LE JOUR DU ROT

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Traditionnellement, dans de nombreuses villes de Wallonie, le premier dimanche suivant les élections est un jour consacré à l’éructation. Un bureau de rot est constitué d’un président, de son secrétaire et d’assesseurs qui, non seulement, prend acte des présences mais fait aussi office de jury pour l’attribution des divers prix récompensant  les plus beaux, les plus longs et tonitruants rots.

Une tradition dont on ne sait au juste quand elle est apparue mais qui correspondrait à la date de l’instauration du vote obligatoire (à la fin du XIXème siècle) en guise d’exutoire comme d’hommage au jour de vote en ces contrées volontiers carnavalesques.
Les concourants s’acquittent d’un droit d’inscription qui leur donne droit à une collation consistant en un mets léger, généralement traditionnel, et d’une boisson, généralement gazeuse, de façon à bien roter dans les premières minutes suivant l’in(di)gestion.

Un jury d’experts, souvent chasseurs et donc amis du cri des animaux, juge le rot à l’intensité du son (en db), à sa durée (en s), à la profondeur du son (en cm) mais aussi à la beauté du geste car le rot est un geste esthétique qui prend sa source dans l’estomac humain pour traverser toutes les composants de l’appareil phonique en faisant méchamment vitrer les cordes vocales pour jaillir, comme un vent, de l’ouverture buccale.

Les roteurs anarchistes, déjà fort collationnés à leur arrivée sur les lieux et n’ayant pas bu que de l’eau gazeuse, sont généralement placés hors-compétition. Ils mangent de tout sans ordre ni règles et sont d’ailleurs très mal perçus de ceux qui contrôlent scrupuleusement leur alimentation et leur poids. Il n’est pas rare qu’au cours d’un long rot ils vomissent un jet fourni. Les remettants du prix se revêtent d’ailleurs d’une serviette de protection de façon à faire face à ce désagrément.
Les adeptes de la décroissance se sustentent très peu, ils boivent à l’économie ; pour peu excréter, ils consomment peu. Ils sont aussi avares de leurs rots et ne figurent que rarement parmi les lauréats.

Le roteurs végans font des rots biodégradables dans l’air ambiant ; les catholiques, des rots vertueux et pisseux, les communistes des rots qui empestent longtemps ; les musulmans, des rots voilés ; les roteurs des listes citoyennes restent sans voix ; les libéraux pètent autant qu’ils rotent et en capitalisant leurs émissions ; les socialistes ne savent plus à quels types de rots se vouer pour se maintenir au sommet d’une discipline dans laquelle ils sont vite passés maîtres en fonction de leur longs cous tortueux.

Après l’attribution des prix, en présence des édiles communaux reconduits dans leurs fonctions pour six longues années, les agapes se poursuivent jusque très tard dans la nuit ; de nombreux certificats médicaux seront octroyés le lendemain par les médecins présents à la festivité et là, les amateurs comme les spécialistes du rototo peuvent s’en donner à gorge joie. C’est alors qu’en vérité les plus percutants rots sont émis, de l’avis des participants encore à même de poser un jugement clair.

Il se dit qu’à des kilomètres à la ronde les soirs d’orage, les bruits des rots prédominent sur les coups de tonnerre. Les zélateurs de la réjouissance ajoutent que des éclairs zébrés et puissants jaillissent aussi des gaz produits dans la nuit de liesse.

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