
La poète qui « dans les mots cherche refuge » distille un univers de nuit, de mélancolie et d’ombre, quand l’absence vainc, quand ce qui est perdu « dans le noir » impose qu’il faille pallier ce manque par des mots, des images.
La traductrice de l’Italien Anelli (aux mêmes éditions) suit « l’invisible et présente la mort », alors que le temps poursuit sa route d’usure.
« L’éclat insoumis du poème » vaut tout, puisqu’il grave le mot « silence ».
Une écriture impressionniste trace la « ronde éperdue » des heures; « haillons de ‘hiver » sous la brume ou « dans la vitre/ la nuit a des yeux/ de cristal noir ».
C’est une poésie de la nuit, de la chambre-refuge des mots légers ou graves.
« Dans la béance de la nuit
les mots.
…
Le temps n’a plus cours :
tu ôtes les aiguilles
des minutes et des heures » (p.45)
Irène Duboeuf tutoie le « noir » qu’il faut « fendre », brise les miroirs feints, retient malgré tout « des rêves dans les arbres ».
Une belle poésie intimiste.
Irène Duboeuf, Un rivage qui embrase le jour, éditions du Cygne, 2021, 56p., 10€.