toile, 50x60cm

Autres travaux

Technique mixte

Titres : . Femme allongée, sexe double, papier Canson 160gr, tech. mixte, pastels gras et secs, 30×80 cm

. Femme allongée, sexe double (détail)

. Fleurs en rose, papier Canson 160gr, tech. mixte, pastels gras et secs, crayons, encre, 29x37cm

. Bouquet de fleurs bleues dans vase (fond vert), papier Canson 224gr, format A4

. Mer, tech. mixte, fusain, pastels gras et secs, crayons, 30x41cm

. Mer, Ostende (colored), tech.mixte, pastels gras et secs, crayons, 16,5x29cm

. Amour fantôme, papier Canson 160gr, tech. mixte, pastels gras et secs, gouache, 30x40cm

. Enlacement, fusain et mine de plomb, Canson 160gr, 10×14,5cm

. Platane d’Argelès, papier Canson, 21x31cm

. Arbre en fleurs or reversed, tech.mixte,14x21cm

. Fleurs bleues, papier Canson 160gr, tech.mixte, pastels secs et gras, 20x29cm

. Travesti, tech.mixte, pastels secs et gras, crayons, 14x21cm

. Trois roses dans un vase, papier Canson, tech.mixte, pastels secs et gras, 30x40cm

Peinture

Titres :

. Effroi, (faisant partie d’un triptyque « falling in love »), acrylique sur toile, 40x40cm

. Effroi, (détail), acrylique sur toile

. Alice, acrylique sur toile, 50x60cm

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